C'est toujours aussi intensément dramatique mais tellement puissant que ça me prend à la gorge et me serre vraiment le coeur.
Comme dans sa série mère, Gokinjo, l'autrice fait virevolter les sentiments de ses personnages de manière fulgurante et dévastatrice, avec un côté très dramaqueen qui peut surprendre mais que j'adore personnellement. Elle joue encore une fois énormément avec son lecture créant une vraie fausse sensation d'échange entre nous très immersive. J'adore. Et cette fois, les clins d'oeil à Gokinjo et ses anciens personnages sont vraiment nombreux.
Yukari semble avoir trouvé sa voie après avoir posé pour Mikako et Happy Berry, finit les études, place au mannequinat, mais ce n'est pas facile quand on est mineure et qu'on a fugué de chez soi.
Ai Yazawa sous couvert d'une histoire ma foi assez rocambolesque évoque avec sensibilité les drames de l'adolescence ou quand les enfants ont le sentiment de ne plus parvenir à communiquer avec leurs parents et se sentent rejetés par eux.
Yukari est en pleine détresse émotionnelle ce qui la rend particulièrement instable. On pourrait détester ce trait de caractère qui la rend extrêmement volatile et changeante, qui la fait beaucoup pleurer et pas mal accuser les autres des moindres maux, mais Yukari sait aussi se montrer très honnête envers elle-même et vraiment fonceuse. du coup, j'aime vraiment l'évolution de ce personnage très humain et à fleur de peau.
Son couple avec George est étrange. Il fonctionne sur un mode parfois à la limite du toxique si on le prend au premier degré, mais quand on creuse on découvre une force rare chez de tels personnages. L'autrice nous révèle de plus en plus de choses sur le passé de George et ce qui a fait de lui cet être si étrange et si intransigeant envers les femmes. La rencontre avec sa mère explique bien des choses à Yukari, ce qui lui fait prendre conscience de ce qui se passe entre eux et des raisons de leurs fréquents déchirements. J'ai beaucoup aimé cette complexité non dite mais si bien montrée. George et elle se motivent ainsi l'un l'autre, comblant les vides de leurs coeurs. C'est poignant et déchirant.
Les autres personnages ne sont pas en reste. Bien que vivotant autour d'eux, on voit un Hiroyuki qui s'inquiète de plus en plus pour Yukari et agit en conséquence, venant troubler le couple à l'équilibre instable formé par Miwako et Arashi. Ces derniers m'émeuvent beaucoup. On sent un immense amour chez Arashi et une maturité bien cachée lui donnant envie de protéger et aider tout le monde, mais il est mis à mal par ses sentiments pour Miwako car celle-ci hésite toujours entre lui et Hiroyuki, ce qui ne fait souffrir. Alors qu'ils ont l'air du couple fusionnel parfait les failles sont belles et bien là et font mal.
Cerise sur le gâteau, alors que les romances et drames divers occupent pas mal d'espace, l'autrice ne perd pas de vue cette fois l'univers créatif de sa série. Alors entre deux parties de jambes en l'air (bien plus présentes que dans Gokinjo, on sent l'évolution du public ;) ), nous avons droit à de bons développements autour du défilé de nos artistes, des créations de George, du travail de Mikako et Tsutomu que l'on découvre, et du lancement de Yukari dans le mannequinat. Cela permet de recroiser des anciens de Gokinjo pour mon plus grand bonheur et de voir ainsi ce qu'ils ont devenu et comment la marque Happy Berry évolue, ce qui m'avait un peu manqué à un moment dans la série précédente.
Arrivée à la moitié de la série, je ne peux que continuer à clamer mon amour pour celle-ci. Certes elle n'est pas sans défaut. Son personnage phare LGBT est totalement sous-exploité, l'autrice en fait parfois des caisses côtés humour grinçant, le drame est également ultra présent et poussé au bout du bout par moment, mais il se dégage quelque chose de tellement fort des drames romantico-personnels des héros que je suis emportée à chaque fois dans le tourbillon de leurs émotions d'artistes.
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