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Franck Sylvain (Traducteur)Dominique Sylvain (Traducteur)
EAN : 9782072922275
384 pages
Gallimard (21/01/2021)
3.88/5   86 notes
Résumé :
Juin 1988. Préfecture d'Hiroshima.
Le commandant Ôgami a la réputation d'être l'un des meilleurs enquêteurs du Japon. Mais selon la rumeur, il serait trop proche des yakuzas. Sa hiérarchie le trouve ingérable, pourtant elle ne peut se passer de lui. Surtout au moment où une nouvelle guerre des gangs menace, après la disparition du comptable d'une officine de prêt dirigée par la pègre.
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
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Le point de départ est assez classique, reposant sur un tandem éprouvé : le flic endurci et la recrue idéaliste. Ici, cela fonctionne particulièrement bien, avec une caractérisation précise et rigoureuse qui prend le temps de se déployer dans les premiers chapitres. le commandant Ôgami a le look d'un truand, il est imprévisible et vulgaire, cynique à fleur de peau, peu respectueux des protocoles qu'il enfreint sans vergogne. le lieutenant Hioka, lui, est engoncé dans son costume universitaire, épris de droiture et d'éthique, sidéré de découvrir les collusions répétées entre son boss et les Yakuzas qu'ils sont censés combattre.

C'est ce candide aux pays des Yakuzas qui nous guide dans une enquête poisseuse pour découvrir ce qu'il est advenu au comptable véreux du clan Kakomura, porté disparu depuis son enlèvement. Mais cette enquête est presque mineure à côté de l'enjeu principal : empêcher une guerre totale des gangs à Hiroshima. L'auteure a soigné le cadre, son intrigue se déroulant en 1988, au paroxysme de la bulle économique, reflet de la cupidité et de la corruption généralisée dans les milieux officiels. C'est aussi le moment où les gangs de Yakuzas ont cessé de défendre toute ressemblance avec un code de l'honneur chevaleresque hérité des samouraïs. Et c'est également quelques années avant la loi Antigang de 1992 qui a rebattu les cartes en rompant l'accord tacite de bonne entente entre yakuzas et police.

Yûko Yuzuki alterne les rythmes, de longs dialogues ( un poil bavard parfois ) ponctués de scènes brutales ( parfois répétitives tant l'imagination des yakuzas pour torturer et tuer tourne autour des mêmes scénarios. de son écriture fluide et efficace, elle propose une plongée quasi documentaire dans le monde du crime organisé japonais, leur fonctionnement hiérarchique, leurs us et coutumes ultra codifiés. Ce panorama troublant des relations alambiquées entre Yakuzas et policiers est aussi troublant que passionnant, notamment dans le dernier tiers car le récit s'emballe et se fait moins linéaire.

Lu dans le cadre du jury Prix Bureau des lecteurs Folio policier RTL 2021 #8

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Au commissariat de Kurehare, le commandant Ôgami est une légende. Meilleur policier de la préfecture d'Hiroshima, voire du Japon, il ne compte plus les citations et les médailles. Pourtant, sa hiérarchie apprécie peu ce loup solitaire que l'on dit corrompu et trop proche de certains yakuzas. Mais dans les gangs de la ville, le feu couve et une guerre entre clans rivaux nuiraient à l'image de marque de la police qui veut avant tout protéger les citoyens ordinaires.
Quand le jeune lieutenant Hioka est affecté à la section de lutte contre le crime organisé, il sait qu'Ôgami va lui apprendre les ficelles du métier et qu'il devra se méfier de ses méthodes peu orthodoxes. Leur première affaire est la disparition d'un comptable qui travaillait pour le clan Kakomura mais le véritable enjeu est d'éviter une guerre des gangs. Mission presque impossible tant la haine est grande entre le clan Kakomura et le clan Odani. Pour le lieutenant, il va s'agir de choisir son camp. S'en tenir au strict respect de la loi ou suivre Ôgami sur ses chemins détournés.

Un polar efficace qui nous plonge dans le monde inconnu des yakuzas, mélange improbable de violence brute, de code d'honneur hérité des samouraïs et de politesse toute japonaise. Au milieu de cette faune qui torture et assassine, le commandant Ôgami nage en eaux troubles. Personnage ambigu que l'on dit corrompu mais qui est simplement un flic qui veut des résultats. Si pour cela il faut dépasser les limites de la loi, enfreindre quelques règles, il est prêt à jouer avec sa carrière et même sa vie pour protéger les citoyens, garder en place les chefs yakuzas les plus ‘'intègres'' et éviter un bain de sang.
Si Yûko Yuzuki reste dans le classique en mettant en scène un policier qui a de la bouteille et un jeune flic sorti de l'université il y a peu, elle a le mérite de nous faire découvrir, et l'univers codifié des yakuzas, et le fonctionnement de la police nippone. Ôgami, son loup solitaire, est un personnage a priori insupportable avec son look de mafieux, ses manières brusques et son air d'avoir tout vu, il est finalement attachant car plus sensible qu'il n'y paraît.
Un bon polar qui souffre de trop de longueurs pour être un grand polar.
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Rien n'est simple dans les guerres de gangs yakusas. Il y a l'honneur, la loyauté, la tradition, la vengeance, etc.
Rien n'est simple non plus du côté de la police criminelle qui doit bien sûr maintenir l'ordre, protéger les citoyens, empêcher les guerres de gangs, sauvegarder la paix dans les rues etc.
Nous sommes en 1988 à Hiroshima, particulièrement à Kurehara, une banlieue. le jeune lieutenant Hioka vient d'être nommé adjoint au réputé commandant Ogami . Réputé car il est un des meilleurs enquêteurs du Japon. le meilleur avec des façons de faire bien à lui, avec des méthodes d'enquête disons assez particulières, le genre de policier qui va au bout d'une affaire...Par contre, il se dit que ce commandant Ogami serait très près, trop près des yakusas. Ce que déplore sa hiérarchie qui ne veut pas d'un loup solitaire, brutal pour entacher sa réputation. Toutefois, il faut bien que la police empêche ces guerres ...C'est ce que Hioka est à même de percevoir en travaillant avec Ogami qui fera de ce jeune bleu un disciple.
La disparition d'un comptable d'une compagnie de finance de la pègre met en péril la fragile paix au sein des différents clans. Puis, l'assassinat d'un jeune mafieux fait encore monter la pression autant chez les policiers que chez les yakuzas. Kurehara n'est plus en sécurité. Les différentes factions mafieuses crient vengeance. Cette police, qui doit tant protéger son image, pourra-t-elle éviter cette guerre de clans ? Cette police a-t-elle les moyens de ses ambitions ? Devra t-on faire des sacrifices?
La vedette de ce titre est véritablement le personnage du commandant Ogami. Désabusé, seul, fidèle et loyal, il en jette et on s'y attache.
Une narration efficace, un rythme soutenu, une écriture habile nous font (presque) oublier la difficile appropriation des noms japonais. de ce récit, nous en apprenons tellement sur le crime organisé de l'archipel, ses clans, ses syndicats et étonnamment, cette pègre n'est en rien secrète. Clubs affichés, enseignes de clans dans les bars, pignon sur rue , ils sont bien identifiés!
De cette autrice, le loup d'Hiroshima est, je crois, le premier titre traduit en français. Nous en espérons bien d'autres.

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Kurehara Est, préfecture d'Hiroshima en 1988. le jeune lieutenant Hoika, universitaire, est nommé à la deuxième division d'enquête et rejoint le commandant Ogami. Ce dernier, son panama éternellement vissé sur la tête, très efficace, traine pourtant une mauvaise réputation... Rétrogradé d'une division régionale vers une division locale, il a finalement été réintégré après une période de purgatoire. Les deux hommes vont bientôt se pencher sur la disparition, quelques mois plus tôt, du comptable Uesawa, employé de Kurehara Finance, une société financière détenue par le Kakomura, un des groupes yakuzas, spécialisée dans le prêt à taux usuraire. Dès les premières investigations et entretiens, le jeune Hoika est effaré par les méthodes et les relations entretenues par Ogami avec certains yakuzas, prenant des repas avec Moritaka Ichinose, second du clan Odani, recevant des enveloppes épaisses ou brutalisant des suspects lors d'interrogatoires complètement en dehors des procédures légales...Mais malgré les façons peu orthodoxes du commandant, les résultats sont là et sa hiérarchie, à grand renfort de menaces, le laisse néanmoins agir, comptant sur sa connaissance du milieu pour éviter des violences entre clans. Et pourtant, les clans Odani et Kakomura, chapeautés par des organisations plus puissantes, ne vont pas tarder à ouvrir les hostilités en envoyant des juniors exécutés les hommes du clan adverse, multipliant les provocations, déclenchant une guerre de gangs sanglante.

Le loup d'Hiroshima, c'est Ogami ce commandant d'une quarantaine d'année, hors cadre dont le profil atypique dérange, ne respectant ni procédure ni hiérarchie, un homme blessé et qui joue sur tous les tableaux, naviguant entre les chefs de clans, prêchant le faux pour savoir le vrai et n'hésitant pas à brutaliser les suspects ou à les acheter.
Avec le loup d'Hiroshima, Yuko Yuzuki plante rapidement le décor et installe avec efficacité ses personnages et surtout décrit les mainmises des clans yakuzas, se livrant à des vendettas, sans états d'âme, se disputant les zones ou le business pour mieux éliminer le clan en place et s'y implanter à tout prix.
Le roman est intéressant par sa narration qui permet de se mettre dans les pas du jeune lieutenant au travers de ses notes, mais quelque fois, je me suis perdue dans les clans, ne sachant plus qui était l'allié de qui. Ce bémol mis à part, ce roman a un côté didactique qui permet d'en apprendre sur les méthodes policières et surtout sur les organisations maffieuses de yakuzas.
Instructif et éclairant.
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Complet rayé, panama, l'éternelle cigarette aux lèvres, le commandant Ôgami est un flic qui ne dépareillerait pas dans l'équipe des incorruptibles pour ce qui est du style et du comportement tels que nous les présente sa conceptrice.

Sauf que lui serait plutôt du genre corruptible, semble-t-il. Il n'est pas du tout porté à se laisser impressionner, que ce soit par la hiérarchie, ou par les malfrats. Il a des méthodes qui heurtent l'éducation du jeune tout juste sorti de l'académie qu'on lui a collé aux basques ; pour sa formation lui a-t-on dit. A moins que ce ne soit pour une autre raison. Il boit sec. Son breuvage de prédilection c'est l'alcool de riz. le saké qu'il ingurgite plus que de raison quand il s'agit de dissiper la rage qui le gagne à se voir contraint par le carcan de la loi. Elle lui colle des semelles de plomb à lui fait perdre son temps en civilités et formalités. Il faut dire qu'il évolue dans l'univers très codifié d'une société au sein de laquelle prospèrent les gangs à la mode nippone : les yakusas.

Les yakusas, c'est un univers particulier. Ces gangs à la japonaise sont en accord avec la culture de la vieille civilisation qui leur a donné le jour. Ils ont pignon sur rue, une hiérarchie très organisée et respectent ce qu'on pourrait appeler une déontologie du crime. Avec à l'encontre de qui ne respecte pas les règles, un barème de sanction allant de l'éviction à l'amputation d'un doigt, jusqu'à l'exécution rituelle. Dépaysement garanti avec ce polar dont le titre ne dissimule rien de son origine nippone, mais dont l'intrigue nous dévoilera tard qui est ce Loup d'Hiroshima. Est-il traqué ou prédateur, ou les deux ? C'est en tout cas un solitaire.

Curieuse atmosphère, que celle de ces gangs. Ils obligent les flics à composer avec l'apparence de respectabilité qu'ils se donnent, les règles qu'ils respectent plus scrupuleusement que les commandements des tables de la Loi. Dont une qui leur prescrit de ne faire aucun mal à l'honnête citoyen. Les rivalités entre clans sont en revanche féroces et la hantise de la police est de voir se déclarer la guerre des gangs. Pugilat qui mettrait la ville à feu et à sang et provoquerait la panique parmi la population. Aussi est-ce à une forme de chantage à l'ouverture des hostilités que se livrent ces clans rivaux, au point qu'on a l'impression que ces derniers commandent à la police.

Yûko Yuzuki, son auteure, est japonaise et publie ses romans dans sa langue natale. Leur traduction peut s'avérer difficile et laisser une grande marge d'interprétation à l'officiant. Cela donne pour le Loup d'Hiroshima quelques expressions pas très heureuses. A croire que les idéogrammes japonais sont plus suggestifs que descriptifs et que leur transcription en notre langue soit un exercice périlleux.

En quête de diversification dans l'univers du crime, j'avais été tenté par cet ouvrage au pays du soleil levant. Je dois avouer que je ne suis pas déçu et ne craindrai pas de lire un autre polar de cette auteure qui s'en est fait une spécialité en son pays. Ce serait "divulgacher", comme disent nos cousins québécois, que de révéler la raison qui en a fait un atypique du genre à mes yeux, je laisse donc aux amateurs du genre le soin de se faire leur propre idée et les encourage même à le faire.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Devenir policier, pour moi, ça s'est joué à pas grand-chose. Je ne faisais que me bagarrer et le prof qui encadrait la section judo m'a convoqué. Il m'a engueulé. "Toi, si t'aimes tellement la bagarre, tu finiras yakuza". J'ai répliqué :" ouais pas de problème je deviendrai yakuza." Ça l'a mis en rage. Crétin ! Tu crois qu'ils emploient des mecs comme toi? Ça n'a rien à voir avec le fait d'être intelligent, idiot ou dans la moyenne. Le monde des yakuzas, ça se résume à faire ce qu'on te dit. Si le chef dit noir, tout ce qui est blanc devient noir. C'est un boulot absurde. Toi qui n'en fais qu'à ta tête, tu finiras soit mort ce soir ou trou pour le restant de tes jours. Si tu ne veux pas mourir, entre dans la police." Comme je ne voulais pas mourir, je suis devenu policier.
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On pouvait s'interroger quant à l'utilité d'interroger des gens ignorant tout de la situation, n'ayant aucun lien avec des évènements inquiétants et ne détenant pas d'information particulière. En réalité, c'étaient bien ceux dont le quotidien ne variait guère qui étaient les plus susceptibles de repérer un évènement sortant de l'ordinaire.
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- Quand il arrivera, il te suffira de le faire monter au premier, dans la pièce tatami. Je me chargerai du reste.
- Pourquoi ne pas l'embarquer au commissariat pour l'interroger ? avait demandé Hioka, inquiet.
- Crétin, quand on est au commissariat, on ne peut pas franchir les limites de la légalité.
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Devenir policier, pour moi, ça s'est joué à pas grand-chose. (...)Le monde des yakusas, ça se résume à faire ce qu'on te dit. Si le chef dit noir, tout ce qui est blanc devient noir. C'est un boulot absurde. Toi qui n'en fais qu'à ta tête, tu finiras soit mort soit au trou pour le restant de tes jours. Si tu ne veux pas mourir entre dans la police. Comme je ne voulais pas mourir, je suis devenu policier.
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- Toi tu sais ce qui est le plus effrayant pour un yakuza, hein? (...)
- Pour un yakuza, avait-il déclaré, la chose la plus effrayante est de ne plus pouvoir vivre dans le monde des yakuzas.
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