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Critique de ATOS


On peut pour trouver le Nord, regarder le ciel en priant que le vent nous soit clément et qu'il chasse les nuages, on peut également chercher la mousse sur les arbres, chercher une ombre, en entrant dans d'épaisses forets. Et puis, on peut aussi lire des livres.
Donner à lire des livres. les éditer, les traduire, les porter bien plus sûrement , bien plus courageusement, plus fermement qu'une arme. « La poésie est une arme chargée de futur. écrivait Gabriel Celaya. Alors prenons les mots, tous, comme on tient une barricade. Nous avons besoin de témoins.
Certains livres parle de l'âme et change le regard. Certains livres ouvrent des portes, font tomber des grilles, renversent des murailles, bouleversent la géographie des esprits.
Par le soulèvement d'une phrase un précipice disparaît, les continent se rapprochent, les voix s'élèvent et là où il n'y avait hier qu'un désert on voit des hommes partager l'espace d'une prairie.
Mais avant, il faut des combats, des heurts, des fractures, des bouillonnements, une multitude d'éléments, des révolutions, des fleuves, des failles, des basculements de montagne, pour, qu'enfin, apparaisse la Vie.
Certains livres sont des Big Band. Ils sont le début d'une nouvelle Histoire.
L'oncle Tom est mort. « « Les larmes les plus amères que l'on verse sur les tombes viennent des mots que l'on n'a pas dits, des choses que l'on n'a pas faites »..., Harriet Beecher Stowe.
Le sel des larmes brûle la terre. Oui, L'oncle Tom est mort. Si les « afros américains », mis en mots dans le livre de Harriet Beecher Stowe, voguent, chargés de foi, vers l'Afrique, pour construite le futur de Libéria, les enfants de l'oncle Tom, eux sont là.
Ils sont là parce qu'ils sont américains. Ils n'ont pas à « rester » ou à « ne pas rester ».
Ils sont américains. L'Histoire les a légitimer.
Ils sont là , femmes et hommes ,du 20e siècle. Ils seront là, travaillant, dans les champs, à l'usine, là dans les tranchés, là sur les plages de Normandie, là au Vietnam. Ils seront là. Ils seront, mais séparés. Séparés d'un monde qui les disent ...différents. Différent d'être simplement nés. Différents à en être écrasés, pressés, exploites. Différents à en faire des sans droit, des sans papiers, des sans nom, des sans terre, des humiliés, des torturés, des meurtris. Les plus pauvres parmi les pauvres.
Les enfants de l'oncle Tom sont américains. Les mots de Richard Whright nous en apportent des nouvelles. Nouvelles, saisissantes de vérité, pétrifiantes de réalité. Il faut le talent d'un écrivain, le génie d'une écriture, sa vérité, et la fraternelle fidélité de ses amis .
Marcel Duhamel et Boris Vian nous les ont, dans ce recueil de nouvelles, traduit.
Black Boy, huit hommes, les enfants de l'oncle Tom, ...ma lecture me construit. me structure , , renforce mes bases, mes lectures me donnent mes armes. Pourquoi encore ?
Parce que l'oncle Tom est mort.
Parce que si l'année prochaine , nous nous rappellerons que cela fait cinquante ans que Martin Luther King Jr., a été assassiné, ….
il n'est pas mort.
C'est cela dont il faut se souvenir. Il faut l'annoncer.
L'annoncer à une partie d'une Amérique qui s'est oubliée, égarée, qui a voté comme ont pisse dans son froc, par peur, par lâcheté.
Car il n'y a aucune intelligence à ce qui s'est passé aux USA.
Une logique mais pas d'intelligence. La logique de l'abêtissement, de la peur.
Laisser des émotions commander et nous deviendrons tous des meurtriers.
Pourquoi lire encore Richard Wright ? Chester Himes, James Baldwin , Leroi Jones, Philip Roth, Toni Morrisson, Ta-Nehisi Coates ? Et tant d'autres ?
D'abord parce qu'ils sont de grands écrivains. Et parce ce que ce u''ils écrivent nous construit, nous donne l'intelligence de penser, de comprendre, pour ne rien oublier, toujours au chevet de notre humanité.
Les lire plus que jamais.
Les lire et en parler.
Rester éveillé .
L'indifférence c'est l'éternité de l'imparfait.
Pour rappeler que nos isoloirs ne sont pas des urinoirs.
L'image est choquante ?
Tant mieux.
C'est la première secousse qui annonce le début d'une nouvelle histoire.

 « La proclamation de l'abolition de l'esclavage se fit à la Guadeloupe avec solennité. le capitaine de vaisseau Layrle, gouverneur de la colonie, lut le décret de l'Assemblée du haut d'une estrade élevée au milieu de la place publique et entourée d'une foule immense. C'était par le plus beau soleil du monde. Au moment où le gouverneur proclamait l'égalité de la race blanche, de la race mulâtre et de la race noire, il n'y avait sur l'estrade que trois hommes, représentant pour ainsi dire trois races : un blanc, le gouverneur ; un mulâtre qui lui tenait le parasol ; et un nègre qui lui portait son chapeau. », Victor Hugo , 19 mai 1848.

Nous avons l'Esprit, son génie, et notre âme pour témoins.
Notre Histoire, quant à elle, nous regarde.

Astrid Shriqui Garain
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