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Critique de Meps


Meps
21 février 2022
On a du mal à définir quelle est la taille "correcte" pour un roman. On a déterminé qu'à peu près à plus de 500 pages on était dans le pavé. On sait qu'à moins de 50 pages on est clairement dans la nouvelle. le roman se situe donc là, dans l'intervalle. On se dit que 150-200 pages c'est correct, c'est un court roman mais ça va. Et quand on se situe entre 50 et 100 pages, on est où ? La longue nouvelle, le court roman, on ne sait pas trop, on tâtonne. Les anglais ont tranchés, ils appellent ça novella, et les Chinois, surtout vers les années 80, se sont emparés du format, eux qui sont très adeptes des nouvelles. le format s'exprime plutôt en nombre de mots (entre 15000 et 40 000) et correspond à des histoires autour de la centaine de pages, un peu plus ou un peu moins.

C'est ce format qu'emprunte Ren Xiaowen et par lequel elle est pour la première fois éditée en français, elle qui a auparavant publié plusieurs romans en Chine et été récompensé en 2017 du prestigieux prix Mao-Dun. Elle s'intéresse ici, comme dans tous ses romans, aux petites gens de Shangai, à l'envers du décor de la ville moderne et touristique qu'elle est devenue. Ici, elle met particulièrement en lumière les combines autour des expropriations pour démolition des vieilles maisons afin de reconstruire du neuf. Les plus pauvres peuvent soit s'en sortir et récupérer assez d'argent pour bien se reloger dans un appartement neuf, soit se faire flouer et continuer à vivre difficilement, obligés de solliciter leur famille ou de recourir aux colocations.

L'auteure rend parfaitement la rancoeur et l'aigreur que peuvent provoquer ces situations. Elle le fait sans s'attarder longuement à la psychologie des personnages mais plutôt en les confrontant à d'autres. Son personnage principal, au prénom signifiant "héros" et pourtant apathique est très emprunté, évoluera ainsi dans l'opposition d'abord à sa famille (père, mère, oncle) puis en la quittant, en rencontrant ses collègues, ses colocataires, animé tout au long du récit d'un esprit de vengeance qu'il ne sait pas comment incarner réellement. le début de la novella donne un aperçu de la fin et plonge dans un certain suspense tout au long.

Le format moyen de la novella permet d'évoquer une anecdote comme la nouvelle tout en étoffant un peu plus les personnages. Cela amène à une certaine frustration, une envie de lire la même histoire au format roman. C'est sans doute le lot de ces formats intermédiaires, être au milieu du gué, prendre les avantages de chaque forme mais susciter également la question "Pourquoi n'avoir pas développé une idée si intéressante ?".
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