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EAN : 9782330128395
432 pages
Actes Sud noir (08/01/2020)
3.22/5   16 notes
Résumé :
En 1938, début septembre, la police de Lublin retrouve le cadavre d’une jeune domestique. Aniela Biernacka a été violée et étranglée. Il n’y pratiquement aucun indice qui pourrait permettre de démasquer le criminel à part une substance étrange, des résidus huileux sur le corps de la victime. Quand, un an plus tard, la guerre éclate et la ville est attaquée par les Allemands, une autre femme trouve la mort dans des circonstances similaires. Ces deux crimes irrésolus ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Le plus réussi dans ce polar très noir est le tableau minutieux et terrible qu'il dresse de la Pologne durant la Deuxième guerre mondiale après sa débâcle militaire face à la Wehrmacht. Plus particulièrement dans la ville de Lublin dont toute la cartographie est chamboulée par l'occupation nazie : création du ghetto en mars 1941 ( où jusqu'à 45.000 juifs s'entassèrent ) puis du camp de Majdanek en octobre 1941, à la fois camp d'extermination, de concentration et siège du quartier général d'Odilo Globocnik qui se chargea de répartir les 1,6 millions de déportés juifs polonais entre les différents camps d'extermination du pays.

Le climat de terreur nazie est excellemment restitué, chaque détail suinte le réalisme, sans concession, par le biais de nombreux personnages polonais qui se débattent pour survivre dans ce chaos avec au centre, le commissaire Zyga Maciejewski. Difficile pour lui, comme pour ces compatriotes de conserver leur droiture individuelle. A quoi faut-il rester loyal ? À son pays ? À ses valeurs ? À son enquête ? Zyga fait un choix radical. Son enquête l'obsède tellemnt que pour retrouver le violeur et assassin de jeunes femmes qu'il traque, il décide de se mettre au service de l'occupant allemand en intégrant la Kripo, sous emprise de la Gestapo, alors qu'on sent que son coeur pencherait plutôt pour le maquis ...

Ce personnage avait tout pour être passionnant mais jamais on ne comprend vraiment son obstination à trouver la vérité au prix de ses idéaux. L'intrigue polar est elle aussi très peu lisible. L'auteur fait le choix de hacher son récit en faisant de grosses ellipses temporelles, sautant d'une année à l'autre, de 1938 à 1945, mais les rouages manquent de fluidité et du coup, l'intérêt pour l'enquête et sa résolution se dissout. J'ai très souvent décroché face à cette construction d'autant plus alambiquée que se superpose un arc narratif situé en 1964, faisant intervenir un des témoins de l'affaire se racontant à une journaliste. Pas trouvé que cela était d'une utilité folle.

Bref, si je ressors très mitigée de cette lecture, je salue le courage de cet auteur à dépeindre de façon aussi sombre la réalité de l'Occupation en Pologne, pays dont le gouvernement a fait passer en 2018 une loi censurant la mémoire de la Shoah en punissant d'amendes et emprisonnement ceux qui attribuent à la « Nation » ou à l'Etat polonais des crimes commis par les Nazis en Pologne.
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J'ai lu plein de livres situés en Pologne pendant l'occupation nazie et soviétique lors de la dernière guerre mondiale, mais pratiquement tous localisés dans les ghettos juifs ou les camps de concentration et d'extermination.

Le roman de Marcin Wronski constitue une exception et cela à un double titre : il nous esquisse d'abord la vie quotidienne des simples citoyens polonais, pas uniquement Juifs, au moment de l'envahissement de leur pays, à l'ouest par la peste brune et à l'est par les troupes de Staline, et l'auteur nous raconte en même temps une histoire criminelle et policière.

Le 9 septembre 1938 à Lublin, une ville à presque 200 kilomètres au sud-est de Varsovie, le corps de la jeune Aniela Biernacka, 22 ans, est découvert. Elle a été manifestement brutalement violée, mais il n'y a pas de trace exploitable et Aniela est une simple servante, qui a un physique agréable sans être pour autant une beauté à la Helena Rubinstein par exemple.

Pour le commissaire Zyga Maciejewski et ses enquêteurs, après l'interrogation du chef de la victime, l'ingénieur Stanowicz, l'affaire devient une énigme et pour Zyga personnellement bientôt même une obsession. Il regrette "que Dieu n'avait pas l'habitude de collaborer avec la police".

Exactement un an plus tard, le 9 septembre 1939, au moment même de la terrible invasion nazie de la Pologne, à l'hôtel Wiktoria de Lublin une découverte similaire est effectuée : le corps d'une jeune femme sauvagement abusée. Cette fois-ci, à cause de la colossale confusion causée par les combats entre agresseurs teutoniques et défenseurs polonais, la police ignore même l'identité de la nouvelle victime.

Les similitudes entre les 2 meurtres sont cependant trop importantes pour conclure à une éventuelle et malencontreuse coïncidence : strangulation, traces adipeuses, coitus vaginalis et passage à tabac (lèvre fondue, plusieurs dents cassées)

Notre bon commissaire Zyga est mis par le directeur de la Kripo ("Kriminalpolizei" ou police criminelle allemande), Erwin Schlegger, devant le choix épineux : ou un séjour au camp de Sachsenhausen ou Dachau, ou bien devenir chef de la section polonaise de la Kripo !
La Kripo n'est bien sûr pas la Gestapo, quoique pour le simple civil la différence s'avère dans la pratique un peu subtile. Bref, dans les yeux de beaucoup de ses compatriotes il passe pour un collaborateur.
Dans l'esprit de Zyga c'est une option qui lui permet de continuer à rechercher le meurtrier d'Aniella et la fille de l'hôtel Wiktoria et peut-être même de l'arrêter.

Lorsque Zyga explique à sa maîtresse Róza Marczynska que le 9 septembre 1940 approche, sa bien-aimée s'emporte : Tu recommences.... avec tes chimères !"

Est-ce que notre héros a raison d'appréhender cette date fatidique ?

Pour les raisons expliquées ci-dessus la situation géographique et historique du roman de Marcin Wronski est originale et instructive et l'intrigue criminelle raffinée. Seuls inconvénients, ces noms polonais quasiment imprononçables avec tous leurs accents et "sz" et la longueur du récit : 427 pages.

Wronski, qui est né à Lublin en 1972, a aussi un bon sens d'humour bien que parfois cynique, comme quand il fait dire à son héros au moment de l'agression soviétique à l'est de la patrie : "Dans notre malheur nous avons de la chance... qu'il n'y a que des Allemands aux portes de la ville".
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Il faut travailler très fort pour tenir jusqu'au bout. La trame narrative est disons spéciale...On ne s'y retrouve pas toujours et tous ces personnages qui changent de nom...ouf ! Mais bon saluons plutôt l'extraordinaire travail hyper bien rendu pour ce portrait de Lublin lorsque la Pologne est envahi de tous côtés. C'est un portrait qui me semble très juste de ces années d'invasion. Horrible de voir comment l'occupation d'une ville peut en modifier l'essence même. Une ville dans un étau les Russes à l'est, les nazis à l'ouest. Un enquêteur, dans son quotidien, qui ne lâche rien de son enquête sur des années et qui devra s'arranger pour survivre aux différentes administrations de la police criminelle. Chapeau pour ce portrait d'une ville, d'un pays avec la guerre en filigrane. Pour ce qui est de la résolution des crimes, disons qu'on m'a un brin perdue...
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Un bon livre, l'intrigue tient la route . La psychologie des personnages est intéressante et assez moderne. Une leçon d'histoire sur la position des Polonais pendant l'occupation . La guerre est un arrière plan captivant pour cette enquête. Un bon moment de lecture malgré quelques longueurs .
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Polar historique polonais, ecrit par Marcin Wronski après avoir rencontré et collecté nombre de documentations sur la seconde guerre mondiale à Lublin, ville de pologne plus ancienne que les chroniques moyenâgeuses mais aussi celle qui fut la capitale de l'Holocauste des juifs polonais et européens .
Au nom de l'enquête relate la poursuite incessante d'un commissaire de police à la recherche un assassin mais qui doit aussi "composer" avec l'occupant en se faisant embaucher par les allemands.
Ce livre est aussi l'occasion pour l'auteur de reconnaître à ses concitoyen sde ne pas avoir plié devant l'ennemi mais plutôt d'avoir mis en place des arrangements avec la loi digne des maffieux et truands.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
A la lisière du quartier allemand, la Citroën noire n'éveillait peut-être pas la crainte, mais le respect, certainement. C'est pourquoi la sentinelle devant le ortail de SS-Standort-verwaltung s'étonna, quand les deux gars émergèrent de l'immeuble d'en face et que celui à la gueule de malfrat sortit les clés de voiture de sa poche. Ce n'est pas tant que la Gestapo ait manqué de faciès bien pire, mais dans la police politique, au moins, on ne portait pas de vestes à carreauxfroissés.
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On peut faire chanter n’importe qui, mon colonel, répliqua Zyga en haussant les épaules, mais il se retint d’afficher sa mine aigrie. Tout ce que je sais, c’est qu’en dépit des soupçons qui pesaient sur lui, le sous-commissaire Tomaszczyk a servi dans la police jusqu’à hier, quand je l’ai pris la main dans le sac en train de fouiller mon bureau en compagnie d’un espion allemand, tué au cours de sa fuite, malheureusement.
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Il avait une envie terrible de claquer des talons, de manière furieusement officielle, comme ça ne lui était pas arrivé depuis la fin de sa formation d’officier. Claquer des talons et annoncer l’arrestation d’un espion, puis réclamer la mise en contact avec le contre-espionnage militaire. Cependant, même des types tels que lui gagnaient en sagesse et en instinct de survie à l’approche de la quarantaine. Alors, il ne fit que serrer les dents en voyant que le commandant lorgnait l’officier des affaires internes comme s’il s’attendait à ce que celui-ci lui souffle une réponse.
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Ce Tomaszczyk enfin, un connard fini et un mouchard invétéré, serait certainement ravi de coller une affaire criminelle sur le dos d’un Biernacki fraîchement amnistié. Bien évidemment, ce dernier aurait pu mandater quelqu’un pour faire le sale boulot, il aurait pu envoyer n’importe quel malfrat régler son compte à la cousine, mais un tel type ne se serait pas satisfait de la vertu de la jeune femme, il aurait aussi nettoyé le domicile de ses maîtres. Ce profil ne collait donc pas du tout au cas. Quant aux politisés, lorsqu’ils assassinent en personne, ils le font de manière bien différente : une balle en pleine tête, une lame sous les côtes, voire une bombe dissimulée dans l’appartement…
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Il avait une envie terrible de claquer des talons, de manière furieusement officielle, comme ça ne lui était pas arrivé depuis la fin de sa formation d’officier. Claquer des talons et annoncer l’arrestation d’un espion, puis réclamer la mise en contact avec le contre-espionnage militaire. Cependant, même des types tels que lui gagnaient en sagesse et en instinct de survie à l’approche de la quarantaine. Alors, il ne fit que serrer les dents en voyant que le commandant lorgnait l’officier des affaires internes comme s’il s’attendait à ce que celui-ci lui souffle une réponse. Ce même officier qui aidait ce salopard de Tomaszczyk à se sortir de chaque situation délicate depuis quatre ans !
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