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EAN : 9782330059446
170 pages
Actes Sud (04/11/2015)
3.34/5   71 notes
Résumé :
Dans le parc d'Ueno à Tokyo, un homme âgé s'est installé. Comme les autres sans logis il a construit une cabane de bâches et de planches. Il écoute la beauté et la misère mêlées. Mais les opérations spéciales de nettoyage sont de plus en plus nombreuses, et il faut sans attendre effacer toutes traces de campement, et disparaître. Alors qu'un matin le vieil ouvrier semble n'en plus pouvoir, alors qu'il s'apprête à convoquer la mort, une première vague déferle sur son... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Quand on quitte la gare d'Ueno par la sortie parc, l'on tombe sur des cabanes bâchées de bleu et des SDF assis sur des bancs. Parmi l'un d'eux, il y a ce vieil homme qui semble observer et écouter le monde qui l'entoure. Ici ou là, les commentaires des visiteurs du musée, les promeneurs du parc, la pluie qui tombe sur les feuilles du cerisier, le vent qui secoue les arbres. Dans ce Tokyo anonyme, il semble invisible, exclu du temps qui passe. Il nous livre son quotidien et son passé: son travail qui l'a emmené loin de sa famille, ses morts qui l'ont quitté trop vite, comment il est arrivé là et la nature qui l'entoure...

Il aura fallu à l'auteur pas moins de 12 années pour écrire ce roman profondément humain et très poétique. Dans cette nature omniprésente, sous cette pluie qui glace les âmes, au son des oiseaux qui roucoulent ou des cigales qui chantent, l'on écoute ce vieil homme nous raconter des bribes de sa vie. Ce roman fait la part belle aux couleurs: le gris du ciel, le rose des fleurs de cerisier, le vert des feuilles, le jaune des ginkgos, le bleu de l'étang et le noir de l'âme. Yu Miri nous offre un roman à la fois mélancolique et poétique et dresse le portrait d'un autre Japon. Un récit tout en finesse porté par une écriture douce et élégante.
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Il n'est pas rare en se promenant dans le parc impérial d'Ueno de voir fleurir de grandes bâches bleues sur lesquelles les familles s'installent pour profiter de la beauté des cerisiers en fleurs.
Mais pour les SDF japonais, ces mêmes bâches ne sont pas synonymes de douceur de vivre. Ils s'en servent pour se protéger de la pluie dans leurs cabanes faites de bric et de broc.
Kazu était l'un de ceux qui vivaient dans le parc. Après une longue vie de labeur sur différents chantiers de la péninsule japonaise, il était retourné chez lui, près de Fukushima, pour découvrir que ses enfants avaient grandi sans lui et qu'il ne les connaissait pas. Restait sa femme, seule rocher auquel s'accrocher après une vie conjugale marquée par ses absences. Mais sa mort, suivant de peu celle de son fils, lui avait fait fuir sa région natale pour revenir à Tokyo et s'installer à Ueno.
Ueno, cadeau de l'empereur aux habitants de la capitale, poumon vert de Tokyo. Ueno et son zoo, ses temples, ses musées. Ueno et ses laissés-pour-compte, souvent des provinciaux échoués ici après un drame familial, une perte d'emploi, un revers du destin.

Souvenirs d'une vie d'un homme qui, comme il le dit lui-même, n'a pas eu de chance. Il a travaillé depuis son plus jeune âge, s'est sacrifié pour nourrir sa famille et finalement est passé à côté du bonheur.
A travers le destin de Kazu, Miri Yû raconte tous ceux qui ont échoué dans le parc d'Ueno, toutes ces vies en marge qui se débrouillent avec des bouts de rien pour maintenir un semblant de vie. Invisibles au milieu des promeneurs, ils sont carrément effacés quand le parc est visité par un membre de la famille impériale. Commence alors la ‘'battue''. Ils ont quelques jours pour démonter leurs abris, entreposer leurs maigres biens dans des lieux dédiés et se fondre dans l'anonymat d'une salle de cinéma ou d'un cybercafé. Cachons ces indésirables que l'empereur ne saurait voir !
Douceur et mélancolie pour un livre fort qui réussit à mettre de la poésie dans la noirceur. Car il ne faut pas se fier à sa couverture rose bonbon. Sortie parc, gare d'Ueno est un récit triste et dur qui donne à voir la triste réalité des SDF au Japon. Souvent des campagnards ‘'montés'' à Tokyo pour travailler et qui ont subi de plein fouet les crises financières successives, ils ont été rejoints par les réfugiés de Fukushima chassés de leur région par la catastrophe nucléaire de 2011. Une minorité invisible que l'on chasse au gré des visites des puissants.
Un sujet intéressant et douloureux traité avec pudeur et poésie.
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Un texte très bouleversant, de qualité mais fort dérangeant...., car il est question de l'épreuve de la pauvreté, d'une vraie misère tenace qui pourrit la vie, le quotidien, enlève une humanité minima... et emprisonne les êtres dans une sorte de toile d'araignée infernale !

Une très belle écriture poétique et épurée... qui prend aux tripes...

Le narrateur raconte que pour nourrir sa famille, il lui a fallu travailler toute sa vie, loin de chez lui...(et plus exactement 48 années à être une bête de somme !!)
Ce qui est terrifiant dans ce roman est de voir notre "anti-héros" réaliser après la mort prématurée de son fils, puis de son épouse, qu'il a trimé toute son existence pour subvenir aux besoins des siens, sans les voir vivre, et que tout simplement au fil de son existence, sa vie a perdu tout sens....

En dehors du pathétique absolu de ce roman, ce texte nous offre avec bonheur la description des traditions et cérémonies bouddhistes...

L'auteur dans la postface, explique qu'elle a mis 12 années pour rédiger ce roman. Entre temps, elle a rédigé, publié de nombreux écrits, romans , essais...
Frappée par la misère de ses compatriotes, l'auteure a persisté dans son enquête. En 2006, elle voulait enquêter sur ces opérations spéciales de nettoyage, appelée "battues" par les SDF, qui sont menées avant chaque visite impériale...

Elle a réussi de façon magistrale...
On ne sort pas indemne de ce genre de lecture. Un grand bravo à cette dame de la littérature coréenne... au style et à la sensibilité magnifiques.

" En regardant le visage de mon fils mort dans son sommeil, qui avait l'air simplement endormi, ce visage qui ressemblait tellement au mien, je n'ai pas pu ne pas me poser de questions sur le sens de ma vie, ou plutôt sur son absence de sens" (p. 52)


"Ma stupéfaction , mon chagrin,, ma colère, étaient si grands que pleurer
me semblait inadéquat" (p. 52)
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Le vieil homme déroule son histoire. Triste comme un jour de pluie sous les cerisiers. Il est un de ceux que l'on nomme "johatsu", ceux qu'on ne voit pas, les sans abris qui peuplent le parc d'Ueno.
Au fil du récit, on apprend qu'il a dû travailler très tôt, très jeune pour aider sa famille. Puis, jeune adulte, il s'est marié, a eu deux enfants qu'il a peu vus, peu connus, car obligé de partir ailleurs gagner de quoi faire vivre la famille. Il a enterré son fils, mort trop tôt dans la jeune vingtaine, enterré aussi ses parents...Que d'épreuves ! Que de résilience. Et, au crépuscule de sa vie, il revient au village, vers son épouse pour tenir des jours tranquilles. Des jours qui ne se dérouleront pas nécessairement comme espérés. Ce sera sa petite fille qui viendra s'installer avec lui pour en prendre soin. Mais lui, il choisira autre chose, une autre vie en lui laissant une note, un petit mot sur la table: "Toutes mes excuses pour cette disparition soudaine. Je pars à Tokyo. Je ne reviendrai pas dans cette maison. Ne me cherche pas. Je te remercie pour tous les délicieux petits-déjeuners que tu m'as préparés."
Et voilà que ce pan de vie se termine là...
Et au-delà de la chronique, Yu Miri, l'autrice, nous parle d'un Japon bien propre, bien soucieux des apparences, pour qui le devoir est plus important que l'humain. Un Japon qui tolère mal les laissés pour compte, les pauvres, les démunis. Un Japon qui ne se gêne pas pour démanteler les tentes des sans abris dans le parc juste pour le passage de la voiture d'un membre de la famille royale. On sait bien qu'il faut cacher la misère aux yeux impériaux.
Ce sont donc les voix de ces dépouillés que nous entendons dans Sortie parc, gare d'Ueno. Des voix nobles et dignes empreintes de toute la poésie de l'autrice.
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Rien n'est rose dans ce livre, à part sa magnifique couverture.
C'est une vie triste et grise que nous propose de découvrir Yu Miri.
Celle d'un vieil homme, perdu au milieu d'une multitude d'anonymes, de laissés pour compte dans l'un des plus grands parcs de Tokyo.
Au fil de ces souvenirs, nous découvrons combien la vie lui a été cruelle.
La mort brutale de son fils, suivie de près par celle de son épouse ont fait de lui, une ombre que l'on évite de voir.

"Ce jour-là, le temps est passé. le temps a fini. Pourtant il s'est éparpillé comme des punaises répandues sur le sol. Incapable de détourner mon regard de la tristesse de cet instant, je continue à souffrir.
Le temps ne passe pas.
Le temps ne finit pas."

Et pourtant, les saisons défilent, la floraison des cerisiers rythme le temps qui peu à peu le rapproche de la mort.

La plume de Yu Miri est empreinte d'une grande sensibilité mêlée de douceur et de mélancolie.
Une très belle découverte.
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Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
Je n'avais jamais photos sur moi. Mais je revoyais en permanence les gens et les lieux d'autrefois. Je vivais tourné vers le passé, j'allais vers l'avenir à reculons.
Il ne s'agissait ni de nostalgie ni de mélancolie, non, cela n'avait rien d'aussi doux, j'avais peur de l'avenir, je n'acceptais pas le présent, et je réalise que j'étais plongé dans le passé dans lequel on ne peut retourner parce que je ne supportais pas l'endroit où je me trouvais, mais maintenant je ne sais pas si le temps a pris fin ou s'il s'est temporairement arrêté, s'il va recommencer à passer, ou si j'en suis définitivement exclu...je ne le sais pas...je l'ignore...(p. 22)
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Je croyais que la vie était comme un livre, on l'ouvrait à la première page, on passait à la deuxième, on continuait et on arrivait bientôt à la dernière mais la vie n'a rien à voir avec ce que racontent les livres. Les lettres s'enchaînent, il y a des numéros de pages, mais cela n'a ni queue ni tête. Même au-delà de la fin, il n'y a pas de fin.
Quelques chose demeure.
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Je sentais toute la hauteur du ciel au-dessus de ma tête.
Une journée printanière commençait sous un ciel d'un bleu intense.
J'étais conscient de l'effort que cela demandait.
J'aurais aimé ne plus rien faire.
Depuis qu'on m'avait annoncé la mort de Koichi je n'avais pas arrêté
de faire des efforts.
Avant, ils étaient axés sur mon travail; à présent , je devais en faire
pour rester en vie.
je n'avais pas envie de mourir, mais j'aurais voulu ne plus faire
d'efforts. (p. 55)
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Le temps pouvait-il s'écouler si lentement que son passage devenait imperceptible ? La mort, était-ce comme si le temps s'arrêtait et que l'on reste seul dans l'espace... ou bien était-ce comme si l'espace et le soi s'effaçaient et que seul le temps continuait à passer...
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Chacun est différent des autres.
Chacun a son propre visage, ses propres pensées, ses propres sentiments.
Je le comprends.
Mais vu de loin, les gens me font l'effet d'être tous pareils ou du moins de beaucoup se ressembler.
Leurs visages sont comme de petites flaques d'eau, rien de plus.
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Vidéo de Miri Yu
Yu Miri a noverist is singing
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