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Critique de Aline1102


Une visite à Hermogène, son médecin, vient d'apprendre à l'empereur Hadrien sa mort prochaine, d'une maladie de coeur.
Hadrien commence alors la rédaction d'une lettre à Marc-Aurèle. Il y relate sa vie, son régne, ses passions; mais aussi ses défauts. Il raconte aussi à Marc-Aurèle la civilisation romaine, telle qu'un empereur romain fasciné par la Grèce peut la percevoir. Car Hadrien a passé beaucoup de temps chez les Grecs, ce qui a sans doute contribué à faire de lui l'homme qu'il est devenu.
Honnête envers lui-même tout comme envers son correspondant, Hadrien avoue aussi ses faiblesses, telle que sa passion pour Antinoüs et la douleur que la mort de celui-ci lui a infligé.

Comment parler d'un roman aussi magistral que celui-ci? Difficile, mais je vais essayer.

Le récit, écrit en "je" donne vraiment l'impression que c'est Hadrien lui-même qui s'exprime, et non l'auteure. Mieux encore, au fil du texte, l'on oublie que c'est à Marc-Aurèle que l'empereur s'adresse: le lecteur est attiré dans l'esprit d'Hadrien jusqu'à avoir l'impression qu'il lui parle de son existence, qu'il lui permet de pénétrer dans son intimité, lui qui fut l'un des César. On se sent également transporté à son époque, à tel point qu'il est difficile, une fois le livre refermé, de revenir dans la réalité.
Peut-être ce sentiment est-il voulu par Marguerite Yourcenar, qui écrit à propos de ces "Mémoires":
"Portrait d'une voix. Si j'ai choisi d'écrire ces Mémoires d'Hadrien à la première personne, c'est pour me passer le plus possible de tout intermédiaire, fût-ce de moi-même. Hadrien pouvait parler de sa vie plus fermement et plus subtilement que moi."

Yourcenar dit également, à propos de l'écriture de ce récit, commencé dans les années 1920:
"En tout cas, j'étais trop jeune. Il est des livres qu'on ne doit pas oser avant d'avoir dépassé quarante ans. (...)." C'est aussi vrai pour la lecture de ce roman. Il ne faut absolument pas attendre d'avoir quarante ans pour le lire, puisque cela reviendrait à se priver inutilement d'un moment de pur bonheur. Mais il faut en tout cas attendre d'avoir atteint la maturité nécessaire pour apprécier un récit qui n'est pas spécialement facile à lire.
Car les Mémoires d'Hadrien sont assez compliquées. Mélangeant la poésie et l'histoire, le texte aborde également de nombreuses considérations politiques de l'époque traitée. L'empereur va même jusqu'à nous faire partager certaines de ses réflexions les plus philosophiques. Il est donc compliqué d'y accrocher lorsqu'on est trop jeune pour comprendre les nombreuses idées et théories développées par Marguerite Yourcenar dans son portrait de cet "homme presque sage".

Car Hadrien est sage. Lucide aussi, quant au devenir de l'empire romain, dont il sait qu'il finira par disparaître. Et il est surtout sage et lucide envers sa propre existence et sa propre fin. Ainsi, dès le début du récit, il se réconcilie avec ce corps malade qui est le sien.
Dès les premières pages du récit, Yourcenar parvient à montrer un Hadrien courageux, ferme et honnête. le reste du roman donne la même impression. Malgré ses erreurs et ses défauts, dont il parle d'ailleurs sans tabous, Hadrien reste tout du long cet homme face auquel on se sent faible et minuscule.
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