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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Archives du Nord est le deuxième volet de l'ouvrage autobiographique de Marguerite Yourcenar. le premier mettait en place les personnages, surtout sa mère Fernande, ses tantes, sa grand-mère, bref, sa lignée maternelle. Celui-ci remonte dans le temps pour suivre les turpitudes de sa lignée paternelle. Très loin, parfois. Jusqu'au moyen âge où d'illustres aïeuls se sont démarqués particulièrement. Bon, c'est un grand mot. Disons au niveau local ou régional. Ces ancêtres m'étaient parfaitement inconnus. Ils n'ont pas été retenus par les ouvrages généraux. Toutefois, peut-être certains paraitront familiers à des gens intéressés par l'histoire de Lille, de la Flandres française et de la France.

Une des difficultés que j'ai rencontrées, en lisant cet ouvrage, c'était que les faits, que les personnages n'étaient pas présentés dans un ordre chronologique. Peut-être dans un désordre organisé? On passe des grands-parents Crayencour aux arrière-grands-parents, puis on fait un grand bond en arrière au moyen âge, on saute au XIXe siècle, on revient où l'on était l'instant d'avant pour plonger à la Renaissance et ensuite la Révolution française. Et ça continue ainsi. Ouf! Ça peut sembler difficile à suivre – et ça l'était un peu – mais on s'y fait. C'est qu'il ne faut pas tout retenir, ce serait passer à côté de l'essentiel. le personnage principal est cette famille et, chacun des individus, un membre au même titre que les bras ou les jambes. du moins, c'est ainsi que je l'ai perçu. Il faut suivre le mouvement (se laisser porter par lui) et ne pas s'arrêter à chaque individu, même si c'est ce que fait Yourcenar. À cet égard, la lecture de ces Archives du Nord me rappelle le Bréviaire de Saint-Orphée, écrit par Miklos Szentkuthy.

Ceci étant dit, Marguerite Yourcenar, en véritable esprit classique, ne déroge pas de son but et revient sur continuellement sur son thème, ses idées principales. C'est d'autant plus vrai que, dans la dernière partie du bouquin l'écriture ralentie et se fixe. D'abord sur Charles-Michel de Crayencour (et sa riche et rigide épouse Noémi Dufresne) puis enfin et surtout leur fils Michel. le père de l'écrivaine. Son parcours, tant personnel que professionnel, ses voyages, son gout pour la liberté, les difficultés qu'il a rencontrées, les deuils qu'il a dû surmonter. Son premier mariage, duquel est issu un fils, puis sa rencontre et son deuxième mariage avec la Belge Fernande de Cartier de Marchienne. Puis la naissance de Marguerite. Il y a quelque chose de plus grand que nature dans la description sans concession de ce père tant aimé. Peut-être, justement, à cause de la tendresse que sa fille lui porte, peut-être aussi parce que c'est un personnage qui s'inscrit logiquement dans la lignée de cette famille hors normes.
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Dans Souvenirs Pieux, le premier tome de la trilogie, le labyrinthe du Monde, Madame Yourcenar rapportait l'histoire de sa branche maternelle, originaire de la Flandre belge. Sa mère, qu'elle n' a pas connue, puisqu'elle est décédée une dizaine de jours après la naissance de l'écrivain, est présentée comme une femme sensible et douce qui a apporté à son mari une parenthèse de quiétude dans une vie passablement mouvementée. Aussi, Marguerite Yourcenar se devait de présenter son père, faisant ainsi le lien entre les deux ouvrage et donc entre ses deux parents. Ce sera le but d'Archives du Nord.

Pour cela, l'auteure nous fait passer la frontière pour nous amener dans la partie française de la Flandre. Ce livre est partagé en trois chapitres. le premier retrace la généalogie de cette branche jusqu'au XIXème siècle. Une histoire commentée avec beaucoup de cynisme, notamment sur les comportements de ses aïeuls. Alors que les deuxième et le troisième parties sont consacrés au grand-père et au père de l'auteure.

Même si l'écrivaine n'a pas croisé son grand-père, le personnage a son importance par l'influence qu'il eut sur son père. S'il s'oblige au respect des convenances de son siècle et de sa caste, le grand-père a toujours apporté le soutien nécessaire à son fils prodigue, sans jamais vraiment le blâmer. Car Michel, le père de l'écrivaine, est en rébellion contre ces principes imposées par les règles de bienséance, ce qui l'amènera ensuite à aller à contre-courant dans la vie de son temps. Il aime s'exposer au risque, à la fois forme de liberté qu'il veut s'octroyer et opposition à sa mère, tenante rigide de la bonne tenue.

Son père, que Marguerite accompagna dans son adolescence et dans ces débuts de jeune femme, est à la fois homme de contre-principes et de mystères. Il est marqué par la vie et surtout par la mort, celle de sa première soeur et celle de sa première femme. Aussi, ce fut un chercheur de vie quitte à la brûler. C'est un homme meurtri mais qui se livre peu, excepté parfois à son père, à sa seconde femme, la mère de l'auteure, et enfin à Marguerite. Mais il ne dira pas tout. Tels les raisons de ce tatouage à la saignée du bras qui reprend le mot grecque « Ananké », la Fatalité.

Cet homme qu'elle admire ne laisse pas tout paraitre et ne raconte pas tout. Alors Marguerite tente de combler les vides. Car Archives du Nord n'est pas que l'histoire d'une région et d'un département, le Nord. C'est aussi la volonté pour l'auteure de donner du sens à sa vie. Quoi de mieux que de repérer le Nord pour savoir d'où l'on vient, où l'on est et finalement fixer le cap vers lequel on veut aller. Ce Nord, référence des boussoles, est un repère, parmi d'autres, pour effectuer le voyage de la vie.

Comme toujours, avec Madame Yourcenar, nous avons un très beau récit, très riche et de haute qualité.
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Archives du nord, un ouvrage quelque peu déséquilibré qui en trois parties évoque successivement la nuit des temps, puis les ascendants directs de Marguerite Yourcenar, ses grand-père et père, qu'elle n'appellera jamais autrement que par leur prénoms respectifs. Curieuse approche filiale, plus historiographique que sentimentale.

Evocation sans concession de l'histoire d'hommes et de femmes qui ont présidé à sa venue sur terre et dont il serait vain de retenir la généalogie, sauf à se passionner pour la science qui curieusement étoffe la ramure d'un arbre familial en exhumant ses racines personnelles.

C'est encore la maestria dans la mise en oeuvre de la langue qui m'a poussé à me frotter au feu roulant, quelque peu déprimant, des innombrables références culturelles dont Marguerite Yourcenar peuple ses ouvrages. Etalage qui pourrait sembler humiliant à l'égard du besogneux se glorifiant de sa maigre bibliothèque, ou complètement abscons au décrypteur d'idiomes qui a fait sa culture dans le fouillis de qu'il faut aujourd'hui appeler la toile - pour mener un combat retardateur et franciser l'expression connue plus que dans sa version d'outre atlantique.

Marguerite Yourcenar dont on connaît la fibre écologique semble avoir plus de compassion pour faune et flore que pour celui qui les martyrise depuis qu'homo sapiens a pris le pas sur tout ce qui pouvait le concurrencer sur la planète, plus d'affinité pour des personnages faits maison tant ils ont été bâtis pour servir d'ambassadeur à sa cause, tel Zénon, qu'à l'égard de ses géniteurs.

Les ouvrages de Marguerite Yourcenar, lecture plaisir pour qui s'ébahit devant la puissance conceptuelle de la phrase, la richesse documentaire, lecture déplaisir pour qui aspire aux langueurs sentimentales.

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Marguerite Yourcenar se lance à la recherche de ses racines. Elle commence à la préhistoire avec une description géologique et géographique des Flandres Françaises. Elle se lance ensuite dans les archives familiales et plus elle se rapproche de notre temps, plus le livre devient précis. Elle réveille les personnages singuliers de sa famille en s'attardant sur leurs passions, leurs amours et leurs noblesse.

On est plongé dans un monde fascinant décrit avec une superbe plume.
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