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EAN : 9782358722193
160 pages
La Fabrique éditions (08/10/2021)
4.24/5   44 notes
Résumé :
Un essai interrogeant la dialectique contemporaine relative à l'ensauvagement de la société française. Convoquant les figures de Yacine Kateb ou d'Aimé Césaire, l'auteure dresse un état des lieux critique de la perception des communautés noires et arabes issues de la décolonisation dans la France du XXIe siècle.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
« Je sens que j'ai tellement de choses à dire qu'il vaut mieux que je ne sois pas trop cultivé. Il faut que je garde une espèce de barbarie, il faut que je reste barbare. » avouait Kateb Yacine. Louisa Yousfi l'entend comme un mot d'ordre, autant esthétique que politique, et convoque quelques « ensauvagés » à l'assaut de « l'Empire », de Toni Morrison au rappeur Booba, de Chester Himes au groupe PNL.
(...)
Armé de son précieux sésame: « rester barbare », cette « formule magique » dénichée chez Kateb Yacine, Louisa Yousfi traque les effets du colonialisme chez les descendants des victimes (collatérales) de celui-ci et identifie ceux qui résistent encore. Un manifeste redoutable, doublé d'une fort intéressante analyse du rap français, comme puissant levier dans ce retournement de stigmate.

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Dans un essai percutant, Louisa Yousfi, journaliste et militante au Parti des Indigènes de la République (PIR) nous amène à nous interroger sur la résistance des personnes issues de l'immigration à l'intégration imposée par les sociétés occidentales.

Elle débute sa réflexion en citant l'écrivain algérien Kateb Yacine qui évoque la crainte de sa perte d'identité dans la culture française : «Je sens que j'ai tellement de choses à dire qu'il vaut mieux que je ne sois pas trop cultivé. Il faut que je garde une certaine barbarie, il faut que je reste barbare». Il faut ainsi résister à l'intégration, en renversant le stigmate dont on est affublé, « rester barbare », pour ne pas trahir ses origines.

Dans la lignée de Kateb Yacine, Louisa Yousfi nous présente ces «barbares contemporains», comme l'écrivain américain Chester Himes, le français Medhi Meklat, ou des rappeurs comme Booba, ou PNL qui racontent leurs vies dans «un monde qui [les] ratatine». Leur point commun ? Expliquer leur impossibilité de sortir du rôle assigné par la culture dominante occidentale, quitte parfois à «aller à contresens du pouvoir, coûte que coûte, et dans la misère morale s'il le faut». Ainsi, pour subvertir la prophétie autoréalisatrice du racisme, ces artistes se dépeignent en monstre, en bête, «se raconter en barbare devient une façon paradoxale de se raconter en humain, sans se livrer aux bons sentiments de la civilisation».

Pour Louisa Yousfi, les productions culturelles des femmes issues de l'immigration n'ont pas la même réception que celles des hommes, seuls à être considérés comme «barbares» : «dans les milieux progressistes, écrire en tant que femme non-blanche est un sésame», avance-t-elle. On pourrait y voir en effet, la continuité du fantasme colonial de protéger et d'exfiltrer les femmes racisées de leur culture d'origine pour les retourner contre elle. Ainsi, dans l'impossibilité pour les femmes non-blanches de «rester barbare» l'autrice veut défendre la parole de ces hommes qui «parlent pour moi, pour nous».

Si on peut comprendre la lutte collective des personnes issues de l'immigration contre l'acculturation, on reste assez circonspect face à l'absence de réflexion sur la possibilité d'imaginer une expression autonome et indépendante des femmes racisées qui soit irrécupérable par la culture dominante occidentale. Pourtant, le féminisme décolonial propose des pistes d'émancipation dans ce sens, qui plus est dans une perspective anticapitaliste.
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hâte qu'il sorte, pouvoir réfléchir en tant qu'arabo-musulman à notre sort et notre rôle dans et pour cette République, c'est la dynamique qu'il faudrait initier...

Rien est parfait tout pourrait le devenir, du moins en récit et en idées, parlons-en....
Lien : https://www.instagram.com/le..
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"On a ouvert un essai, on referme une oeuvre littéraire. Et ça, ça n'arrive pas si souvent. "

(Re)découvrez notre chronique dans son intégralité entre les pages numériques de notre bimestriel littéraire et culturel en ligne le dernier dimanche tous les deux mois...
Lien : https://proprosemagazine.wor..
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critiques presse (2)
LesInrocks
24 avril 2023
Dans son brillant et percutant essai, “Rester barbare”, la journaliste convoque l’écrivain Kateb Yacine, mais aussi les rappeurs Booba et PNL, afin de poser les fondements d’un manifeste littéraire pour une nouvelle pensée décoloniale en France.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
NonFiction
09 mai 2022
Louisa Yousfi fait partie d’une génération pour laquelle « être et rester barbare » — selon la formule de Kateb Yacine citée en début d’ouvrage — est devenu un slogan nécessaire. Alors que les mots « ensauvagement », « sauvage », et « barbare » ainsi que les jugements racistes qui les accompagnent surgissent à nouveau dans le vocabulaire politique et médiatique, des militants s’efforcent d’inverser l’adresse de ces formules afin de renforcer leur dénonciation du postcolonialisme.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Avoir des choses à dire, c'est tout sauf converser. Car c'est toujours par effraction que le barbare surgit dans la conversation. Dérobant la parole aux bien-parlants, il lui insuffle une force nouvelle en la transfigurant en événement – plus exactement, en attentat.
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Kateb Yacine, de son propre aveu, est un barbare. Avec une simplicité déconcertante, il a déclaré : “je sens que j'ai tellement de choses à dire qu'il vaut mieux que je ne sois pas trop cultivé. Il faut que je garde une espèce de barbarie, il faut que je reste barbare.“ 
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