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4,16

sur 869 notes
Dans ce roman très sombre on suit le parcours de quatre amis sur plusieurs décennies. Chacun de ces garçons ayant fait de brillantes études, ils excellent dans leur domaine, qu'il soient artistes, avocat ou architecte, et évoluent dans le monde new-yorkais.

Le livre se construit autour du personnage énigmatique et solaire de Jude.
On sait qu'il souffre, on se doute de la nature de ses blessures, on voudrait comprendre.
L'auteure ne nous épargne en rien les détails lorsque l'enfance puis l'adolescence de Jude nous apparaissent sous la forme de bribes de souvenirs, dans toute leur noirceur.

Jude exerce une fascination, un émerveillement, un trouble, sur le groupe. Il l'exerce aussi sur le lecteur. Comme un magicien, habile dans l'art ne pas dévoiler toutes ses blessures, il s'immisce dans nos pensées, il y plante des images, des cauchemars, et si peu d'espoir. Il oscille entre la peur et la haine de soi, sans jamais oser espérer le bonheur.

Une histoire où tout est extrême — trop d'horreur, trop d'amitié, trop d'amour, trop de talents — pour que l'histoire paraisse crédible. Des personnages bons (avec quelques failles pour .JB., mais si peu), d'autres horribles. Comme dans un conte de fées de noir vêtu jusqu'à la fin.

Cette histoire a cependant l'intérêt de nous embarquer au cœur des hommes, au plus profond de ce qu'ils sont capables d'accomplir, en bien comme en mal. Et aussi de se construire sur un schéma différent de ce qu'on attendrait de la vie de ces hommes au fil du temps. Ce sont toujours de grands garçons , des "Peter Pan", qui ont su sauvegarder leur belle histoire d'amitié, tout au long de leur vie. Ils s'épanouissent différemment de la norme.

Le cas de Jude est à part. C'est un adulte enfermé à jamais dans l'enfer de son passé. Et tout au long des pages, on le voit toujours comme un enfant blessé, qui ne sait pas recevoir, ni se voir tel qu'il est.

Un roman qui souffre de longueurs, de répétitions de scènes trop ciselées, trop précises. On a l'impression d'être dans un labyrinthe où toutes les portes ne mèneront de toute façon à aucune issue positive, quoiqu'il se passe. Un labyrinthe de l'enfer.

Au final que peut-on retenir de cet intense roman noir ?
Une histoire émouvante où l'essentiel de la narration traite des traumatismes de l'enfance. Leurs impacts sur la vie sont- ils réparables, quand ils sont si profonds ?
Il aborde aussi d'autres thèmes, sur la famille, la vieillesse, l'homosexualité, l'addiction.
D'autres questions aussi :
Jusqu'où l'homme peut-il aller dans sa cruauté, dans sa capacité à supporter la douleur et la solitude, à souffrir de l'abandon, à comprendre l'autre, à partager, à donner ?
Est-il encore humain quand il se montre parfois si cruel ?

C'est un roman sur la vie et les hommes, où chacun voudrait une vie comme les autres, humaine, avec ses instants de bonheur. Bonheur qu'on ne sait pas toujours expliquer.

C'est un roman perturbant, angoissant. Les faits paraissent exagérés car ils sont insupportables, mais la vie nous démontre parfois que l'homme est cruel, et que peut-être nous sommes trop naïfs.

Je remercie la Masse Critique de Babelio et les Éditions Buchet-Chastel pour ce roman qui ne laisse pas indemne, qui montre une facette de l'homme qu'on préfèrerait ne pas voir.



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Tel que son éditeur le présente – la chronique sur trente ans de quatre amis de fac venus conquérir New York, un grand roman américain au souffle puissant !... – je m'étais dit qu'Une vie comme les autres avait tout me plaire. Peut-être l'occasion de me racheter auprès de Babelio après avoir égratigné le précédent ouvrage qui m'avait été proposé à la critique.

Un grand avocat, un grand acteur, un grand peintre, un grand architecte. de vraies réussites pour les quatre amis de fac, chacun dans sa spécialité, avec argent et célébrité à la clé. Mais n'allez pas imaginer une grande fresque romanesque, conforme aux canons du rêve américain, empreinte d'optimisme, d'aventures et de victoires, juste écornées comme il se doit par les contrariétés et les peines qui ne manquent pas de frapper ceux qui sacrifient leur vie privée à leurs objectifs professionnels. Dans ce roman, les brillantes success stories des quatre personnages ne sont qu'une toile de fond.

Une vie comme les autres est un roman intimiste sombre, très sombre. Tellement sombre dans certaines pages, qu'il m'a inspiré par instant – à l'opposé d'un genre littéraire qui fait fureur aujourd'hui – un fort sentiment de feel bad.

Le livre est essentiellement consacré au parcours de l'un des quatre amis. Cet homme, Jude, mène une vie qui donne l'apparence d'être comme les autres. Il s'emploie activement à donner cette apparence, avec, en façade, une brillante et profitable carrière d'avocat.

Mais en réalité, sa vie n'est pas une vie comme les autres. Jude traîne un handicap, une difformité ou un blocage – ou peut-être les trois à la fois ! – qu'il s'efforce en permanence de dissimuler, mais dont les stigmates échappent certains jours à son contrôle. Il porte aussi la mémoire d'une vulnérabilité qui ne s'efface jamais, et le pressentiment d'une culpabilité dont il ne parvient pas à se libérer. Un pressentiment secret qui ronge son estime de soi et le conduit à s'infliger des scarifications, des automutilations à la lame de rasoir, qui au final ne font qu'aggraver ses disgrâces physiques et psychologiques.

Peut-on mener une vie comme les autres quand on a eu une enfance pas comme les autres ? Une enfance dont les monstrueuses circonstances ne sont dévoilées que tardivement au lecteur. Pas besoin cependant d'être grand clerc pour lire entre les lignes et vite comprendre que l'enfance de Jude l'aura mené d'avilissements en avilissements, dans une véritable corruption du corps et de l'âme qui lui a été imposée à son corps défendant – une expression qui prend vraiment tout son sens –, jusqu'à l'« accident » final qui lui vaudra son handicap physique.

Beaucoup de longueurs, de détails et de répétitions dans le récit, qui semble pourtant enfermé dans une sorte de rythme circulaire en trois mouvements schématiques. Dans un premier temps, ses amis implorent Jude de leur expliquer l'origine de ses accidents de santé récurrents. Deux, Jude se dérobe, sous des prétextes qui sont toujours à peu près les mêmes. Trois, se sentant coupable de son manque de transparence, il se punit par de nouvelles scarifications, aggravant encore ainsi son état de santé. Ses amis, intervenus pour lui prêter assistance, demandent à comprendre... bouclant ainsi la boucle.

Difficile d'être captivé pendant les huit cents pages de ce roman, si l'on n'éprouve pas une empathie sincère pour ses personnages, d'autant plus que la lecture n'en est pas toujours fluide. Peut-être influencé par les ouvrages que j'avais lus précédemment, j'ai été contrarié par la rugosité du texte, par la banalité et le manque de finesse de son écriture en français, sans que je puisse dire s'il reflète le style de Hanya Yanagihara, ou si la traduction manque de polissage.

Une vie comme les autres plaira surtout à ceux qui portent un intérêt particulier, voire personnel, aux grands thèmes qui y sont développés, les séquelles de l'enfance abusée, l'addiction à l'automutilation, l'homosexualité masculine.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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♫ Les Quat'zamis
Sont contents quand ils sont réunis
Les Quat'zamis
Sont heureux car ils aiment la vie ♪

Effectivement au nombre de quatre, Willem, JB, Malcolm et Jude, je pose trois et je retiens un, ils se sont juré amitié et soutien indéfectible alors qu'ils n'étaient encore que de jeunes adultes emplis de fougue et d'ambition légitime au regard du potentiel de chacun.
Heureux d'être ensemble, assurément.
Heureux car ils aiment la vie mériterait un sérieux bémol. J'en vois un qui traine sérieusement la patte sur le guilleret chemin de la vie. Oui, Jude, inutile de te cacher, tu es le maillon faible. L'élément perturbateur du quatuor. le quidam éprouvé, furieux adepte des idées noires de Franquin, qui aura cependant le plus touché mon p'tit coeur de lecteur pourtant rompu aux pires atrocités.

Une Vie Comme Les Autres est le bouquin des "trop". Pas de trop, loin s'en faut.

Bien trop long à démarrer, il aura nécessité pas moins de trois boites d'escargots Gérard, format familial, pour susciter un quelconque intérêt de ma part. Un envol pris tardivement page bien trop loin mais qui aura eu le mérite d'asseoir un récit particulièrement captivant et éprouvant par la suite.

Une ambiguïté fondatrice sur le passé de Jude usée jusqu'à la corde.
Le suspense, c'est bien. Mais sur 800 pages, penser à parsemer la bête de moult rebondissements histoire de fidéliser le chaland, c'est pas mal non plus.

A trop charger la mule qu'à la fin elle se casse. Proverbe cité de mémoire conjecturalement poreuse.
Jude est un catalyseur à emmerdes. L'incarnation vivante du malheur et de l'affliction qui en découle.
Le chemin de croix de JC, à côté, c'est Alice au pays des merveilles.

Nonobstant ces quelques griefs personnels, Hanya Yanagihara interroge véritablement sur le sens de la vie, de l'amitié et sur sa capacité personnelle à transcender un passé chaotique par trop prégnant.
L'amour et l'amitié comme remparts ultimes à la noirceur morbide qui squatte vos synapses inlassablement, y a pire comme sujet.
Si l'univers qui vous est ici proposé est monstrueusement friqué, il prouve que le bonheur ne se déclame pas à l'aune de sa réserve à biffetons.
L'interaction entre ces quatre potes est intéressante mais peine à faire vibrer le curseur plaisir comme le fera ultérieurement et sans discontinuer l'ami Jude et sa cohorte de révélations sordides.
Le style relativement sans relief de l'auteure ne l'empêchera pas de toucher, de temps à autre, au sublime.
En effet, le lecteur, en totale empathie avec ce prétendu serial loser autoproclamé, pourrait même avoir le palpitant au bord des larmes. Des moments de grâce bien trop rares pour faire oublier les innombrables pages ronflantes qu'il aura fallu se fader auparavant.

Une vie comme les autres est un bon bouquin qui aurait gagné en intensité s'il avait affiché quelques centaines de grammes en moins sur la balance.

Merci à Babelio et aux éditions Buchet-Chastel pour cette déprime passagère...

PS: gros bémol sur la couv', véritable pub vivante pour les dragées F**aaaa...
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JB, Malcolm, Willem et Jude. Ils sont quatre, se sont rencontrés sur un campus universitaire et ne se sont plus quittés des bancs de la fac jusqu'à leurs premiers pas à New-York et la consécration de leurs carrières. JB, c'est le peintre. Il est d'origine haïtienne, aperdu son père très tôt et a été élevé par des femmes, sa mère, sa grand-mère et sa tante. JB est sûr de son talent, ambitieux, persuadé qu'un jour il sera au sommet. Pour réussir, il est prêt à tout et n'hésite pas à profiter de ses amis, voire à les trahir. Malcolm, c'est l'architecte. Il est métis, sa famille est riche, il a vécu chez ses parents jusqu'à près de 30 ans. Malcolm est discret, gentil, serviable. Il a du mal à prendre son envol, il hésite à ouvrir son propre cabinet d'architecture, par peur de décevoir ses parents. Willem, c'est l'acteur. Il est né en Suède dans une ferme avec des parents taiseux et un frère polyhandicapé dont il s'est beaucoup occupé. Il est beau sans le savoir, d'une gentillesse rare, dévoué à ses amis. Jude, c'est l'avocat. de ses origines, il ne sait rien, de son passé, il ne dit rien. Jude a vécu l'enfer et son corps en garde les séquelles, il boîte et souffre beaucoup du dos. Moralement, il est aussi très marqué mais il refuse de se confier, accorde difficilement sa confiance, se bat pour mener ''une vie comme les autres''. Ses amis sont une bénédiction pour ce solitaire dans l'âme, surtout Willem dont il est très proche.
Durant trente ans, nous allons suivre ce quatuor inséparable, de leurs débuts à leurs succès les plus éclatants. JB, Malcolm, Willem et surtout l'insaisissable Jude, diminué mais charismatique, sombre et solaire à la fois. C'est lui qui cristallise l'amitié des trois autres, toujours là pour l'aider, le soutenir, le protéger malgré son souci constant de ne pas être un poids, de se débrouiller par lui-même.

4 amis, 30 ans et...813 pages. C'est un poil long pour découvrir les terribles secrets de Jude. Hanya Yanagihara n'en finit pas d'entretenir un suspense lancinant en distillant des informations (toujours sordides) sur le passé de cet homme qui n'a vraiment pas eu de chance, tombant entre les mains des pires prédateurs les uns après les autres. Cette accumulation tend d'ailleurs à rendre son récit peu crédible. Et même si l'on passe sur le fait que ce cher Jude n'a vraiment pas eu de chance, il reste son comportement exaspérant tout au long de sa vie d'adulte. Lui qui se veut discret, qui n'aime pas solliciter l'aide des autres, est en fait constamment en demande. A force de vouloir tout faire tout seul, il commet moultes erreurs qui font de lui un boulet. Comment ses amis supportent-ils cela de longues années durant ? Grâce à leur bon coeur, bien sûr ! Que de grands sentiments, d'amitiés indéfectibles, de fidélité, d'amour même ! Mais malgré tout cela, Jude reste enferré dans son passé. Il a tellement été battu, exploité, humilié, rabaissé qu'il ne croit plus qu'on puisse l'aimer, qu'il s'imagine sale, laid, repoussant,mauvais. Et tous les témoignages d'affection autour de lui n'altèrent en rien cette idée qu'il ne vaut rien...Seules les scarifications qu'il s'inflige le soulagent un peu de sa douleur morale. Alors il ne se prive pas ! Il se lacère les bras à tout-va, causant le désespoir de tous ses proches.
Bref, ce personnage est un sac d'ennui qui met quotidiennement à l'épreuve l'amour de ses amis et la patience du lecteur.
Par ses excès, l'auteure a voulu créer l'empathie chez le lecteur et cela marche pour certains. D'autres seront saturés par toute cette noirceur, ne croiront pas à cette malchance chronique et s'impatienteront devant un Jude qui aspire au bonheur sans se donner les moyens de l'atteindre. le roman n'est pas mauvais, il se lit comme une saga américaine où les gens sont beaux, gentils, très riches et vivent dans l'opulence en plein coeur de Manhattan. Il aurait gagné à être plus nuancé et aussi plus court. Par contre, il faut avoir le coeur bien accroché pour supporter la vie désastreuse de Jude, âmes sensibles, s'abstenir.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Buchet Chastel pour leur confiance.
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UNE VIE COMME LES AUTRES
de Hanya Yanagihara
traduit par Emmanuelle Ertel
Éditions Buchet ● Chastel

******* ❤ C O U P  d'E  C O E U R ❤ *******

Pendant une trentaine d'années, on suit le parcours de quatre amis qui se sont rencontrés à la fac (Malcolm, JB, Wilhem et Jude), mais le récit tourne principalement autour de Jude.

Jude est un écorché vif. Il garde ses traumatismes au plus profond de lui et est incapable de les partager avec les personnes qui l'aiment. C'est un être constamment tiraillé entre la résignation que sa vie puisse continuer comme toujours et l'espoir que son existence change. Et Jude a beau essayer de dominer ses souvenirs, ils reviennent sans cesse pour l'assaillir, tels des hyènes sur une charogne.

Les mots me manquent pour vous parler de ce livre magnifique et bouleversant qui parle d'amitié, d'amour et surtout de la vie. L'histoire est triste avec des pages très douloureuses et malgré tout, il se dégage une telle beauté de ce texte... que je ne crois pas avoir lu, depuis "Albertine disparue", d'aussi belles pages sur la disparition d'un être aimé.

Quand aux personnages, ils sont tellement réels que l'on ressent une forte empathie pour eux.

Je sais que certains lecteurs ont trouvé des longueurs à ce roman mais ce n'est pas mon cas (en même temps, j'adore les "pavés" et j'avoue avoir de la peine avec les nouvelles). Pour ma part, aucune page n'est superflue et j'en aurais volontiers pris une centaine de plus.

Je l'ai lu juste après "My absolute darling" et les thèmes sont similaires mais, surtout, complémentaires. En fait, "Une vie comme les autres", à sa façon personnelle, prolonge "My absolute darling".

Et la traduction d'Emmanuelle Ertel est aussi belle que ce roman.

Je terminerai par une phrase du livre :

"L'amitié n'était-elle pas en soi un miracle, le fait de trouver une autre personne qui rendait le monde entier et sa solitude en quelque sorte moins solitaires ?" (p647)
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Comment parler d'un livre qui vous a pris aux tripes pendant plus de 800 pages, vous a fait sangloter à de nombreux moments et vous a laissée finalement sans voix une fois la dernière page tournée ? Comment parler d'un roman dont la lecture fut parfois plus une épreuve qu'un plaisir, mais une épreuve dans le bon sens du terme, je ne parle pas d'un pensum mais d'une pente très ardue à gravir, d'un effort qui fait du bien parce qu'il nous invite à puiser dans ce que nous avons de meilleur en nous ? Oui cette lecture fut parfois physique tant j'ai eu l'impression que tout mon corps y prenait sa part. Et oui, elle laissera des traces.

Surtout ne pas se laisser impressionner par l'épaisseur et la densité de l'objet. Certes, au poids le lecteur en a pour son argent, au nombre de mots aussi. Mais surtout, il n'est pas près d'oublier la figure de Jude, héros central de cette saga qui suit sur près de quarante ans le destin de quatre amis new-yorkais qui se sont rencontrés au lycée ; Jude dont les mystères et les silences cachent des souffrances, des failles et une histoire terrible. Il y a Malcolm, l'architecte toujours en quête de reconnaissance, J.B. l'artiste-peintre talentueux mais n'hésitant pas à se nourrir de son entourage pour faire avancer son oeuvre, le beau Willem devenu acteur à la notoriété certaine, et Jude que le handicap physique (il souffre le martyr et marche difficilement suite à un accident de la circulation survenu lorsqu'il avait quinze ans) n'empêche pas de devenir un redoutable avocat dans l'un des meilleurs cabinets d'affaires de Manhattan. Jude, persuadé qu'il ne mérite pas le bonheur.

S'il est question d'amitié entre ces quatre protagonistes, c'est autour de Jude que s'articule l'intrigue, Jude et ce passé qu'il s'applique à taire mais qui le hante, le contraint, le ronge. Un passé que le lecteur découvre peu à peu, au fur et à mesure que grandit sa relation avec Willem, l'ami indéfectible, et celle qu'il noue avec Harold, véritable père de substitution. Autour de Jude se tissent des liens d'amour fantastiques alors même que certains perçoivent sa détresse et sa fragilité sans avoir réellement idée de l'horreur dans laquelle elle puise ses racines. Cet amour, pur et désintéressé est l'une des choses les plus magnifiques qui m'aient été données de lire ces dernières années ; c'est lui qui fait jaillir les larmes, éclater les sanglots, penser qu'on aimerait tous tellement être aimés ainsi.

L'avantage de faire long, de s'attacher aux détails et aux moindres ressorts psychologiques des personnages c'est qu'on entraîne le lecteur au coeur même de l'intrigue. Il n'est plus lecteur, il est Jude. Il ressent, il souffre, il espère et il désespère. Il se demande comment il tiendrait, lui, s'il avait traversé les mêmes épreuves. A travers Jude s'affrontent la noirceur du monde dans ce qu'il a de pire et la beauté de l'amour dans ce qu'il a de plus merveilleux et de plus consolateur. Un combat de tous les instants, dont les répits sont désespérément trop courts.

Ce livre est d'une intensité dramatique rare, un pur "mélo" dans ce que le genre a de meilleur à offrir. Car il interroge notre façon d'appréhender la vie et ses souffrances inhérentes. Bouleversant et magnifique.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Un livre absolument bouleversant, malgré toutes ses outrances (trop de pages, trop "urbain", trop de réussite sociale, trop de souffrances) qui fouille très profondément au fond des affres les plus abominables et des grâces les plus sublimes de l'âme humaine.
Ils sont quatre amis pour la vie, rencontrés à l'université et que l'on suit sur quatre décennies. Mais c'est Jude qui aspire toute la lumière noire de ce sombre et beau roman, Jude l'éternel enfant irrémédiablement traumatisé par une entrée cauchemardesque dans la vie, Jude l'effacé, enfermé en lui-même, que ses trois amis couvent pourtant d'un amour indéfectible.
Je ne suis pas sûre que ce roman constitue, comme l'annonce l'éditeur, une réinvention du grand roman américain, mais ce dont je peux témoigner c'est qu'il est totalement fascinant, et qu'il exerce un attrait hypnotique sur le lecteur qu'il emmène dans de rares profondeurs émotionnelles.
Jude est un de ces personnages d'une densité telle qu'une fois rencontré, il devient une partie de soi-même.
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J'ai mis longtemps à lire Une vie comme les autres. Non seulement j'ai mis longtemps, mais j'ai dû faire des pauses (deux BD, deux brefs romans) à cause de la densité du récit et des abominations qu'a subies dans son enfance et que continue à subir le personnage principal. À vrai dire, j'ai failli abandonner avant la fin de la première partie, très touffue, où l'on côtoie pléthore de personnages et où on passe de l'un à l'autre sans réussir à cerner qui est qui. J'avais l'impression d'être conviée à une fête où tout le monde se connaît, mais d'être étrangère à ce groupe, et finalement de rester sur le pas de la porte à regarder évoluer les uns et les autres sans trop comprendre ce qui se passe… et c'est exactement, je crois, l'effet recherché. Cependant, dès son apparition, le personnage de Jude est tellement fascinant que je me suis obligée à continuer. J'ai bien fait : j'ai beaucoup aimé ce roman très noir et tragique.
***
Hanya Yanagihara nous invite à suivre quatre amis qui se rencontrent à l'université qui ne se perdront jamais longtemps de vue sur une période de trente ans. L'autrice nous les présente souvent dans des situations extrêmes dans lesquelles elle dissèque leurs motivations et fouille les tréfonds de leur âme. Chacun d'entre eux traîne avec lui les traumatismes de son enfance. Selon la variété des expériences vécues, chacun tente d'aborder puis de traverser l'âge adulte avec ses moyens. Deux d'entre eux ont vécu ce qu'on pourrait qualifier d'enfance normale, le troisième a perdu un proche qu'il adorait. Et nous découvrirons petit à petit, sans ordre chronologique, avec divers retours en arrière et des changements de narrateur, les secrets, les peurs, la douleur, le sentiment de culpabilité et le désespoir de Jude St Francis, le personnage principal, pivot autour duquel s'articule cette histoire.
***
Dans ce roman où n'évoluent pratiquement que des hommes et dans lequel les femmes sont dévolues la plupart du temps à des rôles de figurantes, de nombreux thèmes sont abordés grâce aux quatre amis et aux personnes qui les entourent. Il sera question d'amitié, bien sûr, mais aussi de racisme, d'homosexualité, d'automutilation, d'amour filial, d'art, de pédophilie, d'orientation sexuelle, de réussite professionnelle, de prostitution, et j'en oublie forcément. L'écriture de Hanya Yanagihara m'a parfois rappelé celle de Joyce Carole Oates : beaucoup de longues parenthèses souvent digressives, de développements entre tirets, de fréquents passages au style indirect libre et des rôles différents dévolus à l'italique. La qualité de l'ensemble se révèle pourtant inégale à cause de certains développements trop longs à mon goût, bien qu'ils ne soient jamais gratuits. Dans la traduction d'Emmanuelle Ertel, certaines fautes de syntaxe m'ont dérangée, particulièrement dans l'emploi des verbes pronominaux (il se garda la face, par exemple) ainsi que la suppression systématique de l'article défini devant le mot « Docteur », calquant l'usage de l'anglais, pour ne citer que ces scories-là. Dommage, mais il faut lire ce formidable roman malgré ses défauts : il est bouleversant.
***
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Bouleversant! Je suis tellement entrée dans le récit que juste par égard pour Jude, qui a tellement souffert dans sa vie, je déconseillerais la lecture de ce roman pour ne pas le refaire souffrir encore et encore...
J'ai rarement lu un témoignage de tant de douleurs, où le corps lui-même devient le personnage principal, le centre de ce roman où on le voit maltraité, agressé, mais aussi résilient, aimé, désiré, soigné, où l'on le découvre sous des aspects peu connus, dans ses extrêmes, dans ce qu'il est capable d'endurer. Pour tout dire, je ne savais rien du thème du roman si ce n'est que ça évoquait l'amitié de quatre hommes sur plusieurs décennies, et si j'en avais su plus, je ne l'aurais peut-être pas lu, et pourtant.
Le roman est dense (800 pages) et palpitant, nous emportant dans des sphères empathiques inattendues. J'ai ressenti des sentiments, éprouvé des sensations auxquels je ne suis pas habituée. Arrivée vers la fin, je dois quand même dire que je commençais à m'épuiser de tant de pathos car, accrochez-vous futurs lecteurs, il y a peu de temps calme.
J'admire l'autrice pour cette capacité qu'elle a eu de décrire avec tant de justesse les émotions de chacun des personnages, mais en particulier ceux, très complexes, de Jude suite à cette enfance maltraitée. J'ai été bouleversée aussi par son entourage qui reste auprès de lui malgré les tempêtes traversées.
Un roman qui fait du bien, malgré tout.

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On suit une bande de potes, à l'aube de leur vingtaine, à New York et sur plusieurs dizaines d'années.

Jude, l'avocat au mystérieux boitement, glissement, Willem, l'acteur BG, JB, l'architecte, Malcolm, l'artiste peintre. Un pavé (plus de huit cent pages !) qui nous laisse le temps de nous imprégner des personnages, de leurs vies, leurs lubies, leurs désirs, leurs blessures, leurs erreurs, leurs souffrances.

La psychologie des personnages est très détaillée, ainsi que leur quotidien.On suit leurs existences, on grandit, on aime, on affronte (difficilement, douloureusement parfois) avec eux.

Les bonnes années succèdent aux mauvaises, et vice et versa. « Les Années d'ambition. Les Années d'insécurité. Les Années de gloire. Les Années de désillusion. Les Années d'espoir. »

Chacun a son histoire, son passé, ses secrets, mais c'est bien autour de Jude, le personnage le plus énigmatique de ce roman, que chacun des trois amis gravitent plus ou moins étroitement. Il est en souffrance, fragilisé par des événements de son passé que l'on découvre au fur et à mesure de la lecture. Une souffrance, une douleur viscérale avec laquelle il lui faut vivre.
« Lorsqu'il s'était promis qu'il n'essaierait pas de réparer Jude, il avait oublié que tenter d'élucider une personne revenait en fait à désirer la remettre en état : diagnostiquer un problème, et ensuite ne pas tenter de le résoudre, ne lui semblait pas seulement nonchalant, mais immoral. »
Un très grand roman sur l'Amitié et la souffrance. Un pavé troublant de vérités dont je suis ressortie soufflée. Un roman bouleversant, très émouvant, sombre, qui égratigne.

« Tu ne comprends pas ce que je veux dire maintenant, mais un jour tu comprendras : le seul truc avec l'amitié, je pense, consiste à trouver des gens qui sont mieux que toi – pas plus intelligents ou plus cool, mais plus gentils, plus généreux et plus indulgents -, et puis de les apprécier pour ce qu'ils peuvent t'enseigner et à essayer de les écouter quand ils te disent quelque chose sur toi-même, que ce soit une bonne ou mauvaise chose, et de leur accorder ta confiance, ce qui est le plus difficile. Mais aussi le plus gratifiant. »
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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