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Critique de Osmanthe


D'abord une superbe photo de couverture, ce banc un peu déglingué symbolisant peut-être le vide, la solitude et l'abandon sous la spectaculaire floraison rose d'un cerisier.

L'attrait essentiel de ce livre, que j'ai trouvé par ailleurs de bonne tenue côté style, est de nous faire découvrir une facette peu reluisante et bien réelle de l'évolution de la société japonaise, le phénomène SDF. Certes, nous rencontrons aussi en occident ces situations dramatiques. le Japon est moins enclin à faire la lumière sur ces problèmes, surtout lorsqu'il touche des lieux où l'Empereur doit se rendre en visite, ou lorsqu'il s'agit de montrer la puissance nippone aux yeux du monde à l'approche des jeux olympiques de 2020…

Le narrateur, septuagénaire, est devenu SDF presque par choix. Au cours de sa vie de travail, il n'a pas pu voir beaucoup sa famille, sa vie est passée vite et il a subi les traumatismes successifs de la mort de son fils Koichi à 21 ans et de sa femme à 65 ans, dans son sommeil. Ne voulant pas vivre aux crochets de sa fille, il part de sa terre de vie du Tohoku (région de Fukushima) sans laisser de message, pour se mêler aux sans-abris du parc d'Ueno à Tokyo. Il n'a pas eu de chance…

Là, il observe jour après jour la petite vie quotidienne des autres sans-abris, nous rapportant leur histoire, leurs conversations, leurs manèges (notamment pour gagner quelques yens en récupérant des canettes pour des recycleurs), leurs liens forts avec leur chat ou chien, dernier compagnon d'infortune…Il y voit aussi les non SDF mener leur vie habituelle apparemment sans faire attention, même si parfois de leurs fenêtres des immeubles proches ils dénoncent les malheureux à la police…

Etonnant de voir comme ces SDF, souvent âgés, sont à la fois organisés, chacun érigeant sa tente voire sa mini-cabane, formant ainsi une sorte de village dans un coin du parc, près de la gare grouillante, mais aussi comme ils peuvent être l'objet de haine, notamment par des bandes de jeunes qui les cassent et les passent à tabac. Quant aux autorités, elles décident de plus en plus régulièrement de faire place nette, par de véritables « battues », faisant démonter les tentes pour quelques heures, histoire de ne pas faire tache dans le paysage impérial et touristique.

Instructif, mais j'ai mis longtemps à vraiment m'immerger dans le sujet et à accrocher pour plusieurs raisons : on se perd parfois dans les allers-retours passé-présent du narrateur, la séquence des obsèques de son fils est interminable et ennuyante, et je n'ai pas ressenti l'émotion escomptée, sans compter une fin tirée par les cheveux, l'auteur essayant de relier à son histoire, maladroitement à mon sens, les événements de Fukushima…

Un peu de déception donc, mais ce roman reste un témoignage intéressant, par une coréenne vivant au Japon, sur les maux actuels, notamment l'exclusion (les coréens sont encore souvent victimes de ségrégations) et la pauvreté rampante, d'un Japon en perte de repères et qui a bien besoin de rêver à nouveau.
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