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Critique de oblo


oblo
20 décembre 2016
A l'extrême fin du 5ème siècle avant J.C., Cyrus tente de renverser son frère, Artaxerxès, du trône de l'empire achéménide. Pour ce faire, il s'entoure de mercenaires grecs conduits par Cléarque et parmi lesquels figure Xénophon, qui vient d'abord en qualité d'observateur. Les Grecs, d'abord, ne savent rien des desseins de Cyrus : lorsqu'ils découvrent qu'ils marchent contre le Grand Roi, ils ne peuvent rompre leur serment et participent, donc, à la bataille de Counaxa, en Babylonie. Cyrus est vaincu et tué mais les Grecs, eux, n'ont perdu que très peu d'hommes et ont gagné leur combat. Sans soutien politique, à plusieurs centaines de kilomètres de la mer et de la Grèce, entourés de peuples aussi hostiles que divers, les Grecs doivent d'abord traiter avec Artaxerxès et son second, le satrape Tissapherne. Mais la négociation tourne court : Tissapherne fait exécuter les généraux grecs.

Dès lors, complètement perdus et livrés à eux-mêmes dans un empire immense, les Grecs ne pensent plus qu'à retourner chez eux. Xénophon devient l'un des commandants de ce corps que l'Histoire a retenu sous le nom des Dix Milles : hoplites essentiellement, peltastes, archers, cavaliers même.

Véritable épopée antique, l'Anabase a le mérite de la fraîcheur : celui qui l'écrit a vécu les événements et il en a été l'un des protagonistes. Si l'on a accusé Xénophon de faire à peu de frais un récit apologétique, c'est oublier que Xénophon ne s'attribue pas forcément tous les mérites. Pis, il sait se mettre dans des situations parfois peu reluisantes, notamment lorsqu'il est en pourparlers avec les Lacédémoniens ou avec les Thraces.

Le récit impressionne. Mais ce n'est pas pour ses envolées lyriques ni pour la grandeur militaire dont il se fait le reflet. Il y a des combats, c'est vrai, du courage aussi, de l'abnégation quand les conditions sont difficiles. Cependant, l'intérêt réside dans le récit du quotidien : la recherche de vivres, les butins que l'on rapporte : esclaves, bétails, femmes et enfants aussi, les nuits dans les neiges de l'Arménie, les escarmouches, les assemblées des soldats où la démocratie la plus directe s'exprime. C'est dans ces moments que Xénophon brille le plus : orateur pratique, il ne cherche pas la métaphore mais parle le langage simple de ses soldats. Simple, mais non point idiot : faisant preuve d'une vision politique et diplomatique d'une remarquable concision, Xénophon en impose par sa hauteur de vue à tous les généraux des Dix Mille.

Pour les Grecs contemporains de Xénophon, l'intérêt de l'Anabase résidait dans le fait que ce récit prouvait qu'une armée de hoplites pouvait traverser l'empire perse et en sortir, moralement et militairement, vainqueur. Car les dieux sont sans cesse au secours des Grecs et de Xénophon. Dans les entrailles des victimes des sacrifices, ils disent ce qu'il faut faire, et chacune des décisions de Xénophon est couronnée, à plus ou moins long terme, de succès. Nul doute, alors, que le récit de Xénophon servit de motivation à Agésilas, auteur d'une expédition en Asie mineure au début du 4ème siècle, et à Alexandre le Grand.
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