AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Arimbo



Un roman (et un auteur) découvert grâce à mes amies babeliotes hordeducontrevent et mh17.

Absolument étonnant et en même temps réjouissant que de lire un tel ouvrage, écrit dans un pays tout ce qu'il y a de totalitaire, et qui, il faut bien le constater, le devient encore plus avec le pouvoir de Xi Jinping.

Il fallait vraiment un bonne dose de courage pour oser écrire ces pages, et on peut comprendre que ce livre soit toujours interdit en Chine depuis sa parution en 2005, et que l'auteur ait été chassé de l'armée en 2002 pour la publication d'un autre roman, Bons baisers de Lénine.
Je me demande d'ailleurs comment cet écrivain peut encore résider à Pékin, comme l'indique sa biographie.

Car cette histoire est absolument jubilatoire, menée par un auteur qui pratique avec brio l'humour pince-sans-rire, qui nous sert de façon parodique des paroles de Mao ou d'autres dignitaires du régime chinois, à commencer par le titre Servir le peuple, qui est tourné en dérision pour prendre ici une connotation bien particulière.

A une époque qui doit se situer dans les années 1960 , le jeune Wu Dawang, issu de la paysannerie, est un soldat modèle, zélé à l'extrême, connaissant par coeur les phrases du petit Livre Rouge, et voulant par sa docilité au service de l'armée devenir cadre et pouvoir ainsi résider avec sa famille en ville. Comme il est aussi exceptionnellement doué pour la cuisine, le Colonel de son régiment le recrute pour lui servir à la fois d'ordonnance et de cuisinier.
Ce colonel est marié avec une très belle femme plus jeune que lui, Liu Lian qui trouve Wu Dawang bien séduisant, et lui laisse entendre que Servir le peuple, c'est aussi servir la femme d'un gradé.
Le Colonel part en mission à Pékin pour deux mois, laissant le champ libre à la belle. Après avoir été réticent, car il est marié, notre héros succombe et c'est une liaison torride qui s'installe, et quand un «coup de mou » survient dans leurs ébats, les amants s'aperçoivent que la destruction des « icônes » du régime, portrait ou buste en plâtre de Mao, maximes affiches au mur, etc.. stimule à chaque fois leur libido, et chacun des amants, pour retrouver l'excitation, surenchérit avec une volupté rageuse en se prétendant le meilleur ou la meilleure « contre-révolutionnaire ».
Mais le Colonel doit bientôt revenir, et Wu Dawang quitte sa belle qui lui annonce être enceinte de ses oeuvres.
La dernière partie du roman est un peu moins réussie, plus incertaine, mais j'ai trouvé la fin suggérée par l'auteur plutôt belle, je n'en dis pas plus.

On comprend que ce roman satirique qui tourne en ridicule les maximes et objets sacrés du communisme chinois, n'ait pas plu du tout aux autorités du pays.

J'ai beaucoup aimé aussi l'écriture du roman, surtout dans la première partie, avec son choix de citations détournées de leur sens, ses métaphores comiques.

En conclusion, grâce à Babelio, encore une belle découverte, et une forte envie de lire d'autres livres de l'auteur, il paraît d'ailleurs qu'il a écrit des romans forts et émouvants, et d'autres très poétiques
Commenter  J’apprécie          243



Ont apprécié cette critique (22)voir plus




{* *}