Ce livret s'adresse au grand public, pas aux professionnels. Il est bien mis en page, il cerne une foule d'aspects concernant le jeu et les questions que se posent les parents face à leur enfant qui joue. Ou leur implication dans le jeu de l'enfant. Et ce de façon claire, pas de trop plein théorique lourdingue. A défaut de pouvoir se permettre d'acheter de gros livres bien chers, procurez-vous ce livret gratuitement, ça peut aider à faire moins de conneries avec les enfants, sans se ruiner et sans culpabiliser.
Yaka.
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En construisant une structure narrative, l'enfant se met dans la peau de l'autre : il se pense autre et il pense l'autre. Ces jeux imaginaires "on disait que" sont l'expression de sa vie intime intérieure, une projection de ses préoccupations affectives,. Il faut laisser l'enfant jouer de cette façon car c'est sa façon de métaboliser les préoccupations de la vie. Pour autant qu'il ne se mette pas en danger, ni ne fasse du mal à l'autre, il lui sera permis , dans les jeux, de tout dire et de tout jouer. Un peu comme dans les rêves...
Avant dodo
C'est toujours la même histoire qu'il faut raconter le soir avant le dodo. Sans déplacer une virgule, sans oublier une phrase, sans changer d'intonation. C'est un véritable rituel qui sécurise le petit face à la menace que la séparation du sommeil et de la nuit fait peser sur lui. Répéter ce rituel le rassure que demain sera demain, pareil à aujourd'hui et qu'il retrouvera papa et maman. C'est toujours la même histoire qui permet d'être ensemble avant de se séparer. Bonne nuit, fais de doux rêves mon petit, à demain !
Jouer est comme une rêverie qui permet à l'enfant d'obtenir ce qu'il ne peut pas avoir ou réaliser pour le moment, ce qu'il n'aura sans doute jamais. L'enfant peut être un garçon quand on est une fille, jouer à avoir un bébé dans le ventre alors qu'on est un garçon ! Jouer permet d'éprouver l'expérience espérée et le plaisir qu'on imaginerait en tirer.
Dans la vie, toutes sortes de choses peuvent arriver à l'enfant : une maladie, la mort d'un proche, une séparation, un accident. Dans ces cas-là, on dit qu'il faut permettre à l'enfant de "jouer ce qui lui est arrivé". On dit de ces jeux qu'ils sont cathartiques, c'est-à-dire qu'ils libèrent l'enfant des émotions liées à l'événement vécu. Nul doute que si on le laisse jouer et s'exprimer librement, l'enfant intègrera dans son jeu des éléments de ce qu'il est occupé à vivre. Mais quand les adultes sont inquiets, ils se sentent parfois obligés d'intervenir dans le jeu de l'enfant. "Tu joues que Papay va venir te chercher à la piscine... mais tu sais bien que Papy est mort, n'est-ce pas, et qu'il ne viendra plus ?" Nul besoin de le rappeler, l'enfant sait bien que son grand-père est décédé et c'est bien pour cela qu'il y joue, cherchant à composer avec l'absence, lui qui aimait tant son Papy. Son activité ludique spontanée est l'un des moyens à sa portée pour "digérer" l'événement qui lui est tombé dessus.
Nous sommes également redevable aux auteurs qui accompagnent notre réflexion : plus particulièrement D.W. Winnicott (Jeu et réalité) qui le premier a insisté sur le jeu comme fondement d'une bonne santé psychique, M. Berger (Voulons-nous des enfants barbares ?) qui en a pointé l'importance en termes de prévention de la violence, S. Marinopoulos (Dires moi à quoi il joue, je vous dirai comment il va, et Jouer pour grandir) et D. Marcelli dont les travaux ont chatouillé l'âme de ce travail collectif.