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Un village hors du temps, quasiment coupé du monde régit par ses propres lois et coutumes. La vie est rude au bord de la falaise et pourtant il suffit de regarder au loin pour saisir ce qui lie l'homme à la nature. La vie rythmée par la saison, la pêche et les maigres récoltes ne suffisent pas nourrir les Hommes qui en période de disette doivent se vendre pour que les leurs puissent survivre. Alors ils guettent l'horizon et espèrent le bateau qui peut-être viendra les sauver. Tous leur espoirs sont tournés vers le large et c'est bien plus que par leurs prières qu'ils appellent les navires...
La poésie dans la gravité, le beau dans la misère, l'espoir dans l'infinie attente, l'écho du coeur dans un monde au bord du vide...
Un livre qu'on a envie de partager.
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Il est des Naufrages qui laissent des traces.
et des Naufrages qui chamboulent des vies.
Il est des Naufrages qui hantent les jours.
et des Naufrages qui assurent la survie.
Il est des Naufrages attendus, espérés.
Il est des Naufrages maudits, hantés.
Il est des Naufrages qui nous marquent à jamais.
Celui de Akuri Yoshimura est de ceux-là.

Je ne savais rien de ce livre en ouvrant ses pages. Mais je me suis retrouvée instantanément projetée dans le courant lent de la vie d'un petit village japonais de bord d'océan.
Au début, j'ai pensé que je pourrais m'y ennuyer.
Mais le ressac, son hymne mélodieux et son rythme hypnotique m'ont vite fait comprendre que j'étais ici chez moi, qu'on avait besoin de mes forces vives, qu'il me faudrait attendre quelques années avant de me marier et que peut-être on me vendrait ailleurs pour la subsistance de la famille.
Pas de révolte, aucune. Ceci était ma vie.
J'ai scruté l'horizon en quête de bateaux perdus, j'ai allumé des feux nocturnes pour extraire le sel, j'ai pêché l'encornet et le maquereau à la bonne saison, j'ai prié les âmes des anciens pour la protection des miens, j'ai attendu le retour d'un père aimé.
J'ai ressenti dans mon âme profonde cet appel à retrouver ce qui habite l'homme depuis toujours : l'amour des siens et l'instinct de survie.
Alors quand le bateau est arrivé, quand le naufrage est survenu, une joie indicible m'a envahie, le fardeau de l'inquiétude du lendemain s'est envolé et les sacs de riz ont rempli les maisons sous les éclats de rire des enfants.

Mais les naufrages ne se ressemblent pas tous.
Certains apportent la vie, d'autres la suppriment.
Et cela laisse des traces...

Rares sont les livres qui m'ont enveloppée à ce point.
J'ai terminé ce roman il y a près de deux semaines et les odeurs m'enivrent, les regards m'appellent, les parties de pêches m'invitent, les morts me hantent... encore !
L'écriture de Akira Yoshimura ressemble à un jardin japonais : paisible, soigné, puissant, méditatif, enivrant, lent, beau, irrésistible.
A découvrir avec urgence... non, avec lenteur.
Comme le ressac d'une nuit très calme.
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Que dire à propos de ce chef-d'oeuvre... Après une longue hésitation, je me sentais obligé d'encenser ce magnifique roman japonais en écrivant quelques lignes.

Isaku et sa famille vivent une vie difficile, dans un village isolé de pêcheurs et de paysans. La vie est guidée et rythmée par les saisons et les dures lois de la nature. Ce roman transmet parfaitement les conditions de vie de ces habitants avec de nombreux détails pour une belle et profonde immersion. A cause de l'extrême pauvreté dans laquelle les habitants de ce village vivent, certains membres des familles sont obligés de se « vendre » et de partir durant de longues années pour nourrir la famille et échapper à la famine.
Les prières ancestrales se tournent vers la survie, avec notamment la prière de voir des bateaux de commerce faire naufrage afin de pouvoir stabiliser temporairement les esprits et les estomacs. Chaque chapitre nous plonge plus intensément dans la difficulté qu'ils affrontent à travers une écriture fine et philosophique.
A tous les amoureux de la littérature, celle qui vient du Soleil Levant est une mine d'or d'émotion et de puissance.
Je me sens de plus en plus happé par cette magnifique littérature nippone.
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Voici le deuxième livre de Yoshimura que je lis et les mêmes causes provoquant les mêmes effets, j'ai à nouveau effectué un voyage « emporté par un mot ».
Dès les premières phrases l'évasion est totale, la poésie est partout même si les faits, l'action et les personnages relèvent d'un pragmatisme sans concession.
Tout est dur, voire brutal, sans humour aucun, Andman l'a souligné ailleurs, mais je me suis lové dans cette histoire de manière incompréhensible, aidé sans doute par un style simple, épuré qui infuse une sérénité que mes clichés qualifient d'asiatique.
Je n'ai qu'une explication rationnelle à cet engouement : je suis une réincarnation d'un villageois japonais pilleur d'épaves, et j'étais amoureux de Tami.
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Naufrages pourrait être né des belles estampes d'Hokusai représentant au XIXème siècle des marins et des paysans travaillant dans des paysages montagneux tout près de bords de mer...

Isaku a 9 ans. Il vit avec sa famille dans un petit village. Les habitants subsistent grâce à la vente du produit de leur pêche et de la récolte du sel en échange de céréales. Malgré la dureté du travail et le négoce, la vie au village reste très précaire. Ainsi, des hommes et des femmes sont contraints de quitter leur famille durant plusieurs années pour trouver un travail plus lucratif. C'est le cas du père d'Isaku parti depuis deux ans déjà. Nécessité oblige, le jeune garçon vient souvent en aide à sa mère et à ses jeunes frère et soeurs. le temps passe ainsi au rythme des saisons, de la nature partout présente, du travail acharné, des exigences de la vie en communauté et de la croyance animiste pratiquée dans chaque foyer.

Le rouge est au Japon la couleur de l'abondance, de la longévité. Quand les arbres des massifs montagneux qui font face au village se parent à l'automne de merveilleuses teintes rouges, les habitants se mettent à espérer que la pêche sera plus tard abondante mais aussi que des navires marchands viendront s'échouer sur les récifs tout proches… C'est ce qui va advenir un jour.
Une nuit de tempête, en plein hiver, une clameur gagne tout le village. Un navire s'est échoué tout près. Rapidement, les habitants s'organisent pour se rendre sur embarcation. Ils y découvrent un imposant chargement constitué surtout de riz. Les membres survivants du navire sont rapidement mis à mort par les villageois. Les marchandises et tout ce qu'il reste des pièces de l'embarcation sont ramenées à terre. Il ne reste plus trace du naufrage. le village va connaître un temps nouveau, celui de la quiétude, du rassasiement.
Quelques temps plus tard, le rouge deviendra couleur de l'inattendu et de l'étrange. Un autre navire vient de s'échouer dans la baie. Les villageois sont confondus par ce qu'ils découvrent à bord de l'embarcation : très peu de marchandises et surtout un grand nombre de corps sans vie, tous vêtus de rouge…

Avec Naufrages, roman publié au Japon en 1982, Akira Yoshimura confirme définitivement son talent de très grand écrivain. Entre roman d'initiation et conte philosophique et moral, l'auteur décrit avec réalisme et sensibilité le destin de personnes confrontées à des situations inattendues et difficiles, à des évènements qui souvent les dépassent, auxquelles ils doivent se résigner, se soustraire par la force des choses.
Dans Naufrages, comme dans la plupart de ses romans, Akira Yoshimura fait se combiner avec beaucoup de justesse les ressorts de l'intime (ici, celui d'Ikaru) et l'histoire collective (celle de la communauté, du village). L'individu agit comme un profond révélateur de son époque, de la société dans laquelle il vit. Jamais l'auteur n'oppose l'individu à son époque, ne porte pas de jugement de l'un par rapport à l'autre. Il conserve toujours cette distance nécessaire, cette acuité du regard qui rendent ses personnages si singuliers, si touchants encore.

Écrivain incontournable de la littérature contemporaine japonaise, il reste de la lecture d'Akira Yoshimura beaucoup plus que des livres remis à leur place sur une étagère de bibliothèque.
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Après le convoi de l'eau, me voilà encore une fois totalement emportée par cet autre roman de Yoshimura. Un écrivain japonais que je suis enchantée d'avoir découvert tant ses univers sont forts et dont l'écriture a une puissance d'évocation extraordinaire.

Le convoi de l'eau nous plongeait dans une ambiance brumeuse, humide et mystérieuse. Cette fois, encore, l'auteur nous transporte dans un petit village isolé, coincé entre mer et montagne. Sa situation géographique rend difficile la survie de ses habitants. Alors, pour échapper à la famine pendant la saison d'hiver, ils ont pour tradition de faire un feu la nuit sur la plage pour tromper et attirer les bateaux en difficulté, et provoquer ainsi leur naufrage sur les rochers de la côte. Les villageois peuvent alors s'emparer des réserves entassées dans les cales. C'est le secret du village, jusqu'au jour où…

Les saisons et les activités afférentes à chacune d'entre elles rythment le roman : la pêche des poulpes, puis celle des maquereaux, les récoltes, la fabrication du sel, la confection des vêtements etc. L'histoire est racontée par le biais d'Isaku, jeune garçon d'une dizaine d'années dont le père a dû quitter le village pour aller travailler. C'est donc aussi un roman d'apprentissage puisque le jeune garçon se voit contraint d'endosser le rôle de chef de famille.

C'est court, puissant, tragique et cruel. L'écriture, très imagée, est magnifique. Un vrai coup de coeur !
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Un petit village enclavé entre mer et montagnes dans un Japon encore primitif. le balai des saisons qui impose sa cadence à la nature et aux villageois. La faim qui menace toujours et pèse sur le destin de chacun. La nécessité d'aller au village le plus proche pour y échanger du poisson fumé ou du sel contre des céréales. Et lorsque cela ne suffit pas, l'obligation pour certains villageois de se vendre pour des années afin d'assurer quelque subsistance à leurs proches. C'est ainsi que le père du jeune Isaku part pour trois ans, le laissant lui, sa mère, son frère et ses deux soeurs dans l'espoir d'un avenir meilleur. Isaku n'a que neuf ans et il doit pourtant apprendre à devenir un homme, endurer la sévérité de sa mère qui est gage de persévérance, s'évertuer à devenir un bon pêcheur, se plier aux étranges et cruelles traditions de ce village vivant au rythme des saisons et de la fortune capricieuse.

Isaku doit apprendre l'ingénieuse technique de pêche au maquereau ou la manière d'attraper les poulpes au crochet, reconnaître les signes de la saison des sardines ou de l'encornet. Il doit aussi contribuer à l'entretien des grands feux sur la plage à la période des tempêtes. Car si ces feux sont allumés pour cuire le sel, ils le sont aussi et surtout pour leurrer les navires en perdition et provoquer leur naufrage. Tout l'espoir des villageois est tendu vers ces précieuses cargaisons de riz, d'huile, de sucre et de saké. de ces denrées qu'ils parviendront à dérober à leurs infortunés convoyeurs, ils tireront leur subsistance pour des mois ou des années. Mais quel est le prix à payer pour telle cruauté ?

Dans cette histoire d'inspiration légendaire, Akira Yoshimura brosse un tableau impressionniste où la souffrance des Hommes et leur sombre ingéniosité conduisent à la survivance de coutumes anciennes et avilissantes. Il y a pourtant de l'honneur chez ces naufrageurs, ainsi qu'une abnégation admirable. de voir ce village subir les assauts de la nature et du hasard est d'autant plus poignant que le personnage principal de ce récit est un enfant innocent qui doit apprendre à lutter contre l'adversité.
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Dans un Japon encore primitif, Akira Yoshimura nous fait découvrir la survie d'un village de pécheurs. A travers le regard d'Isaku, jeune garçon de 9 ans à qui le village demande trop tôt de devenir adulte, nous partageons et participons à la vie de ce village. Les couleurs de la forêt, les senteurs des embruns et les odeurs du poisson séché nous prennent au coeur. le désespoir de ces villageois ou, par moment leur joie intense, nous touche énormément surtout devant la cruauté que la survie d'un tel village peut entraîner.

Un roman magnifique, d'une intensité remarquable, une oeuvre majeure à conseiller, et même pour les lecteurs qui ne sont pas passionnés par le Japon et aussi pour ceux qui ont envie de découvrir un Japon différent, méconnu, en dehors des temples de Kyoto ou de l'atmosphère urbaine de Tokyo.

Sublime mais aussi Triste et Cruel.
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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Yoshimura n'a pas son pareil pour poser une ambiance, au rythme des saisons, un village de pêcheurs isolé du monde par le dangereux chemin du col, une pauvreté telle que pour ne pas mourir de faim, les habitants sont obligés de se vendre ou un de leurs enfants, sauf si les feux habilement allumés les nuits de tempête réussissent à attirer un bateau en déroute, ....et tant pis pour les survivants...

Mais ces épaves peuvent aussi apporter les pires calamités...
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Le naufrage se définit au sens propre comme la perte d'un navire par accident de navigation et au sens figuré comme un désastre total. Avec Naufrages d'Akira Yoshimura, ces deux réalités se côtoient.

Isaku vit dans un village reculé entre mer et montagne et doit travailler comme un homme, dès l'âge de neuf ans, quand son père part se louer pour trois ans, pour éviter la famine à sa famille. Il doit aider sa mère pour nourrir son frère et ses deux jeunes soeurs.

Les saisons s'enchaînent avec les différents types de pêches, la récolte du sel, dans une vie simple, axée sur les besoins primaires.

Le seul élément perturbateur peut être le naufrage d'un navire sur les récifs à proximité du village, souhaité et même provoqué par les habitants qui attirent les bateaux par des feux sur la plage dans la période des tempêtes.

Mais cet élément perturbateur, si attendu, est-il positif pour la survie de cette petite communauté ?

Une ambiance particulière se dégage de ce récit, avec un rythme lent, en lien avec les cycles de la nature, et des personnages qui ne peuvent lutter contre leur destin.

Une lecture à faire à un moment choisi pour avoir suffisamment de temps de méditation et être dans une certaine acceptation de la fatalité…

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