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EAN : 9782070338122
128 pages
Gallimard (11/05/2006)
3.63/5   178 notes
Résumé :
En 1919, dans les pays Baltes ravagés par la guerre, la révolution et le désespoir, trois jeunes gens, Eric, Conrad et Sophie, jouent au jeu dangereux de l'amour. Attirance, rejet, faux-semblants, conflits, mensonges et érotisme les pousseront aux confins de la folie. Marguerite Yourcenar renouvelle le thème du triangle amoureux dans cette somptueuse et tragique histoire d'amour.

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Critiques, Analyses et Avis (33) Voir plus Ajouter une critique
3,63

sur 178 notes
Ce n'est pas le contexte historique et géographique (que j'ai eu beaucoup de mal à situer : 1919, guerre civile aux confins des Pays baltes et de la Russie) qui attire l'attention ici, mais la prodigieuse étude de caractère des personnages, surtout celle du narrateur Eric von Lhomond.

Quel personnage incroyable, froid, calculateur, insondable parfois, colérique, en parfaite harmonie avec la guerre qu'il essuie. Ne sachant véritablement plus distinguer les valeurs humaines, ni croire en l'homme ou en la femme.

C'est depuis le château délabré de Kratovicé, devenue forteresse assiégée, où il a passé ses vacances avec Conrad et sa soeur Sophie, que Lhomond est en garnison pour combattre les bolchéviques.
La guerre est longue, lassante. Les conditions climatiques difficiles. La faim, l'ennui règnent pesamment sur ce décor lugubre. Mais le combat le plus intense est celui qui oppose Sophie à Lhomond. Sophie est amoureuse, prête à se donner, capable des pires folies pour faire réagir son bel officier. Et celui-ci la dédaigne, la repousse, la méprise aussi...

Les trois héros de ce court roman sont jeunes, beaux et issus d'une vieille aristocratie ruinée. Les descriptions de Conrad et Sophie ne reflètent pas leur genre. Conrad est quelqu'un de doux et gracieux alors que sa soeur est plutôt volcanique et lourdaude. du moins est-ce ainsi qu'Eric nous les dévoile. Ce qui laisse penser que celui-ci est bien plus attiré par le frère que par la soeur, mais sans jamais se l'avouer vraiment.
Eric von Lhomond, au-delà de ce cynisme voulu et cultivé, est d'une infinie lucidité sur lui-même et combat autant l'ennemi guerrier que l'amour qui pourrait le faire fléchir.

Ce récit prend le lecteur pour témoin de cette longue montée émotionnelle jusqu'au drame final, de ces ravages psychiques et physiques causés par la guerre. Un récit poignant qui laisse dans la mémoire une trace marquante bien après la fin de la lecture.
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Un court et magistral roman de Marguerite Yourcenar inspiré d'une histoire authentique.

En 1919, dans un pays Balte pris dans l'engrenage de la violence d'une guerre civile liée à la révolution russe, trois jeunes privilégiés vivent une histoire d'amour, une passion qui s'apparente à une tragédie. C'est Eric, un jeune officier, qui en raconte les conditions extérieures et tente d'expliquer, avec subjectivité parfois, les événements passés.

Un récit qui met en scène des êtres complexes dont les aspirations sentimentales n'entrent pas forcément en concordance, réunis face aux dangers, semblables dans leur intransigeance mais aux allégeances politiques différentes. Presqu'un détail qui mènera au drame final, un coup de grâce porté sans haine.
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La littérature française du XXème siècle doit beaucoup aux marguerites... Non que je cherche la métaphore entre l'écriture de romans et l'effeuillage romantique des petites fleurs pour comprendre ses sentiments, mais il faut avouer que Duras et Yourcenar sont indubitablement deux grandes figures de notre littérature.

J'ai lu Duras assez jeune, le film L'amant m'ayant suffisamment troublé pour que je veuille en découvrir l'origine écrite. En revanche, mon chemin littéraire ne m'a jamais fait croisé Yourcenar alors que les envies n'ont pas manquée. J'ai un certain respect des institutions (voire mon amour des Nobels) et le titre de première femme élue à L Académie Française ne peut donc me laisser indifférent. C'est peut-être mon erreur impardonnable dans un jeu télévisé il y a quelques années (attribuer les Mémoires d'Hadrien à Duras... hum...), qui aura été le déclencheur de cette lecture qui arrive finalement quelques années plus tard.

Le choix du Coup de grâce est surtout motivé par le hasard des bibliothèques puisqu'il était disponible en rayon. Sa brièveté a été également un appel du pied, on prend moins de risque en se jetant à l'eau pour à peine plus de 100 pages.

La lecture de la préface rédigée par l'auteure est pleine d'enseignements, notamment confronté à mes impressions. le côté dramatique de l'histoire m'a parfois semblé presque excessif, l'auteure confie qu'elle est inspirée du réel... le choix d'écrire en 1938 sur un jeune allemand presque frustré de ne pas avoir participé à la Grande Guerre me semblait audacieux, Yourcenar minimise le contexte, les nationalités, arguant que c'est dans la confrontation des caractères, dans la peinture d'une histoire intime que doit se juger son roman... L'utilisation de la confession à la première personne m'a semblé particulièrement touchant, la future académicienne dénigre presque ce mode de narration, indiquant à quel point il est factice et éloigné de ce que serait une réelle confession...

Cette modestie continuelle, les précautions prises dans cette préface n'effaceront malgré tout pas le génie de ce roman, petit par la taille mais certainement pas par le talent. le style recherché qui cherche régulièrement le contrepied des expressions habituelles et des formules toute faites est très agréable. le trio amoureux, même s'il n'est pas novateur comme le dit elle-même Yourcenar, trouve ici des combinaisons intéressantes. Les occasions non pas manquées mais clairement refusées mettent en exergue une frustration de l'amour qui fait presque autant enrager le lecteur que les personnages. le dénouement tragique maintes fois annoncé au cours du récit parvient néanmoins à surprendre dans son extrême jusqu'au-boutisme.

Bref, les ingrédients qui font de ce livre une réussite sont nombreux, et même sa brièveté est plus un atout qu'un défaut. L'expérience méritera d'être tentée à nouveau, pourquoi pas avec ces Mémoires d'Hadrien que j'ai autrefois faussement attribuées et qu'une lecture pourrait permettre de bien ancrer dans ma propre mémoire.
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La prouesse de Marguerite Yourcenar est de faire passer le personnage principal, Eric, homme égocentrique ayant une relation malsaine avec Sophie, soeur de son ami Conrad, comme quelqu'un d'honnête. Comment ? le récit est écrit à la première personne. C'est Eric, justement qui nous révèle tout, sans rien nous cacher.
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Pour un challenge littéraire, il me fallait un livre dont l'action se déroule en Lettonie et j'avais envie de découvrir Marguerite Yourcenar alors j'ai fiat d'une pierre de coup et je me suis lancée dans le coup de Grâce.
Et honnêtement, heureusement que le récit est court car je me suis vraiment ennuyée.
J'ai trouvé tout extrêmement froid, les personnages, ces pays baltes en pleine guerre. Bref, j'ai lu ce court récit avec une certaine distance sans jamais vraiment réussir a rentrer dans le récit.
L'écriture est jolie ce qui remonte un peu le livre mais l'histoire en elle même ne m'a pas passionné. Dommage.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Je ne sais pas, mon amie, à quoi nous serviraient nos tares, si elles ne nous enseignaient la pitié.
Je m'habituais. On s'habitue facilement. Il y a une jouissance à savoir qu'on est pauvre, qu'on est seul et que personne ne songe à nous. Cela simplifie la vie. mais c'est aussi une grande tentation. Je revenais tard, chaque nuit, par les faubourgs presque déserts à cette heure, si fatigué que je ne sentais plus la fatigue. Les gens que l'on rencontre dans les rues, pendant le jour, donnent l'impression d'aller vers un but précis, que l'on suppose raisonnable, mais, la nuit, ils paraissent marcher dans leurs rêves. Les passants me semblaient, comme moi, avoir l'aspect vague de figures qu'on voit dans les songes, et je n'étais pas sûr que toute la vie ne fût pas un cauchemar inepte, épuisant, interminable. Je n'ai pas à vous dire la fadeur de ces nuits viennoises. J'apercevais quelquefois des couples d'amants étalés sur le seuil des portes, prolongeant tout à leur aise leurs entretiens, ou leurs baisers peut-être ; l'obscurité, autour d'eux, rendait plus excusable l'illusion réciproque de l'amour ; et j'enviais ce contentement placide, que je ne désirais pas. Mon amie, nous sommes bien étranges. J'éprouvais pour la première fois un plaisir de perversité à différer des autres ; il est difficile de ne pas se croire supérieur, lorsqu'on souffre davantage, et la vue des gens heureux donne la nausée du bonheur.
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Contrairement à la plupart des hommes un peu réfléchis, je n'ai pas plus l'habitude du mépris de soi que de l'amour-propre ; je sens trop que chaque acte est complet, nécessaire et inévitable, bien qu'imprévu à la minute qui précède, et dépassé à la minute qui suit. Pris dans une série de décisions toutes définitives, pas plus qu'un animal, je n'avais eu le temps d'être un problème à mes propres yeux. Mais si l'adolescence est une époque d'inadaptation à l'ordre naturel des choses, j'étais certes resté plus adolescent, plus inadapté que je ne le croyais, car la découverte de ce simple amour de Sophie provoqua en moi une stupeur qui allait jusqu'au scandale.
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pourquoi les femmes s'éprennent-elles justement des hommes qui ne leur sont pas destinés, ne leur laissant que le choix de se dénaturer ou de les haïr?
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Comment oublier l'expression de douceur attendrie et de dégoût profond sur le visage de Conrad à son retour dans cette maison juste assez intacte pour que chaque petite détérioration lui fît l'effet d'un outrage, depuis la grande étoile irrégulière d'un coup de feu sur le miroir de l'escalier d'honneur jusqu'aux marques de doigts à la poignée des portes ?
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Pourquoi les femmes s’éprennent-elles justement des hommes qui ne leur sont pas destinés, ne leur laissant ainsi que le choix de se dénaturer ou de les haïr ?
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Vidéo de Marguerite Yourcenar
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* : _La poudre de sourire : le témoignage de Marie Métrailler,_ recueilli par Marie-Magdeleine Brumagne, précédé de _lettres de Marguerite Yourcenar de l'Académie française à Marie-Magdeleine Brumagne,_ Lausanne, L'Âge d'Homme, 2014, pp. 179-180, « Poche suisse ».
#MarieMétrailler #LaPoudreDeSourire #LittératureSuisse
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