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Critique de LucianaMortisol


Que me raconte Xingjian… Il me raconte comment l'homme peut être dépossédé de lui-même par un régime totalitaire qui s'immisce dans toutes les interstices de la vie privée, qui oblige à constamment porter un masque en craignant de chacun de ses semblables qu'il se transforme d'un instant à l'autre en dénonciateur (solitude subie et apprise…)… La seule solution pour se sauver, c'est de garder au fond de soi une petite lumière qu'on préserve à tout prix : « Il joint les mains pour préserver cette lueur, se déplaçant lentement, dans une obscurité épaisse comme de la boue, il se sait où se trouve son issue ; mais il protège soigneusement cette lueur qui voltige dans le vent. Mais vaut dire qu'il est patient plutôt qu'opiniâtre, flexible, feignant de mourir comme une chrysalide qui tisse son cocon, fermant les yeux pour supporter le poids de la solitude ; alors, le son ténu d'une clochette, petite conscience de l'existence, beauté de la vie, cette lumière si faible et si douce se répand d'un seul coup au tréfonds de son être ».
Et puis il y a l'écriture… Il a compris qu'il lui fallait écrire pour sauver la petite lumière…Il lui fallait d'abord protéger sa vie, personne ne devait trouver ce qu'il écrivait… Ce qui le rassurait, c'était de cacher ses papiers dans une marmite prête à être enterrée… Il pouvait alors passer ses soirées de solitude à écrire, écrire et écrire encore, écriture comme seule compagne constante de sa vie, les femmes défilant comme autant d'êtres auxquels les circonstances d'une vie vécue à un mauvais moment de l'Histoire l'empêchaient de s'attacher et qui défilaient sans que rien ne pût se construire dans cette méfiance et mouvance perpétuelle d'un monde qui n'était que menace.
Il a fini par émigrer, et maintenant la Chine ne peut plus être son pays : « non, ce n'est pas ton pays, ton pays est dans ta mémoire, il est une source dans les ténèbres d'où jaillissent des sentiments difficiles à exprimer, c'est une Chine personnelle qui n'appartient qu'à toi, et tu n'as plus aucune relation avec l'autre ». Il est libre, libre et erre librement à travers le monde : « Désormais tu es un oiseau libre, tu peux voler là où tu veux. Tu as le sentiment que devant toi s'étendent des terres vierges, inexplorées, au moins pour toi »…
« La mort représente une limite contre laquelle on ne peut résister, la beauté humaine se trouve à l'intérieur de cette limite, débrouille-toi pour en profiter ».
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