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Critique de mh17


Lu Xun (1881-1936) est considéré comme le père de la littérature chinoise moderne en Chine mais il demeure assez méconnu en France. Pour ma part, c'est en lisant le mois dernier un roman policier de Qiu Xiaolong que j'en ai pour la première fois entendu parler ! J'ai découvert un immense écrivain engagé, lucide, révolté, sensible, formidable.
L'édition Sillage contient six nouvelles dans une traduction anonyme. Elles sont suivies de la préface au recueil original le Cri ( 1923) que j'estime indispensable de lire avant les nouvelles. Lu Xun y expose ce qui l'a conduit à écrire et éclaire le sens de plusieurs récits.

1) le Journal d'un fou (1918)
C'est le premier ouvrage de la littérature chinoise moderne écrit en chinois vernaculaire ( langue courante ). L'action se déroule à la campagne. le diariste est un jeune homme persuadé que les autres villageois dont son frère souhaitent sa mort pour pouvoir le manger. le cannibalisme est la métaphore du comportement des hommes entre eux. le fou est le plus lucide mais il est seul et persécuté. La nouvelle est percutante, iconoclaste, moderne.

2) Kong Yiji ( 1919)
C'est l'histoire d'un lettré qui n'a pas réussi ses examens d'entrée dans la fonction publique. Il n'a aucune compétence concrète et son orgueil l'empêche de travailler de ses mains. Les habitués de la taverne qu'il fréquente se moquent de lui...
Cette nouvelle moins connue que la précédente est marquante, féroce, terrible : inadaptation du lettré à la modernité et cruauté des ignorants.

3)Le Remède ( 1919)
Vieux Shuan se rend dans un endroit improbable pour se procurer un remède onéreux d'un genre vraiment spécial qui permettra de soigner Petit Shuan...
Une nouvelle bouleversante qui fustige les charlatans qui sévissaient en Chine.

4) Demain (1919)
Quatrième belle soeur Shan se rend chez le docteur Hi pour soigner son petit. le docteur pose deux doigts aux ongles longs de quatre pouces sur le poignet de l'enfant, ce qui rassure un peu la mère. le docteur prétend que le bébé souffre d' embarras gastriques et prescrit une ordonnance...La voilà partie avec son petit à la pharmacie "philanthropique"...
La nouvelle est terrible, lu Xun prend le parti de la femme ignorante, victime de la cupidité de la caste privilégiée mais aussi bien seule.

5) Mon village (1921)
Le narrateur retourne dans le village de ses ancêtres, qu'il a quitté vingt ans auparavant, à l'occasion de la vente de la maison familiale. Il retrouve ses souvenirs d'enfance, son ancien camarade de jeu.
La nouvelle est belle, douce et mélancolique.

6) le Théâtre des dieux (1922)
Le narrateur raconte avec beaucoup d'humour ses deux visites à l'opéra de Pékin. Les deux fois il en est reparti sans avoir rien compris. Puis Il se souvient qu'il a vu en revanche un très bon opéra à la campagne, il devait avoir onze ou douze ans...
Une très belle évocation de l'enfance au goût de fève bien mûre.

Je lirai avec plaisir d'autres nouvelles de Lu Xun

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