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EAN : 9782715232600
384 pages
Le Mercure de France (08/03/2012)
3.55/5   21 notes
Résumé :
"Vers minuit, une forte pluie commença à battre les tuiles de la toiture. Etendu dans sa chambre, Rikyu sentait son sang bouillir de colère. La rage lui tenaillait les tempes. Son cœur tapait dans sa poitrine… L’averse s’intensifia tout à coup, puis un éclair fulgura, faisant jaunir le papier de la cloison et le tonnerre gronda aussitôt. « Le ciel a entendu ma fureur », pensa-t-il… Le visage simiesque d’Hideyoshi envahit une nouvelle fois son esprit. Aucun motif s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Rikyû, le plus grand maître de thé en ce Japon du 16ème siècle, est à ce point obsédé par son idéal de la beauté et par la recherche de la perfection dans son cérémonial, qu'il ne se rend même pas compte qu'il a fini par négliger ses proches et indisposer son entourage, s'attirant rancoeurs et jalousies, y compris celles d'Hideyoshi, le nouveau maître du pays. Alors que Rikyû vient de recevoir l'ordre de se suicider, le récit entame la chronologie à rebours des évènements qui l'ont mené à cette situation, dans un retour arrière sur toute son existence qui finira par dévoiler son drame secret : une tragédie personnelle qu'il aura, sa vie durant, tenté de transcender par l'intransigeante sublimité de son art.


S'inspirant d'un fait réel devenu légendaire au Japon, mais dont l'Histoire n'a pas retenu les motifs, l'auteur a librement imaginé le parcours et la psychologie des personnages qui ont amené un maître de thé aux apparences inoffensives à recevoir l'injonction suprême. Gommant tout mystère, il nous livre ainsi une version rationnelle et crédible de ce mythe qui a inspiré tant d'écrivains et de cinéastes japonais, solidement campée dans le cadre historique général de l'unification d'un Japon jusqu'ici divisé par les guerres féodales.


C'est pour le lecteur l'occasion de se plonger dans une culture aux traditions souvent singulières et étonnantes, au travers tout particulièrement de la cérémonie du thé, art extrêmement codifié, et parfait exemple de paroxysme du raffinement à la japonaise : on n'ignorera plus rien de ses significations bouddhiques et politiques à l'époque, des rivalités entre maîtres, de ses rites et de leurs différentes écoles, de son décorum et de ses objets si soigneusement choisis, de leur commerce et de leur symbolique.


Lent, poétique et fascinant, le récit imprègne peu à peu le lecteur d'une calme atmosphère à l'esthétisme soigneusement étudié, où Rikyû embaume ses sentiments pour l'éternité dans un art qui prend chez lui la dimension d'un sanctuaire : un art sur fond de mort, à la fois sublime et glaçant, pour une lecture dépaysante dont le plaisir est tout à la fois historique, culturel, artistique et esthétique.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Sen no Rikyu, grand maître du thé, est acculé à son domicile par les troupes du shogun Hideyoshi. Ce dernier exige de Rikyu des excuses suite à la construction d'une statue qui l'offense. La vraie raison de ce conflit est le refus de Rikyu de céder un sublime bol à encens, qu'il semble chérir. le maître de the préfère alors se faire seppuku plutôt que subir encore une fois une humiliation d'un homme qui le répugne. Mais quelle a été la vie de cet homme qui considère la cérémonie du thé comme un art et que signifie pour lui ce mystérieux objet ?
Ce roman tiré d'un fait historique est une ode à l'esthétique japonaise. La recherche de la beauté et de l'harmonie est constante que ce soit dans l'architecture, le jardin, les vêtements, les objets du quotidien... Leurs descriptions précises rendent vivant, voire cinématographique l'ensemble du récit. J'ai juste trouvé redondant voire agaçant la répétition de la "magnifique beauté" de l'art du maître de thé. le personnage principal est ambigu: intransigeant jusqu'à l'extrême, il est obsédé par la recherche de la beauté ultime en tout durant toute son existence. Pourtant, l'humanité perce à travers son histoire d'amour de jeunesse avec une coréenne, symbolisé par un bol à encens. La construction du roman est très originale: on suit la vie de Rikyu à rebours, de son acte ultime à sa jeunesse. On découvre le parcours de ce personnage complexe mais aussi ces relations avec le shogun Hideyoshi: tout d'abord faite de respect mutuel, elles deviennent conflictuelles devant l'intolérance de chacun.
Après un début laborieux devant ce personnage antipathique, le roman devient de plus en plus subtile jusqu'un magnifique dénouement. On a envie aprés cette lecture de s'immerger et de découvrir un peu plus l'art japonais.
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A la fin du seizième siècle, Rikyû, le plus grand maître de thé de l'époque, est obsédé par le beau. Il veut que ses cérémonies atteignent la perfection : une branche en pleine floraison disposée dans un vase, la lumière qui traverse les fenêtre, le bruit de l'eau qui frémit dans la théière, un poème calligraphié, ... rien n'est laissé au hasard.
Cette recherche du geste parfaitement maîtrisé suscite des jalousies et des rancoeurs dans son entourage et l'on sent par ailleurs que Rikyû tente d'enfuir au plus profond de lui un drame vécu jadis dont subsiste pour seul témoin un bol magnifiquement ouvragé.
Le lecteur va remonter le temps avec le maître de thé et découvrir d'où lui vient cette étrange passion qui le mènera à sa perte ...
Le rythme relativement lent (zen ?) de ce livre m'a beaucoup plu de même que la découverte de traditions ancestrales.
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Le roman s'attache au célèbre personnage du mythique maître de thé Rikyû. Nous suivons sa vie, et surtout sa mort, suicide commandé par le shogun Toyotomi Hideyoshi, pour des raisons restées mystérieuses. L'auteur tente de restituer le contexte historique et culturel de l'époque, tout en traçant différents éléments de la vie de son illustre personnage. Et bien sûr en parlant abondamment de la cérémonie du thé, de ses rituels, modes, évolutions. La construction se veut audacieuse, en suivant une chronologie inversée : nous voyons d'abord Rikyû juste avant son suicide, avant de remonter dans le temps, jusqu'à un épisode qui aurait été essentiel dans sa jeunesse.

J'ai trouvé pour ma part ce livre très décevant. L'écriture est très banale (mais cela est peut être dû à la traduction), l'histoire guerre passionnante, l'ordre inversé n'est pas tellement bouleversant non plus, car on connaît déjà ce qui s'est passé, parce que cela a été évoqué dans le futur dont nous venons. Les raisons pour lesquelles Hideyoshi (et d'autres) admirent puis détestent Rikyû m'ont semblées des plus fumeuses, la fameuse rencontre avec la femme coréenne qui aurait été l'élément déclenchant de sa démarche spécifique dans la voie du thé, lorsqu'elle se produit à la fin du livre est très décevante, il ne se passe finalement pas grand chose, il aurait mieux valu rester dans le vague, le lecteur aurait peut être pu imaginer quelque chose à la place. Une accumulation de personnages et d'événements historiques qui du coup ne sont que survolés. Et une grande quantité de cérémonies de thé....qui se ressemblent toutes. Rikyû est évidemment le meilleur, et c'est pour ça qu'ils le détestent ou l'idolâtrent tous. Un peu simpliste.

Cela dit, ça fait un canevas de film très vraisemblable, avec toutes ces jolies scènes de cérémonies de thé, quelques images d'armées, des jardins, palais, temples....J'imagine très bien.
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Tout d'abord, je souhaite dire un grand merci à ma copine Kleo qui m'a offert ce livre pour mon anniversaire. Grâce à elle, j'ai pu découvrir un univers qui m'était totalement inconnu, celui de la cérémonie du thé et des maîtres de thé japonais. Je connaissais ce rituel de nom, bien sûr, mais j'ignorais tout de ses gestes, de ses ustensiles et de son décor. Car ces éléments forment un tout et font appel à tous les sens : le goût du thé et du repas servi à l'invité, le son de la brise dans les pins ou le chant des oiseaux, l'odeur de l'encens, le contact du bol à thé et la vue d'une fleur soigneusement disposée dans un vase choisi avec tout autant de soin. Rien n'est laissé au hasard.

Sen no Rikyû est donc un maître en la matière, mais il est intransigeant dans sa quête de beauté et de perfection. Pourquoi ? Pourquoi repousser ainsi les limites de son art, au point de froisser son protecteur, le puissant Hideyoshi ? Quel est donc ce secret qui le pousse à agir ainsi ? Vous le saurez en lisant ce livre.

J'ai particulièrement aimé la structure du récit, qui part du matin de la mort de Rikyû pour remonter le temps jusqu'à nous livrer le secret du maître de thé. J'ai eu plus de mal avec sa lenteur, mais je crois que celle-ci convient parfaitement à l'histoire qu'on nous raconte et à la civilisation qu'on nous décrit. Les deux personnages principaux, Rikyû et Hideyoshi, m'ont d'abord paru aussi antipathiques (et butés) l'un que l'autre. Pourtant, malgré moi, au fil de ma lecture, j'ai fini par m'attacher à Rikyû. Tout au moins, j'ai fini par comprendre cette quête obsédante et par plaindre cet homme qui s'aliène tout le monde, y compris ses proches, parce qu'il ne peut partager avec personne le drame de sa vie. C'est du moins la manière dont je vois les choses pour l'instant, alors que je viens de refermer ce livre. Car Rikyû fait partie de ces personnages qui restent avec vous bien après la lecture, et je crois qu'il y a différentes façons d'envisager son histoire et que je n'ai pas fini d'y réfléchir. Un livre fascinant, donc.
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critiques presse (1)
LeMonde
19 mars 2012
Elégant roman historique, cette première traduction d'un roman de Kenichi Yamamoto conjugue intrigue classique et véritables habiletés littéraires.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
(Jésuites portugais au Japon)
— En tout, les Japonais vont trop loin. Ce qui m’intrigue le plus, c’est la cérémonie du thé. C’est là que la bizarrerie voire l’étrangeté des Japonais se manifeste le plus nettement.
— Dans la cérémonie du thé, dites-vous ?
— Oui. Pourquoi les Japonais se réunissent-ils dans une aussi petite pièce pour boire une tisane qui est infecte, en marmonnant des choses incompréhensibles ? Pourquoi admirent-ils sans se lasser ces poteries qui ne valent rien ? Une habitude aussi stupide, tu comprends sûrement bien qu’il n’en existe nulle part ailleurs dans le monde.
(…)
— Le cha-no-yu est effectivement incompréhensible. Je me demande si les Japonais qui se passionnent pour la cérémonie du thé ne sont pas fous.
Valignano éprouva une grande satisfaction en entendant Chijiwa Miguel prononcer ces propos.
— C’est tout à fait exact. L’esthétique japonaise est clairement déformée et à l’opposé des normes du monde. Qui dans le monde pourrait comprendre pourquoi ils dépensent des sommes d’argent exorbitantes pour ces ustensiles minables ? Quelle valeur peuvent-ils bien leur donner ?
(…)
— Cet exemple suffit à démontrer que le Japon est un pays complètement isolé des autres civilisations. Votre mission, capitale, est justement d’éclairer ce peuple insulaire. Vous êtes d’accord ?
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Quelle est votre opinion sur Rikyu ? Demanda Ieyasu, visiblement intrigué. A mon avis, aucun homme n'a autant de facettes que lui. Parfois il est révérencieux, d'autres fois insolent. Il sait se montrer délicat, mais peut aussi se comporter comme le pire des vauriens. Il est insaisissable, pourtant son regard est toujours tendu vers la beauté. Quel mystère ! 
Rukyu est un homme qui à première vue semble calme et doux. En réalité, personne n'est plus entêté que lui. Il est d'une telle ténacité qu'il serait prêt à mourir pour donner une cérémonie de thé de façon réellement satisfaisante. Je lui reconnaît au moins cette force de caractère. 
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Assurément, les flammes des trois venins embrasent le monde des hommes ! Les trois venins, selon la loi bouddhique, étaient la cupidité, la colère et la stupidité. Presque tous les malheurs du monde, les vicissitudes de la fortune, les bouleversements de la vie s'expliquaient par ces trois venins. Le dévoiement des hommes avait généralement pour cause ces trois poisons. 
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(Jésuites portugais au Japon)
— En Europe, nous avons vu des églises et des tableaux magnifiques. Le palais du pape au Vatican a une magnificence sans égale dans le monde.
— Oui, ils expriment la gloire de Dieu.
Valignano revit les fresques grandioses de Michel-Ange dans la chapelle Sixtine. C’était là l’idéal de beauté réalisé par l’homme.
Itô Mancio semblait vouloir ajouter quelque chose.
— J’ai eu une enfance misérable, et je n’avais jamais vu au Japon un vrai palais. Mais, sur notre chemin, j’ai été frappé par la taille du château du Grand Rapporteur à Ôsaka. Il ne le cède en rien aux architectures d’Europe. Et cette demeure, elle est d’une telle propreté ! Bien sûr, cela n’atteint pas la magnificence de l’Europe, mais ne croyez-vous pas qu’il existe dans ce pays insulaire une esthétique complètement différente ?
Valignano s’humecta les lèvres. Que lui racontait ce jeune homme ? Le jésuite avait passé huit ans à lui enseigner la supériorité de l’Europe, et à peine rentré dans son pays natal, le voilà dans cet état ! Les Japonais étaient vraiment étranges.
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Vous êtes les seuls dans ce pays à avoir réellement vu l'Europe. Si le Grand Rapporteur vous interroge, vous parlerez en termes mesurés afin de ne pas lui déplaire, et vous lui direz combien l'Europe est merveilleuse, dans quel bonheur vivent les gens à Rome, et combien les habitants de l'archipel du Japon sont ignorants du monde extérieur. Dites-lui combien la terre est vaste. Si vous faites cela, le Grand Rapporteur cessera de s'entêter et se montrera plus tolérant envers les chrétiens.
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