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EAN : 9782246829980
208 pages
Grasset (25/05/2022)
2.58/5   12 notes
Résumé :
Rachele est en colère contre son père qui ne veut pas qu’elle tienne le rôle de Marie dans la représentation de la Nativité de l’école, à la veille des vacances. Car Rachele, 12 ans, est juive. Elle vit dans une grande ville du Nord de l'Italie, son père est avocat, tout comme son grand-père. Ce dernier se montre certes plus compréhensif face au désir de sa petite-fille, mais la situation se complique quand Rachele comprend que son père, qui vient de subir des exame... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
A la veille de Noël 1999, le père de Rachele interdit à sa fille unique âgée de 12 ans de jouer le rôle de Marie dans la crèche du collège. L'adolescente ne comprend pas ce dictat et s'en ouvre à ses grands parents paternels, les Luzzatto, famille juive italienne fortunée, implantée en Vénétie, au pied des territoires autrichiens du Haut Adige annexés par l'Italie en 1919. Ernesto Luzzatto, avocat d'affaires expert en immobilier, passe progressivement la main à son fils Ricardo, 56 ans, avocat pénaliste. Durant la guerre, Ernesto déguisé en vicaire a survécu grâce à la complicité d'un prêtre catholique.

Paola la grand-mère, réfugiée en montagne, a accouché en décembre 1943 avec l'aide d'un médecin autrichien soucieux de ménager l'avenir en se munissant d'un témoignage utile, au cas où le Reich serait défait. Ernesto est non pratiquant. Paola, septuagénaire divorcée d'Ernesto, vit luxueusement de la fortune de l'un ses amants, le médecin Salvatore Novarese ; de culture juive, elle est devenue agnostique. Elle gâte abusivement Rachele.

Les grands parents maternels de Rachel sont des modestes retraités. le grand père est catholique, la grand mère athée. Leur fille s'est convertie au judaïsme en épousant Ricardo. Leurs échanges avec leur unique petite fille sont bouleversés par l'annonce que Ricardo est atteint d'une tumeur au cerveau.

Emilia Gironi, enseignante de Rachel, l'aide à comprendre la décision paternelle, à dépasser les divisions entre la croix et l'étoile, et à surmonter le drame qui menace la famille en étudiant « Cuore » (Le livre-coeur) d'Edmondo de Amicis (publié en 1886, ce roman est pour les italiens ce que « Le Tour de la France par deux enfants » de G. Bruno en 1877, est pour les français). Plusieurs personnages du Cuore vivent des tragédies comparables à celle de Ricardo et sa famille et les guerres menées par l'Italie lors du Risorgimento sont parfois comparées aux guerres gagnées par Israël depuis sa création ce qui permet à Paola De critiquer la dimension nationaliste du roman italien. Ces allers-retours entre « La fille unique » et « Cuore » sont une des clés qu'Avraham B. Yehoshua utilise pour relativiser les aléas conjoncturels et offrent à Emilia Gironi un rôle de mentor de Rachel, qui en quelques jours quitte l'enfance, devient adulte et responsable, et projette de devenir juge …

La fille unique, avec l'aide de son enseignante et l'amitié d'Enrico, sort de sa solitude, découvre progressivement ce qu'est la fraternité et se réconcilie avec son père avant son décès début 2000.

Ouvrage posthume du romancier israélien mort en juin 2022, « La fille unique » livre un regard doux et sage sur la fin de vie et une réflexion profonde sur l'identité, la santé, la laïcité et la fraternité. Rédigé avec humour, délicatesse, une subtile cruauté envers les clercs « sûrs d'eux mêmes et dominateurs », c'est un hommage aux éducateurs incarnés par une Emilia Gironi qui transcende ces pages par son savoir faire et son savoir être et aide à « être fort ».

Puisse cet étonnant roman, aussi émouvant que « S'adapter » de Clara Dupont-Monod, être lu par les lycéens et leurs professeurs !

Ma lecture de "s'adapter"
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Il est mort. Et s'eclipse avec lui toute une generation de grands, Appelfeld, Oz, Kenaz.


J'ai voulu lui rendre hommage, parler de lui a travers son dernier livre paru en francais. Et j'en tire une phrase qui va servir mon impression: “Cela ne vaut pas la peine de pleurer à cause d'un vieux livre”. Parce que je pleure la disparition de Yehoshua, de Bouli, comme l'appelaient ses amis, mais ce livre, ecrit quand il etait deja tres malade, et surtout abattu par la mort de sa femme, Ika, la compagne de sa vie, qu'il avait decide d'aimer a cent pour cent depuis le debut, comme il avait confesse, ce livre ne compte pas parmi ses meilleurs, et ce n'est pas a cause de lui que je pleure, mais porte par mes remembrances de “Monsieur Mani", de “L'annee des quatre saisons", de ses nouvelles, les etourdissantes nouvelles de sa jeunesse, et peut-etre surtout par ses ecrits politiques, ses courageuses prises se position contre les derives clericalo-patriocardes de son pays, lui qui avait toujours ete un sioniste de gauche soutenant la cause d'un etat palestinien libre aux cotes d'Israel. Meme si vers la fin un certain pessimisme le gagnait, le rongeait.


Mais je dois rendre compte de ma lecture. Je n'ai pas ete enchante. L‘heroine est une adolescente juive italienne perdue dans un tourbillon d'identites religieuses differentes: son pere, juif non croyant et non pratiquant, s'entete a lui faire apprendre l'hebreu a l'approche de sa “bat mitzva" (l'equivalent juif de la communion) et l'empeche de prendre part a la saynete de Noel de son ecole; sa mere s'est convertie a son mariage; elle a donc des grands parents chretiens et juifs, qu'elle aime tous; mais sa grand-mere chretienne s'avere fanatiquement athee et son grand-pere juif a du se cacher pendant la guerre dans un village de montagne ou il a officie comme cure pendant deux ans; son pere est ne dans un autre village, ou un medecin nazi a aide sa mere a accoucher. Quel maelstrom!


Mais je n'ai pas reussi a m'accrocher a cette heroine, qui s'exprime des fois comme une toute petite fille gatee et des fois comme une adulte particulierement sage et reflechie.
En plus j'ai trouve qu'il y a beaucoup trop de personnages pour un si petit livre, un si court roman, pas tous tres fouilles psychologiquement, et quelques uns, comme le rabbin venu de Jerusalem enseigner l'hebreu et les prieres, carrement caricaturaux.

Quelques situations m'ont aussi paru caricaturales, poussees a l'extreme de l'invraisemblance. Comme ce meme rabbin qui se deguise en cure au carnaval de Venise et est poursuivi par deux fetards deguises en juifs ashkenazes coiffes de shtreimls.

Et dans un si court texte l'usage de citations m'a semble exagere. Des pages entieres du Cuore de de Amicis, toute une chansonnette enfantine, une priere qu'il cite et repete encore et encore. C'est quoi ca? du remplissage?

Mais surtout ce qui m'a gene c'est que j'ai trouve le livre trop didactique. Je crois que Yehoshua a voulu, encore une fois, etayer ce qu'il suggerait deja dans nombre de ses livres: qu'il serait bon de reduire le poids des identites religieuses, profitable pour tous de ne pas enfermer chaque nouvelle ame dans un corset strict, raide et etouffant, de croyances et de valeurs. L'ideal pour lui serait une structure d'identites fluides et ouvertes. Un ideal humaniste ouvert a l'autre, dans la lignee de penseurs comme Buber et Levinas, ouvert jusqu'a la possibilite non seulement de comprendre l'autre, mais d'etre influence par lui, de changer un peu dans la direction de l'autre. C'est tout a son honneur, encore plus a son honneur vu qu'il est israelien et qu'il a essaye de se battre pour cet ideal dans son pays toute sa vie. Je ne peux qu'admirer cet homme. Mais j'ai lu un roman et je l'ai trouve trop didactique.


Je suppose que d'autres apprecieront ce livre plus que moi ou seront plus clements. Que m'est-il arrive a moi? J'en attendais plus? Trop peut-etre? Mais je ne vais pas en rester la. Qu'il ne soit pas dit que le seul livre de Yehoshua que j'aurai recense dans ce site m'a ete une lecture mitigee. Je lirai le tunnel. Je relirai Monsieur Mani, je relirai L'Amant, je relirai ses nouvelles. J'essaierai d'en parler. Parce que c'est un grand auteur. Parce que c'etait un grand homme, qui va manquer a tous ses interlocuteurs, israeliens et palestiniens melanges.

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Livre imposé dans un club de lecture.
C'est l'histoire d'une petite fille de presque 12 ans (il faut attendre pratiquement la moitié du livre pour connaître son âge, ce qui m'a gêné dans la lecture). Elle est juive, mais s'interroge beaucoup sur la religion.
Elle est la fille unique de ses parents et la petite-fille unique des ses quatre grands-parents. Elle est donc... très gâtée et particulièrement antipathique, même si elle est très intelligente. Et d'ailleurs, l'auteur fait tenir à cette presque adolescente des propos vraiment mature !
L'écriture est quelconque, bref... je n'ai pas aimé.

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critiques presse (2)
LeMonde
28 juin 2022
Avec « La Fille unique », l’écrivain, mort le 14 juin, illustre le caractère contre nature de l’exil dans une perspective sioniste.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Lexpress
27 juin 2022
Quelques jours avant la mort de cet apôtre de la paix, partisan d'un Etat binational, Grasset publiait son dernier roman La Fille unique. Un joli conte, en guise de message d'espoir et de confiance dans la nouvelle génération.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Comment se fait-il qu'un médecin autrichien fidèle à sa patrie ait été disposé, pendant cette guerre-là, à sauver la vie d'une juive et de mettre au monde son enfant.

Et avant même que l’instituteur ait fini de traduire la question, la réponse fuse déjà dans la bouche du vieil homme, et, à en juger par le débit de sa parole, il semble que cela faisait un certain temps qu'il s'y était préparé, qu'un beau matin le nourrisson en personne apparaîtrait pour poser cette question, bien qu'il ne s'attendît pas à ce qu'il surgisse précisément à moto.

«Eh bien voilà, monsieur Luzzatto, dit l’instituteur qui commence à traduire en dialecte tyrolien la réponse autrichienne de son père. Une jeune juive, au neuvième mois de sa grossesse, à bout de forces et en sang, lui fût amenée à Noël 1943, et, ici, l’état d esprit des gens était déjà moins euphorique car ils craignaient que l'issue de la guerre ne soit compromise. Et lorsqu'on a amené cette Jeune Juive en danger de mort, mon père espérait encore que l'armée allemande saurait surmonter la catastrophe de Russie et conquérir Moscou, et que l’occasion se présenterait de nouveau d'envoyer cette femme avec son nourrisson au lieu final où aboutiraient tous les juifs, mais il s'est dit qu'en cas de défaite, la juive et son bébé mis au monde par un médecin allemand pourraient témoigner en faveur de sa famille, et aussi du village. »

Racheté chuchote à l'oreille de son père : « Qu'est-ce qu'il dit ? Qu'est-ce qu'il explique ?

— Plus tard, plus tard », murmure Ricardo — épouvanté, ému, amusé, effrayé par l’explication franche du médecin.
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Elle aime cette grand-mère, athée endurcie qui, malgré cela, prend garde d'ébranler la foi juive de son unique petite-fille. « Comment se fait-il que tu t'en fiches, Grand-Mère, la titille souvent Rachele, que ta fille soit passée de chrétienne à juive ?

— Comme, pendant la grande guerre, explique la grand-mère, les juifs ont perdu tellement des leurs, il fallait bien les dédommager et leur transférer quelques Italiens en cadeau.

— Mais ce n'est pas un simple cadeau, chicane Rachele, ce sont des Italiens qui changent leur Dieu.
— Dieu n’existe pas, rétorque Grand-Mère, ni pour les uns, ni pour les autres, et il n'y a rien à changer. En fait, rien ne change, et, en fin de compte, tous restent uniquement des êtres humains.
— Dans ce cas, objecte Rachele, pourquoi toi, qui ne crois pas en Dieu, à Noël, tu vas tout de même à l’église ?

— Ce n'est pas à cause de je ne sais quel Dieu, mais pour les chants et la musique, réplique la grand-mère, et c'est pourquoi je ne m’agenouille pas et que je n'ouvre aucun missel, je me contente de m'asseoir comme au théâtre, pour montrer que, pour moi, la liturgie n’est qu'un spectacle. »
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- Papa, le monde n'a pas besoin d'autres dieux, il y en a déjà trop.

- Alors, que souhaites-tu voir venir au monde ?

— Quelqu'un qui reste avec moi.

— Avec toi ?

— Oui, avec moi. Non pas un dieu, mais un frère, un frère, tout simplement, un frère qui restera avec moi lorsque tu ne seras plus là.
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Videos de Avraham B. Yehoshua (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Avraham B. Yehoshua
15 juin 2022 Claude Sitbon, évoque le souvenir de son ami A.B. Yehoshua, décédé avant-hier : “Il était pleinement francophone. Ses parents parlaient français et son épouse aussi.”
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