Le sorgho rouge , premier roman de
Ya Ding, a été écrit en français à une époque où l'auteur perfectionne son apprentissage de notre langue. Traducteur de
Sartre ou
Baudelaire, son roman est directement sélectionné pour le Goncourt en 1987.
Il est vrai que ce livre , certes un peu lent , est remarquable.
C'est l'histoire de Liang, petit enfant de 9 ans qui arrive à la campagne parce que son père est nommé préfet et doit faire appliquer les directives maoïstes aux "ploucs" locaux.
Le livre prend toute sa hauteur quand on découvre le village. Au milieu y trône une église, construite quelques dizaines d'années avant par des missionnaires français, tentant d'imposer leur croyance à des païens .
En deux parties bien distinctes ,
le sorgho rouge dresse d'abord une image de ce qu'est la Chine du début des années 60 : La vie collective à la campagne, l'entraide, la pauvreté mais aussi comment se passent un mariage , un enterrement, la fête du nouvel an chinois, la place de la religion. Les couleurs, les traditions, le rôle et la place de chacun, tout y est, bien incrusté dans le roman et non pas comme un catalogue descriptif.
Et puis , la deuxième partie. Entre temps , Mao a vu sa cote de popularité baisser et a lancé la Révolution culturelle, que l'auteur a vécu comme tant d'autres comme jeune instruit.
Le ton y est différent: Suspicion, dazibao( petit papier affiché sur les murs pour dénoncer...), procès sommaire , endoctrinement continuel.
Ce livre est donc un condensé de la période communiste dans les campagnes chinoises et peut être plus ou moins assimilé à une auto biographie.
C'est un livre très fort, culturellement très riche , où les traditions se heurtent à la doctrine dictatoriale du communisme maoïste.
Pour les plus pressé , il vous suffit de lire la quatrième de couverture qui résume ...tout le livre !
Enfin , un petit mot sur l'auteur , français depuis 1992. Il est désormais au service des ...vins français qu'il aide à promouvoir en Chine.
Une belle découverte !