Fable

Très agréable lecture de ce conte moderne aux allures de rêve. Une nouvelle qui se lit en une heure, soit le temps d'une séance de psychanalyse et ce n'est pas un hasard car le narrateur est effectivement étendu sur le divan de sa thérapeute. Cette professionnelle lui demande de se raconter à travers une fable, exercice périlleux pour la plupart des gens mais dont le narrateur se tire plutôt bien, commençant par un peu de badinage puis s'enfonçant mine de rien dans la gravité puis le drame.

C'est justement ce mouvement de descente dans l'intime qui est remarquable, ainsi que le style vraiment intéressant. Par petites touches l'humour se retire du récit pour traiter de la différence, du handicap, de l'inadaptation à l'environnement de vie, des rêves brisés et au bout du chemin, de l'espoir ou plus justement de la capacité de l'homme à se redresser, à rebondir, à continuer d'avancer malgré les épreuves.

L'auteur veut nous montrer qu'une vie est vraiment faite de pages comme les livres de contes et qu'une fois une tranche de vie terminée, on passe à la suivante sans pour autant garder avec soi ses casseroles.

Un joli texte pour une évasion pleine de sens et de discrète sensibilité.


Challenge RIQUIQUI 2021
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Challenge MULTI-DEFIS 2021
Challenge des 50 objets 2020 - 2021

Dans un petit format, les éditions Aux Forges de Vulcain proposent à la lecture (non pas à la vente, mais comme outil promotionnel) la nouvelle « Fable », de Charles Yu, récit initialement paru dans le journal New Yorker le 23 mai 2016.

Contes enchâssés
Il était une fois un homme qui enchaînait les récits débutant par « il était une fois ». En effet, sa thérapeute l'enjoint à s'épancher sur ses problèmes en inventant des récits sous forme de contes ou de fables. Alors il s'épanche. Au départ, doucement, voire avec beaucoup de réticence, et finalement le récit s'allonge. Il raconte ses envies, ses regrets, ses souvenirs douloureux surtout. Il se met en scène dans un récit de plus en plus long, à la fois dans le fond et dans la forme. Ce sont bien des mini-contes qu'il compose, même avec difficulté, et le narrateur use de références fantasy pour se mettre en scène (sans pour autant être sûr qu'on soit réellement dans notre monde) : capable ni de porter les armes, ni d'avoir le courage d'affronter un dragon, il se cherche une voie, un métier suffisamment honnête, calme et rémunérateur, quelqu'un avec qui passer le temps, bref une vie simple.

Réflexion sur une vie
Grâce à ces quelques récits successifs, le lecteur découvre le véritable parcours et les réelles déceptions du narrateur. À force de recommencer son récit, le narrateur se livre et apprend à disséminer ses pensées dans les aventures non-héroïques de son protagoniste. La thérapeute l'écoute, le plus souvent dans un silence religieux, mais elle représente au fond le lecteur qui attend que le narrateur apprenne par lui-même à prendre du recul sur sa famille, ses métiers, son entourage. C'est un jeu de miroirs intéressant, car tout un chacun pourrait très bien imaginer un de ces récits pour mettre en scène ses pensées quotidiennes sur le bien-fondé de ses choix passés ou en cours.

Avec ses trente-deux pages vite lues, Fable est donc une nouvelle assez simple, mais très efficace et particulièrement touchante quand on se fond dans le personnage du narrateur qui nous repeint une vie pleine de regrets.

C'est à l'occasion du financement participatif de la Librairie L'Antre de Calliopée à Aix en Provence que j'ai reçu cette petite nouvelle.

Un homme dont on ne connaît pas le nom est chez une psychologue et a bien du mal à s'exprimer sur sa vie. La professionnelle lui donne donc pour exercice de rajouter des éléments de contes afin de l'aider à prendre du recul et à trouver les mots. 

Cette nouvelle est donc un assemblage de récits enchâssés : si le premier est peu détaillé et empreint d'humour caustique de la part de l'homme, peu à peu, il parvient à se livrer et à livrer à la psychologue (et au lecteur(ice)s) un nouveau récit plus détaillé touchant et émouvant. On comprend alors mieux les circonstances qui l'ont fait arriver à ce point : une mère à s'occuper, un mariage tardif et un enfant autiste. Sans être la meilleure nouvelle que j'ai lue de l'année, je me suis laissée emporter par l'écriture de Charles Yu et j'ai apprécié ma lecture.

Voici 32 pages à relire en boucle tant le charme est immense. Solaire, étrange, ésotérique, écrite avec dextérité, souplesse, cette fable de Charles Yu est une traversée dans le fantastique. Dans ce monde parallèle où ne passent que les courants d'air des angoisses et le vent littéraire de renom qui bouscule et écarte les pans d'un bien-pensant sociétal et d'un mal-être infini venu de la nuit des temps. Ici, dans les entrelacs, si vous regardez bien, vous verrez au travers des reflets, ce filigrane qui inspire à la fuite, au repli, à cette quête existentielle et à l'acceptation des différences. Cette rencontre avec la thérapeute n'est en fait que ce sublime qui claque tel le mystère contre les affres conformistes et instables. « Il était une fois un homme dont la thérapeute jugea bon qu'il règle un certain nombre de trucs en racontant une histoire sur ces trucs. » L'homme cherche et trouve sa voie au fond de ce puits d'histoires. La parabole est le fil rouge de « Fable ». le fils, l'écho de ce que l'homme peut ressentir dans son intériorité névrotique. Plus que cela encore noyé dans les affres des regards des autres sur lui-même, ce dernier n'est que tourments, craintes et pitié. Et si, en fait ce fils était le souffle de vie, ce qui est vrai et cette beauté invisible de l'essentiel même ? Comprendre que « Fable » est une porte qui s'ouvre et dont la clef est le coeur même de ce mystère qui ne peut se nommer. Les chemins symboliques sont des cailloux que l'auteur sème lorsque lui seul pressent le bon moment. La lecture est une fusion dans cet étrange qui tel le glaive enchante la plus régénérante Table Ronde. Chacun (e) trouvera dans ce livre au poids plume mais lourd de sens, la voix du fils, la marche du fils, dans une traversée du miroir parabolique. « C'est l'heure dit-elle. C'est un début. » Charles Yu dans « fable » offre à l'hôte de ses pages la force de conviction. Les Editions Aux forges de Vulcain viennent de mettre au monde une fable qui changera le cours de votre vie la plus secrète et ténébreuse.

"Fable" de Charles Yu est une courte nouvelle qui m'a été envoyé par les éditions Aux Forges de Vulcain, que je remercie !

Honnêtement, je ne m'attendais pas à être autant conquis par cette histoire d'une vingtaine de pages, dans laquelle un homme raconte à sa psy, sous forme de fable, tous les déboires de sa vie.

J'ai trouvé le ton de l'histoire et la plume de l'auteur parfaites, ce qui a amené mon expérience de lecture à un autre niveau.
Le ton est ici très cynique avec des touches d'humour grinçant, tandis que l'auteur par sa plume et son histoire amène un coté très métaphorique. Ça colle parfaitement à la forme du récit, et surtout j'ai trouvé la plume de l'auteur superbe ; j'ai totalement accroché au style. le côté fantastique/onirique de la fable est très évocateur, et en 20 pages il a su me plonger dans une ambiance particulière, et extrêmement touchante (je ne vous en dis pas trop au risque de spoil).

Un petit texte pour un petit coup de coeur (inattendu, je l'avoue). Charles Yu m'a transporté dans son récit, et j'ai été totalement conquis. Autant vous dire que mon expérience avec cet auteur ne s'arrêtera pas là !
Si vous cherchez une petite fable contemporaine, à la poésie asiatique, avec un beau message et des touches d'humour cynique, lancez-vous dedans. En plus, ce n'est pas la taille qui devrait vous effrayer.