Un Enfant du Pays c'est l'histoire d'un jeune noir qui commence à exister le jour où il obtient enfin la reconnaissance de ses semblables. Comme chacun sait, nul ne saurait vivre seul sur une île déserte, y a un moment, les poissons ça suffit plus pour causer...
Et bien là, notre jeune ami existe pour la première fois de sa vie, tout le monde s'occupe de lui, on lui demande s'il a bien mangé... s'il est d'accord pour... la permission de... il a un photographe, il a même un avocat, un psychologue, plus tard, un prêtre viendra recueillir ses voeux... Il y a là toute une société qui se penche sur lui et c'est chaque entité qui viendra l'entourer tour à tour. Sauf que maintenant qu'il est un homme, reconnu par ses pairs et pouvant jouer dans la cour des grands et bien non ! Même s'il a droit à toute cette prestigieuse instance pour s'exprimer, l'autorité requise devant laquelle il peut témoigner en son âme et conscience pour rendre compte de ses actes, comme tout citoyen peut y être un jour invité, et bien non ! Là, il ne peut pas.
Non ! Il ne peut pas, il ne peut plus ! Il ne peut plus être un homme. Il n'y aura pour lui de reconnaissance que celle de tout individu à prétendre au jugement dernier devant cette communauté d'hommes, égaux en droit. Notre personnage vient de naître à la vie et pourtant il est mort. Il est simultanément passé de vie à trépas. Il a tué en lui l'étincelle de vie. Une étincelle qui n'a jamais irradié de son vivant que les ruelles du ghetto noir de son enfance jusqu'à ce jour, un jour qui lui réclame d'être en présence de sa vie d'homme.
Et donc, nous voyons Thomas, du moins nous le construisons dans notre imaginaire, s'il n'apparaît pas sur la page de couverture... Il est là, il est amoureux pour la première fois de sa vie, il est heureux, il vibre à cette émotion nouvelle, il exulte, mais voilà que quelqu'un entre dans la pièce et Thomas à peur.....
Thomas a tué, il s'est tué lui-même en ce jour de lumière ou l'amour à jaillit. Il a tout tué en lui, autour de lui, la vie, l'amour, et l'homme naissant. Il est tombé dans l'abîme de l'horreur et puisqu'en lui, l'homme est mort, il a tué à nouveau, comme si tuer à nouveau n'était somme toute que le même acte recommencé, une fois, deux fois, trois fois, l'homme est déjà mort de toute façon, alors c'est la terreur qui parle et qui agit....
Maintenant, je vous laisse tourner les pages, je vous y invite car ça vaut le détour, c'est une oeuvre magistrale qui m'a profondément émue et en plus il y a là de la belle écriture...