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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai lu le premier tome des aventures de Musashi il y a quelques années. le deuxième, intitulé La parfaite lumière, se faisait attendre depuis un bon moment et, récemment, j'ai décidé qu'il était plus que temps de m'y remettre. Il faut dire que leur auteur, Eiji Yoshikawa, a produit des briques, d'environ 700 pages chacune. Après coup, je regrette d'avoir pris toutes ces années entre les deux. Au début du roman, il y a bien un petit résumé, d'une page environ, qui récapitule les principaux événements du tome précédent. Musashi revient de la guerre, tombe en amour avec Otsu l'ex-fiancée d'un ami, Osugi la mère de ce dernier le prend mal et poursuit les amoureux qui rencontrent beaucoup d'obstacles dans ce Japon médiéval rempli de bandits. Je croyais que ça allait suffire. Malheureusement, assez rapidement, plusieurs personnages mineurs apparaissent ici et là et, si leur identité me revenait en mémoire plutôt facilement, leur rôle dans l'histoire restait vague. Je crois qu'un index des personnages aurait été utile.

Pour ce qui est l'intrigue… bof. Elle est assez répétitive. Comme dans le premier tome, beaucoup d'action. Musashi malgré sa quête spirituelle de la « Voie du sabre » se retrouve continuellement confronté à des malfrats, ils se battent, le protagoniste gagne. Jotaru et Otsu tentent de le retrouver, la vieille Osugi aussi, quoique pour les malmener. Un jeu du chat et de la souris. Bref, du déjà vue. En lisant, je n'avais pas l'impression que l'histoire progressait, plutôt qu'on étirait le tout. Bien sûr, on retrouve dans La parfaite lumière quelques éléments que j'ai aimés. Par exemple, la relation de maître-disciple entre Musashi et Iori était intéressante (meilleure que celle entre Musashi et Jotaru). Même chose pour son amitié avec le forgeron Kosuke (le polisseur d'âmes). Des moments empreints de spiritualité, qui changeaient de l'action. Alors, on comprend que la « Voie du sabre », les arts martiaux japonais, c'est davantage que des jeux de bretteurs mais toute une philosophie. Pour finir, est-ce que j'ai aimé ce roman? Un peu. Je l'ai lu parce que j'avais commencé le premier et je suis satisfait d'être allé au bout de l'expérience. Est-ce que je le recommande? Oui, à ceux qui aiment les histoires de samouraïs et, surtout, ceux qui en ont déjà lues. Je ne suis pas certain qu'un néophyte pourrait apprécier les aventures de Musashi à leur juste valeur.
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La Parfaite Lumière est la suite directe et en fait constitue pour moi un tout indissociable avec La Pierre et le Sable. Aussi , je produis ici la même critique que sur le tome 1 :

Musashi, roman d'aventure et initiatique japonais, paru initialement en feuilletons entre 1935 et 1939, a été traduit en deux volumes, La Pierre et le Sabre, 840 pages, puis La Parfaite Lumière, 690 pages. C'est visiblement un roman très connu au Japon, qui rend hommage à un personnage historique faisant partie du panthéon national.

L'histoire est simple, et riche à la fois, bien construite : deux frères d'armes, après une grave défaite, vont connaître des destins croisés, forts différents, mêlant survie, amours, combats, choix spirituels... et mettant à l'épreuve leur courage et leur sens de l'honneur. Il s'agit donc avant tout d'un roman d'aventures. Malgré le poids papier des deux tomes, ils se lisent très bien, tout aussi digestes que le Seigneur des Anneaux ou Les Trois Mousquetaires.

Mais, par son thème et par son auteur, le livre revêt aussi une dimension spirituelle et est, à ce titre , un roman initiatique. Au-delà d'exploits plus ou moins romancés, tout tourne autour du Bushido ("voie du guerrier"), qui n'est pas qu'un code de conduite guerrier mais un code moral au sens large, reprenant des principes shintoïstes, bouddhistes et confucianistes. Il semble que la société japonaise, même moderne, soit encore profondément marquée par ces valeurs, que ce soit pour les remettre en cause depuis l'ère Meiji et après-Guerre, ou au contraire pour en conserver les fondamentaux.

On peut enfin le considérer comme roman historique et moyen d'ouverture culturelle à double titre : d'une part les aventures décrites se déroulent dans le Japon shogunal du XVIIème Siècle, époque Togukawa, que nous autres européens croyons connaître un peu par les estampes de l'époque et certains fims, japonais ou non.
Ce livre permet d'approfondir la compréhension des moeurs (les rapports hommes femmes notamment) et principes spirituels (le bushido) qui régissent cette société féodale en pleine mutation.

D'autre part, Eiji Yoshikawa écrit cet hommage à un héros national et aux valeurs traditionnelles japonaises alors que le pays envahit la Chine (cf le Lotus Bleu) et s'apprête , quelques années plus tard, à affirmer son nationalisme au niveau mondial à Pearl Harbor. J'ai d'ailleurs noté avec intérêt que le Gorin no Shō théorisé à la fin de sa vie par le véritable Miyamoto Musashi, et l'un des fils rouges du roman, est toujours très populaire au Japon, depuis que la Hagakure, autre voie professée par Yamamoto Tsunetomo, s'est trouvée blâmée suite à son usage durant le seconde Guerre mondiale.

En résumé, une découverte pleine de richesses pour le lecteur français, et un grand Roman, dont j'ai avalé les pages et refermé le second tome avec le regret qu'il n'y en ait pas un troisième... or, je me lasse habituellement très vite des sagas, et Dumas et Tolkien sont parmi les rares à m'avoir fait un tel effet...
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La parfaite lumière est la suite de la pierre et le sabre de Eiji Yoshikawa qui va nous faire vivre pendant 698 pages la vie du héros du Japon : Miyamoto Musashi !
C'est le roman de la maturité pour ce ronin qui avait été vainqueur de nombreux combats et qui tend de plus en plus vers la spiritualité, la perfection du corps et de l'âme jusqu'à aider les paysans, les malheureux et former de jeunes disciples Jotarô et Iori .
Il est toujours amoureux de la douce Otsû et encore persécuté par l'enragée Osugi qui le poursuit de sa hargne !
Quant à Matahachi, aidé des conseils de Musashi et prenant pour guides Takuan et Gudo : il veut se destiner à la prêtrise mais, sur son chemin il rencontre son épouse Akemi avec un bébé et il va y renoncer pour devenir un vrai père et un vrai époux. !
Pour mettre fin aux ragots, aux calomnies qui circulent à son propos, Musashi doit livrer un ultime combat et affronter Sasak Kojirô !
C'est l' affrontement entre deux hommes très différents : l'un est un arrogant, ambitieux et cruel samouraï et, Musashi qui est devenu un sage en suivant la Voie du Sabre !
Deux conceptions du combat qui préfigure la rencontre du Bien et du Mal....
Musahi a placé sa confiance dans le sabre de l'esprit et, Sasak dans le sabre de la force et de l'adresse !
Mais c'est la sagesse qui mène à la parfaite lumière et on peut deviner l'issue de ce combat !
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Suite et fin de « La Pierre et le Sabre », « La Parfaite Lumière » nous entraîne pour la seconde fois sur les traces du samouraï errant Miyamoto Musachi. A l'issu du premier tome, une nouvelle étape a été franchi dans l'apprentissage de Musachi : fini la longue errance d'école en école pour affronter les meilleurs hommes d'arme du Japon. Musachi aspire à présent à la paix et à la sagesse pour discipliner ainsi la bête qui est en lui et s'installe dans un village de paysans pour découvrir le travail de la terre. Sur le plan affectif, c'est également un nouveau départ, puisque notre héros s'est séparé de sa dulcinée Otsu et de son apprenti Jotaro – contre son gré certes, mais force est de remarquer qu'il n'en fait pas une maladie…

Pourtant si Musachi souhaite déserter le monde, le monde quant à lui ne montre aucune volonté de le laisser tranquille. Un petit palefrenier, Iori, s'attache à ses pas dans l'espoir de devenir lui-même samouraï et la vieille marâtre Osugi continue sa chasse acharnée à travers le Japon pour ramener la tête de Musachi à son village natal. Au même moment, un jeune samouraï talentueux, Sasaki Kojirö, voyage de ville en ville en disant pire que pendre de Musachi, blâmant sa lâcheté supposée et sa vulgarité. Viendra bientôt le moment où les deux jeunes hommes ne pourront plus s'éviter, l'heure qui départagera leurs deux conceptions de la voie du Sabre, l'une fondée entièrement sur la technique, l'autre sur la pureté de l'âme.

Un affrontement un poil manichéen, me diriez-vous, et vous aurez raison. La construction en miroir des deux personnalités de Kogirö et Musachi n'a jamais laissé de doute sur la supériorité de ce dernier. Brillant homme d'épée, mais doté d'un tempérament ambitieux, sournois et volontiers cruel – y compris vis-à-vis des faibles comme pourrait en témoigner la pauvre Akemi – Kogirö s'affirme clairement comme l'antithèse de Musachi, son double maléfique, condamné à la défaite finale par ses déficiences morales. On retrouve cette construction en miroir chez de nombreux duo de personnages : Otsu et Akemi, Iori et Jotaro, Musachi et Matahachi. Là où le premier membre duo s'avance vers la lumière, le second s'enfonce dans les ténèbres et la déchéance. Je respecte ce parti-pris mais je trouve qu'il laisse peu de place à la surprise, enlevant un peu de ce qui faisait le sel de la première partie des aventures de Musachi.

La rupture de ton avec le volume précédent n'en reste pas moins plaisante et les petites plages de calme par-ci par-là bienvenues – tous ces affrontements cela lasse un peu à la longue… Les nouveaux personnages sont attachants et assez bien typés, même si certains ont un petit goût de déjà-vu. Quelques évolutions de caractères sont un peu trop radicales et on peut regretter la transformation sur le tard de l'acerbe Osugi en gentille vieille femme pleine de bonne volonté. Elle était bien plus amusante quand elle tyrannisait son monde et aboyait sur la moindre innocente victime à sa portée ! Finalement, tout est bien qui finit bien : les amis séparés se retrouvent, les familles brisées se ressoudent, les méchants sont punis et les gentils triomphent. le tout donne une conclusion sans surprise, ni grande complexité, mais assez prenante tout de même et une suite de bonne qualité malgré ses quelques défauts. Dans tous les cas, un must have pour les amateurs de cape et d'épée.
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Musashi continue sa quête : il cherche toujours la voie du sabre. Il est conscient qu'il ne l'a pas encore atteint mais ne sait pas encore comment l'atteindre. La voie de la sagesse est dure à suivre et à trouver.

En parallèle on suit les aventures ou mésaventures des compagnons de Musashi : Otsu le recherche éperdument mais elle est kidnappée par Matahashi. Jotaro va continuer sa route seul... idem pour Akemi...

Vont ils tous un jour se retrouver ? Vont ils tous un jour se comprendre? Vont ils tous trouveur leur quête?

Encore une fois j'ai bien aimé car cela m'a ramené à mon enfance, à ces combats de samouraï où tout est question d'honneur. Parfois à mon sens l'honneur va trop loin et défi tout le logique comme si la vie ne valait rien sans honneur. Mais tout cela est probablement très japonais. On voyage aussi à travers ce Japon médiéval, tous ses kms parcourus à pied, à cheval, et en bateau. Très belle découverte.
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La suite des aventures de Musashi. Ce dernier va traverser le Japon pour un affrontement final avec son adversaire, accompagné de différents pages qui vont se succéder. Il développe tous les talents de l'"honnête homme" japonais (combat, sens de l'observation, peinture, cérémonies du thé, poésie...). C'est une bonne suite, peut-être un peu plus philosophique que le premier épisode, le personnage principal ayant acquis de l'âge et un peu plus de sagesse.
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Un superbe ouvrage d'un auteur japonais qui gagne a etre connu et popularisé carvil a un reel talent de conteur et il nous offre ici une superbe histoire avec une plongee depaysante et passionnante dans ce pays de tradition.Vous adorerez je l'espere comme moi ce recit qui se divise en deux volumes sans rien perdre de son caractere addictif.
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Je n'ai pas enchaîné les deux tomes de cette épopée, et j'ai eu un peu le sentiment que c'était une erreur, car je me suis perdu parfois dans l'identité des nombreux personnages de cette histoire.
Ce deuxième tome est moins "cape et d'épée-katana" : le chemin initiatique et spirituelle de Musashi occupe le récit. le temps passe, les personnages mûrissent (le Japon aussi, on découvre la construction d'Edo), et nous suivons leurs cheminements avec plaisir.
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Suite des aventures de Miyamoto Musashi et de ses suivants (Jotaro, Otsu, Takuan Matahachi, Osugi,Akemi…) au début de l'époque d'Edo. Nous sommes toujours dans le roman-feuilleton foisonnant de péripéties de tous ordres. le redoutable épéiste multiplie épreuves et expériences pour acquérir la maîtrise de son corps et de son esprit. le cheminement culmine dans l'affrontement avec son double (mauvais) Sasaki Kojirô
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Avec beaucoup de retard, je reviens sur le roman Musashi de Yoshikawa Eiji, avec son second volume intitulé La Parfaite Lumière – une chronique que j'ai trop longtemps différé parce que je n'étais pas bien sûr de comment m'y prendre… C'est que La Parfaite Lumière n'est donc pas un roman indépendant, mais un « demi-roman », un peu plus court (façon de parler) que La Pierre et le sabre, mais forcément dans la continuité de ce volume précédent – dès lors, la majeure partie des aspects que j'avais évoqué en traitant de la Pierre et le sabre demeurent, je suppose, appropriés en ce qui concerne La Parfaite Lumière, et reprendre tout ça ne constituerait qu'une redondance un peu vaine – encore que le ton diffère un peu, voire plus, et j'y reviendrai.



Et, de même que pour ce qui est de la Pierre et le sabre, La Parfaite lumière est un livre un peu rétif au résumé : Yoshikawa Eiji a conçu un roman-feuilleton riche en rebondissements et en ruptures, en même temps que l'histoire narrée se montre très dense : suivre à la trace les personnages, et livrer dans une chronique le détail de leurs errances, n'aurait tout simplement aucun sens.



Donnons simplement quelques grandes lignes : au début de ce second volume, Musashi d'une part, Otsû et Jôtarô d'autre part, viennent tout juste de se séparer une fois de plus, ceci alors même qu'ils ont peu ou prou la même destination en tête : Edo, future Tôkyô, capitale shogunale à peine jaillie des marais et qui croît alors très vite, à l'aube de cette époque que l'on qualifiera justement plus tard « d'Edo ».



Musashi a mûri, s'il demeure quelque peu inconstant – il a acquis suffisamment de sagesse, s'il y a encore un long chemin à parcourir, pour ressentir le besoin d'enseigner ce qu'il a appris à d'autres : s'il n'a finalement guère fait office de maître pour Jôtarô, il s'applique davantage à la tâche auprès d'un enfant orphelin du nom de Iori, qui ressemble à vrai dire pas mal à Jôtarô dans ses manières et son enthousiasme. Mais Musashi demeure indécis quant à son avenir : n'est-il pas temps pour lui de se placer auprès d'un seigneur ? D'acquérir une position ? Cela a-t-il seulement un sens de continuer à parcourir le Japon tel un rônin, pour livrer toujours plus de combats, qui lui vaudront toujours plus de haines ? À vrai dire, celles déjà acquises lui mettent justement des bâtons dans les (cinq) roues à chaque fois qu'un office lui est proposé… Mais, oui, on lui en propose – car si nombreux sont ceux qui haïssent Musashi, presque aussi nombreux sont ceux qui admirent le talentueux jeune homme. Il a cela dit sa Némésis : l'arrogant mais non moins talentueux Sasaki Kojirô, qui se répand en calomnies à son sujet… Nous le savions depuis longtemps : ce roman fleuve ne pouvait s'achever que sur un ultime duel entre les deux brillants sabreurs – et c'est bien le cas.



La destination est connue – mais l'itinéraire indécis, avec bien des virages, des hésitations, des moyens divers et variés de différer l'inéluctable. Rien de si étonnant, au fond, pour qui suit la voie du sabre : c'est bien le voyage qui compte. Un principe qui vaut pour les autres personnages du roman : Jôtarô qui, loin de Musashi, développe de mauvaises fréquentations – Otsû, frustrée dans son amour, qui connaît bien des épreuves, mais au moins autant de périodes de répit auprès de personnages fondamentalement bons, si son obsession pour Musashi se pare d'atours tragiques – Matahachi en quête de rédemption, et qui dispose en lui du potentiel pour devenir enfin un honnête homme, mais que la colère, la jalousie et le dépit poussent plus qu'à leur tour aux décisions les plus désastreuses – Osugi, toujours aussi pathologiquement acharnée à la perte de Musashi et d'Otsû – Takuan, le sage, et forcément plus qu'il n'en a l'air – Akemi, qui subit les pires épreuves et adopte en conséquence un comportement qui n'arrange rien… Et quantité d'autres, samouraïs à « l'honneur » sensible, artisans et bourgeois acteurs d'un monde qui change rapidement, grands seigneurs et voyous qui exercent un même pouvoir, sages qui se cachent sous la façade de commerçants et moines beaucoup moins sages et toujours portés à faire la démonstration mesquine de leurs mesquins talents…



Mais le ton diffère donc par rapport à La Pierre et le sabre – justement parce que Musashi a mûri, et d'une certaine manière les autres personnages aussi. Ce qui n'est pas si étonnant : une douzaine d'années, après tout, s'écoulent entre la bataille de Sekigahara, qui marquait le début traumatisant de la Pierre et le sabre, et le duel entre Musashi et Sasaki Kojirô qui conclut La Parfaite Lumière. Musashi et Otsû étaient pour ainsi dire des adolescents au début du roman, mais ils sont à la fin des adultes, avec des préoccupations d'adultes – et peut-être plus sensibles au fait que la mort est au bout du chemin, en fin de compte ; mais aussi plus disposés à l'accepter sereinement, dans la voie du samouraï encore à définir, mais tout autant dans la voie que parcourent qu'ils le veuillent ou non tous les hommes, toutes les femmes. Matahachi, de manière finalement assez logique, se réalisera quant à lui en époux et père : le concept même du personnage y incitait, je suppose. Quant aux enfants, Jôtarô mais aussi Iori, ils grandissent à leur tour – ils restent, et surtout le premier, des trublions dont la spontanéité est rafraîchissante, mais leur insouciance initiale s'amenuise peu à peu, comme il se doit, même si l'on pourrait le regretter.



Et tout cela affecte le ton du roman. La Parfaite Lumière se montre du coup moins drôle et léger que La Pierre et le sabre ; il se montre en même temps plus grave, plus solennel parfois – car on y traite de l'expérience acquise avec l'âge, et de la sagesse qui sied mieux à qui a un tant soit peu vécu qu'à celui qui part sur les routes à l'aventure. Par chance, Yoshikawa Eiji sait évoquer ces sujets avec habileté, et ne se montre finalement jamais sentencieux. La spiritualité du Traité des Cinq Roues imprègne forcément le roman, mais l'auteur a le bon goût, si rare, de ne pas faire dans la mystique à dix sous et la fausse sagesse lourdement démonstrative – un écueil communément associé à ce genre de récits.



Et cela tient énormément au personnage de Musashi : après tout, s'il a mûri, il est encore bien loin de la perfection du titre – il doute, il erre, il commet des erreurs, son ego le travaille… Et il demeure fondamentalement inconstant, changeant plus souvent de disciples que de vêtements, et toujours aussi lâche face aux femmes, plus que jamais quand il s'agit d'Otsû. Il n'inspire pas toujours la sympathie – et s'il ne se montre jamais « maléfique », bien au contraire (il est un héros, incomparablement plus que dans La Pierre et le sabre, et il fait preuve ici de dévouement pour les humbles, des petits paysans pourtant portés à le railler, notamment), il n'est pas exempt, par moments, d'un certain ridicule ; peut-être parce qu'il a conscience, d'une certaine manière, d'être « un personnage », qu'il s'est bâti lui-même.



Et ces errances caractérisent bien sûr tous les personnages ou peu s'en faut – et jusqu'au plus monolithique d'entre eux : l'acharnée Osugi. Une vieille dame aussi peut mûrir, après tout. Ce qui a quelque chose d'un soulagement, dois-je dire.



Du fait de ce ton plus grave, La Parfaite Lumière ne m'a pas aussi systématiquement emballé que La Pierre et le sabre – cette première partie dont l'humour et la légèreté m'avaient très agréablement surpris. Mais il faut relativiser : La Pierre et le sabre avait probablement constitué ma lecture préférée de 2018 – quand je dis que La Parfaite Lumière m'a paru un cran en dessous, pour des raisons tenant à ma sensibilité personnelle, cela ne revient certainement pas à en faire un roman mauvais ou même médiocre : La Parfaite Lumière demeure un excellent livre !



Et l'ensemble constitue une fresque fascinante – oui, décidément, un modèle de roman-feuilleton. Et une lecture chaudement recommandée.
Lien : http://nebalestuncon.over-bl..
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