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EAN : 9782872822966
46 pages
Lansman Éditeur (22/04/2002)
3.33/5   3 notes
Résumé :
L'histoire commence par une rupture. Une femme nous dit ne plus pouvoir souffrir l'homme avec qui elle vit ! De cette remise en question radicale découle un voyage dans son univers intime...

Confrontation sous forme d'enquête, de quête aussi et de recherche d'identité. La femme parle à la troisième personne comme si elle voulait se détacher des mots et des sentiments. Mais monde extérieur et obsessions intérieures n'arrêtent pas de la rattraper et l'e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Une oeuvre pour le théâtre, très concise, une trentaine de pages, écrite directement en langue française en 1991 par le prix Nobel chinois Gao Xingjian.

Le personnage central est une femme en colère et éplorée, qui dit ne plus pouvoir continuer sa vie avec son homme, qui manifestement la trompe. Elle semble s'adresser à lui, mais lui est une sorte de fantôme qui ne répond pas. La mise en scène de la pièce le place en retrait dans l'ombre, s'exprimant exclusivement par quelques mimiques et gestes muets, voire en faisant contre toute attente un porte-manteaux, contre lequel il est bien dérisoire et inutile de récriminer…

Très vite, cette situation bouleversante entraîne cette femme dans l'exploration de son propre univers intime. C'est une plongée vertigineuse, agitée, dans son passé, à la recherche de son identité. Des souvenirs douloureux, nébuleux, fragmentés, refoulés, refont surface, et envahissent cette femme qui se débat contre une sorte de noyade, comme en apnée. Son arme pour se sauver d'elle-même : parler d'elle à la troisième personne, ELLE, comme pour se détacher des mots et des sentiments.

Sentiments de culpabilité, traumatismes de l'enfance, pulsions de mort et autres émotions diverses et confuses remontent comme une tempête intérieure…et la mise en scène recommandée par l'auteur traduisent cette agitation par la présence d'une femme sorte de double de l'héroïne, qui danse pour accompagner le récit, ainsi qu'un démon et un vieillard…

Ce texte est très marquant, c'est une douloureuse introspection d'une femme déchirée qui, en équilibre très précaire sur un fil, vit en funambule entre passé et futur, amour et haine, rêve et cauchemar…Gao Xingjian démontre une qualité de style remarquable, il est de loin l'écrivain chinois le plus intellectuel, le plus littéraire.

Gao Xingjian revendique la recherche d'une nouvelle théâtralité. « Je pense que l'essence du théâtre est de montrer le jeu par le jeu. Pour moi, le théâtre n'existe que par le jeu des acteurs avec le public. de cette communication dépend son existence même. », dit-il. Il reconnaît l'influence de sa culture d'origine : « Les passages de l'opéra chinois constituent une façon pour les acteurs de présenter ou de résumer l'action ou l'état des personnages dans une narration à la troisième personne. de même, les apartés sont les incises de l'acteur-conteur, et les digressions les incises du conteur-acteur qui commente la conduite des personnages afin de préserver, en la stimulant, la communication avec la salle ».
Pour finir, il affirme : « Mon théâtre ne comporte généralement pas d'histoire au sens traditionnel et, même si on peut y découvrir quelque intrigue, il ne vise pas au récit dramatique mais à la création d'une situation. » La théâtralité, la force dramatique est mise en exergue par le mouvement, les sonorités, sans illusion par des moyens techniques et effets spéciaux qui étouffe le jeu des acteurs.

J'ai pris plaisir à cette lecture, qui comme toujours ne demanderait qu'à s'incarner dans l'émotion concrète de la pièce jouée.
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Au bord de la Vie est une pièce de théâtre de l'écrivain Gao Xingjian, prix Nobel de littérature en l'an 2000.

La pièce est un long monologue, déclamé par une femme à la troisième personne du singulier. Elle commence par se plaindre de son mari qui a l'air assez obtus : "ELLE dit qu'elle est lasse ; ELLE dit ne plus pouvoir le souffrir, ne plus du tout pouvoir le souffrir." L'acteur masculin, lui, est muet, et répond par des haussements d'épaules. Les attaques toutefois sonnent justes, l'auteur parle peut-être d'expérience ?

Mais après un début captivant et bien ancré dans le réel, Xingjian nous entraîne dans un délire psychédélique que je n'ai pas aimé. La femme a des fantasmes, raconte ses rêves, se voit morte ... :
"ELLE dit qu'ELLE ne sait pas ce qu'ELLE a dit ou ce qu'ELLE voulait dire ; et si ELLE a vraiment dit quelque chose. Si au moins ELLE avait quelque chose à dire !"

A ce stade, la mise en scène et les didascalies deviennent délirantes : "La bonzesse extirpe les viscères de son corps et les dépose dans une assiette devant elle. Puis elle les pétrit. La femme reste immobile un moment puis respire profondément [...] La bonzesse prend l'assiette et lui jette les viscères en pleine face."

Voilà, style "Théâtre moderne" , que je n'ai jamais apprécié.

Par ailleurs, comme dans "La Fuite", l'auteur utilise le thème de l'Eau pour faire ressentir l'angoisse montante et la sensation d'oppression. Ayant lu "La Fuite" tout récemment, j'ai trouvé que l'auteur abusait un peu du procédé.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
ELLE se méfie de tout ; pourquoi se prend-ELLE tout à coup au sérieux ? Tous les hommes sont des chiens...mais ils sont bien loin d'atteindre leur fidélité. Quant aux femmes, elles sont pires encore que les chats. Les chats tournent autour de la nourriture et ronronnent en des lieux calfeutrés. Tandis que les femmes, félines, vaniteuses et jalouses, ne parviennent jamais à être satisfaites.
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ELLE dit qu'ELLE est venue au monde par pur hasard : la vie n'est-elle pas une succession de malentendus ? ELLE se souvient soudain d'un garçon qui restait debout, dans la neige, sous sa fenêtre, attendant qu'ELLE sorte. ELLE, abritée derrière le rideau, le trouvait drôle et plaisant. Un souvenir émouvant, mais en même temps quelque peu amer : peu de temps après, une amie du lycée lui avait confié avoir reçu de ce garçon une lettre d'amour. Sans hésiter, ELLE avait rompu tous les liens l'un avec l'autre.
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Si, maintenant, ELLE pouvait pleurer comme dans son rêve, son coeur se soulagerait. Mais le temps est loin où, après une nuit de vent et de pluie, regarder les gouttes d'eau tomber des branches du pêcher la faisait pleurer. Ce n'était pas à cause des fleurs flétries du pêcher. Pourquoi ? ELLE ne pouvait le préciser. Adolescente, ELLE ne comprenait rien à la vie, mais en souffrait déjà - malheureuse - perpétuellement en quête d'elle-même, au point d'angoisser les autres.
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Les femmes, ces êtres délicats et compliqués, dont les rapports mutuels sont plus difficiles que ceux des hommes...et si scabreux !
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Sa mère disait souvent qu'il était difficile d'être une femme, que les femmes étaient depuis toujours au bas de l'échelle et qu'elle ne comprenait pas pourquoi elles étaient condamnées à tant de souffrance. ELLE savait que ce discours n'était pas de sa mère, mais venait d'une vieille dame, et qu'elle le répétait, comme le répétaient et répétaient bien d'autres femmes.
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