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3,67

sur 398 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je reviens d'un long voyage... dans « La montagne de l'âme », j'ai accompagné Gao Xingjian dans ses pérégrinations à travers les de la Chine.

Ce n'est pas un voyage facile, on y rencontre des traditions et des légendes, souvent cruelles et sanguinaires, sans compter des démons intérieurs à affronter.

Ce n'est pas un voyage touristique, mais un dépaysement assuré, tant par les beautés de la nature que par les réflexions philosophiques, sur la vie, la société, etc.

Ce n'est pas un voyage de groupe, mais un texte à deux voix, au « je » et au « tu », passant constamment du yin au yang et renonçant toujours à s'attacher aux personnes rencontrées en chemin.

Pour apprécier ce livre, il faut une certaine patience, car c'est un long voyage, long, comme des millénaires d'histoires qui s'écoulent doucement…
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« Toi-même, tu ne sais pas clairement pourquoi tu es venu ici. C'est par hasard que dans le train tu as entendu quelqu'un parler d'un lieu nommé Lingshan, la Montagne de l'Ame. »
Et tu as décidé d'y aller toi-aussi, tu as pris la route, ton sac sur le dos et tu es entré dans cette quête. J'allais écrire que je t'avais suivi, mais c'est faux, j'ai pris d'autres routes, d'autres chemins, et moi aussi j'ai commencé à chercher Lingshan.
Tu et je se sont alors entremêlés, toi et moi, deux entités, deux personnages bien distincts ou deux facettes d'un même homme, en marche vers cette montagne…
C'est un voyage au coeur de la Chine mais c'est aussi un voyage intérieur… un voyage fait de solitude et rempli de rencontres surprenantes… un voyage moderne, une quête actuelle riche de chants ancestraux et de traditions en passe de disparaître… un voyage de l'ascèse et terriblement sensuel…
C'est LA quête par excellence, de l'amour, de soi, des origines, de la vérité, de la sagesse, de toutes les folies…
C'est une magnifique expérience humaine, pleine de couleurs, d'odeurs, de sensations, pleine de vie, de mort, pleine de poésie… l'expérience d'un tu, d'un je, qui se mélangent au je et au tu du lecteur, faisant sienne cette quête de la Montagne de l'Ame.
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De la poésie, de la peinture, des couleurs, des rêves et des fantasmes, de la sensualité. En plus quand un livre me tutoie de cette façon, forcément je me prends pour cet écrivain au parcours initiatique à la recherche de son saint Graal : une mystérieuse « montagne de l'âme ». C'est comme si ce « tu » était moi qui déambulait dans cette Chine profonde, qui y découvre la post-révolution culturelle, la campagne, les fermes de rééducation, qui côtoie les intellectuels, les paysans et les cadres sans oublier sorcières et fantômes, qui partage traditions ancestrales, croyances bouddhiques, qui est subjugué par la montagne, la jungle, le chemin à travers la jungle qui mène à la montagne… Est-ce que je suis en train de lire réellement ou tout ça n'est-il que rêve, que fantasme. Et pourquoi rechercher ce rocher : pour y trouver l'amour ? pour y découvrir mon « moi » ? pour absoudre tous mes péchés ? pourquoi marcher, vagabonder tel un miséreux, un pestiféré solitaire ? et juste pour un vulgaire rocher ? Et si ce rocher n'était pas en fait à l'autre bout de la Chine, mais simplement sur l'autre rive…
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Guidés dès la première phrase par le narrateur qui s'exprime le plus souvent par le "tu", nous partons à la découverte d'une Chine sortant de la Révolution culturelle, un pays devenu à la fois schizophrénique et atteint d'Alzheimer qui à l'instar de ses habitants, a perdu son âme, ses repères, ses traditions, son humanité.

Gao Xingjian nous fait entreprendre avec lui, en témoin privilégié, ce voyage initiatique qui nous mènera à la redécouverte de l'âme chinoise, à la spiritualité, à l'harmonie avec la nature, autant qu'à la quête de beauté, de sensualité et d'amour charnel.

Avec un style épuré, poétique, envoûtant, parfois théâtral au travers de dialogues incisifs, l'auteur nous invite donc à une longue marche dans la campagne chinoise, à la recherche d'une mystérieuse montagne de l'âme, un lieu intemporel, presque inaccessible, promesse d'une réconciliation retrouvée entre le corps et l'esprit, source d'un questionnement personnel sur la compréhension du monde, des rapports humains et sur le sens à donner à sa propre vie.
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Diagnostiqué cancéreux (poumon), le narrateur-auteur (peut-être?) part seul à travers la Chine à la recherche de la forêt primaire. Une fibroscopie finalement annulera le terrible diagnostic. Il se lance tout de même dans la réalisation de son projet après avoir entendu parler de la Montagne de l'Âme, vers Lingshan. Il va traverser de nombreuses régions de la Chine, souvent en montagne, et se comportera à la fois comme un écrivain (c'est son métier) à la recherche d'informations mais aussi comme un botaniste, ethnologue, ornithologue, journaliste. Observer, écrire, découvrir, partager. Cela serait déjà une mine pour le lecteur occidental et sinophile ou simplement curieux. Une multitude de saynètes laissent l'impression d'un patchwork riche en notations sensorielles, en observations aiguës. S'y ajoute une part importante consacrée à la philosophie, à la réflexion, à la restitution de petits morceaux d'Histoire, vers 1990 quand la Chine sortait tout juste de la révolution culturelle et des affrontements factieux qui ont suivi.

Il serait vain (et fastidieux) de vouloir tout raconter mais quelques scènes m'ont frappée pour des raisons diverses : scènes fantastiques où la magie et le drame sont omniprésents, évocation de paysages de montagnes taoïstes- sujet classique de peintures chinoises -, scènes de rues (vieillards qui promènent leur oiseau en cage, envol de cerfs-volants, bals dans la rue, infinité d'échoppes de rue et de terrasses-restaurants au beau milieu des passants : un monde qui finit.).

Par moments, ce livre est un vrai bonheur de poésie et de culture, orné d'estampes chinoises taoïstes avec leurs composantes traditionnelles (montagne, brume entre ciel et terre, être humain, végétal), matériaux précieux et chargés de symboles (jade, or, ambre), vie des ethnies minoritaires avec leurs costumes et leurs traditions (Miao, Yi, Qiang), un foisonnement qui vous fait plonger (ou re-plonger) dans tout ce que vous avez pu lire ou observer en Chine. Ce fut mon cas dans les années 90 et c'est un émerveillement que de retrouver toutes ces sensations et éléments de réflexion sous la plume d'un écrivain de talent. Je pense pouvoir dire aussi que la traduction est magnifique et ne trahit sans doute pas l'art de l'auteur-peintre.

Un livre d'une richesse immense, d'une grande qualité littéraire, qui apporte aussi de multiples moments de réflexion sur la Chine d' « avant » et celle d'aujourd'hui. Sachant qu'il a été publié pour la première fois en 1990 et que les choses ont bien changé depuis (pas forcément pour le mieux , j'en ai peur) .

On peut être déconcerté par le parti-pris de raconter le chemin de l'auteur à la rencontre de lui-même en passant par le classique « je » et le « tu » plus le « il » qui fait entrer le lecteur dans l'histoire. Procédé narratif déjà vu, à mon avis un rien artificiel et ostentatoire qui n'ajoute pas grand-chose au récit. Les chapitres alternent les deux types de point de vue, ce qui fait que pour ma part, il m'est arrivé de survoler certains passages un peu hermétiques ou tarabiscotés.

Il n'en reste pas moins que ce livre est une vraie réussite, une merveille à déguster lentement !
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Ce livre était dans ma bibliothèque depuis des années (sur le code barre apparait la date du 28/08/01).

Je crois qu'il m'impressionnait.

Lorsque Babelio a ajouté des statistiques dans son site web, j'ai voulu voir apparaitre la Chine dans ma carte 2024… Or il semble que Babelio classe les auteurs par leur nationalité actuelle… Gao Xingjian ayant été fuit la Chine et pris la nationalité Française, ses livres sont inclus en France…

Ironique, n'est-ce pas ? Pour un livre écrit en Chinois et qui parle d'un voyage initiatique dans la Chine très profonde.

Enfin, une fois ce préambule posé, il me faut en venir au coeur du sujet. Mon ressenti. Et là cela se corse car je dois avouer que c'est un livre étrange.

Par sa forme, d'abord. Il n'y a pas de nom de personnage. Il est question d'un « elle », « il », « je », « tu », « un homme », « une femme », de rencontre mais les seuls noms propres sont des noms de personnages historiques ou de lieux. C'est curieux et déconcertant. Il est parfois difficile de s'y retrouver mais avec les pages, on se prend à lire avec plaisir.

Par le fond, il y a également un style très particulier. Il est question d'un voyage initiatique mais où se mêle aussi bien l'histoire récente que très ancienne. Deux personnages vont se croiser. L'un est plus ou moins en fuite ayant eu des démêlés au sujet de livres dont il est l'auteur. Mais on ne saura pas exactement pourquoi. Il se présente également comme un anthropologue / sociologue. Il part autant à la rencontre du folklore qu'à la rencontre de ses racines, de sa vie qui a été marqué par la grande Histoire à coup de camp de redressement… Pour certains épisodes, il faut avoir le coeur bien accroché… Mais cela est raconté sur le même niveau que la légende de la page suivante.

L'autre est à la recherche de … on ne sait pas vraiment quoi. Ils vont se croiser évoquer La Montagne de l'âme et cet homme va partir à la recherche de cette montagne. Il va rencontrer une femme plus jeune et leurs deux solitudes vont s'associer pour un temps.

Il y a également des réflexions sur le roman. Et le style d'écriture est vraiment très spécifique.

C'est un voyage dans la Chine profonde, ce qui rend ce roman très intéressant car on est loin de Pékin ou de Shangaï.

C'est une histoire ardue à raconter. D'ailleurs la quatrième de couverture du livre que j'ai lu n'a pas de résumé… c'est vous dire.

C'est parfois difficile à suivre car certains événements me sont soit complétement inconnus soit parfois les expressions sont très spécifiques.

Cela aurait mérité quelques notes de bas de pages ainsi j'ai appris :
- Ligature de mille sapèques : pièces de monnaies maintenues par un cordonnet.

- le fil de la vierge : fil de soie secrété par des araignées, appelé « fil de la Vierge », qui leur permet d'être entraînées plus facilement par le vent et sert aussi de « fil de sécurité, pour se raccrocher à un branchage si elles ne veulent pas aller trop loin par exemple.

Bref si ma critique est décousue… c'est surement un effet de la Montagne de l'âme.

Je ne peux m'empêcher de citer les dernières lignes :

« Faire semblant de comprendre, mais en fait ne rien comprendre.
En réalité, je ne comprends rien, strictement rien.
C'est comme ça. »

Peut-être ai-je fais semblant de comprendre… Et qu'en réalité je n'ai rien compris… C'est comme ça.
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Une expérience spirituelle puissante, d'un auteur encore en vie !!

J'ai été agréablement surprise d'apprendre que cet auteur s'est réfugié en France, et qu'il résidait dans une habitation à loyer modéré lorsqu'il a obtenu le prix Nobel.

Une histoire très profonde de son voyage, qui est en même temps très divertissante. Une combinaison puissante de profondeur et de légèreté. Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu une chronique comme celle-ci. Cela correspond tout à fait à la sagesse et modestie de son discours du prix Nobel.
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Livre hors normes qui défie les lois du genre. Est-ce un roman? un essai? un livre de voyage? qui en sont les personnages? incarnés uniquement par des pronoms personnels. Il y a aussi de la poésie et des chants populaires chinois, des allusions historiques chinoises.
Un homme dans un train échange quelques mots avec son voisin, ce dernier lui parle de la montagne de l'âme, il ne connait pas cet endroit et aimerait s'y rendre, cependant personne n'a l'air de vraiment l'aider pour y parvenir, cette montagne existe-t-elle? ou n'est-elle qu'une métaphore?
Un des personnages est écrivain, il est à la recherche d'une nature primitive, un autre est photographe ou ethnologue, il va chercher à enregistrer des chants folkloriques, ils vont faire des rencontres. L'important n'est pas le voyage mais le chemin symbolique pour aller à la recherche de soi, de son histoire.
On va se perdre dans cette lecture, comme ses personnages insaisissables et aussi son auteur qui a mis sept années pour en venir à bout. Cette perte de repères est grisante, l'écriture est magnifique, c'est sans aucun doute un des livres que je mettrai dans mon panthéon personnel. Un ouvrage complexe, déroutant, troublant mais tellement attachant, cinq étoiles sans aucune hésitation.


Si vous voulez vous faire une idée de ce livre, je vous conseille les formidables podcasts de France Culture:
http://www.babelio.com/auteur/Gao-Xingjian/2871/podcasts
Une mise en scène radiophonique sublime qui donne du corps au livre, par ses silences, son rythme et sa musique nous plonge au coeur de ce livre.
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Quel beau livre !
Des descriptions magiques qui nous livrent des paysages inattendus, des sons mystérieux, des odeurs, des couleurs qui nous enivrent.
Ce livre est un voyage, un voyage pour son auteur mais également un voyage pour le lecteur qui se délecte au fil des pages des légendes racontées ou susurrées, un voyage car au fil des pages il me semble marcher moi aussi sur ces sentiers et découvrir cette nature envoutante et si bien décrite.
Un livre long à lire, dans lequel il faut prendre le temps de comprendre et d'apprécier cette culture différente de la notre, nous petits français, un livre qui parle des peuples anciens et de leurs rites parfois durs et cruels...
à lire plusieurs fois, je pense pour s'en imprégner complètement et accéder à cette richesse de la découverte de l'âme!
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La Montagne de l'âme:
Roman picaresque traversée géographique psychologique historique
Et politique de la Chine
Le voyage n'est pas seulement un déplacement physique mais aussi une introspection, vers un but dont la métaphore est cette montagne de l'âme que l'on croit trouver et que , comme Sisyphe on est condamné à gravir et descendre éternellement .
Sommes nous différents au bout de nombreuses ascensions ?
Difficile de suivre ce voyageur qui joue avec différents modes de déplacement : physique, onirique,psychologique, historique
Il est son propre héro(je)
Puis il observe son hero (tu) ce tu qui peut représenter le "moi"
Et parfois l'individu jeté dans le monde et qui voyage dans ce décor :le (il).
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