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Bienvenue à Benaise, petit village perdu du Henan (Chine). Ici, ne vivent que des éclopés : aveugles, sourds, muets, borgnes, manchots, unijambistes et bien d'autres encore. Là-bas, la vie s'y coule paisiblement et Benaise sait se faire oublier des grands changements de l'Histoire Chinoise contemporaine. Sauf que :
un : la Révolution finit par arriver en ces lieux. Les habitants subissent la main mise du Maoïsme sur leur territoire;
deux : suite à des intempéries inattendues, la récolte des Benaisiens est inexploitable entrainant une crise sans précédent dans ce pays de collines.
Heureusement, Liu Yingque, chef du District local, va personnellement s'engager à redonner vie et insuffler un nouveau dynamisme à Benaise.
Et si l'on faisait venir la dépouille de Lénine (aujourd'hui quelque peu délaissée par les Russes) à Benaise? Les éclopés du village ont un talent fou, et en présentant un spectacle de leurs performances, peut-être pourront-ils rassembler suffisamment d'argent pour ramener au sein d'un nouveau mausolée cette icône de la Révolution Russe?
Et du pognon, il en faudra pour créer dans ce coin du Henan un Haut Lieu touristique dédié au communisme.
Au travers de cette histoire drôle et cocasse, YAN Lianke nous offre à voir une Chine qui est passée d'un Communisme sans concession à un système Capitaliste exacerbé.
Pour moi, un livre inoubliable.
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Petit village isolé du monde, Benaise a pourtant une réputation solide en Chine : il a en effet la réputation d'accueillir tous les handicapés du pays, qui peuvent y couler des jours heureux ; les uns compensent les faiblesses des autres, la nourriture est présente en abondance, et les quelques fêtes du village suffisent à réchauffer les coeurs.

Un jour pourtant, Benaise décidé de sortir de son isolement pour rejoindre pleinement la Chine communiste. Il faut les comprendre : le communisme est quand même la meilleure chose qui soit arrivé au monde, et personne n'a envie de passer à côté d'une telle révolution, même chez les plus humbles. Quoique les réquisitions permanentes et les violences arbitraires emmènent certains éléments contre-révolutionnaires à grincer des dents et à se dire que finalement, c'était mieux avant.

Le village pourra racheter son indépendance à une condition : se donner en spectacle dans la Chine entière pour permettre au chef de district de réaliser son projet pharaonique, acheter la dépouille de Lénine et faire de sa région un haut lieu du tourisme communiste. Et ça marche ! La foule se presse pour voir les boiteux sauter au-dessus de tapis de clous, ou des sourds lancer des pétards de leur oreille.

Ce roman m'a beaucoup rappelé « Cent ans de solitude » : on suit la destinée d'un village à première vue coupé du monde, mais qui va vivre dans sa chair tous les événements historiques marquants de sa région. de même, l'ambiance est souvent onirique, et on ne sait plus où s'arrêtent les faits concrets et où commencent les symboles cachés. Et malheureusement, comme dans Cent ans de solitude, j'ai eu beaucoup de mal à me sentir touché par le livre pour cette raison : toujours une légère impression de passer à côté du plus important et d'interpréter les choses de travers, qui finit par provoquer une légère rancune envers son auteur.
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Amers ces « bons baisers de Lénine »…Le livre est étonnant à plusieurs titres.
Tout d'abord, on entre dans l'histoire comme on s'installe devant une comédie américaine moyenne ; on ne s'esclaffe pas, on sourit et on pense que la légèreté va être conservée. Bien entendu, il y a quelques courts passages mélo pour donner une respiration mais globalement, il s'agit d'une farce.
Puis le livre avance et si le ton perdure, l'histoire prend des teintes qui semblent irréelles ; enfin, je les reçois telles en raison de ma culture occidentale, je suppose. Irréelles donc mais en même temps joyeusement communes. Ne nous a-t-on pas répété à plusieurs reprises, et pour le démontrer, combien le régime communiste chinois et ses régimes frères, pouvaient être violents dans leur absurdité ? Dans le doux glissement de l'histoire, on la réalise gentiment.
L'aventure ne devient pas horrible, ni glauque mais laisse un goût amer, c'est le qualificatif qui me parait le plus approprié.
Sur la forme, le système, visiblement construit et réfléchi, des commentaires qui renvoient parfois eux-mêmes à d'autres commentaires, devient lassant. Mais il est original, c'est déjà ça.
Finalement, il s'agit d'une oeuvre intéressante à lire pour qui souhaite avoir un tout petit aperçu de la vie en Chine bien après la révolution culturelle et bien avant le développement mercantile qui la caractérise aujourd'hui et une petite idée des excès que le régime communiste chinois a pu engendrer.
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Je suis en fait assez indécis à propos de ce "Bon baisers de Lénine".

Par la forme tout d'abord. Dès la troisième page, nous voici embarqués dans une série de notes en bas de page appelées ici "commentaires" et longue de sept ou huit pages. le procédé se répète tout au long du roman et correspond plus souvent à un récit enchâssé qu'à de véritables notes explicatives.
Surprenant mais on s'y fait.

Le rythme et le ton du récit, pastichant, caricaturant (?) parfois le conte traditionnel à grand renfort de répétitions, pourrait lasser à la longue s'il ne servait pas nombre de situations aussi burlesques que tragiques.

Et c'est là le grand talent de l'auteur qui, à travers cette épopée rocambolesque et absurde, nous fait effleurer sans y toucher les drames qui ont émaillé les différents soubresauts de la révolution Chinoise de la collectivisation à ses derniers avatars plus mercantiles en passant par la révolution culturelle.

A lire.
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Décevante déception... Toutes les 50 pages l'attrait diminue, et vu qu'il y a 12 fois 50 pages on tombe bien bas... le problème de l'étiquette "satire sociale" et "roman débridé" c'est que ça fait bien en quatrième de couverture, mais qu'en général c'est pour vendre de romans plus foutoirs que foutraques... L'auteur serait censuré en Chine? Soit la censure est omniprésente, soit elle n'a que ça à faire...
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La dernière fois que j'ai lu Lianke Yan, c'était en 2008, année des jeux olympiques d'été à Pékin. J'avais souhaité lire un roman à contre-courant de ce que faisaient passer les autorités chinoises dans les médias. Je n'avais pas été déçue en lisant « Servir le peuple ».

« Bons baisers de Lénine » dormait depuis plus de deux ans dans ma bibliothèque, le défi « En sortir 22 pour 2022 » m'a poussée à le sortir de son rayonnage.



Benaise est un village perdu au milieu de nulle part dans les montagnes du Henan, et chaque habitant y vit « bénaise » autrement dit tranquille et sans souci majeur.

Benaise a une particularité, et non des moindres, qui est d'être peuplée uniquement de gens handicapés, éclopés, malmenés par la vie. Tout ce petit monde vit loin du charivari du monde, en marge de ce dernier, menant son quotidien loin des tracas administratifs des autorités du district.

On apprend, grâce aux commentaires de l'auteur, roman dans le roman, que Benaise est depuis la nuit des temps le refuge des infirmes.

Benaise est « dirigé » par une figure féminine, Mao Zhi, qui ramena dans le giron du district le village. Cette dernière voit d'un mauvais oeil le chef du district souhaiter organiser la « benaisade » à laquelle participeront les villageois.

C'est au cours de la fête que vient à l'idée du chef du district d'utiliser les talents inouïs des Benaisois pour créer une troupe de cirque et gagner ainsi de l'argent afin d'acquérir la momie de Lénine, délaissée à Moscou car trop coûteuse à entretenir. Si cela se concrétisait, quelle réussite pour le chef en question et quel rayonnement glorieux pour cette région perdue au milieu de nulle part et quel merveilleux développement économique en perspective. Une occasion unique de mettre en pratique le slogan de Deng Xiaoping « enrichissez-vous ».

A partir de là, commence une aventure rocambolesque, drolatique et incroyable au cours de laquelle tous les défauts et qualités humaines seront passés au crible ravageur de l'humour de l'auteur.

Il est impossible de résumer ce roman fleuve en quelques lignes qui ne lui rendraient absolument pas justice. Il faut le lire, surmonter son organisation déroutante (les notes peuvent devenir des chapitres à part entière) qui m'a rappelé celle de « L'arbre monde » de Richard Power (qui a peut-être lu Lianke) puisque la lecture part des « racines » pour arriver à la dernière partie « les graines ». La narration naît et croît tel un arbre majestueux, emmenant le lecteur dans les méandres des frondaisons, ces petites notes qui apportent, l'air de rien, beaucoup au récit.

La galerie des personnages est croquée de manière drolatique avec juste ce qu'il faut de pointe ironique. Ils sont tous attachants et j'ai suivi avec jubilation leurs aventures et déboires, tantôt riant de bon coeur, tantôt avec émotion.

Je me suis demandé, à plusieurs reprises, pourquoi la censure chinoise n'a pas sanctionné « Bons baisers de Lénine » car Lianke n'y va pas de plume morte pour critiquer l'appareil politique chinois. Aurait-elle bon goût ? Ou l'auteur possède-t-il au plus haut point l'art de l'ironie subtile et ainsi échapper aux risques d'emprisonnement ? A moins que la censure, devant la notoriété internationale de Lianke, a compris qu'il était un des grands romanciers contemporains.

Lianke met en place avec « Bons baisers de Lénine » une fable extraordinaire, un conte hallucinant où la momie de Lénine tient lieu de Graal communiste. Mao Zhi, elle, espère qu'une fois la quête accomplie, Benaise soit « déjointée » et retourne dans l'oubli afin que tout un chacun puisse y vivre paisiblement, loin des tracas administratifs et des exigences du Parti. Sauf que le chef du district ne tient absolument pas à abandonner sa poule aux oeufs d'or. Sauf que... forcément rien ne fonctionnera comme prévu sinon ce ne serait pas amusant. Entre les délires de gloire et de richesse des uns et des autres, s'immisce une angoisse récurrente, celle qui naît de l'opposition entre les idéaux de la Chine révolutionnaire d'hier et la vision nouvelle de la Chine capitaliste d'aujourd'hui.

Yan Lianke réussit, magistralement, à conter cette quête du Graal avec une narration longue (655 pages), un récit protéiforme, frisant carrément le délire (le lecteur est emporté dans un maelstöm de situations relevant du picaresque ou de la farce comique sans filtre), et laisse au lecteur une liberté d'interprétation incroyable.

« Bons baisers de Lénine » est un roman jubilatoire, succulent, parfois cruel, qui m'a embarquée dans un voyage romanesque délirant et joyeux.

Traduit du chinois par Sylvie Gentil
Lien : https://chatperlipopette.blo..
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Un récit, certes truculent, mais assez superficiel, sur la Chine contemporaine se confrontant aux désirs d'enrichissement capitaliste, et aux rêves de gloire d'un chef de district ; mêlant fantaisie et grotesque, on sourit volontiers malgré quelques longueurs et répétitions. Une lecture non indispensable.
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J'ai adoré. Pour le contenu, car l'intrigue ou plutôt les intrigues sont excellentes.
Pour la galerie de personnages, des premiers rôles aux anonymes.
Pour la style si particulier, avec notamment ces fameuses notes de bas de page, qui sont une invention réellement fascinante. Un vrai bon procédé romanesque.

Pour le fond qui est excellent, avec de vraies réflexions sur le communisme, bien sûr, mais aussi sur la vie de communautés locales avec ou sans les grandes collectivités nationales (en 2023, tout à fait d'actualité)
Si je pouvais, j'enlèverais un dixième d'étoile (à peine) pour la fin de l'histoire qui se languit un peu, avec un effet de répétition assez lourd. (mais ne zappez pas la toute fin).

En tout cas un livre inoubliable.
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Une langue à la fois crue, inventive et poétique ; une traduction aux petits oignons : un roman dépaysant !!
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