CREATURES D'UN JOUR de
Irvin Yalom "Galaade Éditions, 2015 traduit de l'anglais US 2015" 288,- pages
Irvin Yalom me séduira toujours par la finesse de ses propos.
Cette fois il a 83 ans et continue de pratiquer ses psycho-thérapies pour un cercle plus restreint de patientèle.
Toutes ses histoires, ses vies de patients sont en relation avec la mort. Cette mort tant redoutée !
« Lorsqu'il y a quarante ans, dit
Irvin Yalom, je commençai à travailler avec des patients en phase terminale d'un cancer, des bouffées d'angoisse par rapport à la mort et de fréquents cauchemars m'assaillirent. En quête de réconfort, je passai au crible les souvenirs de ma propre psychothérapie – une psychanalyse de sept cents heures menée pendant mon internat en psychiatrie. Je fus frappé de découvrir que pas une fois au cours de ces sept cents heures le thème de la mort n'avait été évoqué. Incroyable ! Mon anéantissement suprême – l'événement le plus terrifiant de ma vie – passé à la trappe, pas une seule et unique fois abordé au cours de cette longue analyse. (Peut-être mon analyste, qui approchait alors les quatre-vingts ans, se protégeait-elle de sa propre angoisse de la mort.) Je compris que, si je devais suivre ce type de patients, il me fallait faire un travail personnel sur mes propres peurs. »
« Dans le groupe de malades cancéreux avec lequel j'ai commencé, j'ai essayé de toutes mes forces de réconforter, semaine après semaine, une femme qui était au plus mal. J'ai oublié son nom, mais je me souviens de sa personne, et je revois encore très nettement l'expression déprimée de ses traits creusés de rides profondes et ses yeux gris tristes qu'elle gardait baissés. Un jour elle surprit tout le monde dans le groupe en arrivant radieuse et emplie de vitalité. Elle annonça : « J'ai pris cette semaine une décision importante. Je veux être un modèle pour mes enfants – un modèle face à la mort ! » Et effectivement, jusqu'à la fin, elle fut un modèle de grâce et de dignité, non seulement pour ses enfants mais également pour l'ensemble du groupe et pour tous ceux qu'elle a alors croisés. Vouloir montrer l'exemple devant la mort demande et donne en retour une force incroyable»
Nous sommes tous
créatures d'un jour, ne l'oublions jamais. Et celui qui se souvient, est l'objet du souvenir. Tout est éphémère. Et le fait de se souvenir, et ce dont on se souvient. Aie toujours à l'esprit que bientôt tu ne seras plus rien, ni nulle part. » Et cette phrase ci : « Très vite le souvenir de toutes choses est enseveli pour l'éternité. sic
Marc Aurèle deuxième siècle après JC.
Irvin Yalom écrivit de grands romans, tous en liaison avec un rapport étroit au psyché : Et
Nietzsche a pleuré,
Mensonges sur le divan,
La Méthode Schopenhauer et le Problème
Spinoza... ces quatre ouvres les plus célèbres furent écrites entre 2005 et 2012. Elles engendrèrent un succès immense.
Ce grand humaniste, mérite par son extraordinaire sens de l'analyse, sa douceur et sa délicatesse, bien des égards.
J'ai donc lu ce livre en me régalant, conscient que le sujet n'inspire que peu de lecteurs.
Un très belle expérience.