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Le Labyrinthe du monde tome 2 sur 3
EAN : 9782070373284
372 pages
Gallimard (04/01/1983)
4.18/5   162 notes
Résumé :
Comme dans Souvenirs pieux, Marguerite Yourcenar part ici à la recherche de ses origines. Commençant par l'évocation de ces terres, de ces dunes, de ces forêts, qui deviendront un jour la Flandre française, elle descend le cours du temps. L'Histoire devient comparable à une immense circulation sanguine dont l'écrivain serait le cœur toujours battant. S'abandonner à ce système romanesque créé par le Temps, c'est découvrir comment une femme d'aujourd'hui a su pénétrer... >Voir plus
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Archives du Nord est le deuxième volet de l'ouvrage autobiographique de Marguerite Yourcenar. le premier mettait en place les personnages, surtout sa mère Fernande, ses tantes, sa grand-mère, bref, sa lignée maternelle. Celui-ci remonte dans le temps pour suivre les turpitudes de sa lignée paternelle. Très loin, parfois. Jusqu'au moyen âge où d'illustres aïeuls se sont démarqués particulièrement. Bon, c'est un grand mot. Disons au niveau local ou régional. Ces ancêtres m'étaient parfaitement inconnus. Ils n'ont pas été retenus par les ouvrages généraux. Toutefois, peut-être certains paraitront familiers à des gens intéressés par l'histoire de Lille, de la Flandres française et de la France.

Une des difficultés que j'ai rencontrées, en lisant cet ouvrage, c'était que les faits, que les personnages n'étaient pas présentés dans un ordre chronologique. Peut-être dans un désordre organisé? On passe des grands-parents Crayencour aux arrière-grands-parents, puis on fait un grand bond en arrière au moyen âge, on saute au XIXe siècle, on revient où l'on était l'instant d'avant pour plonger à la Renaissance et ensuite la Révolution française. Et ça continue ainsi. Ouf! Ça peut sembler difficile à suivre – et ça l'était un peu – mais on s'y fait. C'est qu'il ne faut pas tout retenir, ce serait passer à côté de l'essentiel. le personnage principal est cette famille et, chacun des individus, un membre au même titre que les bras ou les jambes. du moins, c'est ainsi que je l'ai perçu. Il faut suivre le mouvement (se laisser porter par lui) et ne pas s'arrêter à chaque individu, même si c'est ce que fait Yourcenar. À cet égard, la lecture de ces Archives du Nord me rappelle le Bréviaire de Saint-Orphée, écrit par Miklos Szentkuthy.

Ceci étant dit, Marguerite Yourcenar, en véritable esprit classique, ne déroge pas de son but et revient sur continuellement sur son thème, ses idées principales. C'est d'autant plus vrai que, dans la dernière partie du bouquin l'écriture ralentie et se fixe. D'abord sur Charles-Michel de Crayencour (et sa riche et rigide épouse Noémi Dufresne) puis enfin et surtout leur fils Michel. le père de l'écrivaine. Son parcours, tant personnel que professionnel, ses voyages, son gout pour la liberté, les difficultés qu'il a rencontrées, les deuils qu'il a dû surmonter. Son premier mariage, duquel est issu un fils, puis sa rencontre et son deuxième mariage avec la Belge Fernande de Cartier de Marchienne. Puis la naissance de Marguerite. Il y a quelque chose de plus grand que nature dans la description sans concession de ce père tant aimé. Peut-être, justement, à cause de la tendresse que sa fille lui porte, peut-être aussi parce que c'est un personnage qui s'inscrit logiquement dans la lignée de cette famille hors normes.
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Jusqu'à présent, je ne connaissais que « L'oeuvre au noir ». C'est mon fils, grand lecteur et admirateur de Marguerite Yourcenar, qui m'a donné ce livre. L'auteur y dresse le récit de ses aïeux du côté de la lignée paternelle de sa généalogie. Par manque de documentation, on passe assez vite sur le moyen-âge et la renaissance pour réellement suivre les turpitudes de sa famille paternelle depuis la Révolution française, et s'attarder sur les vies de son grand-père et son père. Ces personnages sont brillamment resitués dans leur contexte historique en Belgique et dans les Flandres devenues françaises depuis Louis XIV. Mais ce qui m'interpelle et me surprend, ce sont l'introduction et les dernières pages du récit. Yourcenar commence par reconstituer la région dans son passé géologique et naturel, insistant ainsi sur le fait que la présence humaine puisse être un accident de l'évolution, venu désorganiser et troubler la quiétude originelle de la région. Les dernières pages évoquent les tumultes du XXe siècle avec son cortège de guerres et de d'atrocités, au début duquel est née l'auteure. Ces deux parties, introduction et conclusion, enserrent ainsi les personnages dans un cadre qui les dépassent totalement et tendent à relativiser leurs faits et gestes, voire leurs vies, comme autant d'anomalies, rendant ainsi dérisoires leurs existences et leurs choix, fussent-ils ses ascendants, dans le grand agencement de l'Univers.
L'écriture est précise sans être précieuse, le vocabulaire choisi. On ne s'ennuie jamais. du très grand art.
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Béni soit celui ou celle qui a déposé cette merveille dans la boîte à livre de mon quartier.

Même si sa publication n'est pas récente du tout, c'est mon coup de coeur 2018.

Marguerite Yourcenar nous décrit patiemment les générations de sa famille paternelle, de l'être dans le monde, de la place humaine dans l'infinité des possibles de l'univers au travers de l'histoire de sa lignée paternelle. Un premier ouvrage, ‘Souvenirs Pieux', que je n'ai pas lu narre sa généalogie maternelle.

Ce qui m'a touché c'est sa façon d'aborder ces thèmes, par les lieux, les objets, les légendes familiales, journaux, courriers, lumières, portraits … Son oeil scrute, sa mémoire revit, sa main, médium, écrit.

Il ne faut surtout pas sous-estimer la masse de recherches historiques qu'elle a dû effectuer pour y parvenir.

J'y ai lu en miroir certaines évocations de ma famille paternelle, attention uniquement concernant le territoire, c'est-à-dire le Westhoek, ni France, ni Belgique, ni Néerlandophone, ni Francophone, mais tout à la fois, l'incessante traversée des frontières, à la ligne mouvante, linguistique ou territoriales, selon les évènements historiques et personnels, des fois autorisée des fois interdite, protectrice ou dénonciatrice d'origine. L'évocation des fermiers, ouvriers, propriétaires, petite noblesse, noblesse, …. et les ambiances, lumières et paysages d'une terre.

Un extrait en dira plus long : ‘Pour tous les incidents de ce récit à partir de sa petite enfance, Michel est mon principal, et le plus souvent mon seul informant. Là où il a choisi de se taire, je ne puis qu'enregistrer son silence.'
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Une oeuvre d'une grande richesse et d'une grande finesse. J'ai apprécié la manière de saisir l'empreinte de l'histoire au fil des générations ; l'écriture qui fait revivre sous mes yeux un microcosme social ; les portraits très réussis ; la pudeur. MY avait 73 ans à la sortie de ce livre.

Biographie de la lignée paternelle

Le grand-père Michel-Charles de Crayencour (1822-1886) :

Michel-Charles fait des études de droit à Paris. En 1842, à l'age de 20 ans, il compte parmi les survivants d'un grave accident de chemins de fer à Versailles (l'auteur reflechit brièment à la contingence de toute existence). Autre épisode clé de sa jeunesse, son heureux voyage de dix mois en Italie. „Un homme bien né se doit de voir le monde avant de s'établir.”

Ensuite, son diplôme en poche, Michel-Charles n'ouvre pas de cabinet d'avocat. „Les professions libérales [ ] sont considérées comme inférieures par cette famille qui n'accepte pour but à la vie que la gestion de son bien ou le service de l'Etat”. Il entame une carrière au Conseil de Préfecture à Lille - fonctionnaire du Second Empire, remercié à la fin de sa carrière par la République.

Michel-Charles épouse la très riche Noémi Dufresne. Il est un bon père de famille, un type pétri de responsabilité. Noémi s'avère une despote dotée „d'un fond borné et grossier”. La rancune que témoigne MY à sa grand-mère Noémi, est-elle due au fait que celle-ci a refusé l'amour maternel à Michel, le père de MY? Tout cela est rendu de manière pudique et distanciée. Surtout pas de lyrisme. Michel-Charles et Noémi possèdent mille hectares de terre – une trentaine de fermes. La biographe évoque son grand-père, habité par « un goût archaïque pour la propriété foncière », se rendant sur ses terres à cheval.

Voici le portrait de Michel-Charles, rédigé par un faiseur de rapports secrets, „un mouchard officiel”, invité aux grands dîners hebdomadaires du patricien lillois : „Michel-Charles fait montre d'une tenue parfaite. Son esprit n'est pas des plus vifs. Pourtant, sous son apparence de bonhomie, il n'est pas sans quelque finesse. Sans intelligence politique. Il entend bien les affaires, et son activité ne laisse rien à désirer. Sa position et ses alliances le rendent utile.”

Michel de Crayencour, le père (1853-1929)

Au cours du chapitre consacré à Michel, le récit transite du groupuscule social vers l'individu. Ce sont des pages empreintes d'une sourde tendresse. Oisif héritier, misanthrope, solitaire, Michel croit à la Fatalité (= Ananké), c'est justement le titre du dernier chapitre. Il se clôt sur la naissance de la future écrivain (1903).

Autres portraits, autres images :

MY ne présente pas uniquement la généalogie des Crayencour. Elle évoque aussi des lignées apparentées. Par exemple celle du couple Loys et Marie-Athénaïs de L., P311. Des pages savoureuses, empreintes d'exquise ironie.
Avant de consacrer deux cent pages à son grand-père et à son père, MY se penche sur ses ancêtres et scrute „la nuit des temps”. „L'angle à la pointe duquel nous nous trouvons bée derrière nous à l'infini”. P47. le vertige de l'arbre généalogique.

„Du côté paternel, quatre arrière-grands-parents en 1850, seize quadrisaïeuls vers l'An II, cinq cent douze à l'époque de la jeunesse de Louis XIV, quatre mille quatre-vingt-seize sous François Ier, un million plus ou moins à la mort de Saint Louis”. P 46

« Vers le début du XVIe siècle, un petit personnage nommé Cleenewerck devient visible, minuscule à cette distance comme les figures que Bosch, Brueghel ou Patinir plaçaient sur les routes à l'arrière-plan de leurs toiles pour servir d'échelle à leur paysages ».

Plus proche de nous, voici la petite ville de Bailleul, où habitaient les Cleenewerck et les Bieswal. Cette bourgade flamande a été rattachée à la France au temps de Louis XIV.
„Il faut avoir vécu dans une petite ville pour savoir comment les rouages de la société y jouent à nu, à quel point les drames et les farces de la vie publique et privée y sont à cru et à vif. Un curieux mélange de rigide intégrité et cynisme en résulte. Ces gens qui se sentent princes aussi loin que s'étend l'ombre de leur beffroi et qu'ondulent leurs bonnes terres vertes seraient pour Saint-Simon des moins que rien, des poussières, s'il avait par hasard à parler d'eux.” p58

Un épisode sombre : en 1659, Pierre Bieswal et Jean Cleenewerck, magistrats de Bailleul et ancêtres de MY, „signent, avec vingt-cinq de leurs collègues, les procès-verbaux de torture de de condamnation d'un sorcier. Il s'agit d'un certain Thomas Looten. [ ] L'instruction dura deux mois.”

On découvre également des pages d'éruditions - le style Yourcenar : « C'est par la boulimie de la matière que Rubens échappe à la rhétorique creuse des peintres de cours. ».

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Dans Souvenirs Pieux, le premier tome de la trilogie, le labyrinthe du Monde, Madame Yourcenar rapportait l'histoire de sa branche maternelle, originaire de la Flandre belge. Sa mère, qu'elle n' a pas connue, puisqu'elle est décédée une dizaine de jours après la naissance de l'écrivain, est présentée comme une femme sensible et douce qui a apporté à son mari une parenthèse de quiétude dans une vie passablement mouvementée. Aussi, Marguerite Yourcenar se devait de présenter son père, faisant ainsi le lien entre les deux ouvrage et donc entre ses deux parents. Ce sera le but d'Archives du Nord.

Pour cela, l'auteure nous fait passer la frontière pour nous amener dans la partie française de la Flandre. Ce livre est partagé en trois chapitres. le premier retrace la généalogie de cette branche jusqu'au XIXème siècle. Une histoire commentée avec beaucoup de cynisme, notamment sur les comportements de ses aïeuls. Alors que les deuxième et le troisième parties sont consacrés au grand-père et au père de l'auteure.

Même si l'écrivaine n'a pas croisé son grand-père, le personnage a son importance par l'influence qu'il eut sur son père. S'il s'oblige au respect des convenances de son siècle et de sa caste, le grand-père a toujours apporté le soutien nécessaire à son fils prodigue, sans jamais vraiment le blâmer. Car Michel, le père de l'écrivaine, est en rébellion contre ces principes imposées par les règles de bienséance, ce qui l'amènera ensuite à aller à contre-courant dans la vie de son temps. Il aime s'exposer au risque, à la fois forme de liberté qu'il veut s'octroyer et opposition à sa mère, tenante rigide de la bonne tenue.

Son père, que Marguerite accompagna dans son adolescence et dans ces débuts de jeune femme, est à la fois homme de contre-principes et de mystères. Il est marqué par la vie et surtout par la mort, celle de sa première soeur et celle de sa première femme. Aussi, ce fut un chercheur de vie quitte à la brûler. C'est un homme meurtri mais qui se livre peu, excepté parfois à son père, à sa seconde femme, la mère de l'auteure, et enfin à Marguerite. Mais il ne dira pas tout. Tels les raisons de ce tatouage à la saignée du bras qui reprend le mot grecque « Ananké », la Fatalité.

Cet homme qu'elle admire ne laisse pas tout paraitre et ne raconte pas tout. Alors Marguerite tente de combler les vides. Car Archives du Nord n'est pas que l'histoire d'une région et d'un département, le Nord. C'est aussi la volonté pour l'auteure de donner du sens à sa vie. Quoi de mieux que de repérer le Nord pour savoir d'où l'on vient, où l'on est et finalement fixer le cap vers lequel on veut aller. Ce Nord, référence des boussoles, est un repère, parmi d'autres, pour effectuer le voyage de la vie.

Comme toujours, avec Madame Yourcenar, nous avons un très beau récit, très riche et de haute qualité.
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Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
... agir et penser comme tout le monde n'est jamais une recommandation ; ce n'est toujours pas une excuse. A chaque époque il y a des gens qui ne pensent pas comme tout le monde, c'est à dire qui ne pensent pas comme ceux qui ne pensent pas.
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Pierre Bieswal et Jean Cleenewerck semblent tout excusés, puisque, à l'époque, n'importe quel magistrat eût pensé et agi comme eux. Mais agir et penser comme tout le monde n'est jamais une recommandation ; ce n'est pas toujours une excuse. A chaque époque, il est des gens qui ne pensent pas comme tout le monde, c'est à dire qui ne pensent pas comme ceux qui ne pensent pas. Montaigne aurait voulu offrir aux sorcières des potions d'ellébore, et non des chemises de poix et des flambées de paille ; Agrippa de Nettesheim, suspect lui-même pour avoir exploré le monde magique de son regard d'humaniste qui cherche partout des lois, se liguait avec un curé de campagne pour défendre une vieille femme accusée de sorcellerie par ses voisins et réclamée par un inquisiteur. Théophraste Renaudot, quelque dix ans avant la sentence signée par mes ascendants, avait constaté que la prétendue possession démoniaque des nonnes de Loudun n'était que momeries hystériques, et un des évêques mêlé à cette affaire en pensait autant.
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C'est par les faits et gestes les plus banals qu'il faut tenter de cerner un être, comme si on le crayonnait à grands traits. Mais il serait grossier de dénier à cette inconnue ces émotions les plus subtiles, presque plus pures, qui semblent naître du raffinement de l'âme, au sens où l'on suppose qu'un alchimiste raffine l'or. Françoise à pu aimer autant que moi la musique des ménétriers et des joueurs de vielle, airs populaires devenus aujourd'hui régal de délicats, trouver beau un coucher de soleil rouge sur la neige, ramasser tristement un oiselet tombé du nid en se disant que c'est grand-pitié. Ce qu'elle a pensé et senti à l'égard de ses contentements et de ses peines, de ses maux physiques, de la vieillesse, de la mort qui vient, importe ni plus ni moins que ce que j'ai pensé et senti moi-même. Sa vie a sans doute été plus dure que la mienne; j'ai pourtant idée que c'est couci-couça. Elle est comme nous tous dans l'inextricable et l'inéluctable.
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Plus je vieillis moi-même, plus je constate que l’enfance et la vieillesse, non seulement se rejoignent, mais encore sont les deux états les plus profonds qu’il nous soit donné de vivre. L’essence d’un être se révèle, avant ou après les efforts, les aspirations, les ambitions de la vie. Le visage lisse de Michel enfant et le visage buriné du vieux Michel se ressemblent, ce qui n’était pas toujours le cas pour les visages intermédiaires de la jeunesse et de l’âge mûr. Les yeux de l’enfant et ceux du vieillard regardent avec la tranquille candeur ce qui n’est pas encore entré dans le bal masqué ou en est déjà sorti. Et tout l’intervalle semble un tumulte vain, une agitation à vide, un chaos inutile par lequel on se demande pourquoi on a dû passer.
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Du fait de nos conventions familiales basées sur un nom transmis de père en fils, nous nous sentons à tort reliés au passé par une mince tige, sur laquelle se greffent à chaque génération des noms d'épouses, toujours considérés comme d'intérêt secondaire, à moins qu'ils ne soient assez brillants pour en tirer vanité. En France, surtout, lieu d'élection de la loi salique, "descendre de quelqu'un par les femmes" fait presque l'effet d'une plaisanterie. Qui - sauf exception - sait le nom de l'aïeul maternel de sa bisaïeule paternelle? L'homme qui l'a porté compte autant, néanmoins, dans l'amalgame dont nous sommes faits, que l'ancêtre du même degré dont nous héritons le nom. Du côté paternel, le seul qui m'occupe ici, quatre arrière-grands-parents en 1850, seize quadrisaïeuls vers l'An II, cinq cent douze à l'époque de la jeunesse de Louis XIV, quatre mille quatre-vingt-seize sous François 1er, un million plus ou moins à la mort de Saint-Louis. Ces chiffres sont à rabattre, tenu compte de l'entrecroisement des sangs, le même aïeul se retrouvant fréquemment à l'intersection de plusieurs lignées, comme un même noeud à l'entrecroisement de plusieurs fils. Pourtant, c'est bien de toute une province que nous héritons, de tout un monde. L'angle à la pointe duquel nous nous trouvons bée derrière nous à l'infini. Vue de la sorte, la généalogie, cette science si souvent mise au service de la vanité humaine, conduit d'abord à l'humilité, par le sentiment du peu que nous sommes dans ces multitudes, ensuite au vertige.
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*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* : _La poudre de sourire : le témoignage de Marie Métrailler,_ recueilli par Marie-Magdeleine Brumagne, précédé de _lettres de Marguerite Yourcenar de l'Académie française à Marie-Magdeleine Brumagne,_ Lausanne, L'Âge d'Homme, 2014, pp. 179-180, « Poche suisse ».
#MarieMétrailler #LaPoudreDeSourire #LittératureSuisse
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