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"Dans le Grand Chambard, une autobiographie romancée, à moins que ce ne soit un court roman autobiographique, Mo Yan, mêlant bribes et anecdotes [euh, c'est quoi, des bribes ???], retrace son parcours et celui de tous les Chinois [ben voyons !], au coeur des mutations brutales de la Chine depuis Mao." : voilà ce que nous raconte la quatrième de couverture. Et vous savez à quel point j'aime les quatrièmes de couvertures ! Là, c'est le suspens total, on en est à se demander avec appréhension si on a plutôt dans les mains une autobiographie romancée ou un roman autobiographique, ce qui relève carrément de la question existentielle, n'ayons pas peur des mots. On pouvait difficilement faire plus accrocheur. Bref. Autre question (elle est de moi, donc moins intéressante, j'en ai conscience) : pourquoi relire Mo Yan alors que j'avais conservé un souvenir très médiocre de ma première rencontre avec cet auteur ? C'est la faute de Meps et de son challenge Nobel, bien entendu !


Il y a bien des années de ça, j'avais emprunté à la bibliothèque le Maître a de plus en plus d'humour, sans doute parce que j'avais vaguement entendu parler de Mo Yan comme d'un auteur en vogue. Je me pointe avec le livre chez ma psychanalyste (avec le covid, vous savez tous maintenant ce qu'est un psychanalyste, ce n'est donc plus un sujet tabou). À la fin de la séance, elle voit le livre posé nonchalamment à côté de moi et me dit : "Ah, vous lisez Mo Yan ?" Je réponds "Euh... oui", ce qui était un mensonge, vu que je n'avais même pas lu la première ligne du roman. Non pas que j'aie voulu lui mentir, mais ça aurait pris trop de temps de répondre que oui, mais non, qu'en fait je venais juste d'emprunter le livre avant de venir, et patati et patata. J'ai donc répondu "Euh...oui" au lieu de "En fait, je viens juste de l'emprunter et je ne l'ai pas commencé", ce qui n'aurait pas pris tant de temps que ça et n'aurait pas été un mensonge éhonté (oui, parce qu'en plus, j'ai attendu des mois avant de le lire). Toujours est-il que j'avais cru discerner dans ce "Ah, vous lisez Mo Yan" un truc du genre "Ah, vous lisez Mo Yan, c'est intéressant" (je n'avais pourtant jamais lu Nathalie Sarraute à l'époque). Mais ne vous méprenez pas, le "c'est intéressant" (qui n'avait pas été prononcé, notez bien), ne sonnait pas à mes oreilles comme le "c'est intéressant" d'un autre psychanalyste de ma connaissance utilisant de grosses ficelles et parlant à votre place (au point que vous vous demandez pourquoi c'est vous qui payez et pas l'inverse), je ne l'avais donc pas entendu comme un "c'est intéressant, qu'est-ce que ça peut bien cacher, ouh la la ?", mais plutôt comme un "bonne pioche, Mo Yan est un auteur intéressant". Ce qui confirmait l'idée que Mo Yan était décidément incontournable. Une fois que j'ai eu lu le Maître a de plus en plus d'humour, déception. Ma psychanalyste était faillible et j'avais perdu mon temps avec un écrivain qui ne m'avait asséné que des platitudes sur les mutations de la Chine.


Bon, ben voilà. Question platitudes, le Grand Chambard se pose là, lui aussi. Des anecdotes en veux-tu en voilà, des anecdotes, des anecdotes et des anecdotes, tout ça sur un fond historique qui va de 1969 à 2010. Déjà, j'ai envie de dire qu'en 2010, je vois pas bien ce que pouvait apporter un tel livre. Mo Yan a l'air de penser qu'il fait de grandes révélations aux Occidentaux sur, encore une fois, les mutations de la société chinoise. Sauf que, désolée pour lui, on n'est pas complètement incultes, on a lu d'autres auteurs chinois contemporains, on a vu des films de réalisateurs chinois contemporains et des documentaires sur la Chine, et on a vu des oeuvres d'artistes chinois contemporains depuis bien des années. Et une autobiographie censée retracer la grande histoire de la Chine qui oublie, comme par mégarde, de parler des événements de la place Tian'anmen en 1989, ben ça m'intéresse moyennement. Donc là, j'ai une question (oui, encore) : admettons que Mo Yan écrive dans l'avenir un roman autobiographique sur les années 2019-2025 (voyons large), est-ce qu'il va oublier, comme par mégarde, de parler du covid-19, des gens qu'on a traînés par les cheveux pour les enfermer de force chez eux, des lanceurs d'alertes disparus et des animaux domestiques, appartenant à des habitants de Wuhan ou d'ailleurs, ou bien encore errants, et massacrés à coups de batte par des policiers ? Et j'en passe, et j'en passe... Nan, parce que si c'est pour me proposer une espèce de fresque historique validée par le régime chinois, je me ne suis ni acheteuse, ni liseuse, ni rien de tout ça. La propagande, j'en m'en passe très bien, qu'elle soit chinoise, française, allemande, états-unienne, ou n'importe quoi d'autre.
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Miracle de la littérature, hier en occident médiéval, aujourd'hui en Chine communiste...

N'ayant jamais rien lu de Mo Yan, prix Nobel de littérature 2012, je suis doublement ravie d'avoir débuté sa connaissance avec un récit autobiographique et d'avoir choisi un récit si vivant, si personnel et si dépaysant.

Dans "Le grand chambard" ("Change" est le titre original), l'auteur et le narrateur sont une même et seule personne - même si ça ne peut jamais se réaliser tout à fait. de son adolescence dans sa province natale et son expulsion de l'école pour une impertinence qu'il n'a pas commise à son ascension sociale comme auteur, en passant par ses temps d'errance personnelle au sein de l'armée, souffrant de son manque de qualifications et frustré dans ses aspirations, Mo Yan nous ouvre les portes d'une Chine à plusieurs vitesses et dont les traditions ont reculé devant le communisme. Un parcours très éloigné de mes repères.

Pour moi qui ne connais vraiment pas grand chose à la culture chinoise, ni à son histoire, encore moins à sa littérature, ce récit a constitué une parfaite introduction et a su éveiller ma curiosité. D'autant plus que j'ai apprécié le style de son auteur qui, au premier abord, pourrait rebuter mais qui, en se développant, se laisse apprécier pour sa simplicité qui touche souvent à l'humilité. Mo Yan est un grand bavard, le lecteur le sent, lui-même l'avoue volontiers et pourtant, la narration reste assez directe et ne s'embarrasse que de rares digressions. Mon seul bémol sera pour le changement de rythme intempestif. Les deux premiers tiers du roman se déroulent en effet sur une période assez resserrée alors que le dernier tiers semble précipiter le lecteur un peu rapidement vers la sortie, en couvrant trente ans.

Une oeuvre brève à découvrir, ne serait-ce que pour se faire une idée de la plume de son auteur.


Challenge de lecture 2015 - Un livre traduit
Challenge ABC 2014 - 2015
Challenge PETITS PLAISIRS 2014 - 2015
Challenge AUTOUR DU MONDE
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L'incipit de ce court roman démarre étrangement « Logiquement, je devrais commencer par écrire sur ce qui s'est passé après 1979, mais voilà, mes pensées toujours remontent bien au-delà de cette date, à cet après-midi d'un jour radieux de l'automne 1969, alors que les chrysanthèmes avaient pris leur teinte dorée et que les oies sauvages s'envolaient vers le sud. » Mo, fils de paysan moyen pauvre. Un enfant solitaire renvoyé de l'école, malchanceux. Mais il persévère et entouré de droitier « professeurs remisés à la campagne » .


Travaux des champs, puis dans une usine, puis engagé dans l'armée. Mo décrit le changement, il se fait petit à petit dans le monde chinois du Grand bond en avant à la révolution culturelle. Les codes en usage s'accompagnent d'une poignée de yuans.Le récit est ponctué de fait historique, le Gaz-51 avec la guerre de Corée, 1979 le conflit avec le Vietnam voisin. On suit la révolution culturelle, Il va rendre visite au mausolée de Mao et se rend compte que la fin de l'idole est un nouveau départ pour le pays. Il passera également par la place Tian'anmen en visitant Pékin

Un superbe récit, autobiographique. mais avec plein de tendresse, d'amour. Mo nous conte son parcours de villageois, pour gravir pas à pas les échelons afin de pouvoir écrire. L'usine et l'armée furent un tremplin pour une autre vie. Il reste malgré très pudique et nous conte les destins de ses amis proches He Zhiwu voyou ou héros ?, la belle Lu Wenli qu'il lie étroitement à sa vie et leur donnant une place prépondérante. Une écriture délicate, plein de clin d'oeil et de métaphores la balle de ping-pong dans la bouche de Liu le crapaud, des maximes parfois hermétiques pour nous autres occidentaux « la pousse de soja tombée dans les latrines et qui essaie de se faire passer pour un asticot à longue queue » ….

Un livre plein de charme, de mélancolies, du passé mais raconté avec un grand art. Mo le reconnait « Passé la cinquantaine, on ne se souvient pas des choses que l'on a sous les yeux, tandis que le passé, lui, se fait de plus en plus distinct. ». Et c'est avec bonheur que l'on lit ce grand désordre.
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Le grand chambard a été une lecture agréable et instructive. Agréable parce que Mo Yan fait preuve de beaucoup d'humour et d'autodérision, que son histoire personnelle est très intéressante et que j'ai beaucoup aimé son écriture. Instructive parce que pour celui qui ne connaît pas ou peu l'histoire de la Chine (c'est mon cas), cette autobiographie de Mo Yan offre quelques éclairages sur ce pays, son histoire récente et sa politique.

Mais pour moi, il y a quand même eu un bémol : j'ai trouvé cette autobiographie de 120 pages un peu courte. L'auteur saute souvent du coq à l'âne et certains passages sont très rapides, certains épisodes de sa vie sont à peine esquissés. C'est très frustrant. En fait, Mo Yan a voulu rendre compte de son « grand chambard », de son ascension sociale puisqu'il était un gamin issu d'une famille de paysans « moyens pauvres » et qu'il est devenu riche et célèbre. Il n'avait donc pas forcément besoin de s'étendre sur plusieurs centaines de pages pour parler de sa scolarité chaotique, de ses fonctions à l'Armée populaire de libération et de son « entrée en littérature ». Peut-être. Mais pour ma part, ce format m'a « moyen plu ».
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Publié en 2010 "Le grand chambard" est un récit autobiographique de Mo Yan, prix Nobel de littérature 2012. Il raconte avec humour son enfance et sa jeunesse chinoise. Ses souvenirs remontent quarante ans en arrière, l'année 1969 à l'école primaire où ses camarades de classes étaient Lu Wenli qui excellait au ping-pong et He Zhiwu le pitre amoureux d'elle.
Mo va se faire renvoyer, accusé de s'être moqué du professeur Liu Tianguang qui a une grande bouche. Il raconte ensuite son espoir de devenir cadre après être entré dans l'Armée populaire de libération. Puis comment la littérature va s'imposer à lui et lui assurer un avenir.
Ce que j'ai aimé c'est le fil conducteur : les parcours de vies se mêlent à l'histoire d'un camion, un vieux Gaz-51, rescapé de la guerre de soutien à la Corée contre l'agression des États-Unis. C'est d'autant plus intéressant que j'ai lu ce livre en Chine et que j'ai bien retrouvé certains lieux décrits comme la place Tien an M'en ou le palais d'été à Pékin.
Par contre, on a l'impression que ce n'est pas toujours bien écrit mais je crois plutôt que c'est mal traduit. La traduction du chinois au français doit être assez compliquée mais quand même il y a des expressions comme "le gars, tu ferais mieux..." en s'adressant à quelqu'un, ce qui ne se dit pas. C'est gênant mais ce qui compte c'est l'histoire de Mo et à travers lui, la Chine de la fin du 20eme siècle et son développement vers une société plus individualiste.

Challenge Nobel illimité
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LE GRAND CHAMBARD de MO YAN
Comme souvent avec cet auteur un récit réaliste plein de verve, d'humour et d'énergie. Je reste admiratif qu'il puisse avoir gardé cette joie de vivre au milieu des horreurs vécues sous Mao. Un de mes écrivains chinois préférés. À lire sans aucune modération .
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Cette expression « prix Nobel de littérature » m'a toujours un peu effrayé : quand et pourquoi un auteur reçoit-il cette distinction ? Est-ce que ce sont des ouvrages inaccessibles, réservés à une élite ou à un groupe d'académiciens ?
J'ai surmonté ce préjugé en en me lançant dans ce livre de Mo Yan, nommé prix Nobel de littérature en 2012. J'avoue que la polémique autour de cette attribution a aussi titillé ma curiosité.
Mo Yan nous propose ici un aperçu très rapide de sa vie : son enfance dans le village de Gaomi, son expulsion de l'école pour insolence, les anecdotes qui ont alimentées son enfance (le fameux camion Gaz-51, le renvoi de l'élève He Zhiwu ou le match de ping-pong), son travail d'intérimaire dans une usine, son poste à l'armée et l'opportunité qu'il a eu d'entrer à l'université.
On découvre aussi brièvement l'aspiration des paysans : devenir un cadre du Parti est le symbole de la réussite.
Mais c'est TROP court : l'auteur évoque en un éclair les évènements et je suis même étonnée que l'ensemble ait pu tenir sur 120 pages. Je n'ai senti ni l'ironie ni la critique du parti communiste. le seul personnage qui sort du lot est He Zhiwu, un opportuniste d'affaires qui arrive à s'enrichir malgré son manque d'instruction. Et c'est là peut-être que réside la force du livre : parler de sa vie mais à la fin basculer, mine de rien, sur He Zwhivu, l'affairiste, et ainsi mettre le doigt sur le paradoxe du système communiste et ses multiples failles.
Quoiqu'il en soit, je suis restée sur ma faim : la brièveté du roman, le style d'écriture léger mais pas exceptionnel. Bref, je vais essayer ces autres romans avant de conclure sur Mo Yan. Un avis mitigé de ma part ! Bof bof bof !
Lien : http://leslecturesdehanta.co..
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Vraiment très content d'avoir découvert cet auteur, prix Nobel de littérature 2012 (ce qui effraye toujours un peu), à travers de ce récit autobiographique romancé.
Mo Yan nous fait découvrir la campagne chinoise qui l'a vu grandir dans les années 70 et dresse un portrait décapant de la société chinoise, mais surtout du parti communiste, de ses règles, de ses codes et de ses absurdités. A travers de nombreuses anecdotes et péripéties, il nous parle de sa jeunesse, de son désir d'entrer à l'armée et de devenir écrivain. Nous vivons son combat chaotique pour quitter la triste condition qui est la sienne.
Tout cela est décrit avec beaucoup d'humour, certes un peu fataliste et résigné, mais juteux. Vous apprendrez à connaître Lu Wenli, championne de ping-pong, l'enseignant “Liu Grande bouche”, le petit voyou débrouillard He Zhiwu mais aussi l'éternel camion Gaz 51.
Ce petit livre amusant, sautillant mais instructif puisque basé sur la vie de l'auteur, vous donne une occasion en or de découvrir un petit pan de la culture et de la litérature chinoises.
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Mo Yan. Qui se traduit : " Celui qui ne dit rien".

http://www.jolpress.com/liao-yiwu-chine-inegalite-corruption-violence-empire-tenebres-dissident-article-816571.html


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Courte autobiographie de l'écrivain chinois Mo Yan, prix Nobel de littérature 2012.

Ce récit est déroutant car il fait référence à tout un univers que je ne connais pas. Quand je lis les autobiographies d'auteurs connus occidentaux, elles éveillent automatiquement en moi des souvenirs de famille ou de vieilles photos en noir et blanc, ou de vieux paysages, des lieux que j'ai vus, en vrai ou sur tableaux anciens.

Dans ce récit, tout est lointain et pourtant on retrouve quelques situations similaires aux nôtres. Par exemple, les relations des jeunes élèves (jeunes cancres) avec leur professeur, la fascination des gros camions sur les jeunes garçons, la fascination que suscite la jeune fille la plus populaire de l'école, la corvée du service militaire et l'absence de diplôme pour les élèves renvoyés de l'école.

La différence la plus frappante à mes yeux est l'insistance sur la réussite matérielle, les gains d'argent, et, à l'inverse, l'absence de toute référence spirituelle, ou de dépassement de soi (autre que matérielle). Ainsi le souhait de "mourir en héro" à la guerre n'est pas suscité par un idéal, mais par le désir que les vieux parents deviennent "parents de martyrs", pour recevoir aide matérielle et notoriété.

Il faut donc lire ce livre avec curiosité. le seul petit bémol est "l'histoire dans l'histoire" d'un autre gars de la classe, qui n'apporte pas grand chose au récit autobiographique de l'auteur.

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