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EAN : 9782073002969
288 pages
Gallimard (16/03/2023)
3.62/5   47 notes
Résumé :
« En mes pages, un amant prendrait corps. J’y serais couchée avec lui aussi intimement qu’en des draps avec vous. Il surgirait dans le papier avec une vraie carrure d’homme comme la vôtre, et de vraies paumes comme les vôtres qui pètent de désir et dont j’aime lécher les frontières salines. Il prendrait vie, c’est-à-dire sexe et âme.
Hélas ! Pour l’heure mon seul amant c’est vous et vous êtes parti. »

Est-il possible chaque matin de se tenir de... >Voir plus
Que lire après Même les angesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Je ne sais jamais ou très rarement identifier ce qui me pousse vers tel livre plutôt que vers tel autre.
Très souvent, après avoir achevé la lecture de l'un d'entre eux, il me semble avoir une idée presque arrêtée sur celui qui lui succèdera ; j'y pense un peu avant que ne se referme le dernier.
Sur un des rayons de ma bibliothèque je m'empare de "l'élu".
La lecture commence... et dans bien des cas s'arrête à la dixième, vingtième page...
Pourquoi ? Il me semblait pourtant que c'était "lui" !
Commence alors une quête ; j'en ouvre plusieurs, lis quelques pages... non, ce ne sont pas les "bons".
Il me faut parfois plus d'une heure pour "le" trouver, savoir enfin que le moment et l'envie s'étaient donné rendez-vous dans les pages de celui avec lequel je vais maintenant me sentir enfin accordé... presque en paix.
Lorsqu'il y a deux ou trois ans j'ai entendu Daniel Pennac évoquer les deux romans et les deux auteurs qui l'avaient récemment marqué, ce dernier avait cité Joseph Ponthus et ce qui restera hélas son unique et formidable livre - À la ligne - Feuillets d'usine -, et il y avait adjoint le nom de Christèle Wurmser et son roman - Même les anges -.
J'ai lu Joseph Ponthus avant que Daniel Pennac en parle de manière élogieusement touchante.
J'avais celui de Christèle Wurmser qui m'attendait sur l'une des étagères de ma bibliothèque.
Il m'a fallu presque deux ans avant que n'arrive le moment, que le désir et l'envie soient à ce point impérieux qu'il m'aurait été difficile, voire pénible, de ne pas honorer ce rendez-vous avec celle dont D.Pennac disait :
"« Je n'ai jamais rien lu qui soit écrit dans un style aussi éblouissant, brûlant. J'ai été saisi par le courant de l'écriture. Cette écriture, c'est une espèce de poésie, un courant qui vous emporte de la première à la dernière ligne. J'ai ouvert les premières pages et je n'étais plus là pour personne, et cela jusqu'à la dernière. Une lecture dont je ne suis pas encore revenu. »
Sachant que je ne saurai pas dire mieux que Pennac, je me contenterai simplement de la locution nominale "coup de foudre", dont Jean d'Ormesson prétendait "qu'il était la fête toujours inachevée du bonheur"...
Je n'avais lu que quelques lignes que j'étais subjugué.
Je lisais les paragraphes, étais tellement ébahi d'admiration par leur beauté, leur intelligence, leur poésie, leur intensité, que je m'arrêtais pour prendre le temps de retrouver mes esprits... et je les relisais encore et encore... ému aux larmes.
J'ai pensé alors au fameux Syndrome de Stendhal.
Était-ce le même sortilège que celui qui s'était emparé de moi lorsqu'un soir d'il y a longtemps j'avais succombé au mysticisme sublime d'un coucher de soleil dans ce petit jardin qui jouxtait l'hôtel Old Cataract à Assouan ?
C'était possible.
En tout état de cause, la meilleure chose à faire en ce cas était de laisser le charme opérer et profiter de ces instants de grâce.
Ce que j'ai fait.

Le thème de ce roman est l'amour et sa soeur ennemie l'absence.
La narratrice se réveille un matin... l'homme qu'elle aimait, qu'elle aime, est parti sur la pointe des pieds, sans un geste sans un mot.
Commence alors une longue et douloureuse errance, une quête où se mêlent la souffrance au présent, au passé et des lendemains qui s'inscrivent dans une vie bouleversée, une déchirure à recoudre (?), celle de l'amour perdu.
La structure narrative va alors se dérouler sur une alternance entre ce présent qu'elle porte à la foi comme une croix et comme un chemin étroit sur lequel elle continue d'avancer comme une funambule en proie à la peur du vide...un passé d'où émergent la figure fondatrice et référentielle du père, artiste peintre disparu prématurément, sa mère tirée des griffes d'un asile psychiatrique parce que victime des conséquences traumatiques de l'inceste, sa demi-soeur garance, fruit de cet inceste... et un devenir d'écrivaine... à condition que l'Absent-Vous s'efface et que puissent recouler les mots.
Pour ce faire, ayant été reçue à un concours, celle qui a déjà publié avec succès un premier roman, s'est vu offrir un stage "littéraire" d'un an à la prestigieuse Villa Médicis à Rome.
De là vont naître des rencontres initiatiques, réparatrices (?)... à vous de le découvrir...

Christèle Wurmser raconte qu'elle écrit tous les jours, partout, n'importe où, sur des cahiers dans lesquels elle se noie.
Son premier roman ( non édité... sourire...) ainsi que son premier poème datent de l'âge où elle avait six ans.
Elle se représente la littérature comme un grand paysage blanc d'où prendraient leur envol des colombes rayées que sont les livres partis à la rencontre de ceux qui auront envie de les découvrir, d'échanger avec eux.
L'écriture, dit-elle, c'est de l'eau. Il faut la laisser libre de s'écouler où elle veut et ne pas lui fermer la porte de la chambre à coucher.
Elle se passionne pour la calligraphie ; elle aurait aimé dessiner.
Son roman, pour ceux qui l'ont lu ou le liront est ainsi mis en forme qu'une phrase est soudain suspendue, comme prise de vertige ( ce qui est le cas de la narratrice ), la peur de tomber fait qu'elle cherche à se rattraper à un mot.
C'est ce qu'elle définit comme étant "l'effet escalier".
C'est ainsi qu'elle fait respirer son écriture et son ou ses personnages.
C'est à l'occasion d'un séjour ancien à la Villa Médicis que, griffonnant sur un de ses cahiers, a débuté ce qui n'était alors qu'un de ses habituels rituels d'écriture et est devenu au fil des ans - Même les anges -.
Christèle Wurmser dit alors avoir été visitée puis habitée par celle qu'elle appelle " la petite personne ", qu'elle n'a fait que la suivre, elle qui en se cherchant cherchait la vie.
Chacun, dit l'écrivaine, peut et doit avoir sa lecture de ce roman, sans chercher surtout à le ranger dans des catégories... amour, action, érotisme, philosophie etc...

Pour clore cette présentation, j'aimerais, parmi un choix difficile, vous proposer deux passages de cette oeuvre, deux passages qui sauront mieux que je n'ai essayé de le faire, vous donner la mesure de ce grand, très grand roman.

Le premier passage est celui sur lequel s'ouvre l'histoire.
"Je tends la main.
Les draps n'ont pas encore eu le temps de refroidir.
Dans l'autre main j'ai votre voix que blanchit la distance et qui demande pardon, pardon d'être si loin.
Il est cinq heures du matin. Vous m'appelez d'un aéroport et je n'arrive pas à recoudre ensemble
votre voix subitement mêlée de sonorités étrangères
et votre corps qui, sous les draps,
m'écrase encore.
&&&&&&&&&&&
Tout à l'heure, nous faisions l'amour.
J'ai sur mes lèvres un peu de votre sueur séchée.
Vous vous êtes sauvé, dites-vous, "en pleine nuit pour ne pas te faire de peine, tu as si mal vécu mes précédents départs..."
&&&&&&&&&&&&&
Derrière la vitre, il fait un bel octobre.
J'ouvre et je ferme les cuisses.
Je respire les bouffées chaudes que le lit garde de vous, j'écoute votre voix qui peu à peu s'épuise, usée par mes silences et par la faute d'avoir osé partir sans m'en avertir.
Aujourd'hui, pour la première fois depuis que nous nous aimons,
vous m'avez trahie."

Le second passage... parce qu'il me fallait en choisir un...
"Il est des nuits où la mort frappe.
Elle sort avec sa faux et vient faire son marché. Elle choisit, parmi les blés, les épis les plus mûrs ou les tendres pousses, c'est selon son humeur. La planète entière est soumise à sa loi autant qu'à son caprice, elle a parfois le geste large et fauche d'abondantes brassées, parfois le geste plus fatigué et alors lui suffisent quelques têtes goûteuses qu'elle choisit parmi les mieux aimés des humains qui seront aussi les plus regrettés.
Avez-vous remarqué comme elle est peu avide d'occire les méchants ? La mauvaiseté doit leur donner un goût amer. Ils doivent avoir à force de nuire la chair coriace et qui se coince entre les incisives. La mort en est si peu friande et ne se résout bien souvent à les emporter que lorsqu'ils sont si vieux qu'ils ne pèsent plus rien sur la langue et font office de glutamate pour relever la saveur des autres
gobés en même temps."

Lorsqu'on demande à Christèle Wurmser quels sont ses maîtres en littérature, elle répond qu'elle n'a pas de maîtres mais des chocs littéraires ; "des chocs qui ont ouvert des portes là où je croyais qu'il n'y avait que des murs..."
Je ne sais pas si vous préférez des maîtres, des chocs ou autre chose.
Moi, le mots choc me va bien.
Parmi quelques-uns d'entre eux je citerai - La montagne magique - de Thomas Mann, - Les saisons - de Maurice Pons, - Apologie de la viande - de Régis Clinquart... et - Même les anges - de Christèle Wurmser...
Un livre magnifique, une lecture magique.
Le verbe est riche, la poésie l'affleure en permanence ; une poésie d'où s'écoule la vie dans toutes ses acceptions.
C'est un verbe exigeant pour ceux qui veulent en savourer toute l'enivrante substance.
Une exigence dont le lecteur est récompensé au centuple.

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J'ai lu ce roman comme on déguste un grand vin : lentement, avec délectation, en faisant tourner et résonner chaque arôme-mot dans ma bouche-tête pour ne pas les gâcher, et engloutir dans la précipitation toute la richesse et les subtilités du bouquet.

Dans ce vide de sens qui parfois saute à la gorge jusqu'à la nausée, Même les anges est un baume et une claque par les mots, une dissection des grandeurs et décadences de l'être humain, un rempart contre la solitude (l'évocation du père est d'une puissance et d'une poésie à fendre l'âme).

Nourrie, émue autant qu'ébranlée, je ressors de cette plongée dans les entrailles de la langue et des sensations, avec un léger tournis, de celui qui élève, qui déstabilise, qui impressione et qui, sûrement, accompagne, accompagnera.
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Je ne me souviens plus comment ce titre m'est tombé dessus. Pas par grand bruit, grande librairie en tout cas. Discrètement. Pas par zerosociocul. Ma libraire l'avait en rayon. J'ai laissé traîner le livre du 18 mai 2021, 15 H 09, heure de l'achat à Toulon au 1° juin 2021, début de la lecture face à la basilique de Saint-Denis, lecture sur 3 jours.
Pour ma note de lecture, j'ai utilisé les 12 pages blanches de la fin. Je l'ai écrite à la main, avec un stylo à bille.
Voilà un roman qui m'a surpris. J'utilise volontairement la 1° personne, non parce que toute lecture est la moitié du chemin fait par le lecteur pour rencontrer l'auteur, l'écrivain, le locuteur, le narrateur mais parce que ce roman, ce 1° roman, m'a renvoyé à l'acte d'écrire, celui de Christèle Wurmser, celui d'Alain Cadéo, peut-être le mien.
La 4° de couv pose un enjeu, un amant de papier est-il imaginable ? Peut-il être décrit, prendre sexe et âme, vie, à travers des mots, des phrases, des ponctuations, des jeux sonores, des dispositions graphiques ? Ce n'est pas l'écriture ou la vie, c'est l'écriture-vie. C'est l'écriture-fleuve, écoulement permanent, depuis l'âge de 6 ans, âge du premier roman, un roman sans fin sur cahiers d'écolière, écoulement permanent avec la découverte, l'apprentissage des mots justes, rares apportés par le père au sortir de son atelier de peintre connu. Des dizaines de mots ont exigé que je consulte. Avec les mots, avec la nomination s'éveille le regard. Nommer c'est sortir du flou, du brouillard, un morceau de réalité, un bout de vie. Nommer c'est voir. Et regarder c'est créer, faire surgir du néant, de l'indifférencié. C'est faire la diffférence, c'est différer. L'imagination se nourrit, se déploie non à partir de ce qui s'offre comme réel dans sa matière mais comme ce qui a été sélectionné, sectionné, différencié à partir d'un lexique qui se développe comme on file des métaphores.
Sur 305 pages, 20 pages de sexe cru. À chaque lecteur de ressentir, je dis bien de ressentir, de conscientiser son ressenti s'il le peut. J'ai éprouvé ces pages crues, sans rejet, sans attirance particulière, sans excitation sexuelle. Je les ai reçues comme cliniques ou biologiques, très schopenhaueriennes (phylogenèse au travers de fornications semblables à de la besogne, du labour), très peu beauvoiriennes (ontogenèse au travers d'expérimentations, d'essais au grè des rencontres, des excitations, sollicitations, prédations).
La 4° de couv est accrocheuse, racoleuse. Quels fantasmes va développer une femme lâchement abandonnée par son amant ? On découvrira plus tard que peut-être ce départ cachait une manigance, une forme de manipulation par l'amant, une duperie ignorée de l'amante, elle-même à l'origine d'une autre manigance (jeu de dupes dupées). Je me suis assez vite rendu compte que ce n'était pas le propos. le récit jouait du temps, se jouait du temps, le passé en Lorraine, au bord de la Mordrière, le présent à la villa Médicis à Rome, le futur avec le retour à Paris et celui qui attend au loin sur le quai, les temps alternant dans le récit tentant de les emmêler.
La narratrice a simultanément plusieurs âges (je ne me suis aucunement demandé si ce récit était auto-biographique, la réponse est oui et surtout non, c'est une autofiction selon la description de Serge Doubrovski). Enfant. Adolescente. Adulte. Et si l'adulte occupe une grande part du récit, le séjour à la villa Médicis étant le clou quasi-burlesque de ce récit, il me semble que l'iconoclaste ne peut être que l'enfant avec son imagination sans censure, capable de déboulonner pareille institution, l'enfant éveillée, se tenant debout et ne s'en laissant pas conter (la maîtressse sans maîtrise et donc intarissable du conte c'est elle depuis l'âge de 6 ans).
Le titre Même les anges (et page 305, deux lignes avant la fin), suspendu, ouvrant notre imagination, nous invitant à la vision (une création), suscitant notre perplexité, nous renvoie à la formule de Gilbert Keith Chesterton : si les anges volent, c'est qu'ils se prennent eux-mêmes à la légère !, au mythe d'Icare évoqué dans le roman et trouve son élucidation deux lignes avant la fin : Même les anges perdent les ailes, en 4° de couv dit-elle.
Quels anges ont perdu leurs ailes ? Apparemment, il est des mots trop étroits pour les drames qu'ils contiennent. Inceste (pages 36 et 293). Qui disparaît dans le linceul que constitue le récit? Quelles réalités se diluent-elles ?
Récits de naissances à morts, non linéaire et pas aléatoire, récits de chutes, de pertes (dont des pertes de mémoires), de deuils, d'effacements, de résurrections peut-être, à venir, à la survenue d'un souvenir ravivé par un mot écrit à la main sur du papier.
Récits embrassant, saisissant à pleines mains, la terre, toutes les fornications, prédations.
Récits de bords de rivières, de mers, d'océan pour l'expérience paradoxale de l'horizon (qu'y a-t-il au-delà de l'horizon ? faut-il donc ne pas jeter l'oeil sur cette ligne, toujours la même, et sans réponse, garder la tête baissée sur ce qui est si proche et tout aussi désirable ?)
Récits d'envols, de vols (devenir oiseaux, voir d'en haut).
Dispositions graphiques dans la page, jeux de sonorités incitant à lire à haute voix, Christèle Wurmser, la résidente-enfant de la villa Médicis, du cauchemar hilarant qu'est ce bas-fond, semble se donner les moyens de la singularité pour décrocher avec ses cahiers d'écolière, la collection blanche chez Gallimard, le soutien de Daniel Pennac et Jean-Marie Laclavetine.
Mais à l'écouter sur Fréquence protestante, j'ai reçu une voix de passion retenue, pas la voix de maîtrise que j'avais fabriquée dans ma tête.
J'ai aimé cette voix qui me permet de me déglaiser, démariner, décieller, déniaiser, désaper, dégrandir, démordre, débiter, déconner, dévider, déviter...

En Dyonisie, le 4 juin 2021, 16 H 38
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Une jeune femme, fragile, « légère comme une plume », sujette à des évanouissements après des émotions a eu une enfance illuminée par son père, artiste-peintre généreux, et contrariée par sa soeur aînée. Elle parle peu, écrit beaucoup, a un amant plus âgé, bourlingueur. Elle est admise à la Villa Médicis à Rome où elle peine à se lier à Mathis, un jeune apprentis peintre, et aux autres résidents.
L'enthousiasme de Daniel Pennac sur le style de Christèle Wurnser m'a incité à lire ce livre et je ne le regrette pas, Pennac a raison, cette auteure a un grand style, précis, ciselé, classique. J'ai moins été intéressé par le fond du roman ; ces états d'âme d'une jeune fille fragile, très égocentrique m'ont semblé superficiels ; je les ai rapidement trouvés ennuyeux. Les descriptions de la Ville éternelles et de son ambiance sont rares. Une déception par rapport à l'attente.
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La narratrice a perdu son amant, parti en voyage au Sahara pour son plaisir et son activité professionnelle. Elle est désemparée et traumatisée par cette absence, au point de se vêtir le plus souvent de son blouson pour en raviver le souvenir et s'en imprégner. Elle est pensionnaire de la villa Médicis à Rome grâce aux qualités littéraires dont elle a fait preuve au concours très sélectif qu'elle a réussi. Elle y rencontre de nombreux autres artistes, peintres, musiciens…. avec lesquelles elle vit une aventure pleine de fantaisie, la prégnance du souvenir de l'amant absent et de sa vie d'avant, avec son père peintre, sa mère et sa soeur. L'écriture est flamboyante, dense, intime, d'une grande beauté stylistique, parfois un peu difficile à suivre, mais qui fait émerger d'une abstraction poétique quelques jalons du réel qui éclairent la trame romanesque et ravissent le lecteur. Quelques scènes érotiques crues, brillantes, à couper le souffle, ajoutent à l'immense plaisir que procure la lecture de ce premier roman, dont on a du mal à concevoir qu il soit le premier, tellement il est abouti.
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critiques presse (2)
LeMonde
15 mai 2023
Après avoir passé toute sa vie à écrire dans de petits ­cahiers, elle en a prélevé l’essentiel, le plus beau, pour composer Même les anges, ce roman du désir, de l’absence et d’un retour à la vie.
Lire la critique sur le site : LeMonde
SudOuestPresse
07 mai 2021
Envoûtant et haletant ce premier roman de Christèle Wurmser à l’image de son intrigante héroïne.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Je tends la main.
Les draps n’ont pas encore eu le temps de refroidir.
Dans l’autre main j’ai votre voix que blanchit la distance et qui demande pardon, pardon d’être si loin.
Il est cinq heures du matin. Vous m’appelez d’un aéroport et je n’arrive pas à recoudre ensemble
votre voix subitement mêlée de sonorités étrangères et votre corps qui, sous les draps,
m’écrase encore.
 
Tout à l’heure, nous faisions l’amour.
J’ai sur mes lèvres un peu de votre sueur séchée.
Vous vous êtes sauvé, dites-vous, « en pleine nuit pour ne pas te faire de peine, tu as si mal vécu mes précédents départs… »
 
Derrière la vitre, il fait un bel octobre.
J’ouvre et je ferme les cuisses.
Je respire les bouffées chaudes que le lit garde de vous, j’écoute votre voix qui peu à peu s’épuise, usée par mes silences et par la faute d’avoir osé partir sans m’en avertir.
Aujourd’hui, pour la première fois depuis que nous nous aimons, vous m’avez trahie.
 
Tant pis.
Je partirai seule à la Villa Médicis.
 
Je viens d’y obtenir un long séjour pour écrire, je ne vous en ai rien dit, j’étais si fière, je voulais vous en faire la surprise, vous emmener un peu malgré vous dans ma vie plutôt que de rester toujours à butiner la vôtre, je voulais vous bander les yeux, vous les auriez ouverts sur un palais italien, nous aurions partagé ma première nuit en baldaquin.
Mais, moins experte que vous dans l’art de comploter, j’ai manqué de promptitude à ordonner mon voyage. Vous avez fui. Vous avez précisément choisi cet instant de vie secrète et joyeuse pour disparaître de mon lit.
 
Tant pis, vous dis-je.
Avec votre billet d’avion, je ferai des confettis.
Vous reniflez ?
Vous pleurez ?
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Vous vous êtes pris les pieds dans mes pages qui sont pleines de vous, dans votre précipitation vous les avez arrachées laissant après vous les traces du chemin que vous prétendiez parcourir sans moi, si bien que pour vous suivre je n’ai qu’à suivre, en y posant le pied, vos empreintes qui ont troué ce que j’avais écrit. C’est qu’il n’est pas aisé d’être brigand lorsque la veille on fut prince, c’est qu’il n’est pas aisé d’affirmer son courage lorsque l’aimée, sous le drap léger, semble plus démunie qu’un fruit de mer auquel on arrache la coquille.
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Tandis que je vous l'exprime, je vois les phrases tourner sous mon crâne comme tournent les ritournelles qui après nous avoir séduits nous obsèdent. On ne sait plus qui est prisonnier : la phrase du crâne ou le crâne de la phrase ?
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Où êtes-vous ?
Où est votre désert ?
Vous m’avez déroulé un carré de sable sous les poumons.
Ce n’est pas seulement votre présence ou votre absence qui me consument, c’est ici ou ailleurs votre simple existence. Je ne sais pas vivre sans vous, m’entendez-vous, je ne sais pas aimer, je ne sais pas écrire, je ne sais pas vivre parmi des étrangers et tenir debout, est-ce que cela s’apprend ?
Vous partez, aussitôt ma substance vous suit, je m’étonne même de demeurer visible, je m’étonne lorsqu’on me tend la main d’avoir à mon tour une main qui se présente, lorsqu’on prend de mes nouvelles d’avoir une voix qui répond et des lèvres qui s’écartent et se serrent pour un autre
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Vous ne le croirez pas mais il m'arrive sur ce point d'envier nos aïeules qui, une fois les casseroles récurées et la nappe battue, brodaient, priaient, pratiquaient le crochet et nonobstant, rêvaient s'emplissaient d'aventures, fantasmes, rocambolesques passions, frivoles effusions dans le murmure à peine, affleurait aux lèvres mais, eût-on soulevé les paupières soigneusement tenues baissées sur l'ouvrage qu'on aurait surpris à l'ombre des cils et confondus aux larmes, les plus scandaleuses amours, les romans les plus sulfureux. Cependant au soir quand revenait l'époux, leur visage d'avouait le plus souvent qu'attente, ardeur, soumission, devoir.
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