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Marie-Odile Probst-Gledhill (Traducteur)
EAN : 9782877307574
351 pages
Editions Philippe Picquier (28/01/2005)
4.22/5   356 notes
Résumé :
Un dicton chinois prétend que " dans chaque famille il y a un livre qu'il vaut mieux ne pas lire à haute voix ".

Une femme a rompu le silence. Durant huit années, de 1989 à 1997, Xinran a présenté chaque nuit à la radio chinoise une émission au cours de laquelle elle invitait les femmes à parler d'elles-mêmes, sans tabou. Elle a rencontré des centaines d'entre elles. Avec compassion elle les a écoutées se raconter et lui confier leurs secrets enfouis ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (98) Voir plus Ajouter une critique
4,22

sur 356 notes
Je poursuis la lecture de cette auteure aussi engagée que talentueuse...
Après "L'Enfant unique", et "Funérailles célestes"...j'ai achevé en une
nuit insomniaque: "Chinoises"...Un livre faussement désordonné, avec moult témoignages des plus significatifs et éclairants !...

Je tire mon chapeau à cette femme, qui , fille d'un milieu libéral, a souffert
, dans son enfance et sa jeunesse, de la main mise du Parti communiste et
de la Révolution culturelle, ayant dû composer avec..., du mieux possible,
pour faire avancer les choses, dont le sort des femmes; ses émissions de
radio, son travail journalistique...ses engagements et la défense de ses
convictions...
Qu'un véritable espace de parole existe ... !

"Personne ne m'a félicitée d'avoir sauvé cette jeune fille, par contre, j'ai eu droit à des critiques pour « avoir mis les troupes en branle et troublé l'ordre public » et avoir gaspillé le temps et l'argent de la station de radio. Ces reproches m'ont ébranlée. Une jeune fille s'était trouvée en danger et quand on allait à son secours, on vous accusait de « dilapider les deniers
publics ». Que valait donc la vie d'une femme en Chine ?"

Un ouvrage où l'on perçoit les bouleversements gigantesques vécus par
la Chine, à travers ses régimes politiques extrêmes...et enfin, tardivement
son ouverture au monde. Mais que de tragédies et d'individus sacrifiés
pendant des décennies... où les premières victimes étaient les femmes et
les enfants !!...

Un ensemble de témoignages des plus prenants et dérangeants... où
nous pouvons lire à la fin de l'ouvrage que l'espérance de vie la plus
courte se trouve dans quatre professions : ouvriers d'usines chimiques,
Les chauffeurs routiers longue distance, les policiers, et plus SURPRENANT : Les journalistes !! ?

Tous ces journalistes qui ont vu un trop grand nombre d'événements
choquants, écrasés par les contrôles du Parti... Souvent contraints
d'écrire des choses avec lesquelles ils n'étaient pas d'accord...

Ce livre, comme les autres écrits de cette écrivaine-journaliste ont d'autant plus de mérite d'exister. Xinran avoue avoir décidé d'abandonner sa carrière de journaliste, se trouvant en permanence tiraillée, déchirée entre la vérité et le tragique des témoignages recueillis , écrasés par la censure omniprésente du pouvoir politique. Elle nous confirme que si elle a pu publier ces témoignages c'est parce qu'elle l'a fait en Angleterre...

"Je me suis souvenue de ce que le Vieux Chen m'avait dit : " Xinran, vous devriez écrire tout cela. Ecrire permet de se décharger de ce qu'on porte et cela peut aider à créer un espace pour accueillir de nouvelles façons de penser et de sentir.
Si vois n'écrivez pas ces histoires, leur trop-plein va vous briser le coeur.
" A l'époque, en Chine, écrire un livre tel que celui-ci m'aurait peut-être
valu la prison. Je ne pouvais prendre le risque d'abandonner mon fils ou
ces femmes qui comptaient sur l'aide et les encouragements que leur
apportait mon émission de radio. En Angleterre, le livre est devenu possible. Comme si une plume m'avait poussé dans mon coeur." (p. 352)

Vraiment très heureuse d'avoir enfin découvert cette auteure....Cela me donne envie de relire "Balzac et la petite tailleuse chinoise" de Dai Sijie...
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Magnifiquement structuré dans une apparente déstructure, Chinoises se construit au fils des différents récits qui s'imbriquent finement les uns dans les autres jusqu'à la reconstruction finale qui laisse un goût amer sur les doigts.

Xinran a animé à la radio chinoise pendant plusieurs années (de 1989 à 1997), une émission où elle invitait les femmes à parler d'elles-mêmes. Durant cette période, Xinran a eu l'occasion de lire leurs nombreuses lettres, d'entendre leurs témoignages et de s'entretenir avec elles. Ce magnifique recueil est le résultat d'un travail de longue haleine. Xinran a parcouru la Chine de long en large, pour écouter ces femmes. D'autres récits lui ont été envoyés ou ont été enregistrés de manière anonyme sur le répondeur de la radio.

Un jour, le vieux Chen dit à Xinran: «Xinran, vous devriez écrire tout cela. Écrire permet de se décharger de ce que l'on porte et cela peut aider à créer un espace pour accueillir de nouvelles façons de penser et d'écrire. Si vous n'écrivez pas ces histoires, leur trop-plein va vous briser le coeur». Arrivée en Angleterre, c'est ce qu'elle décida de faire. Il en ressort un livre bouleversant, poignant, étonnant, émouvant, magnifique, inoubliable, incroyable... qui au travers de l'histoire de ces femmes, de toute classe sociale, de tout âge et de tout horizon, nous en apprend sur la place de la femme en Chine mais aussi sur la société de cet énorme pays en pleine mutation.

Chinoises est un roman dont j'ai beaucoup de mal à parler. Je ne trouve pas les mots adéquats, forts, les mots parfaits pour exprimer tout mon ressenti. Les récits de ces femmes m'ont emporté sans ménagement. Il faut dire que la force de Chinoises réside dans sa capacité à allier une multitude d'émotions chez son lecteur, j'ai personnellement bouillonné de colère et d'indignation, ressenti le désarroi et la peine de ces femmes, et parfois éprouvé du dégoût pour la nature humaine. En quelques mots, Chinoises m'a littéralement fendu le coeur.

Xinran, en laissant la parole à ces femmes, nous a permis de découvrir la fille, la maîtresse, l'amoureuse mais aussi la mère chinoise, comme on ne la soupçonnait pas. Et ce qui est admirable chez cette « femme chinoise », c'est qu'il n'y a jamais de haine ni de soif de vengeance, juste une envie de faire connaître ce qu'elle ressent et ce qu'elle vit.

Il y a des livres, trop peu nombreux, où le système de notation perd tout son sens, car le maximum d'étoiles n'est pas assez.... Trop rares sont les livres qui proposent de telles émotions, de telles histoires, trop rares sont les livres ayant une telle âme que celui-ci. Chinoises. Un hommage en l'honneur de la femme chinoise, petit certes, comparé aux drames et sacrifices qu'elles ont dû vivre, mais qui permet de ne pas les oublier et de faire perdurer leurs histoires dans nos mémoires. Merci Xinran, infiniment…
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J'avis beaucoup aimé Funérailles Célestes, de Xinran, l'année dernière. Il relatait l'histoire d'une femme qui avait vécu plusieurs dizaines d'années au Tibet, isolée du reste du monde. Elle avait recueillie ce témoignage parmi tant d'autres pour son émission de radio sur les femmes chinoises.
Chinoises, contrairement à Funérailles Célestes qui est très beau, très descriptif, est une suite, donc, de témoignages anonymes ou non reçus entre 1989 et 1997.
Xinran est journaliste pour une radio dépendante du Parti, donc surveillée et éventuellement censurée. Malgré ça, elle parvient à recueillir et diffuser ces récits parfois insoutenables de ces femmes qui ont subi, et subissent encore, la tradition chinoise de la femme soumise et qui ont vécu l'oppression de ces années de communisme.
Certaines nées de familles cultivées, puissantes, d'autres dans la pauvreté la plus totale, mais toutes liées par cette même expérience du viol, du mariage arrangé, du mépris, de la violence verbale et physique. Certaines en sont devenues folles, d'autres ont accepté et mené leur vie dans l'ombre.
Chaque récit est différent - Xinran y dévoile elle-même la vie de sa propre mère - et pourtant tous nous parlent de ces vies écrasées, niées, au fil des siècles, que ce soit dans une campagne encore très arriérée (où les femmes "s'utilisent" parfois par plusieurs frères, où elles se vendent ou s'échangent) ou dans les villes prospères et nouvellement capitalistes, où l'argent et la beauté est un atout majeur pour un mari ambitieux.
Xinran a l'art, la patience, la douceur pour exorciser ces femmes de ces drames pour les faire témoigner. La deuxième étape, l'écriture du livre, se fera ensuite lorsqu'elle s'installe à Londres, désireuse de vivre une autre vie mais de témoigner du véritable sort des femmes chinoises au monde occidental.
Par ces témoignages, et en transition les efforts et frustrations des journalistes en butte à la censure, tout un pan de l'histoire chinoise est à nouveau dévoilé.
Il faut le dire, cette représentation de la Chine est profondément déprimante...
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Chinoises de Xinran fait partie de ces livres dont on se dit qu'il faut les lire, mais dont on repousse toujours la lecture parce qu'on sait que ce qu'ils racontent va nous bousculer, nous affliger une fois de plus et nous ramener à une réalité que nous n'avons pas toujours envie de ressasser.
Xinran est journaliste et a animé en Chine une émission de radio, novatrice, si j'osais je dirais "révolutionnaire" mais le terme est pour le moins galvaudé dans ce pays. Sous haute surveillance, elle donne la parole aux femmes sur l'antenne et mène en parallèle une enquête pour découvrir ce qui anime les chinoises : en quoi elles croient, qu'elles sont leurs espérances et leurs vies. Elle reçoit, au fil des émissions de plus en plus de témoignages bouleversants et de courriers qui sont pour certains, des appels au secours.
"Dans Mots sur la brise nocturne, je m'efforçais d'ouvrir une petite fenêtre, un tout petit trou, où les gens pourraient pleurer et respirer après l'atmosphère chargée de poudre de fusil des quarante années précédentes."
Alors on la suit, au fil de ses rencontres, de ses doutes et questionnements personnels sur sa propre histoire et sa propre réalité de femme dans ce pays où l'homme est roi et la femme n'est rien. Les témoignages sont bouleversants et la force, l'abnégation de ces femmes sans commune mesure. J'ai ressenti la même émotion à la lecture de "la fin de l'homme rouge" de Sveltana Alexievitch dans lequel elle nous livre également des témoignages de femmes russes.

Les choses évoluent doucement, presque imperceptiblement, et pour cause : "La Chine a une très longue histoire derrière elle, mais cela fait très peu de temps que les femmes ont pu devenir elles-mêmes et que les hommes ont commencé à les connaître vraiment."
Le poids des traditions est tellement présent, la place de la femme dans la société chinoise, comme dans beaucoup d'autres, est tellement "verrouillée", maillon dénigré, insignifiant et pourtant si essentiel que sa libération (qui n'est somme toute que la reconnaissance de ses droits et de son égalité) ne peut aller sans une déconstruction totale de la société à laquelle elle appartient. Déconstruction déjà bien amorcée par un développement économique exponentiel, que les dirigeants politiques essaient désespérément de maintenir compatible avec l'asservissement et le contrôle des populations en rêvant d'assurer l'expansion mondiale de leurs puissances (et pas seulement économique).

Est-ce la peur de cette déconstruction qui menace un équilibre millénaire où les hommes ont le "bon rôle" au sein d'une tradition qu'ils ont tout intérêt à maintenir qui expliquerait ce renforcement de l'étau, cette volonté renouvelée de l'asservissement de la femme, sous couvert de respect, dans beaucoup de pays où lui est réservée le même sort, et actuellement confrontés au bouleversement de "la mondialisation" ?
Ou n'est-ce que la conséquence logique de tout système totalitaire où les premières victimes sont toujours les femmes et les enfants (les hommes n'étant en rien épargnés non plus, même si leur sort semble toujours plus enviable) ?
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Lu dans le cadre de mes études il y a quelques années, Chinoises m'a permis de découvrir des facettes de la Chine que je ne connaissais pas encore. Témoignages et interview recueillies par Xinran nous font partager la vie de plusieurs chinoises issues de toutes les classes sociales et de toutes les générations. Bien que j'ai pu découvrir d'autres facettes de la femme chinoise depuis (entre autres que dans un couple chinois, l'homme ne dirige que lorsqu'il y a d'autres personnes présentent, pour ne pas perdre la face, sinon c'est madame qui décide de tout) ce livre nous montre tout de même plutôt bien que la vie de la femme chinoise de nos jours est un défi quotidien.

Sans être un coup ce coeur, ce livre reste très touchant, étonnant, percutant, bref il ouvre l'esprit et les yeux à des choses que l'on ne connait peut-être pas, et en plus il se lit très bien.
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Citations et extraits (102) Voir plus Ajouter une citation
Jeune homme, le mari de la Chiffonnière avait étudié à Moscou pendant
trois ans, et était entré en politique peu de temps après son retour. Cela avait
coïncidé avec les terribles événements du Grand Bond en avant. Sous l’œil
attentif du Parti, qui tirait les ficelles et échafaudait des plans pour lui, il
avait épousé la Chiffonnière. Alors que toute la famille se réjouissait de la
naissance d’un second enfant, son mari était mort subitement d’une crise
cardiaque. Vers la fin de l’année suivante, le plus jeune de ses enfants était
mort de la scarlatine. La douleur de la perte de son mari et de son enfant
avait enlevé à la Chiffonnière toute envie de continuer à vivre, au point
qu’un jour, elle avait emmené l’enfant qui lui restait sur la rive du Yangtse
avec l’intention de rejoindre son mari et son bébé dans l’autre monde.
Au bord du Yangtse, elle s’apprêtait à dire adieu à la vie lorsque son fils
lui avait demandé d’un air innocent : « On va rejoindre papa ? »
La Chiffonnière avait été choquée : comment un enfant de cinq ans
pouvait-il savoir ce qu’elle cachait en son cœur ? Elle avait demandé à son
fils : « A ton avis ? »
Il avait répondu d’une voix forte : « Bien sûr que nous allons voir papa !
Mais je n’ai pas apporté ma petite voiture pour lui montrer ! »
Elle avait éclaté en sanglots et n’avait pas posé à son fils d’autre question.
Il savait ce qu’elle ressentait. Il comprenait que son père n’était plus de ce
monde, mais comme tous les jeunes enfants, il n’avait pas une conscience
claire de la différence entre la vie et la mort. Ses larmes avaient ranimé ses
sentiments maternels et son sens du devoir. Elle avait pleuré, l’enfant dans
ses bras, et avait laissé le bruit du fleuve la laver de sa faiblesse et lui
redonner courage. Puis elle avait ramassé le billet d’adieu qu’elle avait écrit
et était rentrée chez elle avec son fils.
Il lui avait demandé : « Alors, on va pas voir papa ? »
Elle avait répondu : « Papa est trop loin, et tu es trop petit pour aller là-bas.
Maman va t’aider à grandir, et tu pourras emporter plus de choses, et des
plus belles quand tu iras le rejoindre. »
Après cette scène, la Chiffonnière avait fait tout son possible pour donner
à son fils ce qu’il y avait de mieux. Elle disait qu’il s’était très bien
débrouillé.
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— Xinran, savez-vous que ce sont les femmes vraiment mauvaises qui
sont les plus chanceuses ? Je suis d’accord avec le dicton : « L’argent rend
les hommes méchants ; la méchanceté rend les femmes riches. » N’allez pas
vous imaginer que toutes les étudiantes ici sont pauvres. Bon nombre de
jeunes femmes vivent dans un certain confort sans recevoir le moindre sou
de leurs parents. Certaines filles ne pouvaient même pas se permettre de
manger de la viande à la cantine quand elles ont débarqué à l’université, et
maintenant elles portent du cachemire et des bijoux. Elles se déplacent en
taxi et résident à l’hôtel. Mais ne vous méprenez pas, elles ne vendent pas
toujours leurs corps.
Jin Shuai a vu que j’étais scandalisée, mais elle a continué avec un
sourire :
— Aujourd’hui, les hommes riches deviennent plus exigeants dans leurs
demandes de compagnie féminine. Ils veulent pouvoir se montrer avec une
« secrétaire privée » ou une « accompagnatrice » qui soit cultivée. Etant
donné la pénurie générale de talents en Chine, où trouver ailleurs qu’à
l’université autant de « secrétaires privées » ? Une femme sans diplômes ne
réussira à attirer qu’un petit entrepreneur ; plus vous êtes instruite, plus
vous avez de chances d’en harponner un gros. Une « secrétaire privée » ne
travaille que pour un seul homme, une « accompagnatrice » travaille pour
plusieurs. Il y a trois degrés dans l’« accompagnement ». Le premier
consiste à suivre les hommes au restaurant, dans les boîtes de nuit et les
bars de karaoké. Le second inclut de les accompagner en d’autres occasions
telles qu’une soirée au théâtre, au cinéma et ce genre de choses ; nous
appelons cela « vendre de l’art mais pas son corps ». Bien sûr, les laisser
vous tripoter tout habillée fait partie du marché. Le troisième degré
implique d’obéir au doigt et à l’œil jour et nuit, sexe compris. Ce genre de
« secrétaire privée » ne dort pas à l’université, sauf les rares fois où le
patron rentre chez lui. Mais en général, il vous laisse la chambre d’hôtel
qu’il loue, pour vous trouver plus facilement dès son retour. En tant que
« secrétaire privée », tous vos repas, vêtements, logement et frais de
transport sont pris en charge. Personne n’ose contrarier quelqu’un de si
intime avec le patron. Vous n’êtes pas sous la coupe d’un homme, alors,
mais au-dessus d’un millier ! Si vous êtes intelligente, vous réussissez vite à
obtenir un véritable pouvoir, et si vous êtes vraiment futée, vous n’aurez
plus jamais de soucis d’argent.
Elle s’est versé une autre tasse de thé.
— Ne dit-on pas :« L’époque fait l’homme » ? La « secrétaire privée » en
Chine est une création de la politique de réforme et d’ouverture de Deng
Xiaoping. Dès que la Chine a commencé à s’ouvrir, tout le monde s’est
lancé dans la course à l’argent ; tout le monde ambitionnait de devenir
patron. Nombreux sont ceux qui rêvent de richesse, mais bien peu
réussissent. Vous avez remarqué que tout le monde porte le titre de
« directeur général » sur sa carte de visite ? Peu importe la taille de
l’entreprise, les sociétés prennent immanquablement des noms pompeux.
« Et comment tous ces hommes pourraient-ils démarrer une société sans
secrétaire ? Ils perdraient la face. Une secrétaire huit heures par jour ne
suffit pas, il faut quelqu’un de disponible à tout moment pour tout organiser.
Ajoutez à cela la loi de l’attraction sexuelle, et les occasions abondent pour
les jolies filles. Ce qui explique que des jeunes femmes habillées à la mode
courent d’un de ces respectables ministères à l’autre en accélérant le
développement économique de la Chine.
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Depuis les lointaines sociétés matriarcales, les Chinoises ont toujours eu
un statut inférieur. Elles étaient considérées comme des marchandises, elles
faisaient partie des biens qu’on se partageait comme la nourriture, les
ustensiles et les armes. Par la suite, on leur a permis de pénétrer dans le
monde des hommes, mais elles ne pouvaient exister qu’à leurs pieds –
entièrement dépendantes de la bonne ou mauvaise humeur des hommes. Si
vous étudiez l’architecture chinoise, vous vous apercevez qu’une longue
période s’est écoulée avant qu’une petite minorité de femmes parvienne à
quitter les appartements adossés à la cour familiale (où l’on gardait les
outils et où dormaient les serviteurs) pour s’installer près des pièces
principales (où résidaient le maître de maison et ses fils).
La Chine a une très longue histoire derrière elle, mais cela fait très peu de
temps que les femmes ont pu devenir elles-mêmes et que les hommes ont
commencé à les connaître vraiment.
Dans les années 1930, tandis que les femmes en Europe réclamaient déjà
l’égalité entre les sexes, les Chinoises commençaient à peine à défier une
société dominée par les hommes, refusaient qu’on leur bande les pieds ou
que leurs aînés arrangent des mariages pour elles. Mais elles ne savaient pas
encore en quoi consistaient les responsabilités et les droits des femmes ;
elles ne savaient pas comment s’y prendre pour se forger un monde à elles.
Elles cherchaient à tâtons des réponses dans l’espace confiné qui leur était
réservé, et dans un pays où toute éducation était proscrite par le Parti.
L’effet que cela a produit sur la jeune génération est inquiétant. Pour
survivre dans un monde hostile, de nombreuses jeunes femmes ont dû
adopter la carapace endurcie de Jin Shuai et réprimer leurs émotions.
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— Comment allez-vous vous y prendre pour diriger et contrôler la
discussion ?
— Nous sommes à l’époque de la réforme et de l’ouverture, non ?
Pourquoi ne pas essayer ?
Je tentais de trouver des justifications dans le vocabulaire d’ouverture et
d’innovation à la mode depuis peu.
— La réforme n’est pas la révolution, ouverture n’est pas synonyme de
liberté. Nous sommes le porte-parole du Parti, nous ne pouvons pas diffuser
tout ce que nous voulons.
En disant cela, il a fait mine de se trancher la gorge. Voyant que je ne
céderais pas, il a fini par suggérer que je fasse une émission préenregistrée
sur le sujet. Cela voulait dire que le script et tous les entretiens sur bandes
seraient soigneusement revus en studio, et qu’après cela l’émission finale
serait soumise à approbation avant d’être diffusée. Tous les programmes
préenregistrés devaient passer par un si grand nombre d’étapes et
d’examens que l’on considérait qu’ils ne présentaient plus de danger. Mais
pour les émissions en direct, il y avait beaucoup moins de garde-fous en
place. Tout reposait sur la technique et l’habileté du présentateur à mener
une discussion en évitant de s’approcher des zones sensibles. Les directeurs
écoutaient souvent ces programmes le cœur battant, car certaines erreurs
pouvaient leur coûter leur poste, si ce n’est leur liberté.
Ne pas pouvoir prendre d’appels en direct était une déception. Il me
faudrait deux ou trois fois plus de temps pour préparer une émission
préenregistrée, mais au moins je pourrais en faire une qui soit relativement
libre de la « couleur du Parti ». Je me suis mise au travail et j’ai enregistré
une série d’entretiens téléphoniques.
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— Mes amies disent que la Chine a fini par s’aligner sur le reste du monde
en ce qui concerne les sujets de conversation. Depuis que nous n’avons plus
à nous inquiéter pour la nourriture ou les vêtements, nous discutons des
relations entre les hommes et les femmes à la place. Mais je pense que la
question des hommes et des femmes est plus complexe que ça en Chine. Il
faut se débrouiller avec plus de cinquante groupes ethniques différents, les
changements politiques innombrables et toutes sortes de prescriptions sur la
façon de se comporter et de s’habiller des femmes. Nous avons même plus
de dix mots différents pour « épouse ».
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Vidéo de  Xinran
Comme la majorité des adolescent.e.s de son âge, Xinxin est fille unique. La raison ? La politique de l'enfant unique en Chine, qui - de 1979 à 2015 - a contraint les couples chinois à n'avoir qu'un seul enfant, en sanctionnant financièrement de façon très dure les couples en ayant plusieurs. Mais voilà que - maintenant que cette politique n'a plus cours - sa meilleure amie, Xia, lui apprend qu'elle va être grande sœur. Pour Xinxin, cette révélation va avoir l'effet d'un électrochoc : elle aussi, elle le sait, elle le sent, veut être une sœur. Elle va alors découvrir qu'un lourd secret pèse sur sa famille...
Comme moi, vous avez probablement entendu parler de la politique de l'enfant unique en Chine, mais avez-vous vraiment idée des conséquences de cette politique dans ce pays, tout au long de 26 années de naissances uniques ? Non ?Je vous explique tout ça !
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