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EAN : 9791033903246
400 pages
Harper Collins (13/02/2019)
3.8/5   30 notes
Résumé :
Claire Evans vit dans un monde où la mémoire à long terme est une utopie. En sortant de l’adolescence, hommes et femmes découvrent à quelle catégorie ils appartiennent. Les chanceux font partie des Duos, capables de se souvenir des dernières 48 heures de leur vie. La mémoire des Monos, comme celle de Claire, se limite à la journée de la veille. Chaque soir, tous consignent religieusement leurs souvenirs sous peine d’oublier qui ils sont. Qui ils aiment. Ce qu’ils on... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Challenge plumes féminines 2020 – item n°18

Livre découvert au moment des ventes d'éditions de poche sur les gondoles du Leclerc. le titre et la couverture ont attisé ma curiosité, le résumé m'a fait l'acheter encore plus vite, mélange de dystopie et de thriller. Il aura fallu que je me mettes à jour de mes pioches pour pouvoir l'intégrer à mes encours.

Le début est très énigmatique avec ses monos, ses duos et leurs journaux. Heureusement qu'on a quelques informations avec le résumé sur ce sujet. L'auteur alterne l'histoire entre Claire (une mono), son mari Mark (un duo) et plusieurs autres personnages. Elle leur a aussi imaginé des modes de pensées et de réflexions très particuliers avec des « faits » et des réponses à choix multiples. C'est très original et très intrigant en même temps. L'histoire est également entrecoupée d'informations liées au passé des monos et des duos. Nous suivons donc différents personnages lors de la résolution d'une enquête pour meurtre mais rien n'est simple quand tout le monde consigne à peu près tout sur des journaux intimes (format papier ou électronique) pour cause de mémoire défaillante sur le long terme… Certains passages sont très intrigants comme si les personnes normales pour nous sont considérées comme des folles dans cette dystopie. Ça donne une petite idée de la logique de l'auteur mais pas comment l'humanité en est arrivée à ce stade où toute mémoire à long terme est perdue. Des scientifiques auraient joué avec les neurones d'autrui pour éviter les guerres à répétition ? Aucun élément de réponse nous ait donné dans ce sens à part que tout semble identique sauf la mémoire. Cette histoire fourmille de détails à ne pas louper pour la suite et ça devient rudement captivant toute cette complexité due à leur mode de fonctionnement et à ce meurtre. le concept même de cet univers est assez déstabilisant mais en même temps, assez bien imaginé car il est l'exact opposé du nôtre… L'histoire se déroule en 2015 à Cambridge. La façon qu'a l'auteur de tourner son histoire empêche que la monotonie et l'ennui s'installe. L'enquête de l'inspecteur se déroule sur une seule journée, l'inconvénient venant de leur mémoire à court terme mais l'avantage est qu'il se passe toujours quelque chose quelque soit notre interlocuteur du moment. Rien ne se passe jamais comme prévu, d'autant plus dans ce monde légèrement différent. Vers le milieu, j'ai compris qui était Sophia et le pourquoi de sa vengeance. Rester plus qu'à voir comment l'inspecteur allait démêler ce sac de noeuds autour de l'enquête et l'enquête elle-même. La fin m'a laissée complètement pantoise, je ne m'attendais pas du tout à ça. C'est encore plus tordu que je ne pensais et j'ai adoré découvrir ce monde différent créé par cette auteur pour donner une touche d'originalité supplémentaire à son thriller.

Comme vous l'aurez compris, j'ai eu un gros coup de coeur pour ce premier roman aussi bien pour l'originalité de l'univers (même si on n'en connaît pas le passé) que pour la partie thriller en son entier (logique et enquête). C'est complexe à souhait, comme j'aime, j'ai même réussi à me faire des noeuds au cerveau avec toute cette histoire. Elle est tellement prenante que j'ai essayé de résoudre l'enquête en même temps que l'enquêteur Richardson. D'après la fin, une suite serait peut-être prévue à ce premier roman. À suivre donc !! Par contre, les éditions Harper Collins ont de curieuses pratiques, le second livre enregistré dans Babelio est exactement le même mais le titre a été traduit différemment entre le grand format et le poche. le titre anglais est pourtant simple : « Yesterday ». Si vous êtes amateurs de thrillers différents, je vous conseille donc très fortement de découvrir ce roman mais il faut garder l'esprit ouvert. Pour ma part, il s'agit d'une nouvelle auteur à pister.

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Aux portes de la mémoire est un thriller atypique que j'ai dévoré en deux soirées pressée de connaître les tenants et aboutissants d'une histoire qui vous emmène dans les tréfonds du couple et de la mémoire.

Ces deux thèmes sont omniprésents dans ce monde différent du nôtre, une sorte de dystopie dans laquelle les gens ne sont plus catégorisés selon des critères comme le sexe, la religion, l'ethnie, l'orientation sexuelle, mais selon leurs capacités mémorielles. Les Monos se souviennent des dernières 24 heures de leur vie et les Duos des dernières 48 heures. de cette différence, qui intervient à la fin de l'adolescence, naît une discrimination totale et révoltante qui donne aux Duos les pleins pouvoirs sur la société puisqu'ils sont censés être plus intelligents et méritants. Les Monos, quant à eux, forment une classe secondaire de citoyens que l'on se permet de juger, jauger et de limiter dans leurs aspirations professionnelles.

C'est assez surréaliste et révoltant de voir que personne ne réagit vraiment à cette différence de traitement comme si la planète entière l'avait intériorisée et acceptée comme un fait acquis et indiscutable… Il y a heureusement un personnage qui, d'une certaine manière, lutte contre le système même si cela le conduira à rester toujours sur le qui-vive et à redoubler d'efforts pour ne pas que son secret s'ébruite.

Dans ces conditions, on peut comprendre que les mariages mixtes entre Duos et Monos soient peu courants et très peu acceptés, les premiers étant bien trop « supérieurs » aux seconds pour se mélanger avec eux et risquer de compromettre leur descendance… Une chose que Marc Evans, qui se lance en politique, aimerait changer. Son atout dans son combat, son propre mariage mixte avec une Mono, Claire, depuis 20 ans. Derrière cet argument de poids se cache néanmoins une autre réalité, celle d'un couple qui cohabite plus qu'il ne vit ensemble, de deux époux qui ont du mal à communiquer et que leurs différences, supposées et réelles, ont fini par séparer. Mais ces problèmes de couple ne sont rien au regard du coup de massue qui va frapper Claire quand son mari sera suspecté d'avoir assassiné sa maîtresse par un inspecteur bien décidé à élucider rapidement son enquête. le compte à rebours a commencé, la vérité doit éclater quel qu'en soit le prix !

Ce qui rend cette enquête aussi passionnante, c'est cette ambiguïté constante sur la mémoire qui est ici triturée, questionnée, manipulée, partiale et parcellaire. Chaque personne remplit ainsi scrupuleusement chaque soir son journal intime électronique Apple afin de retranscrire les grands événements de sa journée. Des entrées qu'il suffit de faire défiler quand on veut se souvenir de quelque chose ou d'apprendre par coeur pour transformer une information en fait dont on se souviendra toute sa vie. Comment alors confondre un assassin qui, au bout de 24/48h ne se souviendra de rien à moins d'avoir, ce qui demeure peu probable, confessé ses crimes par écrit ? Et puis, quelle confiance accorder à ces journaux électroniques ? D'ailleurs, celui récolté par l'inspecteur dans le cadre de son enquête est tellement délirant qu'il s'avère difficile de lui porter crédit bien que certains faits semblent bizarrement coïncider avec la réalité…

Écrire pour vivre, écrire pour se souvenir, écrire pour manipuler, écrire pour oublier… Dans cette histoire, difficile de savoir à quels souvenirs et à qui vraiment se fier, la dissimulation, volontaire ou non, étant constante et inévitable. Mais si Claire découvre son mari menteur, tricheur et volage, elle a au moins une certitude, ce n'est pas un meurtrier. Jusqu'alors assez passive, elle va se lancer dans une quête de vérité qui la mènera sur un chemin qu'elle n'aurait jamais cru emprunter. En fouillant le passé, de sa rencontre avec son mari à cette situation de femme au foyer dépressive que la vacuité de sa vie oppresse, c'est elle-même qu'elle mettra à nu… pour le meilleur et pour le pire.

L'autrice nous offre ici un thriller sombre et palpitant qui alterne avec habileté entre le présent/le passé et différents protagonistes, tous différents les uns des autres : Marc et Claire Evans, un inspecteur qui a ses propres secrets, et une femme qui nous apparaît aussi mystérieuse que complètement dérangée. Devant des protagonistes dont la psychologie est aussi développée, complexe et nuancée, on jongle entre empathie, dégoût, tristesse, compréhension, agacement, émotion… Rien n'est figé dans le marbre : les inimitiés des débuts peuvent laisser place à une certaine indulgence, et l'empathie pour certains se muer en incrédulité, voire effroi. Attendez-vous donc à être surpris par les personnages et des révélations fracassantes qui vous donneront envie de revoir le roman et certains comportements sous un jour nouveau.

Grâce à la fluidité de sa plume et une gestion du suspense intelligente, l'autrice a su me captiver dès les premières pages d'autant que la narration dynamique incite à se laisser emporter par l'histoire. J'ai également apprécié la manière dont elle a réussi à soulever, sans aucune lourdeur, des réflexions intéressantes sur des thèmes universels. Il est ici question de ce sentiment de trahison et de vengeance qui pousse à toutes les folies, de préjugés et de cette discrimination bien trop souvent acceptée, de la dépendance de l'homme à la technologie (l'ombre de Steve Jobs planant autant dans cette dystopie que dans notre réalité), des fondations d'un couple, de mémoire, du poids de la vérité et du passé, du droit à l'oubli…

La vérité en tant que devoir de mémoire, un frein ou une condition sine qua non pour avancer dans la vie ? Une question que vous ne pourrez que vous poser en tournant la dernière page de ce page-turner que je recommande à tous les amateurs de thrillers dans lesquels sont mises à nu la complexité de l'âme humaine et la force des passions.
Lien : https://lightandsmell.wordpr..
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Pour son coup d'essai, Felicia Yap fait très fort ! Avec son intrigue originale et prenante, j'ai tout simplement dévoré Aux portes de la mémoire, dont le suspense est accentué par le contexte science-fictif.
Nous sommes dans un monde où les hommes et femmes se définissent par le nombre de jours qu'ils sont en capacité de se rappeler. Les monos parviennent à se souvenir des dernières 24h, les duos, le haut du panier, ont droit à 2 jours consécutifs de souvenirs. Toute leur vie est contenue dans leur journal qu'ils remplissent religieusement chaque soir, et lisent chaque matin. Ils ont toutefois des aptitudes d'apprentissage, qui leur permettent d'apprendre des « faits ». Enquêter sur un meurtre dans ces conditions est donc loin d'être une sinécure. Comment trouver le coupable lorsque lui-même ne se rappelle pas de son méfait ?
Le récit, qui se déroule sur une seule journée, est pourtant foisonnant grâce à l'astuce narrative de l'auteure. Chaque chapitre suit l'un des protagonistes impliqués dans le meurtre de Sophia Alyssa Ayling d'un point de vue interne : Hans Richardson, l'inspecteur chargé de l'enquête, Mark Evans, l'amant de la victime, Claire, sa femme, qui prétend avoir ignoré la liaison de son mari et enfin Sophia elle-même. Nous suivons leurs pensées, et découvrons le passé grâce à des extraits de leur journal. La psychologie des personnages est soignée et complexe.
Comme Hans, c'est par petit bout que l'on doit reconstruire le puzzle des évènements. Felicia Yap nous entraîne dans une histoire alambiquée de vengeance, de mensonges, de tromperie et de folie mais aussi d'abnégation et d'amour. Même si l'on parvient à deviner quelques éléments de l'intrigue, ce n'est pas gênant du tout, tant ce qui est intéressant, c'est la manière dont l'auteure nous mène à la résolution. Et Aux portes de la mémoireest un véritable page-turner.
En filigrane, l'auteure aborde aussi les thèmes de la mémoire (bien sûr) et de la discrimination. Dans cette société élitiste, elle ne se fait plus sur la couleur ou l'origine sociale mais en fonction de ses facultés mémorielles. Seuls les duos ont accès aux hautes études, et l'opinion publique s'accorde à penser que les monos sont moins intelligents. le sentiment de supériorité est, semble-t-il, solidement chevillé à l'homme, quel que soit le monde dans lequel il vit. Pourtant, avoir une mémoire à court terme signifie aussi la possibilité de se débarrasser de la haine, de la douleur et d'un passé qui nous alourdit. Se voir accorder le bonheur de l'ignorance. Ou pas. À travers ses protagonistes, Felicia Yap amorce une réflexion sur ce qui nous définit.
Quand tu te souviens de tout, tu peux aussi te sortir de tout. Te venger et t'en tirer. Bien pratique, non ? Voilà précisément pourquoi moi, Sophia Alyssa Ayling, je vais m'en tirer. […] Oh ! oui. Se venger sera simple. Car personne ne se souviendra de ce que je vais te faire. Personne sauf moi.
Roman publié aux éditions Harper Collins (Poche) – Traduit de l'anglais (Royaume-Uni) par Thibaud Eliroff
Aux portes de la mémoire est précédemment paru sous le titre Au royaume des aveugles.
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Merci aux éditions Harper Collins pour cette nouvelle découverte ! Aux portes de la mémoire est vraiment un roman surprenant, très bien pensé et surtout hyper addictif !
Felicia Yap nous plonge au coeur d'une sorte d'univers parallèle (le récit se déroule entre 1995 et 2015 grosso modo) où les hommes n'ont plus de mémoire à long terme. Ils sont divisés en deux « castes » : les monos, qui ne se rappellent que de la journée passée et perdent leurs capacités mémorielles à 18 ans ; et les duos, qui ont une mémoire de 2 jours à compter de leur 23e anniversaire. Si dans notre monde nous constatons toutes sortes de discriminations : raciales, religieuses… dans Aux portes de la mémoire, ce sont les monos qui en sont victimes, jugés inférieurs, voire idiots pas les duos. Ils se voient régulièrement traités de haut et certains postes leur sont définitivement fermés. J'ai trouvé très pertinent de mettre ce monde en parallèle avec le nôtre par le biais d'un roman : l'un des personnages principaux, romancier célèbre, projette d'écrire une dystopie sur des hommes ayant toute leur mémoire. Les réactions sont instantanées : mais quelle idée, c'est complétement idiot d'imaginer de telles choses ! Il y a plein d'autres petites allusions de ce style qui m'ont fait sourire (Steve Jobs inventant le iDiary par exemple) et m'ont plongée un peu plus dans cette histoire de dingue ! Pour finir de vous développer un tout petit peu la base et comprendre comment l'on peut s'en sortir sans mémoire, monos et duos sont contraints de tenir une sorte de journal dans lequel ils consignent les évènements de leurs journées ; ainsi, à travers ces « entrées », ils peuvent apprendre des « faits » et les retenir non pas comme des souvenirs mais comme des connaissances. Il est fréquent de retrouver dans Aux portes de la mémoire des phrases du type « Fait : … » lorsque l'un des personnages énonce une vérité sortie de son journal.
Voilà un peu le topo. J'ai vraiment adoré Aux portes de la mémoire tant pour son aspect addictif que pour son originalité et le suspense maintenu tout du long. On pense savoir des choses, mais l'on découvre petit à petit, à travers le regard (ou les journaux) de quatre personnages qu'il n'en est rien. Après tout, on peut bien créer sa propre vérité puisque toute notre connaissance repose sur ce que l'on écrit, pourquoi ne pas conserver que ce que l'on souhaite et se construire le passé qui nous arrange ?
Les personnages ne sont vraiment pas attachants. Aucun. Et la narration est très particulière. J'ai été heurtée dès les premières pages, par cette voix vengeresse qui s'adresse à nous (c'est en tout cas l'impression que l'on a). Il faut un certain temps pour s'y faire. Les chapitres s'enchainent, entrées de journaux ou récits faits par Sophia, la victime (qui a toute sa mémoire), Mark, son amant duo et écrivain, Claire, la femme mono de ce dernier et Hans, le policier chargé de l'affaire, mono ayant caché sa condition pour mener à bien sa carrière. Ainsi, en fonction du narrateur, le rythme est différent, violent parfois (notamment lorsque c'est Sophia qui s'exprime) tant dans le vocabulaire que dans la ponctuation, la syntaxe des phrases ou leur longueur. Nous avons par moment l'impression de lire un télégramme « ai fait… ». Ce changement de rythme rend le récit dynamique et stimule l'intérêt du lecteur.
Entre enquête, analyse des faits et révision du passé à travers de vieilles entrées de journaux, nous sommes pris dans une spirale infernale où il nous faut apprendre à voir au-delà des apparences. Et lorsque la lumière se fait, nous comprenons que personne n'est ce qu'il semble être et que des décisions qui pouvaient paraître bonnes sur le moment n'auront fait que retarder l'inévitable. L'atmosphère est tendue, les masques se fissurent, la course contre la mémoire afin de résoudre le meurtre de Sophia est efficace. J'ai un peu regretté la tournure que prenait les évènement sur la fin, comme si tout était un peu trop évident.. et BAM ! Felicia Yap m'a scotchée.
Aux portes de la mémoire, c'est une histoire de revanche, on l'apprend dès le prologue ; la rancune accumulée et amplifiée par 17 années d'enfermement, comment une décision, aussi anodine soit-elle peut avoir des conséquences énormes. L'effet papillon. C'est aussi l'impact des non-dits… est-ce que tout fini réellement par se savoir ? La difficulté à évoquer les sentiments, la gestion de la culpabilité par des moyens parfois absurdes, le besoin de se faire passer pour ce qu'on n'est pas. Tout cela n'est guère différent, je pense dans notre société. Peut-être en est-ce un peu une satire aussi finalement ; notamment lorsqu'il est question des réseaux sociaux (et de l'iDiary) sur lesquels on ne fait apparaître que l'image que l'on souhaite renvoyer à la société, se « souvenir » uniquement de ce que l'on a décidé. N'est-ce pas le miroir de notre quotidien ?
Je m'égare ! Vous le constaterez (ou non) à travers mes élucubrations, mais je suis encore sous le choc. Je crois qu'on frôle le coup de coeur pour ces personnages antipathiques et cette histoire de dingue tellement bien ficelée.
Lien : https://sawisa.wixsite.com/y..
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Ce livre est très original et impossible à lâcher, à la fois roman choral, dystopie et polar. Sa construction est également peu commune. Il nous présente un monde proche du nôtre, l'histoire se passe entre 1995 et 2015 à Cambridge, mais relevant toutefois de la science fiction. La société est divisée en deux classes, les monos, qui ne se souviennent que de la journée précédente et les duos qui se souviennent des dernières quarante-huit heures. Les duos ont accès aux études et à tous les postes importants tandis que les monos constituent la classe laborieuse, mais surtout méprisée de la population bien que majoritaire. Il n'existe pas d'autres discriminations dans cette société basées sur le sexe, la couleur de peau etc. Tout le monde note scrupuleusement le soir ce qu'il a fait de sa journée dans son journal papier ou électronique sous peine de tout oublier et apprend ses entrées par coeur pour que ça devienne des faits.

Mark est un célèbre écrivain duo qui a épousé Claire, une mono, ce qui lui a valu d'être rejeté par sa famille et déshérité. Mais peu importe il a beaucoup de succès et veut se lancer en politique. Il pense que son mariage est un atout, car justement la reine a promulgué une loi controversée favorable aux mariages mixtes. Il prétend vivre un mariage heureux depuis vingt ans, mais la réalité est un peu différente : sa femme est dépressive et il a une maîtresse. Laquelle vient d'être retrouvée morte dans la rivière tout près de chez lui. Sophia a des prétentions délirantes, affirmant dans son journal qu'elle se souvient de tout.

L'inspecteur Richardson lit le journal de Sophia et décide d'aller interroger Mark car il a appris que ce dernier est son amant. Sa démarche déclenche une réaction en chaîne lorsque Claire comprend que son mari la trompe, ce dont elle ne se doutait pas du tout. Il faut résoudre le meurtre en un jour avant que les protagonistes n'aient tout oublié.

Le livre alterne passé et présent, ainsi que les points de vue des différents protagonistes, pour nous raconter une incroyable vengeance très raffinée. Même si aucun des personnages n'est attachant, il sont tous très bien travaillés, avec une psychologie complexe. L'histoire paraît toute simple au début, mais elle est très loin de l'être, les rebondissements se succèdent et le dénouement est juste impossible à deviner. Ce roman à tiroirs est vraiment très prenant, avec beaucoup de suspense. Les réflexions sur les discriminations sociales sont aussi très intéressantes, tout comme celles sur l'écriture et l'image. L'enfer c'est les autres et on est prisonnier de notre image, parfois très loin de la réalité. le style varie aussi en fonction de la personne qui parle dans le chapitre.

Un roman vraiment très original à ne pas manquer. Un grand merci à Netgalley et aux Editions HarperCollins France pour cette très belle découverte. Cette auteure nous réserve encore de belles surprises à l'avenir, vu le talent révélé par son premier roman.
#AuxPortesDeLaMémoire #NetGalleyFrance
Lien : https://patpolar48361071.wor..
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
« L’écrivain demande aux lecteurs de son prochain roman de suspendre leur incrédulité et d’adhérer à une dystopie parallèle où les gens ont toute leur mémoire. Mais le concept à l’origine de l’histoire est tellement tiré par les cheveux que c’en est ridicule. Comment un tel monde pourrait-il exister ? Si les gens comprenaient le vrai sens de la haine (comme le prétend M. Evans), ils passeraient leur temps à s’entre-tuer sans retenue. (...) »

(un lecteur mécontent qui envoie une lettre à un journal suite à un article pour un nouveau roman).
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Car c’est le total des minuscules attentions dont on se souvient qui donne son pouvoir à l’amour. C’est l’accumulation de menus griefs ressassés qui rend la haine si puissante.
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Mais ceux qui mentent aux autres se mentent rarement à eux-mêmes. (…) Les mensonges se fondent sur la vérité. Ils sont une déviation de celle-ci.
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Comme cinq milliards de monos autour de nous, tu ne te souviens que de ce qui s’est produit la veille. Tu te réveilles chaque matin la tête pleine de faits. Des informations soigneusement sélectionnées te concernant toi et les autres. Tu titubes du lit jusqu’à ton iDiary posé sur le plan de travail impeccable de la cuisine. Jusqu’à cet appareil électronique, ce maigre filin de sécurité qui te relie au passé. Pressée de lire les quelques détails minables que tu y as consignés la veille au soir. Impatiente de les ajouter aux souvenirs de ce qui s’est passé hier — et aux autres faits stériles et froids que tu as appris sur toi.
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Quand tu te souviens de tout, tu te rappelles tout ce que les autres t’ont fait (même quand eux l’ont oublié). Jusqu’au plus petit, au plus horrible détail. Et chacun d’eux te donne envie de te venger de ceux qui t’ont fait le plus mal. Je veux dire, vraiment mal. Ceux qui, par exemple, t’ont envoyée dans un asile de fous pendant dix-sept ans. Ça te donne une sacrée envie, au plus noir de la nuit, quand le sourire de la lune s’est évanoui et que la chouette s’est tue, de remettre les pendules à l’heure. Quand tu te souviens de tout, tu peux aussi te sortir de tout. Te venger et t’en tirer.
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