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sur 1224 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Je ne vais pas m'en cacher, j'ai chez moi une PAL énôrme et je l'assume sans complexe ;)...Il y a dans mes bibliothèques les auteurs que j'aime, forcément. Il y a les grands classiques, incontournables. Et il y a aussi les auteurs qu'il me reste à découvrir, comme Irvin Yalom. La psychologie, plus particulièrement la psychothérapie, étant une thématique qui m'est chère, la découvrir sous un angle romancé ne pouvait qu'attiser ma curiosité.
Je me suis donc plongée dans la lecture du « Problème Spinoza » avec enthousiasme, à la découverte de deux portraits antinomiques : Baruch Spinoza et Alfred Rosenberg. le roman est ainsi construit, très classiquement, en l'alternance de deux récits parallèles. On suit la vie du philosophe d'un côté, depuis son exclusion de la communauté juive et dans la construction de sa pensée ; d'un autre, l'évolution de la réflexion du futur idéologue nazi. Par de courts chapitres alternés, Irvin Yalom donne du rythme à son roman, établissant parfois des ponts, des points de rapprochements entre les deux protagonistes ; la similitude principale étant la présence de deux confidents, de deux accoucheurs de pensées qui participent chacun, avec plus ou moins de facilité, à étayer les deux modes de pensée.
C'est un roman qui familiarise le lecteur avec la philosophie spinoziste, la lui rend plus accessible. C'est aussi une proposition pour donner des clefs de compréhension de l'inintelligible idéologie nazie. Ce roman m'est apparu quelque peu manichéen, opposant l'homme bon et bienveillant à l'homme haineux et malveillant. Plusieurs thèmes sont abordés : la solitude, désirée par l'un et subie pour l'autre, le rapport à la religion, l'amitié, la thérapie par la parole… Alors, pourquoi n'ai-je pas été conquise, emballée, alors que tous les ingrédients sont réunis sur le papier pour me plaire ? Je crois que la réponse m'est apportée par l'auteur lui-même dans sa postface : son implication est telle dans le roman que j'ai comme ressenti sa présence au-dessus de mon épaule tout le temps de ma lecture, une présence qui n'a pas lieu d'être.
Une gêne bien difficile à comprendre et à expliquer...je ne tarderai donc pas à lire un second opus de cet auteur pour dissiper ce léger malaise, ou le confirmer.
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Ce roman est construit sur une alternance de chapitres, les uns consacrés à la vie du philosophe Baruch Spinoza (ou plutôt à la reconstitution de cette vie), les autres au parcours de l’idéologue nazi Alfred Rosenberg. On n’ignore pas que la pensée de Spinoza constitue l’un des sommets de la pensée humaine dans le domaine de la philosophie; on est encore stupéfié par l’audace de ses conceptions. Elle lui a valu d’être excommunié par la communauté juive néerlandaise, alors qu’il était âgé de 24 ans; cette lourde sanction constitue le fait le plus marquant dans sa vie - et l’auteur en fait aussi l’épicentre de son roman.
Le lecteur connait moins A. Rosenberg. Il a été un précoce compagnon de route de Hitler, puis mouillé jusqu’au cou dans les atrocités commises à l’Est de l’Europe, et finalement tombé en disgrâce auprès du Führer pendant la guerre. (Dans son épilogue, I. Yalom raconte sa fin: jugé, condamné et pendu à Nuremberg).
Je fais beaucoup de réserves sur ce roman. D’abord, je trouve que les allers-retours entre XVIIème siècle et XXème siècle sont trop systématiques et fastidieux. Ensuite, je trouve que ce roman est "bavard". Si je peux concevoir l’intérêt du développement de la pensée hardie et complexe de Spinoza, j’ai trouvé vraiment trop longs divers passages consacrés à Rosenberg (c'est la naissance du parti nazi qui m'a semblé le passage le plus intéressant dans la narration concernant le XXème siècle).
Toutefois, ce qui me gêne le plus dans ce roman, c’est que le lien entre Spinoza et Rosenberg est - de l’aveu même de l’auteur (qui s’en explique rapidement dans les dernières pages) - ténu, voire artificiel. J’ai l’impression d’une juxtaposition de deux destinées complètement distinctes: celle d’un immense penseur d’origine juive libéré des contraintes obscurantistes de son époque; et celle d’un idéologue antisémite dont la pensée est primaire, voire débile, quoique extrêmement dangereuse. Et rien, ou presque aucune relation, entre ces deux vies. Cela nuit fortement à l’unité du livre.
Pour ma part j’ignorais jusqu'ici l’auteur, I. Yalom. Si j’ai voulu lire ce roman, c’est surtout en raison d’une de mes récentes lectures, qui m’avait permis d’avoir un aperçu sur les idées de Spinoza. Les divers exposés de la pensée du philosophe, sous la forme des dialogues imaginés dans "Le problème Spinoza", sont relativement clairs et instructifs. C’est l’un des intérêts de ce roman.
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Roman à deux voix dans lequel on alterne les chapitres sur Benedictus Spinoza ou encore Bento Spinoza au XVII eme siècle et ceux sur Alfred Rosenberg au XX eme siècle. Mais qui étaient-ils et quel est leur lien?

J'ai donc découvert Spinoza, grand philosophe juif du XVIIe siècle, émigré portugais, il vécut en Hollande. Dès le départ, on sent que Spinoza est un juif à part, il se pose beaucoup de questions sur comment être heureux et se questionne sur la religion et sur ses pratiques. Très jeune, il est excommunié. L'auteur nous fait découvrir ce personnage à travers de nombreuses discussions qu'il a avec son professeur de latin et grecque mais aussi un ami de la communauté juive. On sent que ces paroles ont un but pédagogique pour permettre au lecteur de comprendre le contexte historique et comprendre les pensées de Spinoza. Ce procédé m'a beaucoup fait penser au livre le monde de Sophie de Jostein Garder. On aborde la philosophie sous forme de roman tout en sentant derrière que le but derrière est d'apprendre. Et on y aborde le problème de Spinoza: comment transformer la raison en passion? Il n'y a bien sûr pas vraiment d'actions mais on ne s'ennuie pas. L'écriture est très agréable et rend le tout vraiment abordable.

Du côté d'Alfred Rosenberg, on le découvre tout d'abord adolescent. Mais dès le premier chapitre le concernent, le ton est donné: il deviendra l'un des architectes de l'idéologie nazie. Il a des idées très arrêtées sur la question juive et la pureté de la race aryenne. Mais quel est le rapport avec Spinoza? L'auteur a ici pris le parti de faire d'Alfred Rosenberg un fervent admirateur de Goethe. Or lorsqu'il découvre que Goethe était un fervent admirateur de Spinoza, son problème est donc de comprendre comment un pur allemand aussi intelligent a pu admirer un juif qui a des idées qui pourtant lui parlent et lui paraissent même intelligente? Alfred se demande si on peut considérer que Spinoza était un vrai juif car il avait été excommunié mais en même temps cela irait contre ses principes que la pureté de la race est dans le sang. Bien sûr Alfred est complètement antipathique, c'est un personnage torturé qui dès sa rencontre avec Hitler cherche sans cesse sa reconnaissance. Alfred a de nombreux échanges avec un ami et psychiatre, Friedrich, qui l'aide à comprendre Spinoza et nous permettent d'entrer un peu plus dans ses pensées mais aussi à aborder la philosophie de Spinoza.

J'ai trouvé que l'auteur était très habile, il nous glisse des éléments historiques mais aussi des informations sur la culture juive ou encore l'Allemagne après la première guerre mondiale ou encore l'Allemagne nazie. C'est vraiment très intéressant même si ce livre reste une fiction s'inspirant de personnages réels. L'histoire et la narration sont faciles à aborder, bien sûr, les sujets ne sont pas légers mais ça m'a plu et je pense qu'il pourrait plaire à ceux qui aiment la philo ou tout simplement ceux qui veulent se cultiver un peu!
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Je n'ai pas apprécié le roman au sens artistique/écriture. Montage dont on voit trop les coutures. La manière dont sont amenés les échanges entre Franco et Spinoza a un côte bien pratique pour l'auteur mais sonne trop faux à mon goût.

Par contre, ce roman constitue une excellente invitation à s'interroger et à s'entretenir avec de grandes figures et événements de l'histoire
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En 1941 l'ERR -Einsatztab (corps expéditionnaire) du Reichsleiter Rosenberg- qui a pour mission le vol des objets d'art et des livres appartenant aux Juifs, met la main sur la bibliothèque de Baruch Spinoza, conservée dans un petit musée de Rijnsburg. Irvin Yalom a imaginé qu'Alfred Rosenberg avait un intérêt personnel pour Spinoza ce qui lui a donné l'idée de ce roman où il croise les histoires des deux personnages.

Bento (son prénom portugais) Spinoza (1632-1677) est né à Amsterdam d'une famille juive d'origine portugaise. En 1656 il est chassé de la communauté par un herem, une excommunication, pour ses idées jugées scandaleuses. Spinoza considère en effet comme superstitions tous les rites religieux et souhaite la disparition des religions. En attendant il est pour la séparation de la politique et de la religion. Il ne croit pas qu'il y ait une vie après la mort et identifie Dieu à la Nature. C'est dire si sa pensée est largement en avance sur son temps. Pour Spinoza chacune de nos pensées, de nos actions, de nos sentiments a des causes compréhensibles, rien n'arrive par hasard. L'avenir est déterminé parce que l'on a vécu, par notre personnalité physique et psychologique. L'auteur, psychanalyste de profession, le voit même comme un précurseur de la psychanalyse.

Alfred Rosenberg (1893-1946) est un Allemand d'Estonie. A 16 ans il a lu l'auteur antisémite Houston Stewart Chamberlain et a été conquis par ses idées. En 1919 il s'installe à Munich où il participe à la naissance du parti nazi dont il devient un des idéologues. Imbu de lui-même, convaincu d'être d'une intelligence supérieure et entouré d'imbécile qui ne peuvent comprendre sa pensée magistrale, Rosenberg ne suscite guère la sympathie, même chez les nazis. Il est un grand admirateur d'Hitler qui le méprise en retour et jamais il n'atteint le rôle de premier rang qu'il pensait mériter. Il a quand même été rédacteur en chef du Völkischer Beobachter, l'organe du parti, chargé de diriger la confiscation de l'ensemble des ouvrages des bibliothèques juives et franc-maçonnes des territoires occupés par les nazis et ministre du Reich aux territoires occupés de l'est. Il a écrit le mythe du 20° siècle, best-seller classé n°2 après Mein Kampf mais illisible tellement sa prose est alambiquée. Après la chute du régime nazi il est considéré par les Alliés comme un de ses grands criminels, jugé à Nüremberg, condamné à mort et exécuté.

Irvin Yalom s'essaie à une psychanalyse post-mortem de ses deux personnages. A côté de Spinoza il place Franco Benitez, habile à poser à son ami les questions qui le poussent à l'introspection. Franco, personnage imaginaire, est un converso, Juif du Portugal convertit de force au catholicisme, retourné au judaïsme après s'être réfugié aux Pays-Bas. Parmi ceux qui ont vécu ces péripéties, certains ont perdu la foi et ne s'attachent au judaïsme que dans le but rassurant d'appartenir à une communauté. Amsterdam, qui abrite de nombreux Juifs d'origine portugaise, est le lieu de débats parfois violents sur la religion et notamment le comportement à adopter à l'égard des Juifs qui se sont convertis pour sauver leur vie.

Quant à la psychanalyse d'Alfred Rosenberg, je crois que c'est Irvin Yalom lui-même qui s'en charge, caché derrière le personnage du docteur Friedrich Pfister.

L'ouvrage est construit en alternant un chapitre de la vie de Spinoza et un de celle de Rosenberg. Ce découpage qui fonctionne très bien pour les thrillers en faisant monter la pression n'est pas une très bonne idée ici, à mon avis. Vu qu'il n'y a pas vraiment d'action cela coupe au contraire l'élan et donne au récit un rythme poussif. Les dialogue entre Spinoza ou Rosenberg et leurs faire-valoir m'apparaissent souvent artificiels. Peut-être que la forme de l'essai aurait été plus appropriée que celle du roman. Cependant j'ai apprécié le cadre historique. Cela m'a donné envie d'en apprendre plus sur Spinoza et m'a rappelé que depuis longtemps je me dis qu'il faut que je lise une biographie d'Hitler ou une histoire du nazisme.
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En ces temps de perte de repères, sociologiques, philosophiques, politiques, il est toujours bon de revenir aux fondamentaux. Et opposer, au travers d'un récit romanesque, le problème Spinoza, la pensée profondément altruiste et humaniste d'un des plus grands intellectuels de tous les temps à celle d'un des pères de la doctrine nazie est une idée assez révolutionnaire.

Que peuvent bien avoir à faire ensemble Baruch Spinoza, philosophe juif excommunié pour blasphèmes répétés aux yeux de sa communauté, et Alfred Rosenberg, adepte des thèses raciales les plus extrêmes, qui vomit les Juifs dans un énorme délire paranoïaque et exterminateur, jusqu'à la monstrueuse mise en place de la Solution finale.

Alfred Rosenberg qui eut peut-être une aïeule juive du côté de son père, et qui découvre très tôt que son nom fut un de ceux choisis par les Juifs allemands lorsqu'on les obligea à germaniser leur patronyme. Un comble !

4ème de couverture

« Amsterdam, février 1941. le Reichleiter Rosenberg, chargé de la confiscation des biens culturels des juifs dans les territoires occupés, fait main basse sur la bibliothèque de Baruch Spinoza. Qui était-il donc ce philosophe, excommunié en 1656 par la communauté juive d'Amsterdam et banni de sa propre famille, pour, trois siècles après sa mort, exercer une telle fascination sur l'idéologue du parti nazi ?

Irvin Yalom, l'auteur de Et Nietzsche a pleuré, explore la vie intérieure de Spinoza, inventeur d'une éthique de la joie, qui influença des générations de penseurs. Il cherche aussi à comprendre Alfred Rosenberg qui joua un rôle décisif dans l'extermination des juifs d'Europe. »

Je ne peux pas dire que j'ai aimé ce livre. Je l'ai trouvé assez scolaire dans sa structure, bâti de façon assez simpliste et répétitive, alternant un chapitre sur Spinoza avec un autre sur Rosenberg pour relater chronologiquement la destinée des deux hommes. Les dialogues sont assez sommaires, sans rapport à mon sens avec l'étendue phénoménale de la pensée spinoziste. de plus, la vie du philosophe ayant été assez banale, on a rapidement une impression de ressassement dès que l'histoire revient à lui, ce qui est un comble !

Le lien entre Spinoza et Rosenberg est Goethe ; le poète allemand vénéra le premier malgré son antisémitisme notoire et est lui-même adoré du second.

Ce goût du grand homme allemand pour le philosophe juif interroge forcément le futur nazi. Il va donc chercher à comprendre d'où vient cette admiration. Mais L'Éthique de Spinoza n'est pas accessible au premier venu. Elle demande travail, réflexion et humilité. Pour percer son mystère, Irvin Yalom, lui-même psychiatre, imagine un personnage psychanalyste, formé par des praticiens juifs à Berlin, pour « accoucher » Rosenberg de sa détestation antisémite. Et assez rapidement, fait le lien entre la théorie freudienne et le spinozisme, au risque de tout confondre et de dévaloriser la pensée de Spinoza, essentiellement mathématique.

Le livre m'a rappelé le monde de Sophie de Jostein Gaarder ; il affiche la même faiblesse, car il donne au lecteur une vision simpliste de la philosophie. Je me souviens d'un membre de ma famille, annonçant à table qu'il s'était replongé justement dans Spinoza, tout cela parce qu'il était en train de lire le chapitre que lui consacrait Gaarder. Quiconque a entrouvert L'Éthique comprendra ce que je veux dire. Pour ma part, je n'ai abordé que le Traité Théologico-Politique et le Traité de la Réforme de l'entendement, et sans doute suis-je très loin d'en avoir tout saisi.

En revanche, un livre de vulgarisation comme celui de Irvin Yalom peut donner envie de poursuivre dans la découverte de Spinoza. de même, il apporte un certain éclairage sur la construction des thèses raciales et le fantasme d'un aryanisme, pur et supérieur.

En conclusion, voilà un roman qui ne restera pas éternellement gravé dans ma mémoire, même si le sujet est sur le papier passionnant.
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Lire un roman d'Irvin Yalom, c'est s'assurer un retour à l'époque du baccalauréat où l'on découvrait la philosophie, les hommes et les oeuvres ayant marqué cette discipline.
C'est donc une lecture exigeante, qui demande de la concentration et de la réflexion, mais qui a surtout le mérite d'offrir un moment de réflexion à un âge plus avancé et avec plus d'expériences de la vie.
Ici, l'auteur décide d'aborder le problème Spinoza à travers le prisme de deux personnages ayant réellement existé : le philosophe Bento Spinoza, homme excommunié de sa communauté ayant vécu en Hollande au dix-septième siècle, et Alfred Rosenberg, un idéologue nazi ayant vécu dans l'ombre de Hitler.
Jusque là aucun lien entre ces deux personnes, et pourtant.
Alfred Rosenberg sera toute sa vie durant profondément antisémite, c'est notamment lui qui façonnera l'idéologie anti-juive de Hitler, et malgré cela il ne cessera de vouer une admiration sans borne au philosophe Spinoza qui pourtant était Juif.
D'où le fameux problème Spinoza.

Après mûres réflexions, Alfred Rosenberg en arrivera à la conclusion suivante, une qui l'arrange : "Les preuves sont accablantes : Bento Spinoza n'est pas un juif, il est un anti-juif.", mais rien ne peut être aussi facile.
Tout comme il serait réducteur de dire "A chaque seconde sur terre un imbécile voit le jour." et qu'Alfred Rosenberg est un fieffé imbécile.
Non, Alfred Rosenberg est un personnage complexe, loin d'être bête il a une solide culture philosophique, mais il souffre aussi d'un besoin permanent de reconnaissance.
Comme un chien cherche la caresse, le regard et l'amour de son maître il ne cessera d'attendre cela de la part de Hitler, quitte à s'en rendre malade et à devenir fou.
Alfred Rosenberg est un homme en quête d'amour et de l'approbation d'autrui, il a souffert d'un vide affectif dans sa jeunesse et cela se ressent à l'âge adulte.
Je ne cherche pas d'excuses à ce personnage, mais c'est avec une certaine curiosité que j'ai suivi son évolution, voir jusqu'où il était prêt à aller et se fourvoyer.
Finalement, grand admirateur de Spinoza il n'aura jamais compris sa philosophie et se sera fourvoyé toute sa vie durant.
Pour Spinoza : "Je ne crois pas que le questionnement soit une maladie. L'obéissance aveugle sans questionnement est la maladie.", c'est la grande maladie dont souffrira toute sa vie Rosenberg sans réussir à mettre le doigt dessus.
Quant à Spinoza, mes souvenirs de ce philosophe et de son idéologie étaient bien lointains, c'est avec plaisir, et là aussi curiosité, que j'ai suivi le parcours atypique de cet homme qui aura révolutionné, à sa manière, la pensée philosophique du dix-septième siècle.
Comme Rosenberg il n'a pas eu une vie facile, d'autant plus qu'il se retrouve excommunié à vie de sa communauté, avec interdiction à quiconque de l'approcher, y compris sa propre famille, mais sa réclusion forcée va lui être bénéfique et lui permettre de coucher sur papier son cheminement intellectuel qui ne cessera d'évoluer sa vie durant.
Isolé, Spinoza ne va pas chercher désespérément l'amour et l'approbation de son prochain, contrairement à Rosenberg, il va au contraire se lancer dans la quête de la vérité, car plus que tout c'est ce terme, liberté, qui l'anime, le motive et le conduit à se transcender : "Comment pourrais-je, en tant que philosophe, ne pas vouloir chercher la vérité ?".
Au-delà des réflexions de psychanalyse de ce roman, j'ai finalement beaucoup apprécié le parallèle entre ces deux hommes, renforcé par la construction du récit avec une alternance des chapitres entre Spinoza et Rosenberg.
Si Spinoza m'a intéressée par ses réflexions et ses questionnements, en somme comment il a mis à profit sa situation de banni pour créer sa propre pensée et se construire; j'ai plus été intéressée par l'aspect monstre ordinaire de Rosenberg, à savoir comment cet homme profondément et irrévocablement antisémite a pu forger les opinions de Hitler (comprendre : les ordonner pour rendre le personnage présentable et attractif aux yeux de tous) tout en restant toujours dans l'ombre en étant considéré comme quantité négligeable, hormis au moment de son procès, le seul moment de "gloire" de sa vie.
La dualité entre ces deux personnages est particulièrement bien traitée et mise en avant.
Evidemment, Irvin Yalom étant, entre autres, psychothérapeute, il est forcément question à un moment donné du récit d'analyse, ici c'est le personnage de Rosenberg qui sera psychanalysé par son seul ami et dernier lien avec son enfance, malheureusement sans succès.
Néanmoins, je souhaite apporter un bémol à l'ensemble car le problème Spinoza n'a été à mon sens qu'effleuré et traité en surface, j'attendais une analyse plus poussée, voire une véritable réponse, finalement je n'ai obtenu que quelques pistes de réflexion, ce qui m'a laissée sur ma faim à ce sujet.
C'est quelque peu dommage étant donné que c'est cet aspect philosophique qui donne son nom au roman.

"Le problème Spinoza" d'Irvin Yalom est un récit intéressant et particulièrement bien documenté qui a le grand mérite de nous faire réfléchir, ou tout du moins nous offre des pistes de réflexion.
A lire toutefois avec attention et concentration, deux qualités que requiert le sujet traité.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Un livre qui mêle histoire et réflexions, faits et sentiments.
Le personnage d'Alfred Rosenberg offre au lecteur une approche originale de la montée du nazisme et de l'entourage d'Hitler.
Le personnage de Spinoza offre au lecteur de descendre dans la simplicité de la vie alors que celui de Rosenberg va vers toujours plus de complexité.
Je termine ce livre un peu perdue, sans doute avec le besoin de laisser filtrer.Le prologue et l'explication de la Genèse en fin de livre m' amènent davantage de clarté.
Je me pose la question du vécu de l'auteur en écrivant son récit, où la question de la place des juifs et du sens des rituels de la religion juive est abordée sans relâche.

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Qu'en est-il de mon avis sur cet ouvrage ? Eh bien, il reste mitigé. Oui je sais, la ligne éditoriale que je me suis fixée pour le blog et à laquelle je me tiens est de ne parler que de livres qui m'ont plu. Mais « le problème Spinoza » bien que parfois long et ennuyeux, reste intéressant en soi, même si je dois dire que je ne m'attendais pas à un récit de ce genre. Si les 3/4 de la vie de Spinoza sont inventés de toutes pièces, celle de Rosenberg ne l'est absolument pas. On en apprend ainsi beaucoup sur un homme qui a malheureusement joué un rôle décisif dans l'extermination des juifs, et c'est là tout l'intérêt de l'ouvrage selon moi.
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L' histoire en parallèle d' Alfred Rosenberg, l' idéologue du parti nazi, antisémite fanatique et de Baruch Spinoza le philosophe juif hollandais du 17è siècle.On y suit la psychanalyse fictive d' Alfred Rosenberg de Talline, sa ville natale jusqu' au début des années 30, un homme obsédé par la haine antisémite, admirateur d' Hitler mais méprisé par les autres personnages importants du nazisme et Hitler lui-même qui le trouve trop abscons.On y raconte aussi la vie très romancée de Baruch Spinoza, le 1er philosophe laïque d' Europe, pas mal d' anachronismes dans ce récit.Spinoza a suscité l' admiration de Goethe et de Hegel ce qui intrigue beaucoup Alfred Rosenberg. plus un livre sur la psychologie d' un nazi qu' un livre philosophique
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