Un grand merci à Babelio et aux éditions du Cherche Midi...
Dans les montagnes des Swangum, ce jour d'août 82 marquera à jamais les trois adolescents... 37, c'est le nombre de billes d'acier d'une carabine Red Ryder qu'Hannah, alors âgée de 13 ans, reçoit partout sur le corps. Son ami, Matthew, du même âge, l'ayant au préalable attachée à un arbre, s'est emparé de l'arme de son meilleur pote, Patrick, et a tiré plus de 40 fois. Ce dernier, choqué, tétanisé, au bord du gouffre, est resté planté là, à regarder. Incapable de bouger. Et les deux amis sont partis, laissant Hannah inconsciente, l'un de ses yeux humide de sang coagulé...
26 ans plus tard, Hannah et Patrick sont mariés et vivent à New-York. Ils n'ont, à ce jour, plus jamais parlé de cet incident tragique même si l'oeil manquant de la jeune femme le leur rappelle tous les jours. Journaliste judiciaire, elle est passionnée par son travail. Lui a été viré de son boulot et se consacre à son blog culinaire. Un événement marquant va les contraindre à se pencher sur leur passé...
Trois amis unis par un même événement tragique. Un même événement, certes, mais vécu de façon différente, chacun ayant sa propre vision des choses, son propre ressenti et tout ceci en considérant le passé de chacun. Dans ce roman addictif et sombre, Christopher J. Yates donne la voix tout d'abord à Patrick qui ponctue son présent de flashback, décrivant ainsi sa relation avec son ami, Matthew. Puis, ce sera le tour d'Hannah et enfin de Matthew. Successivement, chacun nous livre aussi bien sa version des faits que certains éléments de son passé. Tour à tour, l'on est ainsi manipulé et l'on doute des trois amis. Retors à souhait, machiavélique et malin, l'auteur alterne habilement passé et présent et distille patiemment son intrigue. Troublant et accrocheur...
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En 2008 Patrick est marié à Hannah, journaliste judiciaire , il vit très mal le fait d'avoir perdu son travail , d'être devenu un homme au foyer et ressasse beaucoup d'idées noires, notamment des désirs de vengeance contre son ex patron. Son seul plaisir de la journée , il le trouve dans sa cuisine à mitonner de bons petits plats pour Hannah. Passionné, il a même un blog de cuisine assez inventif qui marche plutôt pas mal .
Mais en 2008 , Patrick a un secret , un secret qui concerne un événement dramatique qui remonte à ses années lycée , impliquant sa femme, et qui depuis le ronge.
En 1982, ils habitaient une toute petite ville , il avait un meilleur ami , Matthew qui est impliqué dans cet événement tragique, et qu'il n'a jamais revu depuis.
Or voici qu' en 2008, Matthew resurgit dans sa vie . Pour le meilleur ou pour le pire ?
Construit sur d'incessants allers- retours entre passé et présent , porté par les voix des trois personnages principaux que sont Hannah, Patrick et Matthew, ce roman est lancinant et s' approche peu à peu de l'événement qui est à l'origine de leur construction psychologique et par extension de leurs choix de vie . On tourne autour de LA vérité, de chacune des TROIS vérités ,leurs témoignages révélant chaque fois un peu plus, ce qui s'est réellement passé cet après- midi là.
En ce qui concerne le "secret", je n'ai rien à reprocher à l'auteur, c'est poignant, terrible, évitable, tragique... Mais beaucoup de longueurs , de chemins pris pour en arriver là. Ce n'est qu'à la moitié du livre que je me suis véritablement intéressée, passionnée pour" l'affaire". Et la fin est peut- être un chouia trop rapide.
Au delà de la culpabilité, des non-dits, des secrets, de l'immaturité de ces lycéens en 1982, l'auteur nous propose aussi une réflexion sur notre époque, ce qui a changé en 26 ans, en matière de moeurs, de tolérance .
Un angle de vue original et pertinent pour lequel , je remercie les éditions du cherche midi et Babelio ( Masse critique Mauvais Genres) .
Challenge Mauvais Genres
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37.
Chiffre indélébile, marqueur tragique d'une enfance traumatisée.
Un trauma causé par un ami, on imagine mal la gueule de ses ennemis du coup, qui prit son corps préalablement ligoté pour un stand de tir.
37 trous de balle, voilà l'héritage sanguinolent que laissera Matthew à la toute jeune Hannah, en cet été 82. Idéal, cependant, pour un transit fluide donc serein.
Mais comme le temps filoche. Nous voici déjà en 2008.
Hannah a épousé Patoche, ami d'enfance qu'elle partagea avec Matthew, l'as du 37 coups, et qui semble avoir pris du galon dans la sphère de l'intime.
Si la météo n'affiche pas forcément "grand beau temps dans votre vie de couple", il se pourrait que l'horizon ne devienne un peu plus bouché, pour nos deux tourtereaux, à très brève échéance.
La faute à de vilains secrets de jeunesse qui ne demandent qu'à foutre le boxon.
La quatrième de couv' annonce, tout de go, 37 fois comme un chef d'oeuvre du genre.
Ne nous emballons pas.
Les thrillers psychologiques, c'est chouette.
Pas de geyser d'hémoglobine mais un pulsomètre censé monter dans les tours jusqu'à la révélation finale.
D'entrée de jeu, les rôles sont attribués.
La brute, la victime et le pétochard.
Si la distribution tient toutes ses promesses, le fil servant à détricoter un postulat de départ se veut longuet lorsqu'il ne flirte pas avec le poussif.
Alternance passé/présent, comme il est de coutume désormais, avec une part belle faite à l'enfance au détriment d'un monde d'adultes un peu plus en retrait.
Récit sur l'amitié, la culpabilité et la rédemption, 37 fois joue agréablement sur divers tableaux sans toutefois susciter le triple saut périlleux arrière de contentement, la faute à de méchants ralentisseurs qui font rien que saccader une lecture pourtant prometteuse.
37 fois merci à Babelio et aux éditions du Cherche Midi.
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37, c'est le nombre de coups de carabine à plombs que Matthew, treize ans, a infligé à Hanna, treize ans, sous les yeux de Patrick, douze ans, tétanisé par la peur, et qui n'a pas réussi à intervenir. Hanna a perdu un oeil dans l'histoire...La culpabilité ronge l'enfant depuis ce jour d'août 1982. 2008 : Patrick a épousé Hanna ...!!Ils vivent à New York, elle, journaliste de faits divers, lui, au chômage, cuisinier amateur très doué. Leur union, très étrange à la lectrice après la lecture du premier chapitre (l'agression d'Hanna), est effectivement fondée sur une somme astronomique de non-dits, que le récit dévoile peu à peu.
Au début, la parole est à Patrick. On apprend à haïr Matthew, le psychopathe froid, et à chérir Hanna, beauté brune victime du pervers. On apprend aussi à se méfier de Patrick, dont les tendances dépressives se font de plus en plus nettes. Ca part bien...Et puis soudain, effet de la mode, on change de point de vue, et la parole va à Hanna, puis à Matthew. L'alternance des points de vue permet classiquement au puzzle de se reconstituer. Mouais. c'est un peu facile. Tout se déroule comme du papier à musique. On comprend que chacun a vécu le drame initial d'une façon différente, et que ces trois ados qui pensaient se connaître ne se connaissaient pas si bien que ça. Ca pourrait être formidable. Cependant l'auteur tombe, à mon avis, dans le grand piège du genre thriller : le n'importe quoi. On ne peut pas révéler sans spoiler ce qui relève du n'importe quoi, mais quand même, les héros enfants sont amenés à accomplir des actes gravissimes qui ne semblent que très peu les toucher..."Hier soir, j'ai tué Machin. Ah, mais je ne pouvais pas faire autrement, flûte. Bon, tant pis, j'ai contrôle de maths...Et, copine, j'ai tué Machin. Oh ! Flûte ! Mais tu ne pouvais pas faire autrement, allons nous promener tous les deux dans les bois tous seuls et attache-moi à un arbre..." Bon. Nous avons là un problème d'écriture, de dialogue et de gestion des personnages.
C'est néanmoins un livre divertissant, dont le début est prometteur (si l'auteur avait fait l'effort de garder le même narrateur au lieu de céder à la facilité du changement de point de vue, on aurait pu avoir quelque chose d'excellent), mais la fin très moyenne, c'est vraiment dommage.
Je remercie Babelio et les éditions du Cherche-Midi pour cette lecture qui m'a divertie pendant deux soirées !
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Entre empathie et mépris, on est embarqué dans une virevolte : le trio de victime, bourreau et témoin a bien plus à apprendre de lui-même. Et leurs implications sont bien menées. On accroche. Quand bien même la pente est ardue.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Quand j'étais petite, la plaisanterie préférée de mon père lorsqu'on recevait des visiteurs consistait à désigner d'un côté la chaîne de montagnes et de l'autre le panneau qui indiquait la direction du centre-ville de Roseborn, puis à déclarer d'un ton solennel : « Comme vous pouvez le voir, nous habitons entre un tas de cailloux et un tas de couillons ! ». Il faisait mouche à chaque fois.
Jusqu'où es- tu prêt à aller ?
Pour moi, la réponse est claire.
Jusqu'où je suis prêt à aller ? Plus loin que toi. Tu veux venir avec une arme ? J'en apporterai deux. Tu veux m' enterrer ? je creuserai plus profond que toi. A la fin, c'est moi qui gagnerai, parce que je suis prêt à payer le prix de la douleur. Mes ressources sont illimitées. Je me coucherai jamais.
« Hannah a dit que Benny Spinoza avait doigté Christie à la fête d'anniversaire de son frère. »
Christie était déjà loin dans le couloir, mais elle a entendu et elle s'est retournée pour lever son majeur en direction des deux bossus.
Aussitôt, Matthew lui a lancé :
« Tu sais, Christie, on n'a pas besoin de savoir quel doigt il a utilisé. »
− À ton avis, à quelle distance se trouve-t-on de la ville, ici ?
− Je ne sais pas. Un peu moins de deux kilomètres ?
− Quelque chose comme ça, oui. Eh bien, c'est à peu près l'épaisseur que faisait le glacier, à l'époque. Tu imagines te faire écraser par une rivière de glace de presque deux kilomètres d'épaisseur ?
− C'est l'impression que j'ai quand je vais en cours de maths.
Pour moi, Matthew, l'église fait aussi partie des petites boîtes dans lesquelles on range les gens. Mes parents étaient quakers, mais même les réunions informelles qui étaient organisées en lieu et place de la messe de me convenaient pas. De sorte que maintenant, je ne saurais vraiment pas quelle église choisir : catholique, épiscopale, méthodiste, luthérienne... À quoi bon ? Tout ça, ce sont des étiquettes, et les étiquettes, ça ne sert qu'à indiquer le prix des boîtes de conserve.
37 fois - Christopher J. Yates - Coups de ♥♥♥♥♥ du traqueur