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EAN : 9782234086043
300 pages
Stock (11/09/2019)
4.12/5   53 notes
Résumé :
« 19 femmes est le fruit d’une série d’entretiens que j’ai menés avec des Syriennes dans leurs pays d’asile, ainsi qu’à l’intérieur du territoire syrien. À chacune j’ai demandé de me raconter ‘‘leur’’ révolution et ‘‘leur’’ guerre. Toutes m’ont
décrit le terrible calvaire qu’elles ont vécu.
Je suis hantée par le devoir de constituer une mémoire des événements qui contrerait le récit qui s’emploie à justifier les crimes commis, une mémoire qui, s’appuya... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (33) Voir plus Ajouter une critique
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19 femmes. 19 témoignages de femmes prises au piège du conflit syrien. Des mots trempés dans le sang et les larmes...


Dima, 37 ans à Damas:
"Je suis rentrée illégalement en Syrie...J'ai porté le voile uniquement pour me dissimuler...Un jour, l'Armée libre m'a arrêtée..."


Zayn, 20 ans, diplôme de sciences de l'éducation :
"J'ai crié : La Syrie veut la liberté !... C'était la 1ère fois que je voyais quelqu'un se faire tuer, sous mes yeux... J'ai intégré une équipe médicale"...


Douha Achour, 52 ans, j'étais journaliste :
"Dans l'atelier de couture, je travaillais 16 heures par jour, pour un salaire de misère... Un intrus a tenté de violer mon amie... Quand les hommes (de la Sûreté politique) ont verrouillé la porte, j'ai cru mourir"...


Le film "Syrie, le cri étouffé." de Manon Loizeau fut projeté le 11/03/ 2018, avec des témoignages de plusieurs Syriennes, à l'Institut du Monde Arabe...


L'association Revivre travaille sur les violences faites aux femmes Syriennes depuis plus de 10 ans. 10 ans déjà...
Et dénonce la lâcheté des gouvernements européens face à Bachar el-Assad, Poutine et Erdogan...
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19 femmes, de Sara à Zaina, de 20 à 77 ans, de Homs à Raqqa.

19 femmes sans formation politique qui se sont engagées dans la révolution syrienne née en 2011 dans le contexte du printemps arabe ; qui se sont soulevées pour réclamer des droits, la démocratie, la justice.

19 femmes qui se sont retrouvées piégées entre la dictature de Bachar al-Assad, sa répression et ses geôles, et Daech qui confisque la révolution en lui donnant une tournure confessionnelle qu'elle n'avait pas initialement.

19 femmes issues de la classe moyenne, suffisamment éduquées pour mettre des mots sur leur vécu.

Et ce vécu, il est absolument terrible. Si on suit l'actualité, on ne sera malheureusement pas surpris du contenu de ces témoignages qui racontent en mode kaléidoscopique les massacres, les bombardements, les viols, les tortures, la douleur de l'exil comme la terreur face à l'omniprésence de la mort.

Tout est connu. L'objectif que poursuit la journaliste Samar Yazbek ( Syrienne qui a elle-même fui son pays en 2012 ) n'est pas de dévoiler des « scoops » mais de donner de la chair à ses invisibles prises dans l'anonymat des masses migrantes. Elle a donc fait le choix de livrer aux lecteurs les 19 récits consécutifs, fidèles au style et au langage particulier de chacune. Cela apporte beaucoup d'authenticité, forcément, mais cette accumulation a un côté répétitif qui en éteint du coup un peu la force. Il me semble que l'intensité aurait pu être décuplée par une réécriture chef d'orchestre, qui apporterait de la profondeur et du mouvement. J'aurais également aimé plus de profondeur contextuelle.

Reste la force de ces voix qui convergent pour n'en plus former qu'une qui crie la volonté d'être libre : ces femmes se sont dressées au péril de leur vie pour refuser d'être confinées au domestique, pour prendre en main le destin de leur pays, pour s'affranchir de toute domination, qu'elle soit politique ou religieuse.

Des femmes libres et des femmes dignes. Malgré l'horreur qu'elles ont vécu, jamais elles ne s'érigent en victimes : elles se présentent poing levé comme des résistantes, refusant héroïsation comme victimisation, dans leur combat pour casser les carcans dans un pays dirigé par un dictateur et dominé par le patriarcat. Ce recueil de récits met en avant le rôle des Syriennes dans la révolution de 2011 : elles ont organisé des manifestations ; elles ont pris des photographies, filmé pour rendre compte dans la presse internationale de la réalité de la répression ; elles ont travaillé dans des hôpitaux de fortune ; elles ont crée des écoles et donné des cours pour les enfants des populations bombardées.

Je retiens tout particulièrement le récit de Souad, étudiante en psychologie dans une université se trouvant dans une zone sous contrôle du régime alors que son village est dominé par Daech. Il lui faut donc jongler entre niqab et pas de niqab.

« Lorsque nous avons atteint l'autre rive, nous nous sommes retrouvés face à un barrage du régime. Je n'avais pas fait attention aux habits que je portais pour pouvoir passer les barrages de Daech. J'avais oublié d'enlever le niqab. J'ai été arrêtée. Ils ont fait une enquête sur moi parce que je portais le voile intégral, qui est interdit par le régime. (…) J'ai expliqué aux hommes du barrage que j'étais obligée de revêtir le niqab pour franchir les barrages de Daech et que je voulais seulement aller à l'université avec mon frère et qu'ensuite nous reviendrions. J'étais choquée et abattue : j'avais réussi à échapper à Daech, j'avais mis ma vie en danger et maintenant ils voulaient me renvoyer d‘où je venais. Je me suis mise à pleurer. »

19 femmes qui ont perdu leur pays mais pas leur voix.

Lu dans le cadre du Grand Prix des lectrices Elle 2020 #12
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Depuis plusieurs années, Samar Yazbek témoigne de la situation des femmes en Syrie avant 2011 et au moments des soulèvements. Elle rappelle que les femmes syriennes ont été très tôt impliquées dans la vie politique – elles ont eu le droit de vote à la fin des années 40 – et étaient plus nombreuses que les hommes au début du mouvement de protestation… Et puis tout a basculé et il a été évident pour l'auteur de rendre la parole à ces femmes, de les laisser résister encore, de leur redonner de l'espoir…

Cet essai regroupe les portraits de 19 syriennes qui font preuve d'une détermination incroyable, qui force notre respect. Ces 19 femmes nous racontent l'horreur, l'immensité des dégâts, elles nous montrent également jusqu'où peut aller la folie humaine… C'est poignant mais c'est également terrifiant… Terrifiant parce que cela se passe aux portes de l'Europe et que la plupart des gens ferments les yeux, mettent des oeillères et ne se sentent pas concernés par le chaos qui règne en Syrie.

Malgré tout en refermant ce livre, bien qu'abrutis par cette violence aveugle, on sent que l'auteur a voulu insuffler à toutes les pages de cet essai un mot, un seul mot : liberté.

Ce livre aura sans aucun doute un impact mémoriel important. Il est un véritable ouvrage de transmission, un ouvrage qui doit marquer les mémoires, un ouvrage qui doit être connu des générations futures…
Lien : https://ogrimoire.com/2019/1..
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Dix-neuf femmes, dix-neuf récits et en commun, une guerre, un combat pour leurs libertés mais très souvent aussi, des blessures qui ne pourront jamais cicatriser. Les maltraitances, les emprisonnements illégitimes, les viols, rien n'est épargné aux lecteurs mais nécessaire selon moi. Au fil des pages, les circonspections et pudeurs se lèvent peu à peu.

Les rencontres sont intéressantes et diverses puisqu'on y côtoie des opposantes politiques, des journalistes, des volontaires dans l'humanitaire, des militantes pour les droits de l'Homme, des femmes ayant eu le courage de fuir vers l'Europe et de laisser tout leur passé derrière elles et le problème des passeurs. Certaines étaient alors aux études et ont dû se « recycler » dans leurs activités, notamment pour pouvoir survivre mais surtout par leur volonté et leur désir d'aider leurs prochains, sans distinction.

Même si le panorama géographique de la Syrie est assez bien « respecté » par la diversité des lieux d'origine de ces femmes au regard de la carte disponible dans les premières pages, on ne peut que constater que chacune est dotée d'un certain niveau d'études et vient de la classe moyenne, comme souligné par Samar Yazbek dans l'introduction. Pourtant, cela aurait été aussi intéressant d'avoir l'un ou l'autre témoignage de femmes, moins cultivées. La difficulté de les mettre par écrit explique peut-être cette absence. Même si l'auteure espère pouvoir un jour en faire un livre à part entière, sur ces femmes démunies, bloquées dans des camps et incapables de nourrir leurs enfants…

Alors qu'une frange raciste et négationniste refuse l'arrivée de ces réfugiés syriens, par la lecture de ce livre, ils pourraient se rendre compte qu'il ne s'agit pas d'un peuple d'illettrés et de brigands voulant mettre le désordre dans notre société européenne, comme certains aiment le penser et le faire croire.

De plus, comme autre point commun fort entre ces témoignages c'est la façon dont ce peuple syrien vivait en harmonie malgré les différences de confessions religieuses (sunnite, chiite, alaouite et chrétien) jusqu'aux débordements de 2011. Ensemble, lors des manifestions, ce peuple ne faisait plus qu'un (nous aurions beaucoup à y apprendre là-dessus) et il est hallucinant de découvrir cette instrumentalisation par les autorités politiques, par les extrémistes afin de semer le chaos entre eux.

On en apprend beaucoup sur de nombreux massacres, totalement éclipsés par les médias occidentaux. Par cela, j'ai pu me rendre que même si les images arrivaient aux journaux parlés au compte-gouttes relatant ce qui se passait en Syrie, on était en vérité très loin du compte des horreurs et exactions qui y sont commises !

Certains pourront trouver la lecture de ce livre, difficile et peut-être gênante mais la guerre n'est jamais rose. Je l'ai trouvé bouleversant et il m'a appris beaucoup de choses. On ne peut être que touchée par le courage de ces femmes, même si je trouve que le mot « courage » n'est même pas assez fort pour exprimer leur combat. Ce livre devrait être mis dans les mains de très nombreuses personnes.

Je concluerai cette chronique par une phrase de l'auteure qui m'a particulièrement touchée : « (…) Pour l'heure, je souhaite avant tout redonner leur voix aux Syriennes, la voix de la résistance, la voix de l'espoir. »

J'ai lu cet essai/document dans le cadre du Grand Prix des Lectrices Elle 2020 - sélection Essai/Document.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Requiem pour une population.

Par le recueil d'entretiens de femmes syriennes, Samar Yazbek compose la longue plainte du calvaire vécu par les civils dans le conflit syrien, sous le régime de Bachar el Assad et face aux djihadistes.

Les femmes parlent dans l'exil. Enfin ! Car en Syrie, quel que soit le régime, on les a fait taire, parce qu'elles sont femme, faisant de l'ombre aux hommes, parce qu'elles s'engageaient dans l'assistance ou le combat.

Leurs voix s'intercalent dans les massacres, les emprisonnements, les tortures. Elles manifestent, soutiennent, soignent, instruisent et surtout témoignent en écrivant et en filmant. Elles résistent, tentent de construire la vie du quotidien. Elles oeuvrent en fourmis courageuses, indifférentes à l'opposition masculine qui veut les contrôler.

La parole est factuelle, précise, comme détachée. Une protection contre les souvenirs des tortures et du viol pour certaines. On se force à imaginer, ressentir, participer. Cela reste si éloigné de notre vie confortable !

Il est étrange et intolérable de comprendre combien leurs efforts sont restés souvent inaudibles pour la communauté internationale. Est-ce par incapacité de se projeter dans un quotidien de danger permanent ou d'impossibilité d'assistance? Est -ce aussi par l'excès d'images ou de témoignages qui rend les choses irréelles et banales?

Une lecture qui se fait par étapes pour soulager la pression de l'horreur et/ou ne pas en devenir indifférente. Un livre témoignage très bouleversant.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Si j'ai connu toutes sortes de privations matérielles et spirituelles, j'ai aussi fait l'expérience intense de l'amour, de la solidarité et de l'altruisme. La vie, à ma grande surprise, m'a souvent tendu une main clémente, mais elle m'a aussi et surtout réservé des coups inattendus qui m'ont appris la nécessité de l'humilité intellectuelle. De fait, ma compréhension des événements ne peut être qu'imparfaite. Les jugements englobants, ainsi que les clichés qui enferment les gens dans des catégories, ne sont pas scientifiquement et empiriquement nuls : ils sont susceptibles d'engendrer une haine meurtrière. On ne peut supprimer le mal par le mal, ni par le bien non plus d'ailleurs. Je trouve puérile l'affirmation selon laquelle le mal peut être éradiqué... Maintenant, je fais mon possible pour le déconstruire, en essayant de comprendre la nature des liens - privés ou collectifs - entre les êtres humains, et en évaluant la nature des causes et des besoins, sans les hiérarchiser. Je suis à la recherche de moyens pour vivre malgré le mal qui domine, en atténuant son impact et la violence qu'il génère dans le monde.
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Le plus terrible c’est que les gens de la classe moyenne ont quitté la Ghouta. Ils ont fui quand les combats se sont intensifiés. Ceux qui sont restés étaient les plus pauvres, les plus simples, les plus religieux. Les plus ignorants également. La classe moyenne porte la responsabilité d’avoir abandonné ces gens à eux-mêmes. En réalité, déjà avant la révolution elle avait commencé à déserter la région. Avec d’autres, j’ai fait partie d’une minorité qui a accepté de vivre au contact de ce milieu. Je l’ai fait volontairement, car je savais que le départ de la classe moyenne affaiblirait notre efficacité. Des activistes de milieux plus ou moins aisés venaient un jour ou deux et repartaient. C’était encore pire.
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Je me posais beaucoup de questions sur la nécessité de clamer haut et fort ma position politique. En fin de compte j'ai préféré poursuivre silencieusement mon travail de bénévole. Les déplacés étaient mes compatriotes, je devais tout faire pour qu'ils vivent dignement. Aujourd'hui, six ans plus tard, je constate que la mort et les massacres se sont banalisés. C'est horrible! Comment en sommes-nous arrivés à cette barbarie qui nous atteint au plus profond de nous-même? Dans toute cette folie, je pense aux enfants des réfugiés. L'éducation s'est dégradée d'une façon générale, que dire alors de celle qui est réservée aux plus pauvres? C'est la raison pour laquelle j'ai concentré mes efforts sur l'éducation et les méthodes d'apprentissage intensif. Je n'enseignais ni la religion ni le patriotisme panarabe et faisais mon possible pour maintenir la mixité entre filles et garçons dans mes classes.
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Au cours du printemps de Damas, j'ai participé à des réunions de réflexion organisées entre autres par des mouvements de gauche. Je faisais partie du mouvement altermondialiste, car j'avais conscience que le nouveau système économique mondial constituait une partie de notre problème : en créant un univers de compétition sauvage, il engendrait des crises dont les résolutions ne pouvaient aller qu'à l'encontre des peuples. En Europe et ailleurs, de nombreux acquis sociaux, éducatifs et culturels dont bénéficiaient les citoyens ont été supprimés. L'Occidental n'est plus qu'un individu isolé réduit à une consommation effrénée.
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Si j’ai connu toutes sortes de privations matérielles et spirituelles, j’ai aussi fait l’expérience intense de l’amour, de la solidarité et de l’altruisme. La vie, à ma grande surprise, m’a souvent tendu une main clémente, mais elle m’a aussi et surtout réservé des coups inattendus qui m’ont appris la nécessité de l’humilité intellectuelle. De fait, ma compréhension des événements ne peut être qu’imparfaite. Les jugements englobants, ainsi que les clichés qui enferment les gens dans des catégories, ne sont pas scientifiquement et empiriquement nuls : ils sont susceptibles d’engendrer une haine meurtrière. On ne peut supprimer le mal par le mal, ni par le bien non plus d’ailleurs. Je trouve puérile l’affirmation selon laquelle le mal peut être éradiqué… Maintenant, je fais mon possible pour le déconstruire, en essayant de comprendre la nature des liens – privés ou collectifs – entre les êtres humains, et en évaluant la nature des causes et des besoins, sans les hiérarchiser. Je suis à la recherche de moyens pour vivre malgré le mal qui domine et la violence qu’il génère dans le monde.

p.147
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Vidéo de Samar Yazbek
12 mai 2023 VILLA GILLET « Comment peut-on parler d’une victime silencieuse? » Samar Yazbek
Echange exceptionnel avec Samar Yazbek, écrivaine syrienne, autour de son dernier roman, un roman poétique comme elle le qualifie si justement, « La demeure du vent » (Stock, 2023). Entre la vie et la mort, il y a un souffle que Samar Yazbek rend immense. Réciproque. Universel. Quels pouvoirs contient le verbe écrire? Qu’est-ce que la douleur peut éclairer? Dans la voix de Samar Yazbek il y a une lumière singulière qui transcende les mots, qui rassemble nos langues, qui dit:
« Je te vois » et à qui on répond « Je te vois aussi ».
+ Lire la suite
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