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Critique de Croquignolle


Le Convoi de l'eau… Un titre qui invite à la poésie, à la rêverie, à la douceur et au monde paisible.
Akira Yoshimura… Un auteur qui m'a subjuguée avec Naufrages, qui sait faire vibrer la corde sensible en moi, qui me rappelle mes voyages nippons et ravive mes sentiments et émois.

J'ai ouvert ce livre avec la délicatesse nécessaire à l'ouverture d'un cadeau précieux, consciente du trésor que j'allais y trouver.
J'ai dégusté sa première ligne. Simple. Belle. Dynamique. Joyeuse : « de l'avant de la file nous parvint un joyeux tumulte ».
Et me voilà plongée en terre connue… A flanc de colline, sur un sentier montagnard, à la file indienne, des amis devant, des amis derrière. Et ces rires qui fusent de ce bonheur d'être ensemble et d'humer l'air frais, admirant des paysages exceptionnels et savourant la brise légère qui rafraîchit nos visages sur lesquels perlent la force de l'effort.

Deuxième phrase : « Les voix qui s'élevaient dans la pénombre de la forêt déclenchèrent des cris aigus et les battements d'ailes d'oiseaux sauvages. »
La magie continue. Les regards émerveillés s'élèvent dans le ciel. Les nuages dessinent l'essentiel des rêves. Les oiseaux se détachent en un vol tumultueux et nous prennent à témoin. Leur tranquillité dérangée, ils n'ont de cesse que nous faire admirer leur beauté colorée.

Ca y est… J'y suis. Il n'a fallu que deux phrases pour que je sois totalement dépaysée, charmée, transportée.
Le reste du roman n'est que la suite d'un tapis tressé de mots sélectionnés et assemblés comme seul un orfèvre de la plume sait le faire. le style de Akira Yoshimura est unique et inimitable. Elle me touche au coeur. Et c'est là le trésor de ce livre.

Quant à l'histoire, j'avoue que je l'ai reléguée au deuxième plan, privilégiant la beauté du voyage textuel et la construction des phrases. Elle retrace le travail sans failles d'ouvriers engagés dans la construction d'un barrage en haute montagne et qui petit à petit se laisse interpeller par les us et coutumes mystérieux des villageois qu'ils vont devoir déloger. de nombreux passages décrivent le travail acharné des ouvriers, dans le détail. C'est la partie qui m'a le moins plu. le dernier tiers du livre est de loin le plus passionnant, chaque personnage se détournant de son devoir professionnel pour s'intéresser à l'autre, à sa culture, à ses émotions, à ses croyances.

La fin m'a laissée sur ma faim. Je voulais que l'auteur m'attire plus loin dans ses émotions. Dans les miennes. J'en voulais plus. Il m'avait donné à manger. Je voulais qu'il m'inonde de plaisirs littéraires. Mais Yoshimura a préféré me laisser la responsabilité de la suite de l'histoire. Seule sur mon chemin de montagne, me voilà un peu perdue. Est-ce parce que mes attentes étaient trop hautes ? Trop figées ? Trop intenses ?

« Devant mes yeux se succédaient les montages enneigées, indifférentes, en une étendue qui se déroulait à l'infini. ». J'ai refermé ce roman, touchée au coeur. Je me suis relevée après cette pause. J'ai remis mon sac à dos. J'ai repris le sentier de la vallée. Un peu grandie. Un peu différente. Consciente qu'un petit miracle vient d'avoir lieu.
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