Pour établir une relation avec autrui, il faut d'abord établir une relation avec soi-même. Si nous sommes incapables d'affronter notre propre solitude, nous ne faisons qu'utiliser les autres comme des boucliers.
Mourir est une chose difficile. J'ai toujours considéré que le privilège des morts est de ne plus mourir!
Ne pas s'emparer du cours de sa vie, c'est réduire l'existence à un simple accident.
Il faut porter du chaos en soi pour accoucher d'une étoile qui danse.
Allons, disséquez encore un peu plus vos raisons profondes! Vous découvrirez que personne n'a jamais, jamais, agi entièrement pour les autres. Tout acte est dirigé vers soi, tout service ne sert que soi, tout amour n'aime que soi. (...) Vous paraissez surpris par mes propos? Peut-être songez-vous aux êtres que vous aimez. Creusez plus profondément, et vous verrez que vous ne les aimez pas. Ce que vous aimez, ce sont les petites sensations agréables qu'un tel amour suscite en vous! Vous aimez le désir, et non l'être désiré.
- Malgré tout, Josef, vous fuyez ma question. Avez-vous vécu votre vie ? Ou bien est-ce votre vie qui vous a vécu ? L’avez-vous choisie ? Ou avez-vous été choisi par elle ? L’avez-vous aimée ? Ou la regrettez-vous ? Voilà ce que j’entends lorsque je vous demande si vous avez vécu jusqu’au bout. […]
« Ces questions… Mais vous en connaissez la réponse ! Non, je n’ai pas choisi ! Non, je n’ai pas vécu la vie que j’ai voulue ! J’ai vécu celle que l’on m’a donnée. J’ai été, moi, le vrai moi… j’ai été enfermé dans ma propre vie.
- Et c’est là, Josef, j’en suis persuadé, la cause première de votre angoisse. Cette pression précordiale que vous ressentez est tout simplement due au fait que vous débordez d’une vie non vécue. Et votre cœur bat à l’unisson du temps qui passe, de ce temps qui ne cesse d’être vorace, qui engloutit, mais ne rend jamais rien. Qu’il est terrible de vous entendre dire que vous avez vécu la vie qu’on vous a donnée ! De vous voir affronter la mort sans avoir jamais réclamé votre liberté, si dangereuse fût-elle ! »
Vivez pleinement la vie! L'horreur de la mort disparaît dès lors que l'on meurt en ayant vécu jusqu'au bout! Si vous ne vivez pas au bon moment, alors vous ne mourrez jamais au bon moment non plus.
Malgré mes belles paroles, malgré ma posture de philosophe posthume, malgré la certitude que mon heure viendra, malgré enfin ma théorie de l'éternel retour, j'ai une peur terrible de mourir seul. Savez-vous ce que c'est de savoir qu'une fois mort, on ne découvrira pas votre corps avant des jours, des semaines peut-être, jusqu'à ce que l'odeur intrigue enfin quelque étranger de passage ? J'essaie de me rassurer. Souvent, au plus fort de mon isolement, je me mets à parler tout seul. Pas trop fort, cependant, car j'ai peur de mon propre écho caverneux.
Mieux vaut briser un mariage qu'être brisé par lui !
Il n'existe pas de chemin tout tracé, la seule vérité est celle que nous découvrons nous-mêmes.