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Critique de Coeur2livres


Une lecture mi-figue mi-raisin : exigeante, déstabilisante mais plaisante au demeurant !

« Libre de toute règle » (4e de couverture) pourrait être une première définition pour ce roman écrit en 1990, l'auteur ayant atteint la cinquantaine. le texte ne fournit aucun véritable repère temporel si ce n'est que le récit se déroule après la Révolution culturelle. Il y a un narrateur que l'on retrouve dans les chapitres pairs, puis une deuxième personne (un pronom « tu » masculin) à qui s'adresse le narrateur dans les chapitres impairs, jusqu'à ce que cela s'emmêle et que l'alternance ne soit plus vraiment respectée. Dans la dernière partie le lecteur rencontre une troisième personne (un pronom « il ») et le chapitre 72 met quelque peu sur la voie.
Sans compter les nombreux personnages croisés sur le long chemin parcouru à travers la Chine, dont une femme nommée simplement par le pronom « elle », qui jouera un rôle sans doute révélateur mais qui m'a fortement agacée en cours de lecture.
Cette lecture fut donc émaillée par de nombreuses interrogations de ma part.

Avec cette écriture surprenante à la deuxième personne, le lecteur se sent davantage impliqué, plus proche comme s'il y avait une connivence entre lui et le narrateur. La curiosité du lecteur est aussitôt stimulée pour et par ce lieu qui donne son titre au roman et que le narrateur recherche ouvertement : la montagne de l'âme.
« Tout est à l'état originel là-bas. »
J'ai apprécié les descriptions fabuleuses des paysages, du brouillard, des cours d'eau, de la nature environnante : des pages admirables de poésie qui m'ont transportée par la pensée et qui me laissent des images fortes en mémoire !
On sent que l'auteur aime cette nature et ces lieux reculés qui le ramènent à son pays natal et son passé. On y décèle une certaine nostalgie qui deviendra blessure quand il évoquera la révolution culturelle, les camps de rééducation à la campagne et la censure. C'est un être en souffrance qui s'exprime et nous fait part de ses obsessions : il est mal dans cette Chine qui le renie, le repousse, l'empêche d'affirmer son art et ses idées. Il part donc en quête du passé millénaire, des légendes, des chansons et des vestiges détruits, témoins de riches traditions séculaires. Il m'a fait penser à un déraciné en recherche de repères.
Toutefois on ne lit pas uniquement l'histoire de ce narrateur mais une multitude d'histoires en tout genre (bandits, dragon, faits divers, légendes…) qu'il raconte ou qu'on lui raconte. Certains faits reviennent obsessionnellement comme les noyades, les viols, les suicides, conférant une note sombre à l'ensemble.

J'appréhendais cette lecture car j'en avais une image de livre hermétique et difficile. Cette lecture n'est pas simple mais elle reste accessible et plaisante malgré tout. Si on ne comprend pas tout, on apprécie le style, il y a un côté très concret.

Gao Xingjian nous propose une écriture « hors des sentiers battus », une lecture très singulière car parfois déroutante, à savourer cependant car emplie de petits délices au détour des pages.
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