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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
“Cette lettre, mon amie, sera très longue”, écrit Alexis à sa femme. En une centaine de pages, il ambitionne de révéler tout ce qui le tient éloigné de celle qu'il a épousé par dépit, à commencer par ses désirs homosexuels. Marquées par l'influence d'André Gide, les révélations d'Alexis sont aussi une libération : sil ne fait que “se résigner” à ses penchants, son courage permet à deux êtres - lui et sa femme Monique - de s'affranchir de la culpabilité et de sortir du déni.
Marguerite Yourcenar fait preuve d'une justesse redoutable dans l'analyse psychologique, annonçant déjà les profondeurs des Mémoires d'Hadrien, mais reste très prudente dans sa façon d'évoquer le désir d'Alexis. Signe d'une époque : elle n'a que 24 ans lorsqu'elle écrit Alexis, publié en 1929. Dans une passionnante préface écrite trente ans plus tard, elle revient sur cette langue “circonspecte” qu'elle prête à son héros tourmenté, mais aussi sur ses regrets d'avoir donné une cause psychanalytique trop forcée à son homosexualité. Quelques repentirs qui n'entament en rien la grande originalité de ce premier roman incontestablement attendrissant.
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Après avoir été ébloui par Mémoires d'Hadrien, j'avais hâte de lire un nouveau texte de cette académicienne et je n'ai pas été déçu par le travail que l'auteure a effectué pour se mettre non seulement dans la peau de ses personnages, mais également pour s'imprégner d'une pensée au sein d'une époque. Alexis se présente sous la forme d'une confession qu'un mari écrit à son épouse. Même si le mot n'est jamais évoqué, c'est bien d'homosexualité dont il s'agit dans les propos de cet homme qui ne peut plus mentir ni à lui-même, ni à son entourage. Ecrit en 1929, Alexis nous fait entrevoir une vie faite de renoncements au nom de la norme sociale, et cela est d'autant plus déchirant à lire que l'auteure respecte tout à fait la pensée feutrée de l'époque. Avec le coup de grâce, écrit en 1938, Marguerites Yourcenar place cette fois son récit (tiré d'une histoire vraie) juste après la première guerre mondiale. Des soldats allemands se sont réfugiés dans un château, cernés par l'armée russe. Dans ce décor sinistre et délétère sont réunis trois personnages, l'officier Erich von Lhomond, son ami Conrad de Reval et la soeur de ce dernier, Sophie. Là encore, le récit dramatique est écrit à la première personne, ce qui va mettre le lecteur dans la peau et la tête d'un soldat allemand dur et autoritaire, dont la personnalité latente exprime bien l'abîme dans lequel allait plonger l'Allemagne plus tard. Ainsi, un certain malaise parcourt le lecteur qui sent poindre une tension palpable qui ne pourra finir qu'en drame glaçant. Là encore, on ressent bien que cet homme viril et affirmé est passé à côté de sa nature profonde et a laissé développer en lui le pire sans même s'en rendre compte le moins du monde. Terrible miroir sans teint, le coup de grâce nous invite avec sagesse à réfléchir à la nature cachée du mal.
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Dans une lettre un jeune homme issu de l'aristocratie se confesse à sa jeune femme dont il est séparé. Il lui laisse entendre que, depuis son adolescence, il a des attirances répréhensibles, et que leur rencontre et leur mariage ont été des tentatives pour s'en affranchir...

Un roman court, qui mériterait le nom de nouvelle, assez agréable à lire, et si construit en aphorismes qu'on aimerait tout noter. Je crois bien que je noterai également la préface quelque part, une très belle réflexion sur la difficulté à exprimer "le vice" en littérature sans se retrouver dans des tonalités inadéquates. L'auteur étend ce constat à la vie matrimoniale où règne, dit-elle, la "superstition verbale". Elle la rendra à la perfection dans ce roman, en restant dans l'euphémisme, l'ellipse, le rébus, "(...) l'emploi de cette langue dépouillée, presque abstraite, à la fois circonspecte et précise, qui en France a servi durant des siècles aux prédicateurs, aux moralistes, et parfois aussi aux romanciers de l'époque classique pour traiter de ce qu'on appelait alors "les égarements des sens". (...) Par sa discrétion même, ce langage décanté m'a semblé particulièrement convenir à la lenteur pensive et scrupuleuse D Alexis, à son patient effort pour se délivrer maille par maille, d'un geste qui dénoue plutôt qu'il ne rompt, du filet d'incertitudes et de contraintes dans lesquelles il se trouve engagé, à sa pudeur où il entre du respect pour la sensualité elle-même, à son ferme propos de concilier sans bassesse l'esprit et la chair". C'est parfois un plaisir de jeu de pistes que d'essayer de reconstituer une anecdote incomplète.

Malgré ce luxe de précaution et l'intention affichée de ne pas confier à sa femme plus de turpitudes qu'il n'est nécessaire, de ne pas la blesser plus qu'il ne le faut, à mesure que le récit avance il se fait plus cruel, semblant être plus précautionneux avec les souvenirs des périodes où elle n'était pas que celles où ils se sont connus et où tout détail se retrouve forcément "miné".

J'ai juste été un peu piquée de ce qu'un passage entier semble extrait de Givre et Sang de Cowper Powys, publié quatre ans avant Alexis : "et les portraits de famille (...) cessaient d'être une présence pour devenir une apparition. Ainsi, la volonté qu'exprimaient ces figures d'ancêtres s'était réalisée : notre mariage avait abouti à l'enfant. Par lui, cette vieille race se prolongerait dans l'avenir ; il importait peu, maintenant, que mon existence continuât : je n'intéressais plus les morts, et je pouvais disparaître à mon tour, mourir, ou bien recommencer à vivre". Je ne peux croire qu'il s'agisse d'une coïncidence, mais ça n'est qu'un seul passage là où c'est le thème central de Givre et Sang.

Cf. lien sur mon blog pour "Le Coup de grâce".
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Alexis ou le traité du vain combat:
Longue confession d'un homme submergé par son homosexualité contre laquelle il lutera en vain et qui avoue à sa femme. Toujours le style époustouflant de Marguerite Yourcenar. C'est précis, riche, puissant.
Le coup de grâce
Ce roman m'a rappelé une nouvelle de Stéphane Zweig "La pitié dangereuse". Dans un cas comme dans l'autre on vit le parcours tragique de deux femmes follement amoureuses et dont l'amour insatisfait a poussé à la perte. Dans un cas comme dans l'autre les hommes n'ont pas le beau rôle. Ils ont alimenté ces passions, les ont nourris en poussant ces femmes dans une impasse.
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Deux lectures importantes d'un excellent auteur.
Alexis ou le traité du vain combat compte l'histoire d'un homme qui a besoin de changer de vie pour devenir enfin lui-même. le coup de grâce s'attache à une histoire d'amour forcément triangulaire et forcément tragique sur fond de guerre. La liberté de l'homme est encore une fois au coeur des récits.
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