La bonne idée, que d'avoir regroupé en un volume ces deux textes différents mais semblables d'une femme écrivain tellement habitée.
Elle lui dirait dans l'île, c'est le récit du manque de l'autre, des abominations subies par l'autre... L'autre que la visite de sa femme va décider à en finir. L'autre, l'être aimé qui ne tombera pas dans le piège de la visite accordée par une dictature perverse.
Et puis ces mots qui ne viennent pas...
C'est une histoire dure, poignante, révoltante, brève et dense comme ne le sont pas les souffrances endurées... L'indicible.
Le temps usé est un récit à deux voix: Celui de la femme vieillissante dont la fille grandit et va bientôt s'envoler; et celui d'une femme dont on a tué le compagnon et a qui l'on a enlevé son fils... La première, la femme écrivain, trace une sorte de bilan un peu gris-désabusé en cherchant les mots pour dire un nouveau livre. le mot usure ne semble, là, pas du tout usurpé
La seconde, la femme assignée à résidence, recluse dans un village, survit en réfléchissant à le vie ordinaire à laquelle elle a échappée avec la disparition de son compagnon. L'usure, là aussi, mais d'un certain sens, réparatrice.
Deux ou trois récits, donc, dans la tristesse et les regrets. Des histoires proches, avec ce temps qui s'étire et passe dans le trop tard.
Un livre double ou triple, au charme hypnotique et passé, un peu usé.