“ Une épopée comme on en voit peu... “
Lorsque l'on écrit une critique, le problème est toujours de savoir comment bien la commencer. Comment ordonner ses idées lorsqu'elles sont si nombreuses, surtout quand on a autant de choses à dire à propos d'une oeuvre aussi passionnante...
Pour commencer, je peux dire que cela fait bien longtemps qu'un auteur ne m'a pas autant fait voyager dans son univers. Enfin un roman de jeunesse ne parlant pas de vampires amoureux d'une frêle humaine...
Moira Young est ce que l'on peut appeler une maître de l'écriture. Avec son style léger et pourtant tellement riche, elle a su capter mon attention et à la maintenir alerte tout au long des 340 pages de son roman.
Elle a ce don que possède très peu d'auteurs de jeunesse : celui de donner de l'intérêt même lorsqu'elle narre ce qui semble être le quotidien monotone des personnages.
Alors que de plus en plus souvent il faut attendre une cinquantaine de pages pour que l'action commence, ici, celle-ci débute très tôt et reste tendue jusqu'à la toute dernière page.
L'épopée que nous offre Young est celle d'une jeune fille qui brise l'image que l'on peut se faire du héros en littérature jeunesse. Rien ne peut arrêter sa quête guidée par l'amour fraternel, sans doute le thème central de ce premier roman.
Tout au long du livre, l'auteure a su nous faire partager les ressentis de son héroïne, Saba, mais en dosant, sans que ça ne devienne indigeste et que Saba prenne trop de place, risquant d'écraser les autres personnages.
Ce qui est fascinant dans ce livre, c'est qu'il est un concentré de mystères. L'auteur ne nous apprend pas tout d'office sur ses personnages mais ne divulgue que peu à peu ses informations, poussant le lecteur à poursuivre sa lecture. Une lecture qui dans mon cas est devenue effrénée comme la quête déterminée de Saba.
On s'aperçoit que ce livre est un roman initiatique (rare dans la littérature jeunesse) pour l'héroïne mais aussi pour nous. Peu à peu, on peut dresser le portrait des riches personnages inventés par Young. Et pourtant les portraits restent à peine esquissés. On se rend compte à la fin qu'ils nous reste de nombreux mystères à élucider et c'est ça aussi qui fait que Saba l'ange de la mort connaîtra sûrement un grand succès en France.
L'univers de l'auteure est peuplé de personnages attachants même si ceux ci ne correspondent pas toujours à l'image des héros que l'on se fait.
Dans ce premier tome,
Moira Young n'a fait que placer les bases d'une saga qui s'annonce être un succès de librairie (et pourquoi pas une adaptation cinématographique).
Avec un peu de recul, j'ai l'impression de retrouver un peu du regretté
Pierre Bottero et de son talent de conteur que l'on peut lire dans 'La quête d'Ewilan', mais avec en plus un soupçon de maturité.
Une maturité que l'on retrouve dans le personnage de Saba qui à travers cette épopée ressent les premiers effets de l'amour et découvre donc peu à peu qu'elle devient une femme.
Bref, ce premier tome a tout les ingrédients d'une saga prometteuse et c'est avec ce mélange de tristesse, d'exaltation et d'impatience que je referme ce livre fabuleux.