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Le Labyrinthe du monde tome 3 sur 3
EAN : 9782070382514
340 pages
Gallimard (22/05/1990)
4.14/5   97 notes
Résumé :
Encore une fois, dans ce troisième volet du Labyrinthe du monde, le centre du récit est le personnage du père, Michel.

Michel et sa mère, l'affreuse châtelaine du Mont-Noir ; Michel et ses amours : Fernande, Jeanne, dont l'inquiétant mari servira de modèle à Alexis, Liane, tant d'autres...

« Confondue par le problème des dates de l'enfance, seule dans un paysage vide où tout semble tantôt très proche et tantôt lointain », Marguerite Y... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Quoi? L'éternité. Troisième ouvrage autobiographique de Marguerite Yourcenar. Après avoir traité respectivement de sa lignée maternelle puis de sa lignée paternelle, la grande écrivaine s'attelle à son enfance. Sa mère ayant décédé peu de temps après sa naissance, c'est surtout la figure de son père Michel et de son affreuse grand-mère, la châtelaine du Mont-Noir, qui marqueront cette période de sa vie. Éventuellement, une ancienne amie de sa mère, Jeanne, se manifestera. Cette dernière est mariée avec un noble balte et mère de deux jeunes enfants, à peine plus âgés que la jeune Marguerite. Une amitié se forgera entre les deux familles, une complicité. Plus, peut-être? le mari de Jeanne ne semble pas si proche de son épouse, quelque peu délaissée. En fait, cet homme servira de modèle à Alexis, personnage éponyme d'un des célèbres romans de l'écrivaine. On peut imaginer facilement ce qui séparait les époux…. C'est ce qui m'a le plus marqué, dans cette autobiographie : voir comment des événements familiaux ou de l'enfance de Yourcenar ont pu influencer son oeuvre, où elle a tiré son inspiration, comment elle s'en est servie ou bien comment elle a modifié les choses. C'est ce que j'aime, dans les bio d'auteurs. Pour le reste… Marguerite grandit, elle devient une adolescente cultivée, la Grande Guerre survient, avec la fuite en Angleterre. Je ne peux pas dire que j'ai été transporté par la lecture de ce bouquin. Je l'ai trouvé instructive et intéressante parce qu'il s'inscrivait dans l'oeuvre de Yourcenar, que j'aime beaucoup.
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Il n'est pas facile de faire une critique d'un tel livre, présenté comme un récit autobiographique, et dont ce troisième tome, comme l'indique les notes en fin d'ouvrage est inachevé : "Si Marguerite Yourcenar a pu achever le chapitre intitulé "Les sentiers enchevêtrés", il ne lui a pas été donné en revanche de terminer "Quoi? L'Eternité". Mais il s'en sera fallu de peu puisqu'elle considérait qu'une cinquantaine de pages encore devaient suffire pour mettre un point final à l'entreprise. En tout état de cause, elle estimait l'ouvrage parvenu à un stade tel de sa réalisation qu'avant même d'avoir entrepris la déclaration des "Sentiers enchevêtrés" elle formulait le voeu que les chapitres précédents fussent publiés au cas où elle serait empêchée d'aller jusqu'où elle le prévoyait" (Yvon Bernier). Difficile de juger ce récit autobiographique, d'abord parce que l'auteur collecte des informations, les fait ressurgir de sa mémoire, mémoire qui est rarement fidèle, d'autant que ce sont souvent des souvenirs d'enfance. A ce propos, elle écrit d'ailleurs : "La mémoire n'est pas une collection de documents déposés en bon ordre au fond d'on ne sait quel nous même; elle vit et change; elle rapproche les bouts de bois morts pour en faire de nouveau de la flamme. Dans un livre fait de souvenirs, il fallait que ce truisme soit énoncé quelque part. Il l'est ici. ", et que penser des confidences que des proches auront pu lui faire, ou des conversations parfois du domaine de l'intime qui auraient pu avoir lieu... N'est-ce pas là fabulation? le récit autobiographique n'est-il pas plutôt un roman approchant de la vie de l'auteur et de sa famille? Certains paragraphes m'ont gênée, car trop crus, décalés par rapport à cette fin 19e début 20è siècle qu'on nous présente souvent comme prude et respectant les conventions et usages du beau monde... Mais qu'en était-il exactement? Cette pudeur et cette rectitude, n'étaient-ils que leurres ou poudre aux yeux? Donc ce récit autobiographique se transforme à mes yeux en roman à fioritures autobiographiques... Il n'empêche que j'apprécie amplement le style d'écriture de Marguerite Yourcenar ainsi que ses considérations et analyses qui permettent de poser un autre regard sur la société bénéficiant des derniers temps de paix et d'insouciance précédant la Grande Guerre.
J'aurais aimé naturellement que cet ouvrage ne soit pas inachevé...
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Quoi ? L'Eternité est le dernier tome de la trilogie le labyrinthe du monde. Trois livres dans lesquels Madame Yourcenar raconte son histoire familiale, pour ne pas dire ses histoires de famille. D'abord, celles du côté de sa mère dans Souvenirs pieux puis celles de son père dans Archives du Nord.

Au-delà de ces biographies, Marguerite Yourcenar appose à ses récits des réflexions sur la vie, le destin, l'amour et l'amitié qui enrichissent les écrits de ces livres. Rédigés dans les dix dernières années de sa vie, Marguerite Yourcenar porte un regard sur ce que furent les moeurs de ces familles aristocratico-bourgeoises, du milieu du XIXème siècle à la fin de la Belle Epoque. Elle décrit, avec cynisme et acrimonie, son ressenti sur ces personnages qu'elle a ou pas croisés. Ce ne sont pas les Mémoires d'Hadrien mais ceux de Marguerite.

Dans ce dernier tome, Marguerite Yourcenar rapporte la vie de sa famille telle qu'elle l'a vue dans son enfance. L'auteure est une petite fille qui vit avec un papa veuf. Un père avec qui elle prend de la distance dans le texte en l'appelant par son prénom uniquement pour mieux le raconter. Je crois qu'elle avait beaucoup d'admiration pour lui, même s'il n'était pas forcément le papa idéal. Dépensier, se sentant en rébellion contre la société et contre la vie qui n'avait pas été tendre avec lui, il sera homme de jeu et homme à femmes.

D'ailleurs, Marguerite Yourcenar reprend, certes de façon très romancée, la vie de Jeanne, ex-amie de collège de feu sa mère et mariée à un compositeur russo-hollandais, qui sera pendant un temps la maîtresse de Michel, le père de Marguerite. J'ai beaucoup aimé ce passage sur la vie de Jeanne et de celle de son mari Egon. L'auteure rend merveilleusement bien les difficultés de l'amour et de l'épanouissement dans l'amour pour ce couple de la Belle époque.

Ce dernier tome de la trilogie, écrit en 1987, sera le dernier roman de Madame Yourcenar. Elle mourra sans pouvoir l'achever. C'est finalement, en quelque sorte, un testament qu'elle laisse aux générations qui suivent, leur léguant les clés pour comprendre son oeuvre littéraire. C'est aussi de sa part le désir d'affirmer qu'il faut profiter des bons moments de la vie pour les apprécier à leur juste valeur, en ayant conscience que nous ne sommes que de passage et que l'empreinte qui doit rester soit celle de la beauté plutôt que du laid des comportements.

C'est finalement un message, quoi ? [pour] l'Eternité.
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Troisième volet du Labyrinthe du monde," Quoi ? l'Eternité" nous replonge dans la saga familiale de Marguerite de Crayencour, alias Yourcenar.
Je dois dire en premier lieu que j'avais beaucoup aimé les deux premiers livres qui traitent des racines familiales de Marguerite, autant du côté paternel que maternel : riches familles de la haute bourgeoisie flamande mâtinées d'ascendances nobiliaires remontant jusqu'aux Croisades où tout le monde est cousin avec tout le monde. le propos de Marguerite Yourcenar était souvent acerbe et les traits au vitriol m'ont souvent fait jubiler.
Rien de tel dans "Quoi ? l'Eternité" ; je m'y suis ennuyé.
Certes la grande styliste est toujours présente, ses descriptions de la vie qu'avaient les grandes familles bourgeoises de la Belle Epoque sont saisissantes, brossées du haut de la grande considération qu'a Marguerite d'elle même , mais c'est un peu lassant à la fin cette litanie d'anecdotes , parfois séduisantes mais assez souvent...anecdotiques. D'autant que le ton détaché avec lequel l'auteure nous les conte n'incite pas le lecteur à l'empathie.
Dans ce troisième volet, laissé inachevé, elle nous entretient principalement de son père , Michel de Crayencour, qu'elle ne nomme jamais "mon père" ou "papa" mais simplement Michel , comme un bon copain.
Au demeurant certainement un homme remarquable d'après le portrait qu'en dresse sa fille même si elle a quelquefois la dent dure quand lui prend l'envie d'endosser le costume de juge.
On croisera aussi quelques personnages plus ou moins directement liés à Marguerite, beaucoup d'amis de son père, des amies de sa mère , et le menu fretin des serviteurs car Marguerite ne dédaigne pas descendre de son Olympe pour frayer avec le commun.
D'elle peu de choses sont dites. le récit se termine à l'époque de la Première guerre mondiale quand Marguerite avait une dizaine d'années.
Plus qu'une suite d'anecdotes, plus qu'une simple biographie linéaire, "Quoi ? l'Eternité"'est souvent le prétexte pour Marguerite Yourcenar de philosopher, de réfléchir sur la condition tragique de l'existence humaine. On sent dans ces pages les préoccupations de l'auteure : le temps qui passe, les racines, l'inconnaissable mystère de la mort, la souffrance . Et prémonitoire , l'angoisse devant la destruction de toute vie , qu'elle soit celle des hommes ou des animaux . En découle son peu d'estime pour l'espèce humaine dont, très jeune, elle a pu constater la folie et, par la suite, constater sa persévérance dans l'erreur : seconde guerre mondiale, les guerres coloniales, les massacres divers, le saccage systématique de la planète, la disparition des espèces.... Ce sont par ces préoccupations que Marguerite me touche et que je la tiens pour une grande écrivaine malgré son côté marmoréen qui doit en intimider plus d'un !
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La mécanique de Quoi ! L'Éternité est bien huilée puisque ce troisième et dernier tome clôt le labyrinthe du Monde. Comme précédemment Marguerite Yourcenar poursuit sans complaisance son tableau au vitriol de la bonne société (comprendre bourgeoise et aristocratique) du début du XXème siècle. L'oeuvre s'achève alors que la Grande Guerre n'est pas encore tout à fait achevée et que la Terreur Blanche sévit déjà à l'Est.
Le personnage central de ce récit est Michel, le père de l'auteure, bien plus que la petite Marguerite et l'adolescente déjà rebelle qu'elle va devenir dans les dernières pages. Les relations père-fille ne sont toutefois pas le plus important. D'autres personnes hautes en couleur font leur apparition : Jeanne, Egon, Frantz, chacun dans son genre est une sorte d'aventurier dont les pérégrinations sont plus au moins intéressantes à suivre. Les jugements portés, la qualité de l'écriture incomparable, achèveront de séduire le lecteur.
Les passages sur la Première Guerre Mondiale sont fascinants car ils dévoilent le point de vue particulier d'une femme et d'une véritable personnalité (par sa manière irrévérencieuse et inconventionnelle de voir les évènements, même si l'on suppose une bonne dose de réécriture).
Un très bon moment mais que l'on réservera plutôt aux adeptes de Yourcenar. Les novices devront privilégier une oeuvre plus connue pour faire connaissance avec la Dame. Bien que le récit s'achève sur un chapitre complet, il reste inachevé ce qui lui confère une forte charge émotionnelle.

Lien : http://kriticon.over-blog.co..
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
Ayant déversé des souvenirs plus ou moins disparates, je voudrais consigner ici celui d'un miracle banal, progressif, dont on ne se rend compte qu'après qu'il a lieu : la découverte de la lecture. Le jour où les quelque vingt-six signes de l'alphabet ont cessé d'être des traits incompréhensibles, pas même beaux, alignés sur fond blanc, arbitrairement groupés, et dont chacun désormais constitue une porte d'entrée, donne sur d'autres siècles, d'autres pays, des multitudes d'êtres plus nombreux que nous n'en rencontrerons jamais dans une vie, parfois une idée qui changera les nôtres, une notion qui nous rendra un peu meilleurs, ou du moins un peu moins ignorants qu'hier.
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Les trappistes, tous pareils, à en juger par leur robe et par leur cagoule, travaillent aux champs, trayent les vaches, guident à pas lents leurs gros chevaux bien étrillés. Michel les envie d'observer entre eux la règle du silence, qui à elle seule élimine entre les hommes (et plus encore entre les hommes et les femmes) la plupart des conflits.
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Nous n'avons jamais su que le premier juillet 1916, à Bapaume, donc fort près de la demeure où vécut ma tante Marie et pas fort loin de celle qui avait été la nôtre, soixante mille Anglais périrent en un jour, cinq mille hommes par heure si on situe le combat entre l'aube et la nuit. Nous ne sûmes pas davantage que la reprise de quelques kilomètres au nord d'Arras, en 1916, avait coûté aux Français sous Pétain environ quatre cent mille hommes, et la bataille de la Somme, qui dura quatre mois, plus ou moins, environ un million de part et d'autre au cours d'une avance en profondeur de dix kilomètres. J'y pense aujourd'hui chaque fois que je traverse "ces régions des champs de bataille", tranquilles comme la mort des deux côtés de l'autoroute bruyante et dangereuse comme la vie.
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Plus le chemin derrière moi s'étend, plus je m'aperçois que de tous nos maux le pire est l'imposture. Elle régnait. Mettons qu'elle fut de bonne foi ou à bonnes intentions : on finit par croire ce qu'on redit à satiété, après l'avoir entendu à satiété dire. Tous les clichés s'étayaient l'un l'autre. Les informations soigneusement cuisinées des communiqués, les troupes qui se replient sur un point déterminé à l'avance, les effectifs ennemis n'ayant pu dépasser X. (ce qui signifie que X. est perdu), l'illustre "tout est calme sur le front de l'Est", euphémisme allemand qui prouve tout au plus que sur le front de l'Est on n'a pas eu plus de morts que la veille, ressemblent aux propos feutrés d'un médecin au chevet d'un grand malade. Les clairvoyants les perçaient à jour ; les clairvoyants sont en petit nombre.
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Après un certain nombre d'accès de suffocation nocturne, au cours desquels il n'appelait personne, bien qu'une sonnette fût à portée de sa main (mieux vaut crever seul qu'entendre pleurnicher des femmes), il comprit que c'était la fin. Il n'avait jamais cru, et n'allait pas commencer à le faire. Il s'était obligé à se rendre à la grand-messe et à faire ses Pâques, parce qu'un homme bien né se doit de donner l'exemple, et que la religion est nécessaire au bon ordre de la société. Pour rester jusqu'au bout dans son rôle, il demanda au village d'assister à la cérémonie de l'Extrême-Onction. On mit sur la commode une serviette blanche ; les deux flambeaux furent astiqués et polis pour l'occasion, et le crucifix devant lequel matin et soir la Baronne faisait sa prière fut placé entre eux. Les gens entraient les uns après les autres, s'efforçant de ne pas faire trop de bruit ; les domestiques se tenaient au dernier rang dans le corridor.
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Vidéo de Marguerite Yourcenar
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* : _La poudre de sourire : le témoignage de Marie Métrailler,_ recueilli par Marie-Magdeleine Brumagne, précédé de _lettres de Marguerite Yourcenar de l'Académie française à Marie-Magdeleine Brumagne,_ Lausanne, L'Âge d'Homme, 2014, pp. 179-180, « Poche suisse ».
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