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Marie-Odile Probst-Gledhill (Traducteur)
EAN : 9782877307574
351 pages
Editions Philippe Picquier (28/01/2005)
4.19/5   324 notes
Résumé :
Un dicton chinois prétend que " dans chaque famille il y a un livre qu'il vaut mieux ne pas lire à haute voix ".

Une femme a rompu le silence. Durant huit années, de 1989 à 1997, Xinran a présenté chaque nuit à la radio chinoise une émission au cours de laquelle elle invitait les femmes à parler d'elles-mêmes, sans tabou. Elle a rencontré des centaines d'entre elles. Avec compassion elle les a écoutées se raconter et lui confier leurs secrets enfouis ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (96) Voir plus Ajouter une critique
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Je poursuis la lecture de cette auteure aussi engagée que talentueuse...
Après "L'Enfant unique", et "Funérailles célestes"...j'ai achevé en une
nuit insomniaque: "Chinoises"...Un livre faussement désordonné, avec moult témoignages des plus significatifs et éclairants !...

Je tire mon chapeau à cette femme, qui , fille d'un milieu libéral, a souffert
, dans son enfance et sa jeunesse, de la main mise du Parti communiste et
de la Révolution culturelle, ayant dû composer avec..., du mieux possible,
pour faire avancer les choses, dont le sort des femmes; ses émissions de
radio, son travail journalistique...ses engagements et la défense de ses
convictions...
Qu'un véritable espace de parole existe ... !

"Personne ne m'a félicitée d'avoir sauvé cette jeune fille, par contre, j'ai eu droit à des critiques pour « avoir mis les troupes en branle et troublé l'ordre public » et avoir gaspillé le temps et l'argent de la station de radio. Ces reproches m'ont ébranlée. Une jeune fille s'était trouvée en danger et quand on allait à son secours, on vous accusait de « dilapider les deniers
publics ». Que valait donc la vie d'une femme en Chine ?"

Un ouvrage où l'on perçoit les bouleversements gigantesques vécus par
la Chine, à travers ses régimes politiques extrêmes...et enfin, tardivement
son ouverture au monde. Mais que de tragédies et d'individus sacrifiés
pendant des décennies... où les premières victimes étaient les femmes et
les enfants !!...

Un ensemble de témoignages des plus prenants et dérangeants... où
nous pouvons lire à la fin de l'ouvrage que l'espérance de vie la plus
courte se trouve dans quatre professions : ouvriers d'usines chimiques,
Les chauffeurs routiers longue distance, les policiers, et plus SURPRENANT : Les journalistes !! ?

Tous ces journalistes qui ont vu un trop grand nombre d'événements
choquants, écrasés par les contrôles du Parti... Souvent contraints
d'écrire des choses avec lesquelles ils n'étaient pas d'accord...

Ce livre, comme les autres écrits de cette écrivaine-journaliste ont d'autant plus de mérite d'exister. Xinran avoue avoir décidé d'abandonner sa carrière de journaliste, se trouvant en permanence tiraillée, déchirée entre la vérité et le tragique des témoignages recueillis , écrasés par la censure omniprésente du pouvoir politique. Elle nous confirme que si elle a pu publier ces témoignages c'est parce qu'elle l'a fait en Angleterre...

"Je me suis souvenue de ce que le Vieux Chen m'avait dit : " Xinran, vous devriez écrire tout cela. Ecrire permet de se décharger de ce qu'on porte et cela peut aider à créer un espace pour accueillir de nouvelles façons de penser et de sentir.
Si vois n'écrivez pas ces histoires, leur trop-plein va vous briser le coeur.
" A l'époque, en Chine, écrire un livre tel que celui-ci m'aurait peut-être
valu la prison. Je ne pouvais prendre le risque d'abandonner mon fils ou
ces femmes qui comptaient sur l'aide et les encouragements que leur
apportait mon émission de radio. En Angleterre, le livre est devenu possible. Comme si une plume m'avait poussé dans mon coeur." (p. 352)

Vraiment très heureuse d'avoir enfin découvert cette auteure....Cela me donne envie de relire "Balzac et la petite tailleuse chinoise" de Dai Sijie...
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Magnifiquement structuré dans une apparente déstructure, Chinoises se construit au fils des différents récits qui s'imbriquent finement les uns dans les autres jusqu'à la reconstruction finale qui laisse un goût amer sur les doigts.

Xinran a animé à la radio chinoise pendant plusieurs années (de 1989 à 1997), une émission où elle invitait les femmes à parler d'elles-mêmes. Durant cette période, Xinran a eu l'occasion de lire leurs nombreuses lettres, d'entendre leurs témoignages et de s'entretenir avec elles. Ce magnifique recueil est le résultat d'un travail de longue haleine. Xinran a parcouru la Chine de long en large, pour écouter ces femmes. D'autres récits lui ont été envoyés ou ont été enregistrés de manière anonyme sur le répondeur de la radio.

Un jour, le vieux Chen dit à Xinran: «Xinran, vous devriez écrire tout cela. Écrire permet de se décharger de ce que l'on porte et cela peut aider à créer un espace pour accueillir de nouvelles façons de penser et d'écrire. Si vous n'écrivez pas ces histoires, leur trop-plein va vous briser le coeur». Arrivée en Angleterre, c'est ce qu'elle décida de faire. Il en ressort un livre bouleversant, poignant, étonnant, émouvant, magnifique, inoubliable, incroyable... qui au travers de l'histoire de ces femmes, de toute classe sociale, de tout âge et de tout horizon, nous en apprend sur la place de la femme en Chine mais aussi sur la société de cet énorme pays en pleine mutation.

Chinoises est un roman dont j'ai beaucoup de mal à parler. Je ne trouve pas les mots adéquats, forts, les mots parfaits pour exprimer tout mon ressenti. Les récits de ces femmes m'ont emporté sans ménagement. Il faut dire que la force de Chinoises réside dans sa capacité à allier une multitude d'émotions chez son lecteur, j'ai personnellement bouillonné de colère et d'indignation, ressenti le désarroi et la peine de ces femmes, et parfois éprouvé du dégoût pour la nature humaine. En quelques mots, Chinoises m'a littéralement fendu le coeur.

Xinran, en laissant la parole à ces femmes, nous a permis de découvrir la fille, la maîtresse, l'amoureuse mais aussi la mère chinoise, comme on ne la soupçonnait pas. Et ce qui est admirable chez cette « femme chinoise », c'est qu'il n'y a jamais de haine ni de soif de vengeance, juste une envie de faire connaître ce qu'elle ressent et ce qu'elle vit.

Il y a des livres, trop peu nombreux, où le système de notation perd tout son sens, car le maximum d'étoiles n'est pas assez.... Trop rares sont les livres qui proposent de telles émotions, de telles histoires, trop rares sont les livres ayant une telle âme que celui-ci. Chinoises. Un hommage en l'honneur de la femme chinoise, petit certes, comparé aux drames et sacrifices qu'elles ont dû vivre, mais qui permet de ne pas les oublier et de faire perdurer leurs histoires dans nos mémoires. Merci Xinran, infiniment…
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J'avis beaucoup aimé Funérailles Célestes, de Xinran, l'année dernière. Il relatait l'histoire d'une femme qui avait vécu plusieurs dizaines d'années au Tibet, isolée du reste du monde. Elle avait recueillie ce témoignage parmi tant d'autres pour son émission de radio sur les femmes chinoises.
Chinoises, contrairement à Funérailles Célestes qui est très beau, très descriptif, est une suite, donc, de témoignages anonymes ou non reçus entre 1989 et 1997.
Xinran est journaliste pour une radio dépendante du Parti, donc surveillée et éventuellement censurée. Malgré ça, elle parvient à recueillir et diffuser ces récits parfois insoutenables de ces femmes qui ont subi, et subissent encore, la tradition chinoise de la femme soumise et qui ont vécu l'oppression de ces années de communisme.
Certaines nées de familles cultivées, puissantes, d'autres dans la pauvreté la plus totale, mais toutes liées par cette même expérience du viol, du mariage arrangé, du mépris, de la violence verbale et physique. Certaines en sont devenues folles, d'autres ont accepté et mené leur vie dans l'ombre.
Chaque récit est différent - Xinran y dévoile elle-même la vie de sa propre mère - et pourtant tous nous parlent de ces vies écrasées, niées, au fil des siècles, que ce soit dans une campagne encore très arriérée (où les femmes "s'utilisent" parfois par plusieurs frères, où elles se vendent ou s'échangent) ou dans les villes prospères et nouvellement capitalistes, où l'argent et la beauté est un atout majeur pour un mari ambitieux.
Xinran a l'art, la patience, la douceur pour exorciser ces femmes de ces drames pour les faire témoigner. La deuxième étape, l'écriture du livre, se fera ensuite lorsqu'elle s'installe à Londres, désireuse de vivre une autre vie mais de témoigner du véritable sort des femmes chinoises au monde occidental.
Par ces témoignages, et en transition les efforts et frustrations des journalistes en butte à la censure, tout un pan de l'histoire chinoise est à nouveau dévoilé.
Il faut le dire, cette représentation de la Chine est profondément déprimante...
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Chinoises de Xinran fait partie de ces livres dont on se dit qu'il faut les lire, mais dont on repousse toujours la lecture parce qu'on sait que ce qu'ils racontent va nous bousculer, nous affliger une fois de plus et nous ramener à une réalité que nous n'avons pas toujours envie de ressasser.
Xinran est journaliste et a animé en Chine une émission de radio, novatrice, si j'osais je dirais "révolutionnaire" mais le terme est pour le moins galvaudé dans ce pays. Sous haute surveillance, elle donne la parole aux femmes sur l'antenne et mène en parallèle une enquête pour découvrir ce qui anime les chinoises : en quoi elles croient, qu'elles sont leurs espérances et leurs vies. Elle reçoit, au fil des émissions de plus en plus de témoignages bouleversants et de courriers qui sont pour certains, des appels au secours.
"Dans Mots sur la brise nocturne, je m'efforçais d'ouvrir une petite fenêtre, un tout petit trou, où les gens pourraient pleurer et respirer après l'atmosphère chargée de poudre de fusil des quarante années précédentes."
Alors on la suit, au fil de ses rencontres, de ses doutes et questionnements personnels sur sa propre histoire et sa propre réalité de femme dans ce pays où l'homme est roi et la femme n'est rien. Les témoignages sont bouleversants et la force, l'abnégation de ces femmes sans commune mesure. J'ai ressenti la même émotion à la lecture de "la fin de l'homme rouge" de Sveltana Alexievitch dans lequel elle nous livre également des témoignages de femmes russes.

Les choses évoluent doucement, presque imperceptiblement, et pour cause : "La Chine a une très longue histoire derrière elle, mais cela fait très peu de temps que les femmes ont pu devenir elles-mêmes et que les hommes ont commencé à les connaître vraiment."
Le poids des traditions est tellement présent, la place de la femme dans la société chinoise, comme dans beaucoup d'autres, est tellement "verrouillée", maillon dénigré, insignifiant et pourtant si essentiel que sa libération (qui n'est somme toute que la reconnaissance de ses droits et de son égalité) ne peut aller sans une déconstruction totale de la société à laquelle elle appartient. Déconstruction déjà bien amorcée par un développement économique exponentiel, que les dirigeants politiques essaient désespérément de maintenir compatible avec l'asservissement et le contrôle des populations en rêvant d'assurer l'expansion mondiale de leurs puissances (et pas seulement économique).

Est-ce la peur de cette déconstruction qui menace un équilibre millénaire où les hommes ont le "bon rôle" au sein d'une tradition qu'ils ont tout intérêt à maintenir qui expliquerait ce renforcement de l'étau, cette volonté renouvelée de l'asservissement de la femme, sous couvert de respect, dans beaucoup de pays où lui est réservée le même sort, et actuellement confrontés au bouleversement de "la mondialisation" ?
Ou n'est-ce que la conséquence logique de tout système totalitaire où les premières victimes sont toujours les femmes et les enfants (les hommes n'étant en rien épargnés non plus, même si leur sort semble toujours plus enviable) ?
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Lu dans le cadre de mes études il y a quelques années, Chinoises m'a permis de découvrir des facettes de la Chine que je ne connaissais pas encore. Témoignages et interview recueillies par Xinran nous font partager la vie de plusieurs chinoises issues de toutes les classes sociales et de toutes les générations. Bien que j'ai pu découvrir d'autres facettes de la femme chinoise depuis (entre autres que dans un couple chinois, l'homme ne dirige que lorsqu'il y a d'autres personnes présentent, pour ne pas perdre la face, sinon c'est madame qui décide de tout) ce livre nous montre tout de même plutôt bien que la vie de la femme chinoise de nos jours est un défi quotidien.

Sans être un coup ce coeur, ce livre reste très touchant, étonnant, percutant, bref il ouvre l'esprit et les yeux à des choses que l'on ne connait peut-être pas, et en plus il se lit très bien.
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Citations et extraits (86) Voir plus Ajouter une citation
Quand les hormones des hommes se déchainent, ils vous jurent un amour éternel. Cela a donné lieu à des milliers de pages de poésie à travers les siècles : un amour aussi profond que l’océan ou ce genre de choses. Mais les hommes qui aiment de cette façon n’existent que dans les histoires. Dans la réalité, ils se défilent en prétendant qu’ils n’ont pas rencontré la femme qui serait digne d’un tel amour. Ils se servent de la faiblesse des femmes pour les asservir, ils sont très forts pour ça. Quelques mots d’amour ou de compliments suffisent à rendre une femme heureuse pendant longtemps, mais tout ça n’est qu’illusion.
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Par la suite, les policiers m’ont demandé pourquoi j’avais risqué ma vie pour un sac.
Tremblante et avec des élancements de douleur, je leur ai expliqué :
— Il y avait mon livre dedans.
— Un livre ! s’est exclamé un policier. Un livre est-il plus important que votre vie ?
Bien sûr, la vie est plus importante qu’un livre. Mais à plus d’un titre, mon livre était ma vie. Il contenait toutes les vies de ces Chinoises dont je voulais témoigner, des années de mon travail de journaliste. Je savais que je m’étais comportée de façon stupide : si j’avais perdu le manuscrit, j’aurais pu essayer de le reconstituer. Toutefois, je n’étais pas sûre que j’aurais pu trouver la force de traverser une seconde fois les sentiments intenses que l’écriture de ce livre avait soulevés en moi. Revivre les histoires de ces femmes que j’avais rencontrées avait été douloureux ; mettre en ordre mes souvenirs, trouver les mots justes pour les exprimer, avait été plus difficile encore. En défendant mon sac, je défendais mes sentiments et ceux des Chinoises. Ce livre était la somme de tant de choses que je n’aurais pu, une fois perdues, les retrouver.
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Chers Papa et Maman,
Pardonnez-moi, je ne peux pas continuer à vivre. Vous n’auriez pas dû me sauver. Il n’y a rien dans les souvenirs qui me reviennent que les choses qui s’écoulent autour de moi, et la cruauté et la violence de ces hommes. C’est tout ce qu’il me reste dans ce monde, et je ne peux pas vivre avec ces souvenirs tous les jours. Me souvenir est trop pénible, je m’en vais.
Votre fille
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Ils me considéraient moi aussi comme un objet de mépris. C’est de leur père qu’ils ont appris comment traiter les gens et en obtenir ce qu’on veut ; ils ont adopté son comportement comme un moyen de réaliser leurs ambitions. J’ai essayé de leur enseigner à être bons, en me servant de mes idées et de mon expérience, avec l’espoir que l’amour et les soins maternels les changeraient. Mais ils jugeaient de la valeur d’une personne selon son statut social, et la réussite de leur père leur prouvait que c’était lui le modèle à imiter. Si mon propre mari ne me considérait pas comme digne de respect et d’amour, quelle chance avais-je avec mes enfants ? Ils croyaient que je n’étais bonne à rien.
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Depuis les lointaines sociétés matriarcales, les Chinoises ont toujours eu un statut inférieur. Elles étaient considérées comme des marchandises, elles faisaient partie des biens qu’on se partageait comme la nourriture, les ustensiles et les armes. Par la suite, on leur a permis de pénétrer dans le monde des hommes, mais elles ne pouvaient exister qu’à leurs pieds – entièrement dépendantes de la bonne ou mauvaise humeur des hommes.
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Videos de Xinran (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Xinran
Comme la majorité des adolescent.e.s de son âge, Xinxin est fille unique. La raison ? La politique de l'enfant unique en Chine, qui - de 1979 à 2015 - a contraint les couples chinois à n'avoir qu'un seul enfant, en sanctionnant financièrement de façon très dure les couples en ayant plusieurs. Mais voilà que - maintenant que cette politique n'a plus cours - sa meilleure amie, Xia, lui apprend qu'elle va être grande sœur. Pour Xinxin, cette révélation va avoir l'effet d'un électrochoc : elle aussi, elle le sait, elle le sent, veut être une sœur. Elle va alors découvrir qu'un lourd secret pèse sur sa famille...
Comme moi, vous avez probablement entendu parler de la politique de l'enfant unique en Chine, mais avez-vous vraiment idée des conséquences de cette politique dans ce pays, tout au long de 26 années de naissances uniques ? Non ?Je vous explique tout ça !
+ Lire la suite
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