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EAN : 9782742751488
166 pages
Actes Sud (01/09/2004)
4.42/5   12 notes
Résumé :
Invitée à créer des sculptures pour la chapelleSaint-Louis de l'hôpital de La Pitié-Salpêtrière, Mâkhi Xenakis s'immerge dans les archives de l'Assistance publique pour laisser venir à elle l'esprit des lieux. Elle en exhume des manuscrits totalement inédits, bouleversants, qui bruissent encore des cris de ces femmes enferrées là depuisLouis XIV jusqu'à Charcot. Quand la plasticienne pense ciment, tiges filetées, pigments, inévitablement surgissent les mots. Travail... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Artiste plasticienne, Mâkhi Xenakis a été invitée à exposer des sculptures dans la chapelle St Louis de l'hôpital de la Pitié Salpêtrière. Elle ressent le besoin de connaître l'histoire du lieu, de s'inspirer de l'esprit du lieu. Elle (se) plonge dans les archives de l'AP-HP. Elle tombe dans un puit sans fond, l'histoire des milliers de femmes qui y ont été enfermées. Elle conçoit alors en parallèle ses sculptures et ce livre.
La forme que prend le récit de Mâkhi Xenakis, sous forme d'inventaire, de juxtaposition de mots, de noms, d'âges, de situations, sans ponctuation, sans fioritures, correspond parfaitement à l'effet produit par l'ouverture de ces registres, froids, inhumains. Mots qui remontent et nous éclatent à la figure comme des bulles de gaz nauséabond. Visions d'horreur. Prison, insalubrité, froid, faim, infamie, viols, barbarie, sévices corporels, terreur, travail jusqu'à épuisement, mort lente, le tout sous couvert de charité chrétienne et de rédemption par la prière.
1657. le roi soleil ne supporte pas l'ombre que lui fait la misère de son peuple. Alors il la cache, l'enferme. Les archers du roi font des rafles dans les rues de Paris. Des enfants des femmes des bébés des hommes des vieillards. A la Salpêtrière ce sera les femmes. Enfermées et maltraitées pour le restant de leur vie. Jusqu'à 8000 en même temps. Un lit pour six… si on a la chance d'avoir un dortoir et un lit… pour certaines c'est le cachot et les fers. Certaines sont mariées de force et exportées pour peupler les colonies du nouveau monde. L'abbé Prévost y trouvera l'inspiration de son roman Manon Lescaut.
Tout le 18e siècle, dit siècle des lumières, n'éclaire pas leur sort. En 1800 on sort « les criminelles et les filles de joie » pour ne garder que « les vieilles femmes et les folles » que l'on trie par pathologie. Une notion de médecine se met en place, mais on est bien loin de la médecine moderne, on prodigue purges et bains glacés. Géricault vient peindre des portraits. Tout Paris assiste au bal des folles (raconté par Victoria Mas). Il faudra attendre 1921 pour que la Salpêtrière perde sa fonction d'asile. Plus de 250 ans d'obscurantisme…
Les sculptures de Mâkhi Xenakis en ciment représentent des centaines de femmes-troncs debout, maigres, crâne chauve, yeux creux, qui redonnent à ces malheureuses une dignité, une visibilité.
Une lecture choc, qui m'a beaucoup impressionnée.
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Cet ouvrage est le produit d'une invitation, celle lancée par l'Hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Mâkhi Xenakis. Cette artiste plasticienne, sculptrice, dessinatrice, architecte va plonger dans les archives de l'Assistance publique pour se nourrir des émotions, des drames, des souffrances... des femmes et des enfants qui ont été forcés d'entrer dans les hospices et mouroirs parisiens. L'esprit des lieux va ausi guider sa démarche.

Elle va créer des statues, dont de nombreuses photos sont reprises dans l'ouvrage.

Mâkhi Xenakis va exhumer des manuscrits inédits qui décrivent les conditions de vie, les consultations des médecins, les décès, les naissances "inexpliquées", l'hygiène, les règlements d'ordre intérieur (sur l'accès au vin ou les distributions de pain par exemple). Ces récits d'archives sont bouleversants, édifiants, glaçants.

La Sapêtrière est créée par Louis XIV. On va y enfermer des femmes par milliers. Des indigentes, des folles, des pauvres, des femmes répudiées par leur mari, des asociales, des prostituées, etc. Avec ou sans enfants. Mâkhi Xenakis suit le cours de l'Histoire. On va marier les folles à des forçats pour les envoyer peuple les colonies. La Révolution française apporte son lot d'exécutions et de viols. Puis la psychiatrie va se pencher sur ces cas... avec les douches froides et les enfermements. le tout sera parfois adouci par plus de lumière, plus d'humanité... mais si rarement.

Le gros problème de l'ouvrage est la mise en page et la présentation des archives... Absence totale de mise en page, police de caractère difficile à lire, succession des idées et thématiques sans queue ni tête... cela ne facilite pas du tout la lecture. le sujet est impressionnant. Son traitement est peu emballant. Rendre compte d'expositions ou de happenings, ce n'est pas super facile. Mais Actes Sud aurait pu être plus attentif à cela.

Pour l'anecdote, les statues construites par l'artiste sont visibles sur la toile, https://www.dailymotion.com/video/xkpk2t .
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Livre étonnant tant par sa construction que du sujet. le si reputé Hôpital de la Salpêtrière a un passé peu brillant : demandé par Louis XIV pour « nettoyer » Paris, on y entassa les pauvres (bonnes ou mauvaises..), les filles de joie, les insensées, les infirmes, les malades, enfants, femmes et quelques hommes aussi, tout ce qui était dans la rue.. certaines étaient mariées de force et envoyées pour peupler nos colonies (Canada, Louisiane). On perçoit un peu de médecine, il faudra attendre 1800 pour entrevoir une démarche humaine et soignante..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Marie-Anne Moreau 55ans Genevieve 51 ans soeurs très infirmes reçues comme bonnes pauvres au dortoir Sainte-Ursule couchent dans le même lit et sont dans l'espérance d'obtenir des lits seuls elles ont apporté dans le même temps chacune un matelas et une couverture de laine mais étant dans l'impossibilité de fournir chacune la somme de cent vingt livres elles n'ont pu obtenir cette faveur après délibération et grâce à l'influence de quelqu'un d'important le bureau accorde un lit pour chacune dans le dortoir SainteCharles sous condition que les deux matelas et les couvertures appartiennent désormais a la maison de la Salpêtrière.
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continuer à ouvrir les registres découvrir les noms

inscrits méticuleusement sans exception l'un après

l'autre et dont l'inscription même signifie

irrémédiablement vie arrêtée

perte d'identité anonymat oubli

mort lente (p. 25)
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le 22 août 1740 il a été arresté qu'à l'avenir il ne se fera aucune fête pour qui que ce soit dans les maisons de l'hôpital. qu'on n'y souffrira jamais ny danses ny illuminations ny instruments que les jours qui malheureusement paraissent dans le monde être destinés à la joie ou plutôt au désordre seront passés dans les maisons sans bruit et avec plus de retenue que dans aucun autre terme comme il convient à des chrétiens
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on est loin du Moyen Age respectueux protecteur
des fous et de leurs chimères

on est loin du monde arabe à Bagdad au Caire
à Fez au septième siècle
qui leur construit des hôpitaux et qui pour toute
thérapie leur prescrit de la musique de la danse
des spectacles et des récits merveilleux
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Il est essentiel à tous égards que la tête des insensés soit rasée outre la vermine les lotions de tête dans la plupart des démences sont beaucoup plus efficaces lorsqu’il n'y a pas de cheveux
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Videos de Mâkhi Xenakis (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mâkhi Xenakis
La Salpêtrière s'est construite, organisée, pour devenir au gré des hospitalisations arbitraires, le plus grand lieu d'enfermement des femmes depuis Louis XIV. Mâkhi Xenakis ("Les folles d'enfer de la Salpêtrière", Actes Sud) s'est d'abord servie de la sculpture pour invoquer ces vies perdues puis les mots de l'écrivaine se sont également imposés pour redonner vie à celles qu'on disait folles.
Animé par Susana Gállego Cuesta, directrice du Musée des Beaux-Arts de Nancy.
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