Le Bonheur lui-même ne fait pas honneur à son nom ; nos désirs les plus ardents ne remplissent pas notre attente. Combien de fois l'objet que nous souhaitons le plus est loin de ce que nous cherchons, le Bonheur ! Les sentiers les plus doux de la nature sont semés d'épines, et les amis les plus vrais blessent, sans le savoir.
L'homme serait riche avec peu de chose, si son jugement était sain. La nature est frugale, et ses besoins sont en petit nombre ; et le petit nombre de besoins une fois satisfait, nous donne un véritable plaisir ; mais les insensés se créent eux-mêmes de nouveaux besoins. L'imagination et l'orgueil cherchent à grands frais des objets qui n'ont point de prix pour la raison, ni pour les sens.
La pensée exprimée par la parole n'en est que mieux sentie. Aussi, en enseignant, nous apprenons ; et en donnant, nous gardons les produits de l'intelligence ; nous les oublions, si nous sommes muets. La parole entretient notre feu intellectuel ; la parole polit les productions de l'esprit : elle les embellit pour en faire des ornements, et les aiguise pour son usage.
La crainte de la mort est moins vile que la crainte de la vie.