AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,15

sur 124 notes
5
7 avis
4
14 avis
3
5 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Août 1945, le Japon est en train de perdre la guerre. Les Américains bombardent sans relâche les villes et les villages en larguant des bombes incendiaires depuis leurs B29. Takuya reçoit l'ordre de tuer un pilote. Il obéit froidement. Cet aviateur américain a causé la mort de milliers de civils. Takuya ne fait qu'accomplir son devoir.
Mais la guerre terminée et perdue, ceux qui ont exécuté des Américains se retrouvent accusés de crimes de guerre.
Takuya doit fuir et se cacher. Et c'est un Japon ravagé par les incendies et la famine que nous allons traverser avec lui.

Livre de guerre, roman à suspense, livre de philosophie et même de poésie, ”La guerre des jours lointains” réussit la prouesse d'être tout cela à la fois.
Yoshimura s'est documenté. Il pose des faits. Il y a eu des exécutions sommaires et des tortures de la part des Japonais. Il y a eu, aussi, Hiroshima et Nagasaki.
Takuya est du côté des perdants et pour cela il risque la pendaison. Mais si le Japon avait gagné la guerre il aurait probablement reçu une médaille. N'est-ce pas absurde? Ce qui était le Bien s'est soudain transformé en Mal. le héros est devenu un monstre.Tout est affaire de circonstances finalement et l'arrogance des vainqueurs devient humiliation de vaincus.
Takuya doit maintenant vivre avec le fantôme de ce soldat qu'il a tué, un américain qui, comme lui, a accompli son devoir avec courage. Yoshimura le fait réapparaître régulièrement dans les souvenirs de notre héros, lui rendant hommage en quelque sorte. Car, quelque part en Amérique, des parents pleurent leur fils. Ils étaient deux soldats, l'un japonais, l'autre américain. Deux minuscules rouages de la barbarie. L'un est mort et l'autre pas. Absurdité encore, de la guerre et du destin.

J'ai lu ”La guerre des jours lointains” comme un plaidoyer contre la guerre mais aussi comme un hommage rendu aux hommes qui défendent leur nation. le roman n'est jamais manichéen et nous amène à de profondes réflexions. Qu'aurions-nous fait à la place de Takuya? Au nom de quels intérêts patriotiques a-t-on pu détruire tant d'êtres humains?
Takuya fait un chemin intérieur, celui de l'humilité et du repentir. ” Il éprouvait de la pitié pour la silhouette de cet homme mort, face contre terre.”

Ecrit dans un style d'une sobriété et d'une pureté sans pareil (je souligne au passage l'excellente traduction de Rose-Marie Makino-Fayolle), ce livre m'a bouleversée. C'est cela la magie de Yoshimura, une tension dramatique qui va croissante servie par une écriture toute en retenue. C'est beau et parfaitement maîtrisé, comme un combat de kendo.


Commenter  J’apprécie          616
Lorsque vous commencez un roman d'Akira Yoshimura, dites vous bien qu'au moins dix-sept de vos muscles observeront un repos complet de quelques heures : vos zygomatiques et leurs proches compagnons vont faire relâche…

« le convoi de l'eau » et « Liberté conditionnelle » m'avaient déjà permis de côtoyer l'univers très sombre de cet écrivain disparu en 2006. Ces deux livres ont en commun le meurtre d'une femme adultère : la première a le crâne fracassé à coups de bûche et la seconde est poignardée avec un grand couteau de cuisine.
C'est également par un fait sanglant à l'initiative du personnage principal que débute « La guerre des jours lointains ». La victime cette fois est un soldat américain, prisonnier de guerre de l'armée japonaise, décapité au sabre.

Officier responsable de la coordination des informations de la zone aérienne de défense, Takuya Kiyohara est basé dans un bunker de la banlieue de Fukuoka, ville située à la pointe nord de l'île de Kyūshū . Sur un écran il a une vue synthétique des centaines d'avions ennemis qui survolent quotidiennement le territoire national. Nous sommes en 1945 et les bombardiers américains pilonnent sans relâche les principales villes du pays.
Les 6 et 9 août, Il scrute impuissant les lampes rouges qui marquent la progression des B 29 jusqu'à Hiroshima et Nagasaki.
Traumatisé par la capitulation du Japon le 15 août et par les centaines de milliers de victimes civiles, Takuya se porte volontaire pour l'exécution d'un des aviateurs américains récemment capturés et dont le haut-commandement a ordonné la mise à mort.

Quelques semaines plus tard, ses supérieurs nient devant les services de renseignements américains avoir donné un tel ordre et Takuya devient, aux yeux des forces d'occupation, un criminel de guerre. Il est activement recherché et sait qu'en cas d'arrestation il n'échappera pas à la pendaison.
Commence alors la fuite désespérée de l'ancien officier à travers un pays détruit où une grande partie de la population souffre d'inanition et subit apeurée l'arrogance des vainqueurs.

Avec une fluidité d'écriture très agréable, Yoshimura relate le parcours tragique de ce jeune homme, victime collatérale d'une horreur qui le dépasse.
L'écrivain arrive par petites touches à rendre le fugitif attachant. le lecteur, captivé au fil des chapitres par un suspense allant crescendo, espère de plus en plus voir le pauvre Takuya sortir de cette impasse effrayante.

La dernière page de ce roman haletant permettra-t-elle au lecteur d'esquisser enfin un sourire ? Avec Akira Yoshimura, rien n'est moins sûr !
Commenter  J’apprécie          543
Il a suivi la progression des B29 sur la carte, les bombardements de civils innocents, il a vu la ville à feu et à sang, il a comptabilisé les morts, il a assisté aux interrogatoires de jeunes pilotes américains désinvoltes, il a su pour Hiroshima et Nagasaki, il a écouté en direct le discours de capitulation de l'Empereur...alors quand son chef lui demande de trouver trois hommes pour exécuter trois prisonniers américains, Takuya Kiyohara ne réfléchit pas et se porte volontaire pour décapiter au sabre l'un d'entre eux. Cet acte que l'on peut qualifier de barbare lui a semblé naturel et juste, il ne le regrette pas. Pourtant son geste va le rattraper...Les américains n'entendent pas laisser impunis ces crimes de guerre, ses officiers supérieurs se défaussent, Takuya est seul et, s'il se fait prendre, il sait qu'il sera pendu. Alors il fuit. Dans un Japon ravagé par les bombardements, affamé par la disette, humilié par les forces d'occupation, il fuit, il se cache, il ne peut compter sur aucune aide, il ne peut faire confiance à personne. Lui qui a servi loyalement son pays, lui qui a toujours obéi aux ordres, lui qui aurait pu, qui aurait du être un héros, n'est plus qu'un vulgaire criminel, trahi, vilipendé, traqué, sans espoir d'absolution.


C'est avec distance et froideur qu'Akira YOSHIMURA nous raconte la défaite d'un pays et d'un homme et sa fuite éperdue pour échapper à des sanctions qu'il juge iniques. La guerre est ainsi faite qu'il faut un vainqueur et un vaincu et ce dernier n'a plus voix au chapitre. Il est jugé coupable de facto. Les vainqueurs sont des héros, ils ont tué des milliers de civils, ils ont bombardé le Japon sans relâche, ils ont employé l'arme nucléaire, rayé deux villes de la carte mais ils ont ont gagné et celui qui n'a tué qu'un homme est pourchassé pour crime de guerre... Est-il plus coupable que le pilote américain  qui a largué des bombes sans état d'âme ? Une vie américaine vaut-elle plus que des milliers de vies japonaises ? Condamné à la solitude, Takuya se pose des questions. Après le temps de la haine vient celui de la réflexion. Les soldats, japonais comme américains, obéissent aux ordres, voilà le seul fait avéré. La culpabilité se déplace et serait alors dans le camps de gradés qui envoient de très jeunes pilotes faire le sale boulot ou qui ordonnent des décapitations hors-la-loi.
La guerre des jours lointains est l'histoire d'un homme dépassé par des évènements qu'il a subi sans avoir prise sur eux, l'histoire d'une humiliante défaite, d'un pays épuisé par les horreurs de la guerre. Sombre et très dur, le roman invite à la réflexion sur la culpabilité, la barbarie mais aussi la reconstruction et le pardon. A lire.
Commenter  J’apprécie          490
Japon après guerre, l'officier Takuya se cache, fuit la condamnation par pendaison qui le menace à cause du prisonnier américain qu'il a exécuté, exécution qui lui semble légitime suite aux bombes incendiaires et atomiques qui, contrairement aux lois de la guerre, visaient des civils.

Par une abondance de détails historiques, Yoshimura nous fait découvrir comment se redresse le Japon exsangue, affamé et arrive à merveille à nous identifier au fuyard, ses difficultés pour se reconstruire.
Commenter  J’apprécie          290
Fin 1945, au lendemain de la reddition de l'Empereur du Pays du Soleil Levant : les cendres des villes japonaises pilonnées pendant plus d'un an par les américains sont encore tièdes, l'écho des deux bombes atomiques résonne encore.
À peine descendus de leurs bombardiers B-29 dans lesquels ils écoutaient du jazz en rasant les plus grandes villes de l'archipel et décimant les populations civiles, les américains entament une série de procès contre les "criminels de guerre" japonais.
Les gradés se suicident à la chaîne pour échapper à la honte d'une arrestation par les vainqueurs arrogants.
Ancien officier de la défense anti-aérienne, Takuya vient d'être démobilisé. Lui-même a décapité, sur ordre, un aviateur US tombé de son bombardier.
Soucieux d'échapper à une condamnation (et certainement à une pendaison), il abandonne maison et famille et prend la fuite à travers le pays ravagé, en proie à la famine.
De son écriture minimale et distanciée, Akira Ysohimura décortique avec une précision chirurgicale les absurdités de la guerre et les états d'âme de la population japonaise, l'arrogance des vainqueurs et l'humiliation des vaincus.
Derrière sa prose d'apparence lisse et mesurée, on devine les failles laissées par ces terribles événements.
Mais Akira Yoshimura est trop fin pour se contenter de fustiger l'arrogance des armées d'occupation. Ce n'est pas son but et il ne défend pas de thèse : dans le même chapitre où il se demande si les américains considéraient les japonais vraiment comme des êtres humains pour oser ces bombardements massifs, il rapporte le sort réservé aux malheureux parachutés, jusqu'à la vivisection pratiquée par les médecins militaires nippons curieux de découvrir les secrets de ces grands gaillards blonds.
Chacun lira donc ces pages avec ses propres yeux, qui ne sont pas japonais.
Même la relecture (on avait découvert cette Guerre des jours lointains, il y a quatre ans) semble apporter un éclairage encore différent.
Pour notre part, on y a redécouvert l'ingéniosité des militaires américains, toujours prompts à inventer de nouvelles stratégies guerrières quelque soit l'époque et le lieu : après les premiers essais à Dresde et Hambourg, le Japon eut droit à l'extermination massive de ses villes et de sa population civile, jusqu'à la solution finale avec Little Boy et Fat Man.
Poursuivi par ces horreurs et la crainte de la police militaire, Takuya parcourt son pays ravagé, en plein désarroi, en pleine famine aussi puisque même le riz est devenu une denrée rare.
Dans cet ouvrage tout comme dans Naufrages, Akira Yoshimura démontre encore une fois sa maîtrise d'une langue sobre et sèche qui convient parfaitement à cette histoire sombre, aux relents de fin du monde.
Yoshimura a rédigé là un devoir de mémoire : ce qui doit être dit (et écrit) avant d'autoriser l'oubli.
Un livre où l'on découvre la guerre du côté des perdants.
Lien : http://bmr-mam.over-blog.com..
Commenter  J’apprécie          130
Après « Naufrages », j'éprouvais l'envie profonde de replonger dans l'écriture de Yoshimura, qui est selon moi le Faulkner du Japon, ce qui ne constitue pas à mon sens, un mince compliment. « La guerre des jours lointains » nous permets de retrouver cette écriture aride et âpre de l'auteur Japonais. Je ne vous dévoile rien des différentes péripéties propres à l'histoire du livre, je veux seulement vous dire, combien ce roman est passionnant et riche de sens. Takuya a perdu la guerre, et comme tel il est jugé par les vainqueurs d'aujourd'hui et par la population civile d'un pays ravagé par dix années de conflits qui subitement retombent sur les seules épaules des militaires perçus ici et là comme des assassins, des criminels, eux qui autrefois étaient vus comme autant de héros symbole d'un Empire du Japon où le soleil ne se couchait plus… ce livre nous conte cela, le mince filet d'eau séparant le héros du lâche, le sauveur du bourreau, la mince mais ô combien cruciale frontière aussi entre le vainqueur et le vaincu. Nous pénétrons dans l'esprit de cet homme devenu criminel de guerre du seul fait de la défaite de son pays. Rares sont les ouvrages traitant de ce sujet du seul point de vue japonais, alors que nous croulons littéralement sous le poids des livres traitant de la barbarie nazie (cf. le Jonathan Littel « les Bienveillantes » etc.). Absolument captivant et saisissant dans ces descriptions d'un Japon détruit par la formidable machine de guerre américaine, dans sa façon aussi de saisir nos lâchetés, nos compromissions avec ce qui peut apparaître tour à tour comme le bien et le mal.. étant entendu que le bien est le propre du vainqueur et le mal le poids porté par le seul vaincu. J'ai songé aussi à Pär Lagerkvist et son sublime « le bourreau » qui traitait lui aussi de ces questions du bien et du mal et de leurs inextricables relations. Un livre que je vous recommande chaudement !
Lien : https://thedude524.com/2010/..
Commenter  J’apprécie          30
C'est l'histoire d'une fin de guerre. Nous sommes au Japon, en 1945. Takuya est militaire. Il est coordinateur des informations liées à la surveillance aérienne. Il passe ses journées à scruter ses écrans de contrôle. Parmi les nuées d'avions américains qui obscurcissent le ciel, des bombardiers sont abattus. Les soldats sont faits prisonniers. Premier choc culturel pour Takuya qui rencontre ses ennemis.

Sur ses écrans, deux points minuscules apparaissent. Ce sont des B29 qui transportent LA bombe au-dessus d'Hiroshima et de Nagasaki.

L'empereur du Japon annonce la capitulation du pays. Dans l'urgence, la décision tombe : les prisonniers américains seront exécutés. Takuya, rongé par la haine, se porte volontaire et commet ce que les tribunaux d'occupation qualifieront de crime de guerre.

Il sera alors obligé de fuir dans un Japon d'immédiate après-guerre plongé dans l'abattement, la misère et l'humiliation.

Superbement bien écrit, c'est une photographie de l'intérieur d'un pays vaincu. Famine, maladie, pauvreté, de nombreux fléaux balayent ce Japon que se pensait invincible. L'histoire est toujours écrite par les vainqueurs. Pour une fois, le lecteur peut passer de l'autre côté.

N'excusant ni n'accablant aucun camp, Akira Yoshimura raconte cette courte période entre l'effondrement d'une nation, de son peuple et sa renaissance. La fuite en avant de Takuya nous emmène au plus profond de l'âme japonaise, de sa survie, de ses forces et de ses faiblesses. de cette âme à jamais marquée par deux journées d'août 1945 où le ciel a pris feu.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (253) Voir plus



Quiz Voir plus

Les mangas adaptés en anime

"Attrapez-les tous", il s'agit du slogan de :

Bleach
Pokemon
One piece

10 questions
885 lecteurs ont répondu
Thèmes : manga , littérature japonaiseCréer un quiz sur ce livre

{* *}