AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,7

sur 77 notes
5
4 avis
4
2 avis
3
2 avis
2
2 avis
1
0 avis
A la fin de la guerre Sino-Japonaise Ximen Nao propriétaire riche de terres et de concubines est exécuté par les communistes de son village et va devoir subir la Dure loi du Karma.
Considérant qu'il s'est bien conduit durant sa vie il va tenter de négocier une réincarnation sympa avec le maitre des Enfers. Mais c'est en ânon qu'il va réapparaitre dans son village. Pas n'importe quel âne toutefois, celui-ci est doté de la personnalité de Nao mais c'est en braiments qu'il s'exprime dorénavant.

Tout au long des 1000 pages du Roman, Mo Yan poussant à fond la carte de l'anthropomorphisme, va faire renaitre Nao dans les corps successifs d'un ânon, d'un boeuf, d'un cochon, d'un chien et enfin d'un singe. Il va ainsi vivre cinquante années d'histoire de la Chine depuis le village de Ximen et suivre les membres de sa famille et ses proches dont il sera toujours un animal familier doté de qualités étonnantes qui feront l'admiration des villageois.

Comme la Chine la famille de Nao va évoluer, de paysans simples et laborieux ils vont, pour certains, aller, sans vergogne, vers le capitalisme et l'individualisme. Dans ce nouveau monde où l'étalage de sa richesse, la corruption et le piston font loi, tous ne se perdront pas mais tous seront atteints.

L'imagination de Mo Yan est sans limites mêlant le réalisme le plus campagnard au fantastique animalier et poétique il tire le meilleur du Karma compliqué de son héros. Les situations inattendues se bousculent. Les personnages sont hauts en couleurs jusqu'à avoir la moitié du visage bleue. Par ailleurs il vaut mieux aimer la gaudriole, Mo Yan est un rabelaisien qui ne craint pas les grivoiseries. L'humour est omniprésent, y compris dans les situations tragiques surgit une occasion de s'en amuser même si les dernières pages sont très mélancoliques.

Il se dégage une vraie chaleur humaine de ce roman magnifique, l'auteur aime ses personnages et cela se sent. Les méchants ne sont que des égarés que la vie a désorientés, les vaincus le sont avec dignité et même le système n'est pas condamné puisqu'il a sorti le village de la misère.
Le seul à être maltraité est Mo Yan lui-même qui est un personnage de son propre roman, l'enfant du village espiègle et turbulent a le don d'énerver les animaux réincarnés et l'adulte écrivain est vu comme arriviste et prétentieux. L'humour c'est avant tout de rire de soi-même.
Commenter  J’apprécie          100
"Je suis innocent !" Ainsi clame Ximen le Trublion au Roi des Enfers après deux ans de supplices bien chinois qui font penser à la recette des beignets frits ou d'un menu vapeur. Innocent quand on le fusilla, en tant que propriétaire terrien, innocent dans l'autre monde, où il n'a rien à se reprocher ! Et alors ? répond le Roi des Enfers en riant :

"on le sait que tu es innocent. Sur terre, ils sont nombreux ceux qui mériteraient la mort mais qui ne meurent pas pour autant, alors que tout aussi nombreux sont ceux qui ne devraient pas mourir mais qui meurent pourtant. Il s'agit d'une réalité sur laquelle notre tribunal n'a aucune prise. Pour l'heure nous allons faire une exception en ta faveur et te rendre la vie."

Et c'est ainsi que Ximen Nao, propriétaire terrien du village de Ximen, marié, deux concubines, deux enfants, reviendra sur terre successivement dans la peau d'un âne, d'un boeuf, d'un porc, d'un chien, d'un singe, sans que les motifs de ces réincarnations successives en soient d'abord bien clairs, l'administration des Enfers semblant souffrir de quelque laisser-aller dans le suivi des dossiers...

Cela pourrait donner un conte semblable à L'Âne d'or, qui est le récit d'un homme se mouvant dans une peau d'âne. Ici, Mo Yan a joué très subtilement de plusieurs registres : l'unité de l'Être Ximen Nao, qui fut tour à tour homme, âne, boeuf, porc, chien, singe et finalement de nouveau humain, qui, ayant choisi dès le début de garder ses mémoires passées (ou plus tard, l'administration infernale oublie de les lui enlever), atterrit dans son ancienne famille, voit ses concubines remariées, ses enfants adoptés, son épouse brimée, commence par en souffrir, et puis, au fur et à mesure que les années passent, et que les réincarnations se succèdent, les souvenirs s'estompent ou se mélangent : ainsi Lan Lian est d'abord le jeune domestique recueilli qui épouse sa concubine et adopte ses propres enfants , mais c'est aussi le maître affectueux de l'âne et du boeuf qu'il a été, et puis une figure distante, quand il est porc reproducteur d'élite chez son propre fils, Ximen Jinlong, le même qui le tua cruellement quand il était boeuf ; et puis il sort presque de la vie de Ximen porc et revient en grand-père de son jeune maître alors qu'il est Ximen chien. Ce même Ximen Chien se réjouit de revoir ses frères canins de la même portée, avant de se retrouver devant "sa fille" celle qu'il a eu du temps de Ximen homme. Et c'est ainsi qu'il se fait cette réflexion :

" Après quatre réincarnations, les souvenirs du temps où j'étais Ximen Nao, même s'ils ne sont pas encore effacés, ont été refoulés tout au fond de ma mémoire par quantité d'événements qui se sont produits depuis. Je crains qu'à tourner et retourner ce lointain passé, la confusion ne s'installe dans mon cerveau et que tout cela n'aboutisse à de la schizophrénie. Les affaires du monde forment un livre que l'on tourne page après page. Si l'on veut voir plus avant, il ne faut pas trop feuilleter les vieux livres d'histoire ; nous autres chiens devons aussi avancer avec notre temps, faire face à la vie réelle. Dans les pages de l'Histoire passée, j'étais son père et elle était ma fille, mais dans la vie présente je ne peux être qu'un chien tandis qu'elle est la maîtresse de mon frère et la soeur cadette utérine de mon maître."

Il en va de même de la Chine, de tous les siens, de tout le village, qu'il voit passer par toutes les phases successives de la République populaire, entre campagnes contre-révolutionnaire, campagne des Cent fleurs, Grand Bond en avant, Révolution culturelle, jusqu'à la mort de Mao et le retour à un semi-libéralisme. Quel lien y a-t-il entre le Ximen Jinlong, adolescent fanatique de la Révolution culturelle et et Ximen Jimong, devenu l'homme le plus riche du village ? Ou le Lan Lian paysan rebelle rétif à la collectivisation, ostracisé par tous, et puis réhabilité quand la propriété individuelle fut de nouveau encouragée ? Comme le dit Jinlong à son demi-frère Lan Jiefang, au temps de Ximen Chien, et se rappelant le temps de Ximen Boeuf :

"Tu te rappelles quand nous menions paître les boeufs sur les grèves ? À cette époque-là, pour te forcer à entrer dans la commune populaire, je te frappais une fois par jour. Qui aurait pensé qu'une vingtaine d'années après la commune populaire s'effondrerait comme un château de sable ? Même en rêve nous n'aurions pu imaginer une chose pareille, que tu deviendrais vice-chef de district et moi président du conseil d'administration, tant de choses sacro-saintes qui à l'époque méritaient qu'on se sacrifie pour elles aujourd'hui ne valent plus tripette."

Cela pourrait ressembler à L'Âne d'or, si Mo Yan n'avait pas évité le piège, ennuyeux sur plus de 700 pages, d'un animal humain, trop humain, qui n'aurait de bestial que son enveloppe charnelle. Bien au contraire, si la personnalité et les souvenirs de Ximen Nao persistent plus ou moins longuement, comme une odeur d'abord puissante puis de plus en plus affaiblie sur un vêtement anciennement porté, s'y rajoutent les émois, les passions, les joies et les souffrances de tous les Ximen animaux qu'il revêt successivement, et d'abord l'amour. Dès le début de ses aventures, alors qu'il est un âne, Ximen Nao, qui a cependant encore tout frais en sa mémoire les attaches conjugales avec son épouse et ses concubines, a soudain la révélation que le bonheur, le plus grand plaisir de toute une vie, ça ne peut être que l'amour d'une ânesse, et de pas n'importe laquelle, mais l'amour de l'ânesse Han Huahua :

"Nos âmes semblent sublimées par cet amour bouleversant, elles sont d'une beauté sans pareille. de nos bouches respectives nous lissons nos crinières emmêlées et nos queues souillées de vase, dans ses yeux je lis une tendresse infinie. La race humaine a une haute opinion d'elle-même, s'imaginant être la plus capable de comprendre le sentiment amoureux, en fait c'est l'ânesse qui est l'animal le plus passionné, je désigne par là bien sûr mon ânesse, l'ânesse Han, l'ânesse de Han Huahua. Debout au milieu de la rivière, nous buvons un peu d'eau claire,npuis nous marchons jusqu'à la grève pour manger les roseaux, jaunis déjà, mais qui ne sont pas complètement vidés de leur sève, ainsi que des baies au suc violet. Par moment, des oiseaux effrayés s'envolent, de rares serpents, énormes, se faufilent hors des touffes d'herbe.Trop occupés à chercher un endroit où hiberner, ils ne s'intéressent pas à nous. Après avoir bavardé un peu pour faire mieux connaissance, nous nous trouvons l'un l'autre un nom pour l'intimité. Elle m'appellera Naonao et elle, je l'appellerai Huahua."

De même quand indignement parachuté dans la peau d'un porcelet nouveau-né – malveillance ou erreur administrative ? – alors qu'on lui avait promis une renaissance humaine des plus flatteuses, Ximen Cochon fait d'abord la grève de la faim. Après avoir eu une vie de boeuf des plus tragiques mais des plus nobles, mieux vaut en finir tout de suite. Mais voilà, si l'âne suit son sexe, le porcelet est tout dévolu à son estomac :

"Elle vise ma bouche, tire sur la mamelle et presse doucement dessus à plusieurs reprises, un liquide chaud jaillit jusque sur mes lèvres, je ne peux m'empêcher plusieurs fois de passer ma langue dessus, oh là là ! Dieu du ciel je n'aurais jamais pensé que le lait de truie, le lait de ma maman truie, était en fin de compte si succulent, si parfumé, il glisse en vous comme du velours, comme de l'amour. En un instant j'en oublie toute honte, en un instant mes impressions sur le contexte ambiant s'en trouvent modifiées, en un instant j'ai le sentiment que la vieille maman truie, couchée sur la paille, occupés à nous allaiter, nous, la ribambelle de frères et soeurs, est sublime, sainte, majestueuse, belle. Je m'empare sans plus attendre de cette mamelle, j'en aurais presque mordu en même temos le doigt de Huzhu. Alors des gorgées de lait humectent ma gorge, pénètrent dans mon estomac, mes intestins, alors je sens que mes forces en même temps que mon amour pour ma mère la truie grandissent à chaque minute, à chaque seconde, alors j'entends Jinlong et Huzhu battre des mains joyeusement et rire, grâce à ma vision périphérique je vois leurs visages jeunes s'épanouir comme des amarantes, je vois leurs mains se prendre, et même si des fragments de souvenirs de mon histoire passent dans mon cerveau comme des éclairs ou des étincelles, à ce moment-là je veux tout oublier, je ferme les yeux, jouissant du plaisir du bébé cochon qui tète."

Autres variations qui empêchent toutes redites, toutes monotonies dans les aléas successifs des réincarnations, le caractère initial de Ximen Nao subit les modifications propres aux qualités et aux défauts moraux que l'on peut prêter à son espèce : Âne fougueux, batailleur et sentimental, boeuf stoïque jusqu'au martyre, bon et placide, porc égoïste, fier et courageux, chien dévoué et intelligent, singe au masque de colère inquiétant mais par qui la libération arrive...

Mais il y a un autre narrateur au dernier quart de l'histoire, un "je" qui double le récit de Ximen Naoe, et il y a aussi le risible Mo Yan, le "petit drôle" du village, laid comme un pou et bavard comme une pie, l'écrivain qui en rajoutera des tonnes en s'inspirant des mêmes épisodes de l'histoire du village Ximen et de toutes ses familles, mais dans un registre nettement moins sobre et plus romantique que celui de Ximen Nao, il faut le dire et pour finir il y a Lan Quinsui, qui racontera toute l'histoire, le bébé "Grosse Tête" par qui tout commence et finit, le 1er janvier 1950 ...

Lien : http://vitanova.blogspot.com..
Commenter  J’apprécie          90
L'avantage d''être précédé par les critiques de consciencieux érudits qui ont tout dit ou presque, c'est de pouvoir s'autoriser à faire court quand l'oeuvre mériterait pourtant qu'on s'étale.

Par son ampleur et sa qualité, La dure loi du karma est à mon avis le chef d'oeuvre de Mo Yan, supérieur au pourtant déjà très goûtu le pays de l'alcool, dans lequel il n'est pas toujours simple de s'orienter (et pour cause, l'inspecteur auprès du parquet suprême dont on épouse le point de vue est bourré du début à la fin).

La dure loi du karma ne fait pas non plus dans la sobriété. Mo Yan est un écrivain truculent, baroque, jubilatoire à son meilleur, qui n'écrit jamais une ligne quand il peut en faire dix. Et parce que Mo Yan est un très grand écrivain, il faudrait aussi en faire des tonnes à son propos, ce dont on se passera cependant, Mo Yan s'en chargeant lui-même (le petit coquin), s'autocitant (faussement), se critiquant et se moquant dans un jeu de miroir drolatique : il semblerait en effet qu'un certain Mo Yan ait fait précédemment son beurre avec l'histoire que le narrateur tente de rétablir...

L'histoire, elle, se résume rapidement : Ximen Nao, riche notable exécuté au début de la révolution chinoise se réincarne en différents animaux. Avec le souvenir de ses précédentes existences, il vit ses vies de bêtes extraordinaires, témoin et acteur des transformations de la Chine, devenant au fil de ses expériences une meilleure personne, tandis qu'il n'est pas sûr que la Chine s'en sorte mieux.

C'est drôle, cruel et burlesque.

Commenter  J’apprécie          80
Sous forme de roman épique, est contée l'histoire des membres du clan Ximen, parents et descendants du maître du village du même nom situé dans le nord-est de la Chine, entre le 1er janvier 1950 et le 1er janvier 2001. L'épopée représente une longue description picturale de l'évolution socio-politique de la République populaire en milieu rural depuis son instauration. le narrateur principal en est le chef de famille, Ximen Nao, fusillé par la Révolution, qui se réincarnera successivement en âne, boeuf, cochon, chien et singe avant de recouvrer la réincarnation humaine qui clôt le roman. L'un de ses descendants par alliance intervient aussi comme co-narrateur, parfois dialoguant avec lui, ainsi que le personnage qui porte le nom de l'auteur, lequel, s'il apparaît dès son enfance et que son identité d'écrivain se mêle avec auto-ironie aux péripéties des autres personnages, ne devient narrateur que dans la dernière partie du récit où le singe est muet. de sa position animale et à travers les avatars de ses réincarnations parfois reconnues, notamment par les personnages aimant le maître et fidèles à sa mémoire, celui-ci peut garder à la fois l'intimité domestique qui le lie à ses gens et un regard discret, humoristiquement critique de leurs vies et des principales étapes historiques que le régime a imposées au village : l'industrialisation forcée, la collectivisation des terres, la course au productivisme des coopératives d'élevage, la Révolution culturelle, la réintroduction de la propriété privée, la tertiarisation capitaliste, la précarisation des classes sociales.
Tout au long de cette lecture interminable et fragmentée, j'ai suivi ma clef de lecture du roman épique, ainsi que l'intuition, corroborée par un certain nombre de notes de la traductrice et par plusieurs indices disséminés dans le texte, que les références étaient nombreuses à certains classiques de la littérature chinoise. Cependant, celle-ci m'étant entièrement inconnue, la piste épique n'a finalement pu me parler que d'après l'epos homérique, et mes carences ont sans doute constitué l'obstacle principal à une jouissance plus compète de l'oeuvre. En effet, j'ai été confronté à un très fort sens d'étrangeté, aussi bien dans le déroulement narratif que dans le style et en particulier dans les métaphores du roman. En ce qui concerne le premier, j'ai été dérouté par le manque de l'unité que l'on prête habituellement au roman, remplacée par une suite de récits quelque peu disjoints – tout comme dans les poèmes homériques à y bien réfléchir – annoncés en début de chapitre comme dans certains livres anciens, et assez dissemblables, hétérogènes et non exempts de longueurs et de répétitions. En ce qui concerne le style, hormis l'étrangeté d'une langue éloignée que la traductrice a eu bien raison de rendre en dépit de la rudesse que cela entraîne nécessairement, cette même hétérogénéité est sans doute le fruit le plus clair des références littéraires multiples qui ne peuvent être comprises que par le connaisseur.
Parfois je me suis demandé si l'estime occidentale pour l'auteur nobellisé n'était pas due principalement à la plume du dissident. Cependant, en fin de lecture et me rappelant les récits les plus réjouissants qui déteignent sur ceux qui semblent plus ternes, je penche vers un jugement global plus indulgent vers l'auteur (et la traductrice) qu'envers moi-même.
Commenter  J’apprécie          30
Cela me fait mal de devoir mettre une note aussi basse à un auteur et surtout Mo Yan. Cela m'arrive très rarement. J'ai été très aspiré au sein des premières pages de ce roman, mais petit à petit, on commence vraiment à s'ennuyer.. Ça ne va pas assez vite à mon goût.

Trop de descriptions, il y a des très nombreux moments où on a l'impression que plus rien n'avance. Alors on tourne les pages en espérant que quelque chose va se passer, mais c'est seulement des centaines de pages plus loin, que quelque chose d'intéressant vient vraiment perturber l'histoire. Et on recommence, des pages et des pages sans rien à l'horizon..

C'est vraiment dommage, car l'histoire est vraiment bien pensée. Karma et réincarnations, Mo Yan était là sur quelque chose de vraiment bon pour amener le lecteur à s'évader dans les terres de Chine.
Commenter  J’apprécie          32
C'est très intéressant de suivre la vie de cet homme tué injustement pendant la révolution chinoise, puisque l'on suit grâce à toutes ses réincarnations le déroulement de la vie chinoise en campagne. On découvre ainsi de plus près la censure, la rééducation des riches par le travail, les conditions de vie, la commune... mais aussi la vie de tous les membres de ce village.

Cela étant j'avoue que ça commence à faire un peu long vers le milieu de la vie de Ximen Nao en cochon. C'est pas qu'on s'ennuie, loin de là ! C'est dense, très riche, mais c'est un peu lent et y'a aussi quelques longueurs qui commencent à fatiguer. Cela dit ça ne dur pas tout le long, puisqu'à la fin de sa vie de cochon on retrouve de nouveau un regain d'intérêt, qui d'ailleurs se confirme quand Ximen Nao est réincarné en chien, vu que dans cette partie du livre on sort de la commune, de l'agriculture, de la politique, pour suivre de plus près la vie des descendants qui se sont établis dans d'autres villes. A ce moment précis du livre, c'est plus les histoires de famille et d'amour qui dominent, ce qui donne un grand bol d'air qui fait du bien, car je crois qu'à la longue et vu que le livre est gros, la vie dans la commune aurait fait sacrément long au point de ne plus devenir intéressante.

Cela dit un bémol vers la fin, j'ai trouvé la dernière vie de Ximen en singe un peu trop courte par rapport au reste. Alors oui j'étais contente d'arrivée au bout de ces 973 pages, mais en comparant au reste ça fait un peu "j'en ai marre d'écrire", mais attention ce n'est pas pour autant que c'est bâclée, ça reste très correct.

Suite blog
Lien : http://voyagelivresque.canal..
Commenter  J’apprécie          30
Il a obtenu le prix Nobel de littérature, avec beaucoup de critiques sur le fait qu'il serait une sorte d'écrivain officiel, jamais inquiété par le pouvoir. J'avais acheté ce roman il y a presque un an, un peu inquiet tout de même de m'attaquer à ce pavé de près de 1000 pages. C'est une bonne surprise : malgré les difficultés liées au contexte géographique, politique et culturel on ne quitte guère le village de Ximen. L'intrigue se déroule de 1950 aux années 2000, le personnage initial de Ximen Nao se réincarne en âne, en boeuf, en cochon, en chien puis en singe. Ce qui m'a plu, c'est le ton quasi rabelaisien, parfois même échevelé. Sous le comique de façade perce quand même une critique politique, les scènes campagnardes alternant rire et drames.
Commenter  J’apprécie          20
Sans doute le projet de Mo Yan, à la rédaction de cet ouvrage, était-il ambitieux. Cet imposant roman couvre en effet six décennies de l'existence d'un village du district de Gaomi, dans le nord de la Chine. Et pour nous servir de guide tout au long de ces quelques soixante années qui aboutirent à faire de la Chine l'une des plus grandes puissances économiques mondiales, Mo Yan a choisi Ximen Nao, un riche propriétaire terrien qui, au lendemain de la proclamation par Mao de la République Populaire, fit les frais de la justice expéditive de ses concitoyens, qui l'occirent sans plus de cérémonie.

Alors... tout est déjà terminé, me direz-vous ?
Eh bien justement, non, tout ne fait commencer !
En effet, après deux ans de purgatoire, Ximen bénéficie de la relative clémence du Roi des Enfers, qui le renvoie dans le monde des vivants, réincarné en âne !
Le lieu de cette résurrection n'est pas anodin, puisqu'il renait au sein même de son ancienne famille, qui a quelque peu évolué... Ses deux concubines occupent la vaste maison dont a été chassée son épouse. Elles se sont respectivement remariées, l'une avec le chef de la milice populaire qui a abattu Ximen, l'autre avec le valet que ce dernier avait, de son vivant, recueilli et élevé comme un fils...

Au fil de réincarnations successives, qui vont tour à tour le transformer en boeuf, en cochon, en chien ou en singe, Ximen est ainsi un témoin privilégié des événements qui troublent le quotidien de son village.
Bénéficiant, en tant qu'animal, d'une sorte d'impunité, il assiste aux mutations qui bouleversent la Chine rurale de la seconde moitié du XXème siècle sous l'impulsion de Mao Zedong, avec tous les dommages collatéraux que cela implique, si tant est que l'on puisse qualifier de collatérale la grande famine, entre autres, qui fit presque trente millions de morts...
En même temps, il est l'observateur des destins individuels des êtres humains qui l'entourent, ces membres de son ex famille qui s'adaptent plus ou moins bien aux mouvements de l'Histoire, et dont le quotidien est rythmé par les contraintes de leur mode de vie agricole.
La vie du village, avec ses traditions séculaires auxquelles viennent se greffer les nouvelles "coutumes" liées au régime maoïste, est ainsi comme la scène d'un théâtre sur laquelle s'agitent des personnages représentatifs de la palette variée des comportements et des sentiments humains. Les opportunistes les plus cyniques y côtoient de braves gens simples et généreux, la compassion des uns parvient parfois à faire oublier la cruauté des autres... Celui qui détient le pouvoir peut, du jour au lendemain, devenir un paria, et les amis d'hier sont susceptibles se révéler vos pires ennemis.

Offrir comme narrateur à la majeure partie de son histoire un individu changé en animal était sans doute une idée judicieuse.
Elle permet à Mo Yan de doter son héros d'un statut grâce auquel il peut porter sur ses contemporains un regard tour à tour acéré et attendri, et relativiser l'importance qu'ils accordent à leurs piètres existences.
C'est aussi l'occasion de dépeindre des situations cocasses, Ximen subissant les aléas de sa condition d'animal en les analysant avec ses émotions d'homme.
Seulement... elles ne m'ont pas personnellement portée à rire. Comme dans "Le chantier", j'ai trouvé que l'écriture de Mo Yan avait quelque chose de poussif, une fadeur qui ne s'accorde pas avec la tonalité burlesque dont il veut parer son texte.
Et puis, "La dure loi du karma" compte à mon avis trop de digressions inutiles, de descriptions dispensables.
Ce roman a la longueur et la prétention d'une fresque épique dont il n'atteint pas la dimension et dont il ne possède pas le souffle.

Une deuxième expérience qui, par conséquent, me convainc de ne pas pousser plus loin la découverte de cet auteur par ailleurs nobellisé, et dont de nombreux lecteurs pensent beaucoup de bien...

A vous de voir...
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
Commenter  J’apprécie          10
Mo Yan est un conteur, et dans les longues soirées d'hiver il doit égayer son auditoire. Cependant, j'ai trouvé ce livre assez ennuyeux. Si on a beaucoup de temps devant soi, on apprend des tas de choses sur la Chine, mais le récit est assez foutraque et donne l'impression que l'auteur force un peu son talent, écrivant facilement et pondant des livres plein de couleur locale pour plaire à son auditoire, sans réellement donner corps à une histoire qui happerait le lecteur.
Bref, de mon point de vue, perte de temps.
Commenter  J’apprécie          10
Malgré son nombre de pages (plus de 900) le livre se lit facilement car le style est vif et l'intrigue passionnante.
J'ai eu le bonheur de lire ce livre en vacances en Chine, dans la province du Liaoning où j'ai pu voir âne, cochon, chien... et bien d'autres figures du livre. Ce livre m'a mis en éveil! A recommander pour qui est susceptible d'avoir un contact même limité avec le monde rural chinois.
L'auteur se jour de la limite floue entre la réalité et la fiction. Quelle inventivité!
Ce livre m'a convaincu de la complexité de la culture chinoise. Les références aux classiques de la littérature chinoise ne manquent d'ailleurs pas! de prochaines lectures en perspective... mais il faudrait que je puisse être réincarné en rat (de bibliothèque).
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (245) Voir plus



Quiz Voir plus

Mo Yan

Mo Yan est , à ce jour, le seul prix Nobel de littérature chinois. Mais en quelle année a -t-il obtenu ce prix ?

1955
2010
2019
2012

10 questions
14 lecteurs ont répondu
Thème : Mo YanCréer un quiz sur ce livre

{* *}