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EAN : 9791038700635
224 pages
Zulma (07/10/2021)
4.29/5   55 notes
Résumé :
Aux portes du désert, le village de la Source des Chèvres n'est relié à la route que par une piste de terre. Un matin, des soldats bloquent l'accès, et le village se retrouve isolé du monde. Entre le café et la mosquée, sur la petite place où résonne encore la voix du porteur d'eau et le passage des nomades, on cherche à comprendre, à désigner un coupable, pour s'en débarrasser comme d'une malédiction.
Face aux luttes de pouvoir qui s'engagent, une voix s'él... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Le village vivait des jours heureux, presque assoupi dans une routine apaisante, à peine troublée par les manifestations tonitruantes du fou Ziani. Chacun cultivait son jardin, et jouait un rôle qui justifiait sa place dans la communauté. Jusqu'à ce que deux hommes armés viennent brutaliser Abdelkrim, et fermer tout accès au village. Les relations entre les hommes en sont bouleversées et une coalition se crée pour désigner un responsable de la situation. La chasse aux sorcières s'organise.


Il faudra quelques morts iniques et le bannissement des cibles pour que la résistance voit le jour.
Les femmes refusent l'ordre établi et mettent tout en oeuvre pour se libérer des tyrans.

Ce conte philosophique qui se déroule dans un pays sans nom analyse les mécanismes de l'emprise et de la manipulation des foules, qui aboutit à des situations bien au delà des prérogatives initiales. le fanatisme induit s'auto-alimente et n'a plus besoin de s'appuyer sur la raison pour agir. La réflexion est absente lorsque l'adhésion aux idées d'un gourou quel qu'il soit galvanise les foules.

Parmi ces moutons, retentit la voix du fou, celui qui profère des paroles insensées, et qui pourtant mériterait d'être écoutée.

C'est une magnifique fable, emplie de sagesse et qui proclame que le salut peut venir de celles qui encore un peu partout ne sont pas considérées comme des paires. le pouvoir féminin s'exerce souvent dans l'ombre, mais on peut compter sur lui.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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C'est le cinquième roman de l'auteur, qui par ailleurs a pratiqué le journalisme. Nous sommes en Algérie, dans le désert, dans un village perdu, dans lequel on travaille dur, où la vie n'a pas beaucoup changé depuis des siècles. Mais un jour, sans que rien n'ait annoncé la catastrophe, le seul car qui relie le village à la ville, au monde, n'apparaît pas. Des militaires arrivent, posent des barbelés sur la route, et interdisent aux villageois de sortir. Son excellence le maître a décidé d'isoler le village en punition. On ne saura jamais pour quel délit ou crime. Un huit clos s'installe. Les bons comme les mauvais penchants des uns et des autres vont apparaître, s'exacerber. le goût du pouvoir, de la domination, la haine, les peurs vont petit à petit prendre le dessus dans un environnement angoissant. C'est un défi, une épreuve, par lesquels les être montrent ce qu'ils sont réellement. Une recherche de bouc émissaire est lancée, la violence de ceux qui profitent de la situation s'intensifie.

Je suis un peu partagée après la lecture de ce livre. L'écriture est belle, il y a des pages vraiment magnifiques consacrées au désert par exemple. Les personnages sont aussi bien caractérisés, et certains vraiment attachants. La situation de départ est très forte, le livre fourmille de très bonnes idées, de métaphores, de questionnements. Il y a une amorce de réflexion politique, mais aussi plus profondément un questionnement sur le fonctionnement humain, en particulier du groupe.

Mais il m'a manqué une forme de rigueur, pour tirer de tout cela, de tous ces magnifiques personnages, de cette situation de départ forte et de ses évolutions, le maximum. J'ai eu le sentiment d'une forme d'éparpillement, de différentes directions suivie par l'auteur, sans les mener jusqu'au bout, avant de partir vers un autre horizon, intéressant aussi d'ailleurs. Yahia Belaskri semble laisser au lecteur le travail de rassembler tout cela et de faire sens, à partir de ses images et de ses propositions narratives, qui soulèvent à chaque fois des vrais questionnements, qui sont très prenants.

C'est tout de même un bon livre, visiblement très sincère, très investi, et qui laisse des traces, des images, des mots. Mais je regrette un peu, peut-être d'une manière injuste, le livre magnifique que par moments j'ai entrevu pendant ma lecture, et que je n'ai pas complètement eu le sentiment d'avoir lu.
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Yahia BELASKRI. le silence des dieux.

Un livre plein de poésie bucolique qui glorifie les douceurs mais également l'âpreté de la vie dans le petit village de la Source des Chèvres. Vraisemblablement, ce lieu est situé en Algérie, - dont est originaire l'autrice – au confins du désert. Il est isolé et relié à une ville, distante de quatre heure de marche et desservie par un autobus quotidiennement. Les gens , une quinzaine à une vingtaine de familles vivent quasi en autarcie, ne se rendant que fort rarement dans l'agglomération pour réaliser quelques échanges commerciaux, vendre un ou deux moutons et se procurer quelques produits de première nécessité, de l'huile, du savon. La communauté vit dans un calme relatif, en harmonie. Chacun exploite, du mieux qu'il peut son petit jardin, soigne ses chèvres, ses moutons.

Mais un matin, le bus n'est pas au rendez-vous. le lendemain, il ne pointe pas le bout de son capot. Et le troisième jour, les habitants sont confinés. Des soldats, armés, interdisent l'accès au village. Plus de liaison avec la cité voisine. Et il n'est pas possible de se hasarder dans le désert, dépourvu de piste. Pourquoi les soldats ont-ils bouclés, interdit l'accès unique à la ville ? Sur la place, les hommes se réunissent, parlent, vont à la mosquée où l'imam conduit les prières, instruit les enfants. Des rivalités de pouvoir apparaissent. Une brèche se fend. Il faut trouver l'origine de cet encerclement. Donc il y a un coupable, le punir afin d'éloigner la malédiction.

Seul, Ziani le Fou harangue la population profère des paroles destinées à éveiller , alerter la population. Personne n'entend ses propos : il est fou. Un homme, Abdelkrim est désigné responsable de la condamnation qui pèse sur le village. Ce n'est pas la richesse qui est à l'origine de cette punition ! Tous les habitants sont pauvres et vivent chichement. Lors de cette séquestration, le porteur d'eau cesse de distribuer son eau salvatrice. Des Face à l'obscurantisme des hommes, ce sont les femmes qui vont relever le défi. Comment vont-elles parvenir à leurs fins : prendre le pouvoir et, à nouveau vivre en harmonie, en toute fraternité…

Yahia dresse de beaux portraits d'hommes, de femmes vivant dans ce qui a été un lieu paisible. Nous découvrons avec horreur le traitement, le peu de respect – mais nous le savions déjà – de ces femmes soumises, battues, obéissantes à leur époux. Des volontés s'affirment, déchirant les voiles qui les enferment dans leur soumission. Ce vent de révolte ouvre l'accès à leur émancipation, leur autonomie. Ce conte philosophique démontre l'emprise que des hommes peuvent avoir sur autrui. Il témoigne de l'ignorance dans laquelle il est facile de tomber. La naïveté des êtres sensibles, faibles est mise en valeur. L'écriture est très poétique. Les descriptions du désert sont tellement bien écrites qu'il nous semble être avec ses hommes, ces femmes qui gravissent la dune, chaque grain de sable crisse sous nos pas et le soleil darde ses rayons et nous aveugle. Les textes des chansons rythment la vie et témoignent des travaux des uns et des autres et de leurs parcours. Je vous conseille la lecture de cette superbe ode au désert et à la vie de ces populations. Bonne journée.
(14/11/2023)
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Première plongée dans la littérature algérienne. J'ai fait confiance aux éditions Zulma qui me permettent de voyager sans prendre l'avion.
Ce livre est une pure merveille.
L'écriture est une véritable errance dans les paysages algériens, du désert, des dunes, comme si la plume de l'écrivain était bercée par les vents, les ondoiements du sable, les scintillements des étoiles, quelques bédouins au loin bercés par les balancements des chameaux.
Le livre est un hommage émouvant et magnifique à la culture du désert algérien, source de vie, source d'amour, mais parfois ennemi, et porteur de la mort.
L'histoire rapportée dans ce livre est magnifique, tant elle est riche d'enseignements et surtout de réflexions.
D'abord le thème de l'enfermement et de l'isolement, sans grandes raisons apparentes (cela est important). Au début, cela m'a rappelé le livre L'Autobus dont j'ai fait la chronique il y a quelques temps. Un village, dont la seule liaison est l'autocar... et un jour l'autocar ne passe pas et ne passera pas. Prétexte à l'isolement et à la claustration.
Je ne pense pas devoir raconter le livre, car il faut le découvrir. Cependant, je peux dire que cette histoire de comment les uns et les autres se plient à la mise en place d'un régime tyrannique (un gars s'arroge la place du chef), prennent peur (pourquoi on nous fait cela ?), cherchent la réponse en désignant le bouc émissaire (c'est vieux comme la Bible), le détruisent, mais sans que cela apaise et ramène le bonheur et la prospérité....(étonnant, non ?).
Les pires atrocités seront commises, on découvrira au passage que le grand chef s'est arrogé des "droits" et des "pouvoirs" immondes et ignobles, profitant de la naïveté des uns et de la duplicité des autres.
Mais ce livre est plein d'espoir. Un peu biblique le message... les derniers seront les premiers. Ici ce sont les femmes qui s'émanciperont mais ne prendront pas le pouvoir. Elles ne prendront que leur liberté et leur indépendance. Et elles rejoignent les peuples nomades du désert, sans frontières, sans état, sans loi. Assez anarchiste au fond. Mais pourquoi pas ? et je le rappelle une écriture qui berce, ensorcelle, envoûte.



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La Source des Chèvres, un petit village aux portes du désert, se retrouve un beau jour coupé du Monde, par ce que l'on pourrait appeler "le fait du Prince". Les soldats encerclent le village ne laissant personne ni entrer ni sortir. Lorsque l'un des concitoyens désigne avec conviction un coupable, tous s'acharnent sur la famille de ce dernier, qui doit quitter cet enfer au péril de sa vie avec femme et enfants.
Un très beau livre aux allures de fable, une ode à la liberté. Une écriture ciselée, belle et forte. Magnifique!
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critiques presse (1)
LeMonde
22 novembre 2021
Le Silence des dieux offre un magnifique bonheur de lecture. On est happé par l’élégante lenteur de sa phrase, charmé par ses poèmes […] et par sa langue, aussi précise que raffinée. On suit le destin de ses différents personnages en palpitant au rythme de leurs espoirs et de leurs tourments ; on est à leurs côtés, sous le soleil incandescent ou dans l’hostilité et la froideur nocturne. Et l’on veut croire enfin, avec ses héroïnes, à l’avènement d’une ère nouvelle.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Je sais. Sur les traces des ancêtres, là où l'on célèbre les noces du soleil et de la pierre, à l'ombre de la montagne, naît le vertige. Trouble des pas écrasés par le soleil, exaltation des pierres millénaires, les chemins s'ouvrent sur les roches et offrent un monde où règne la beauté des bâtisseurs d'hier. Au milieu des lentisques, scilles et cistes, seul le murmure des pierres qui s'agrippe aux figuiers rompt le silence. Les tamaris courbés par le vent jettent des ombres bienfaisantes.
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Ziani avait quinze ans quand, un jour d’été, il a surgi sur la place du village de la Source des chèvres, pieds nus, cheveux hirsutes. Il tenait des propos incohérents, refusait d’être approché, insultait les gens, bousculait les enfants.

Il s’est assis devant le café sans rien dire, balbutiant juste quelques mots. Il est resté là jusqu’au crépuscule. Au moment de l’appel à la prière, les villageois ont rejoint la mosquée, il les a suivis. À la fin de la prière, il était encore devant la porte, l’imam l’a entraîné vers sa maison, lui a remis du pain et des dattes. Il s’est éclipsé. Personne ne sait où il a dormi. Les jours s’épuisaient. Il apparaissait, traversait la place, courait les rues, revenait, esquissait des gestes désordonnés, engueulait de temps à autre un enfant, un adulte.

C’est Baki, le maire, qui lui a proposé de s’installer dans une ruine, aux limites du village. Il lui a donné une couverture, quelques vêtements. Cela fait vingt-cinq ans qu’il y demeure. Il traîne un tronc d’arbre, des bouts de bois, une plaque de métal, il rafistole, se fabrique une couche, un bout de table, toujours en maugréant. Les habitants ont pris l’habitude de lui offrir à manger, de le chasser lorsqu’il les dérange ou les embête. Personne ne sait d’où il vient ni comment il est arrivé là. Ils l’ont affublé du nom du Fou, peut-être qu’une certaine intensité de l’être, cette capacité à capter et sentir les choses leur semblent folie car ils se croient tous sains d’esprit et sont bien incapables d’envisager la transgression.

Ziani hante le village, il court de rue en rue, écoute derrière les portes, enregistre les secrets des uns, les souffrances des autres, apprend à connaître chacun. Les jours de marché, il a pris l’habitude d’haranguer longuement la cantonade. Le voilà sur la place, au milieu des gens, la bouche pleine de mots :

Ô gens du village, braves gens
écoutez la parole venue de loin
celle des anges gardiens des cieux
les jours sombres s’agglutinent
au-dessus de vos têtes vides
ne glissez pas sur la pente fatale
ayez le sursaut de l’âme
faites parler votre cœur
cessez jérémiades et calomnies
Ô gens du village, braves gens
Écoutez les voix de la sagesse
Méfiez-vous des augures du malheur
Ignorez les griffes du tumulte
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Le mot que tu retiens entre tes lèvres est ton esclave, celui que tu prononce est ton maître, c'est ce que disait les anciens. Fais des mots justes tes maîtres, sois courageux, autrement tu n'es pas un homme libre.
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Plus Yahia Belaskri écrit, plus le journaliste qu'il était s'efface devant le grand écrivain qu'il est devenu. "Le silence des dieux" se dévore. Il fait partie de ces romans qu'on ne peut quitter avant la fin et dont on regrette ensuite qu'elle soit venue si vite. Un village aux portes du désert. Un habitant y attend le bus de la ville qui ne vient pas. Le lendemain apparaissent des soldats qui interdisent aux villageois de sortir. Comment les familles survivront-elles sans ce lien avec l'extérieur? Abbas, l'homme le plus riche du village qui maltraite ses trois épouses prend le pouvoir et décide qu'un des leurs est coupable de la situation et qu'il faut le punir. La suite c'est à vous de la découvrir. Sachez toutefois que ce roman est un hommage aux femmes et à leur courage et que son écriture regorge de poésie et d'humanité
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Ceux qui n’ont pas goûté à la morsure de la vie ne savent pas de quoi ils parlent. Ils se disent experts et sont prompts à livrer leur opinion, mais ils se trompent sur tout. Pour eux, le désert est vide. Erreur et égarement ! Le désert sans limites héberge des populations diverses, animales, végétales, humaines. Il est vivant. Chaque dune, chaque pierre, chaque grain de sable racontent l’histoire des hommes, leur infortune et leurs espérances. C’est un pays où sans cesse chacun est confronté à sa présence fragile, à l’incertitude qui caractérise le mystère de la vie, à la mort et à l’infinie résurgence des éléments. Le silence est peuplé de bruits imperceptibles à l’oreille insensible. Le sable parle. Il s’exprime dans toutes les langues, celle des profondeurs de la terre et des astres, celle des tempêtes, celle des hommes aussi. Il faut écouter le murmure des cristaux. Et quand le vent s’invite, le sable fredonne, il chante parfois. Sa mélodie est message, elle change d’une saison à l’autre. Les hommes du désert savent écouter et adaptent leur vie aux voix qui leur parviennent.
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