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EAN : 9782849902295
185 pages
Editions des Equateurs (23/08/2012)
3.97/5   16 notes
Résumé :
Qu’est que la malédiction pour une femme ? De vivre dans un monde marqué par la domination de la virilité et la transmission des valeurs masculines. Hala-ce qui signifie la beauté-est une jeune femme libanaise née dans les années 1970. Elle vit à Beyrouth, entre culture arabe et occidentale. Elle reçoit une éducation dans une école catholique et doit subir le rigorisme de sa mère qui la persécute : ses fréquentations, sa gourmandise, sa sensualité, son poids. Hala s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
"Au commencement était la peur......"
Etre une fille au Liban dans les années 70 à Beyrouth, dans une famille catholique coincée entre une culture arabe et occidentale, sous le joug d'une mère tyrannique obsédée par les apparences qui voudrait la culpabiliser sur tout, son aspect physique, sa gourmandise,ses fréquentations,.....bref l'enfer, est le récit de Hala, une petite fille coriace. Un enfer qu'elle raconte avec désinvolture et un humour féroce désarmant qui subjuguent et fait beaucoup sourire , et plutôt que de la plaindre on admire sa lucidité, sa force et son intelligence déployés pour braver ce monde d'interdiction et de dépravation. le mot "sexe " est tabou, pourtant la manifestation du sexe à travers déni, refoulement, surveillance et allégories de substitution pour le désigner , est partout.
C'est aussi l'histoire de son pays, sous l'occupation syrienne. Face à l'ingérence incessante d'autrui, Hala et le Liban, "sujets aux violations", luttent pour leur indépendance, entre humiliations et douleurs, qu'ils refusent d'intellectualiser par crainte d'y sombrer. Pour elle une lutte quasiment physique, qu'elle va poursuivre dans sa vie adulte......

La prose, directement écrit en français est sublime ( parlant de sa grand-mère paternel, "L'autorité était une chose qui lui avait été, toute sa vie étrangère.Une sorte de plante qui n'avait jamais poussé dans son jardin"). Un langage cru qui ne tombe jamais dans la vulgarité d'une force et d'une beauté inouïes. Un récit poignant, percutant, qu'on lit avec grand plaisir,et malgré l'enfer, beaucoup de passages qui font sourire.

Hyam Yared née à Beyrouth dans les années 70, est une grande romancière et poète.J'avais déjà beaucoup aimé son livre" Sous la tonnelle ", que je recommande vivement avec celui-ci.
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« La Malédiction » ; Hyam Yared (Ed des Equateurs, 180p)
Voici un excellent roman, à tous points de vue.
C'est d'abord une histoire d'enfant-fille qui grandit et devient femme dans un pays assiégé, le Liban, dans la petite bourgeoisie chrétienne maronite de Beyrouth prisonnière de ses préjugés plus que rétrogrades et racistes autant que de ses peurs. Hala est écartelée entre ses aspirations à plus d'indépendance et les griffes vampirisantes de sa mère — qu'elle appelle LA mère— avant de subir le joug de sa belle-mère — qu'elle appelle Rayon X. On découvre d'abord la petite fille de 8 ans en interrogations curieuses de son corps féminin, sous les caresses troublantes de son frère de deux ans son ainé. L'exploration de sa sexualité féminine tient d'ailleurs une part non négligeable dans ce récit sans fioriture ni langue de bois, mais il n'y a aucune vulgarité ni appel au voyeurisme des lecteurs. C'est la forte amitié avec Fadia, copine de classe intelligente et cultivée, aussi anorexique qu'Hala est boulimique, qui lui ouvrira des horizons dans ce domaine comme dans tout ce qui la pousse à étancher sa soif de liberté.
Le carcan familial est plus qu'étouffant ; la mère est une véritable obsédée sexuelle (au sens où elle est installée de manière rigoriste dans une méfiance maladive du corps de sa fille, à l'image des religieuses enseignantes des écoles catholiques). Si Fadia subit le poids écrasant de son père veuf, milicien phalangiste et bourreau jouissif de palestiniens, c'est bien la mère de Hala qui cherche à tout prix à lui inculquer la honte de son corps de femme, tant dans cette société très patriarcale comme dans d'autres c'est très souvent par les mères (puis les belles-mères), que se transmet le machisme le plus éculé. Son amour maternel est véritablement castrateur, proche de la perversité dans ses injonctions contradictoires intenables et souvent délirantes. Hala découvrira pire que « la mère », en la personne de la mère de celui que les deux matrones ont choisi comme époux arrangé. Il faut voir comment l'investissement pathologique maternel sur le rejeton mâle génère de la reproduction humiliante tant pour les femmes que pour les hommes.
En toile de fond, on a un tableau de la vie dans ce petit pays tellement fragmenté entre des communautés religieuses crispées sur leurs prérogatives qu'il en devient une proie facile pour toutes les puissances qui veulent le piller en l'occupant militairement (la Syrie, Israël…) ou diplomatiquement et économiquement (Etats-Unis et France en tête) ; mais ce tableau se limite au milieu social et religieux de Hala. La guerre s'invite souvent aux portes du quartier et de la maison, les obus passent littéralement au-dessus de la tête des enfants qui semblent le vivre avec une certaine fatalité d'habitude, voire un certain détachement. Un aspect d'ailleurs très intéressant de ce roman c'est le parallèle que Hyam Yared tisse entre la soumission imposée au Liban et celle imposée aux femmes. Et l'on découvre le poids des tribunaux religieux— il y en a des spécifiques pour chaque communauté religieuse— une impressionnante mécanique juridique réactionnaire chargée de régler tout ce qui relève de la vie civile et personnelle des citoyens, en leur imposant une morale aussi intransigeante que liberticide.
Enfin l'écriture est très réussie, vive, très précise, avec des formules choc.
« Je compris que les bonbons étaient un détail et que les mères momifiaient les corps des filles avec du silence. » / « Puis elle m'a aimée du mieux qu'elle a pu, c'est-à-dire avec la haine inconsciente d'elle-même. » / « Avec le temps, j'appris à dire Non en me taisant et entrai dans le cercle infernal de ceux qui prennent du poids en ravalant le langage. » / « Après avoir été inspectée en présence des soldates du patriarcat—dans chaque famille il y a au moins une Tante Violette, une mère, une marâtre (…) » / « (Après la naissance de sa fille, lors des visites de femmes à la maternité) ça gloussait, ça piaillait, ça s'exclamait avec une admiration dépitée devant la beauté d'une ‘fille-hélas', mot composé prononcé à moitié. le ‘hélas' ne s'énonce pas. Il se voit. Dans un regard, un silence, une grimace, un arrêt cardiaque. »
Quant à la chute, elle est particulièrement marquante.
Réflexion sur la sexualité et au-delà la corporéité, sur le langage, l'amitié, la transmission et le poids de la famille, sur ce monde aussi fracassé que le Liban à peine d'hier (les années 80 à 2000) mais sans doute encore d'aujourd'hui, dans une très belle langue, ce roman est une très belle découverte.
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Très difficile à résumer ce bouquin, je ne suis pas sûr d'y être réellement parvenu. Il manque des éléments, j'ai peur d'en avoir interprété d'autres. Écrit par une femme, c'est un roman sur les femmes. Sur leurs vies dans ces années-là au Liban. Hala, comme beaucoup se soumet à l'autorité plus qu'elle n'obéit. L'autorité des hommes mais aussi et surtout celles des mères, fortes, qui elles-mêmes ont eu une vie difficile. Dans le milieu dans lequel elle évolue, aucune déviance n'est tolérée : boulimie, homosexualité, sexualité avant mariage, même en parler est péché ! La religion culpabilisante !
Ce roman est toute la vie de Hala, de son enfance à sa vie de femme. Les hommes y sont peu présents, mais importants par les actes qu'ils commettent ou au contraire par leur indifférence au sort des filles et par leur souhait de ne pas s'immiscer dans l'autorité maternelle (pour avoir la paix et vivre tranquillement), sous prétexte d'aller travailler pour faire vivre la famille. Plus tard elle les découvrira transparents, se désagrégeant petit à petit. Ce sont donc les mères qui éduquent les enfants, durement comme elles l'ont été ; celle de Hala est changeante
C'est un livre qui se mérite : sa lecture n'est pas évidente, demande de l'attention, mais on n'en décroche pas. Hyam Yared est poétesse et romancière et son écriture s'en ressent. Des passages très beaux alternent avec d'autres plus crus, directs. La lecture est déconseillée aux pudibonds, mais fortement recommandée aux autres. Si certaines phrases sont un peu plus ardues à saisir, et certains passages un peu plus longs, je ne me suis jamais ennuyé dans ce livre. Hyam Yared développe un style qui accroche et garde le lecteur. Une sorte de fascination ou d'ensorcellement qui vous mènera au bout de cette histoire de femme libanaise, qui pourrait bien représenter une femme universelle.
Lien : http://www.lyvres.over-blog...
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Je n'ai pas choisi ce livre mais ne trouvant rien de particulier à emprunter dans les rayonnages de la bibliothèque de quartier où je vais, je l'ai pris plus par défaut d'autre chose que par choix et je n'ai pas regretté loin de là !
Ce court roman parle du Liban, de sa situation, des conflits, des religions, de son manque de prépondérance et d'Hala, jeune femme libanaise se battant mollement pour avoir la garde de ses 2 filles auprès d'un tribunal religieux, après la mort prématuré de son mari.
Un parallèle avec le Liban dominé par les "autres", Hala est dominée d'abord par les femmes, "La Mère", sa propre mère et " Rayon X" sa belle mère, qui toutes deux lui font subir leur propre manque d'amour maternel; puis par le poids de la religion castratiste ( dans confession il y a 2 mots, con et fesse ), par les hommes qui regardent son corps comme objet de convoitise ou marchandise selon les cas (frére, professeur, maître nageur ). Hala veut fuir dés son enfance, boulimie, anorexie, amitié douteuse, effacement de soi, elle essaiera tout pour se délivrer de ces poids traditionnels.
Un très beau roman qui m'a fait pensé sous une autre forme à Syngué Sabour.
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« La mère souffrait de n'avoir pas choisi mon ADN. Je la comprenais. Moi j'aurais voulu choisir un vente formaté à ma recevoir. »

Une couverture rouge sang, un corps féminin à l'attitude explicite, comme pour mieux avertir le lecteur qu'il aura dans les mains un ouvrage qui le chahuter. Couverture qui m'a attirée tel un aimant, et dont le sujet me rappelait d'autres ouvrages marquants.
En effet, bien que prenante, la lecture de l'ouvrage n'en demeure pas moins difficile dans les thèmes et la violence intérieure des personnages.
Livre de femme, qui ne met en scène que des femmes.
Nous sommes au Liban, pays déchiré, toujours à la merci de ses voisins envahissants ; pays multiculturel où même quand on est chrétien, il ne fait pas bon être femme.
Hala vit un calvaire, entre une mère, « La mère » comme elle la nomme qui la rejette, lui fait subir les pires humiliations, la brime, l'emprisonne, et plus tard, une belle mère « Rayon X » qui ne la verra jamais autrement qu'un ventre à engendrer des « mâles », mais indigne d'en être la mère plus tard….
Hayam Yared, dont j'ignorais tout, donne un style à son ouvrage fait à la fois de lyrisme, et de mots et phrases choc.
Un livre qui peut ne pas plaire à tout le monde, mais qui en interpellera d'autres.
Un livre passé complètement inaperçu à sa parution, et qui pourtant aurait mérité plus d'attention tant il bouscule, interroge.

Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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critiques presse (2)
Lexpress
08 novembre 2012
L'histoire est implacable, le style de la romancière, sans concession. A 37 ans, Hyam Yared démontre avec beauté et intelligence que la fatalité ne saurait résister à la littérature.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Bibliobs
25 octobre 2012
Hyam Yared, qui est aussi poète, sait manier l'art de parler cru sans tomber dans la vulgarité racoleuse. Autopsie tragique, l'histoire de Hala surprend aussi par son universalité.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (66) Voir plus Ajouter une citation
Parfois, profitant d'un relâchement de la surveillance de la mère, mon pére m'emmenait faire une virée de kebbé nayyé.On se goinfrait devant trois ou quatre déclinaisons de ce plat traditionnel composé de viande hachée et de semoule.On enfournait des bouchées comme on fait une réserve avec les grandes famines.Partager cette transgression avec une autorité par défaut m'excitait. P.32
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Hala ne fait pas la différence entre la naq'ba palestinienne -littéralement : la malédiction - et celle d'un seul être. Elle les met en confrontation. Elle s'identifie à l'exode de ce peuple qu'elle trouve similaire à celui des individus déplacés d'eux-mêmes.
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Plus je grandissais, plus mes formes s'accentuaient , confirmant l'âge ingrat.La mère l'appelait l'âge gras.De toute manière elle n'avait à la bouche que les mots kilo, gramme, graisse.Pour se protéger de son angoisse des lipides, elle nous avait inscrit aux galères modernes, la natation.......Je ne voyais pas comment elle espérait transformer une aubergine en sirène.p.33
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Emmaillotée dans le tissu, seul son visage boursouflé par l'épreuve de sa venue au monde dépassait.....Lorsque le paquet ouvrit les yeux, j'eus peur de ces orbites dévorantes, presque globuleuses, bientôt immense dans la pièce. De ce regard infini dans un corps fragile. J'eus peur d'être aimée sans condition. p.147
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La mère souffrait de n'avoir pas choisi mon ADN.Je la comprenais.Moi , j'aurais voulu choisir un ventre formaté à me recevoir. P. 86
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Videos de Hyam Yared Schoucair (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hyam Yared Schoucair
A l'occasion du "Livre sur la Place 2021" à Nancy, Hyam Yared vous présente son ouvrage "Implosions" aux éditions des Equateurs. Rentrée littéraire automne 2021.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2545395/hyam-yared-implosions
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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