Et si on prenait la route pour le Maine. Une maison de campagne au coeur de la forêt, quelques jours de vacances en famille. le soleil couchant, l'asphalte s'assombrit, les lumières s'éteignent... Nocturnes sensations... J'entame un bouquin, nocturne insomnie. Tony conduit tranquillement, sur des routes de silence et de poussière, et puis l'accrochage. Des gars sortent d'une vieille guimbarde, le look Amérique profonde ou dégénéré façon Délivrance. Et puis là, l'impensable, l'inimaginable, nocturne horreur. le début du cauchemar.
Susan, elle, lit aussi ce même bouquin, autre insomnie, un mari parti à Washington, question de carrière, et son ex-mari Edward qui lui envoie le manuscrit de son premier roman, « Bêtes de nuit », spéciale dédicace « pour Susan...». Trois nuits pour le lire, trois nuits où le sommeil ne l'attachera pas à son lit, trois nuits où son esprit aura cette odeur de poussière et de sueur, d'une caravane laissée à l'abandon, d'une sauvagerie malsaine. Est-ce là le message que son ex-mari voulait lui faire passer ?
Je m'installe sur mon canapé de cuir noir, nuit noire et profonde, la poussière à mes pieds, les pages qui se tournent comme le chemin sinueux emprunté par cet homme Tony ou Edward, les deux n'en font peut-être qu'un. le whisky a même ce goût de poussière en bouche, celui qui donne l'amertume à cette putain de vie, nocturnes pensées. Je suis pris, comme Susan l'ai épris, par les premières pages de l'histoire, j'imagine la suite, je la crains, elle survient. Une nuit, deux nuits, trois nuits, la noirceur s'enfonce dans ces nuits, comme la voiture file le long de la route, comme le cow-boy essoufflé qui fait le bilan de sa vie. Un roman ne s'arrête pas en cours, Susan l'a compris, je la suis.
Je m'installe sur mon canapé de cuir noir, nuit noire et profonde, la poussière à mes pieds, une lumière orangée illumine le salon, la rousseur de Susan, celle de Amy Adams, elle est magnifique, nocturne fantasme. Un homme conduit avec sa femme et sa fille à travers les routes poussiéreuses de cette Amérique-là, celle de la peur de l'autre. Jake Gyllenhaal, il est magnifique, son regard triste et perdu. Nocturnal Animals. Mais là, je vous raconte l'histoire de ce film que j'ai revu pour l'occasion, histoire de souffler sur poussière du disque, et c'est pas le bon site alors je ne vais pas m'étaler sur le sujet, sauf, si le sujet en question reste Amy, nocturne désir...
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J'ai énormément aimé, je l'ai dévoré. Je l'avais acheté lors d'un marché de Noël à un libraire d'une petite localité. Je ne connaissais pas l'auteur et je ne savais pas qu'il y avait eu une adaptation cinématographique. Ce livre nous offre plusieurs facettes toutes liées à la personne qui reçoit le manuscrit et qui va en être la première à prendre connaissance du récit. Une énigme policière et la lectrice, avec ses sentiments mêlés à sa propre vie, les critiques qu'elle y apporte envers le récit et , son regard sur son propre passé, son entourage et son futur. J'ai adoré les arrêts de lecture pour revenir au quotidien. Et j'avoue que les trois quarts du livre mon enthousiasmés par l'originalité : non pas de l'intrigue policière mais de la façon dont les chapitres sont établis ainsi que les personnages de la famille de Susan à l'espace fiction avec Tony. Comment on peut se plonger dans une lecture et comment on procède pour quitter un livre, les personnages l'histoire, je trouve cela plutôt original. Quant au film je ne l'ai pas vu et pas vraiment le désir de le voir : car lorsque l'on lit qua on lit l'adaptation où Susan mère de quatre enfants professeur d'anglais dans le livre, pour le film devient directrice d'une galerie d'art qui s'ennuie… cela donne le ton de suite du côté très commercial de l'adaptation grand écran. Peu aisé de décrire à l'image, les sentiments de la lectrice face à l'auteur du manuscrit et ancien amoureux. J'ai adoré l'introspection dans les réflexions de Susan. Par contre j'ai ressentis sur la dernière partie, un sentiment de non abouti, comme moi même lectrice en suspens, suspendu dans le fait que je retrouve lectrice comme Susan. J'avoue que je n'avais pas le désir de refermer le livre, il y avait encore tant de choses à dire sur Susan.
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Il savait qu'à l'ivresse de la chevauchée nocturne succéderait une gueule de bois matinale et qu'il aurait toutes les peines du monde à ne pas tomber de sommeil dans l'après-midi et à retrouver un horaire normal, mais il était un cow-boy en vacances et c'était le moment ou jamais d'être irresponsable.
- Alors, c'est parti, dit-il.
Ainsi s'en furent-ils par l'autoroute, sous le long crépuscule de juin, croisant au large des cités industrielles, cisaillant lentement les courbes et avalant patiemment les longues montées et les descentes parmi les terres agraires, pendant que le soleil, derrière eux, incendiait de ses derniers feux les fenêtres des fermes à flanc de colline. Tous trois s'extasiaient de l'aventure et s’émerveillaient de la beauté de la terre au couchant, avec cette lumière rase jetée sur le jaune des champs, le vert des bois et le noir du goudron devant eux, qui virait étrangement à l'argent dans le rétroviseur.
A tout hasard, il prit la voie de droite, celle qui descendait la colline. Impression d'inconnu. Il entendit une voiture qui montait. Il en vit les phares approchés et se mit à couvert jusqu'à ce qu'elle fût passée. Ce n'était ni celle de Lou ni la sienne, mais ça aurait pu l'être, et il jugeait prudent de ne plus prendre de risques. Mais quel sens pouvait bien avoir la prudence quand on arpentait seul une route inconnue, la nuit, avec au ventre la peur des voitures et des hommes, comme si l'on était en exil de sa propre espèce ?
Comme son plaisir de lectrice dépend de sa détresse à lui! Elle a le sentiment que la douleur mise en scène ici, incarnée par Tony, est réellement la sienne, ce qui est alarmant. Douleur ancienne ou à venir, elle ne saurait le dire. Et cela est obscur parce qu'elle sait, à la différence de Tony, que sa propre souffrance n'est pas ici mais quelque part ailleurs, et que c'est son absence, rendue si vivace, qui fait toute l'intensité du moment.
Et Tony voit - il a dû toucher la cruauté tapie sous le masque-, il voit, l'espace d'un fugitif instant, le même sourire que l'été d'avant, sadique et méprisant - juste assez pour rallumer sa rage presque oubliée et expulser toute pitié de son esprit.
Non, soumets-toi d'abord, apprécie, si horrible cela soit-il.
Bande annonce de Nocturnal Animals, adaptation du roman Tony et Susan d'Austin Wright